Un long rugissement se fit entendre dans les cieux azurs d'Aeria, nation des dragons d'air qui le partageaient un peu avec les dragons de foudre. Ce rugissement était synonyme de joie, de questionnement et de hâte, tout cela mêlé dans un bruissement ininterrompu d'ailes battant frénétiquement par dessus tout le Territoire.

Tanaris, de son nom de naissance, était un dragon de foudre. Il venait tout juste de rentrer de son petit tour du Territoire. À l'aube de ses trente-quatre années de vie, il venait tout juste de visiter le monde connu dans sa totalité, s'émerveillant de la beauté des paysages rudes, parfois dangereux. Mais ce n'était pas ce qui éveillait son excitation aujourd'hui.

Il avait senti depuis quelques temps maintenant, que le temps pour lui de se lier à un humain était venu. Une intuition certaine l'avait justement poussé à entreprendre ce voyage, au cours duquel il avait trouvé son allié. Il l'avait su à peine son regard l'ayant effleuré, mais avait préféré terminer de voir le monde avant de se présenter à lui.

Aujourd'hui était LE jour. Le jeune Arthur McCallan faisait le chemin jusqu'à Bianca sur ordre de son père, il allait tranquillement sur sa charette tirée par un cheval en pleine forme. Mais un cheval n'égalait pas un dragon et Tanaris se sentait pousser un turbo pour le forcer à le rejoindre au plus vite.

Se posant avec majesté sur le chemin de la mini-procession, le dragon de foudre s'assit sur son derrière, les ailes déployées, sans faire attention au cheval qui s'emballait.

*- Arthur McCallan, nous avons des choses à nous dire, toi et moi.*

Tanaris le tutoyait déjà. Etant donné qu'ils allaient vivre ensemble jusqu'à la fin de leurs jours, cela lui paraissait même très naturel.

J’avais prit le chemin pour rejoindre la capitale des Terres qu’on a toujours liées au vent...et dans une moindre mesure, à la Foudre. Sur mon siège, dirigeant mon cheval et ma charrette, je sentais l’air dans mes cheveux et ne pouvais qu’être à l’aise.
La route était calme, simple, et seule la nature semblait animer le paysage et la musique ambiance. J’allais à Bianca afin de vendre quelques lames...Après mon passage à la Forge de Milos, Père m’avait demandé de faire ça pour lui. Il faut dire qu’il était rondement occupé, suite à ce qu’avait dit Jordanne concernant les Wyrms, et surtout, Douglas.

Penser à lui me tira un frisson de dégoûte et de rage, et je me concentrais finalement sur le paysage, puis ma sœur, pour me calmer et réguler cette violence qui m’habitait lorsque ce nom venait hanter ma mémoire.
Soudain, le cheval se stoppa. Fronçant des sourcils, je descendis de la charrette...Il refusait d’avancer, et semblait vouloir fuir. Sans comprendre, je tenter de le calmer, de l’approcher : mais impossible !
Il se braquer, et chercher à ruer. Soudainement, un bruit d’ailes et de déplacement d’air se fit entendre. La bourrasque qui vint à naitre de l’animal sacré qui se posa proche de moi suffit à me faire protéger mon regard des poussières du sol...

Mais voilà, surpris de cette arrivée soudaine, je vins à réagir trop tard. Mon cheval fut pris de peur, et se braqua avant de partir, au triple galop, ma charrette avec lui. Il ne fit que peu de chemin avec cette-dernière, vu que les pierres instables du chemin abimèrent une roue et que la charrette se bloqua...le cheval en profitant pour déchirer ses rennes et lanières.
Je venais de perdre mon cheval...celui-là même qui devait me permettre d’acheminer mon équipement à Bianca pour le vendre.
Honnêtement, lorsque la voix du Dragon retentit dans ma tête, ma réaction fut trèèèèèèèèèès simple. Me retournant vers lui, je le fusillais du regard et me mit à lui hurler dessus :

« Et tu avais besoin de faire fuir mon cheval pour ça ? Sérieux ?! Je vais faire comment pour transporter ma marchandise moi, maintenant ?! Par les affres de l’esprit peut-être ? »

Furieux. J’étais furieux ! D’ailleurs, ce n’est qu’après avoir hurlé sur celui qui aurait put me tuer d’un rien que je me suis un peu calmé. Me pinçant l’arête du nez, cherchant à reprendre mon calme...Je « tilta »...

« Attends...Mais comment connais tu mon nom ? »

Je ne crois pas avoir fait attention en le tutoyant...je veux dire, il avait fait de même, alors, ça avait été assez naturelle. Mais je trouvais ça...étrange. Que se passait-il au final ?

Un rire draconique s'éleva à la vue du cheval qui détalait comme s'il avait été un pauvre lapin innocent face à un tigre. Tanaris regardait son futur allié faire la grimace et son rire s'éteignit quand l'humain se mit à lui crier dessus, comme s'il avait oublié tout simplement qu'il était un dragon avec une force titanesque.

Puis avant qu'il ne rajoute quoique ce fut, le dragon de foudre lui lança un rugissement assez puissant pour lui faire perdre l'équilibre et le pousser à tomber sur les fesses. Avec un air extrêmement satisfait, il remuait sa queue pointue.

*- Arrête. Ton cheval n'est vraiment pas courageux ! S'enfuir comme ça pour rien... Pfff.*

Puis le garçon parut enfin se rendre compte que cette rencontre n'était rien de moins qu'exceptionnelle. Avec un grognement de contentement, il était ravi de voir que l'humain possédait un minimum de réflexion.

*- À ton avis ? Je viens te voir uniquement dans l'espoir de prendre le thé... Je viens te dire simplement que nous allons être alliés tous les deux, que tu le veuilles ou non... Des questions ?*

C'est ce qu'on appelait être laconique. Mais le dragon n'en avait cure. Il était convaincu du bien-fondé de son action et n'attendait pas de réticence de la part de celui auquel il avait été lié bien avant leur rencontre présente.

Et...et...Et il se fout de ma gueule ma parole ! Il riait, alors que moi, j’étais dépité de voir mon cheval se faire la malle ! Bon, en fait, je crois qu’il se moque surtout de ce pauvre équidé qui n’avait rien demandé de plus terrible que de m’amener à bon port !
Mais je n’ai put retenir mes mots, ni de l’engueuler. Il ne faut pas pousser le champignon trop loin non plus ! Non mais oh ! Petit soucis ? Je crois que quand j’ai fini sur le cul, je me suis rappelé que je venais d’enguirlander comme un morpion, ou un gosse, un reptile de plusieurs fois ma taille...et je ne parlerais pas du fait qu’il pourrait presque me gober comme une mouche.
Néanmoins, sa remarque et sa réaction me firent hausser un sourcil alors que, directement, je lui lancé sans plus de réflexion :

« Car tu te considères comme un « rien » toi ? C’est sûr que t’es loin d’être le plus impressionnant...mais ouaaaah...quelle superbe estime de toi, ma parole ! »

Je crois que mon ton calme, posé, comme si j’énonçais une vérité évidente ne lui plaira pas. Mais bon, je ne suis plus à ça prés.
Le cul, douloureux, presque étalé au sol...Je suis déjà à sa merci s’il le désire. Autant m’enfoncer un peu plus profondément dans le pétrin. Néanmoins, lorsqu’il grogna comme j’ai parfois put entendre grogner Belias lorsqu’il était content...j’ai eut un air interrogatif.

Je ne suis pas dur à décrypter. Je dis ce que je pense, et mon visage montre aussi ce que je pense. Je suis loin d’être excellent comédien. Mes compétences, dans ce domaine, se rapprochent pas mal des pâquerettes qui nous entourent d’ailleurs.
Mais je crois que les mots qu’il vint à me faire connaître ont eut un effet assez...radicale. Je le dévisageais : les yeux ronds comme des soucoupes. Je...Je n’en croyais pas mon propre esprit. Sa phrase repassait en boucle, alors que je voyais l’implication de son choix, sa décision.

« Que ? Mais...Comment ? Je...Je suis un McCallan. Ma famille a toujours été choisi par des Dragons de Feu alors...Pourquoi ? Pourquoi moi ? »

Je ne comprenais plus. Jamais, dans l’histoire de la famille, un McCallan avait eut autre dragon que celui du feu. C’était une fierté, l’honneur du blason de notre lignage. Forgeron et amis des Dragons de Feu...Voilà comment est dépeint notre lignage. Et voilà qu’un dragon, à premièrement vu de Foudre, dans sa carrure effilée et les motifs rappelant des éclairs sur ses écailles, venait de m’annoncer qu’il serait mon allié ? A vida aeternam !? Que... ?

Un léger grognement menaçant s'échappait de la gueule de Tanaris, qui se levait et s'avançait lentement avant de sauter sur Arthur et de l'emprisonner au sol entre ses puissantes griffes.

*- Surveille tes paroles, humain. Je ne suis pas rien ! Je suis un dragon de foudre et je m'appelle Tanaris ! Je ne faisais juste que dire de ton cheval qu'il devait s'effrayer rien qu'en apercevant son propre reflet ! Pour cela que les dragons sont doués de paroles et puissants, parce qu'ils sont difficilement impressionnables !*

Approchant sa gueule du visage de son futur allié, il souffla par les narines pour appuyer son commentaire cinglant. Le petit homme se devait de ne pas oublier à qui il avait à faire.

*- Je n'en sais rien et n'en ai absolument rien à faire. Si j'ai été choisi pour être ton compagnon, tu n'as rien à dire de plus.*

Ces considérations humaines lui passaient carrément au-dessus. Ce n'était pas son problème. Tout ce qui l'importait maintenant, c'était de trouver un terrain d'entente avec lui pour ne pas faire de leur alliance un enfer. Et pour cela, fait étonnant pour lui qui n'avait jamais cédé à qui que ce soit, Tanaris mit de l'eau dans son vin...

*- Mais je veux bien chercher avec toi la raison, si tu veux. Nous devrons nous rendre là où tu le désires pour éclaircir ce mystère. Je t'aiderai. Il le faudra bien si nous voulons passer l'épreuve de l'Alliance ensemble.*

Le dragon ne doutait pas un instant de ce fait. Ils passeraient l'épreuve d'alliance, qu'Arthur le veuille ou non...

Je le savais que j’avais été con de répliquer...Il faut, sérieusement, que j’apprenne à fermer ma grande gueule. Non car bon...s’il est aussi irascible que je le suis, on va finir par s’entretuer. Et, au fond, ces mots sur l’alliance entre nous ne me semblaient pas plus choquants que cela.
A sa merci, sous ses griffes, j’avais surtout du mal à accepter ce qui me rendrait si différent des membres de ma famille. Comment vont réagir Père et Mère ? Ou encore..Jordanne ? De plus, réaliser l’alliance, c’est rejoindre l’académie Lindorm. Je ne pourrais alors plus qu’être le frère de Jordanne...
L’ignorance des gens quant à notre lien de parenté ne serait plus...Et je sais que je souffrirais encore de devoir me contenir. Contenir cette hérésie, ce sentiment coupable, qui m’habite.

Mais là, présentement, je devais penser à autre chose. La gueule de Tanaris, car tel est son nom, se trouvait si proche de mon visage que je ne pouvais que déglutir.
Il était aussi furieux que je l’avais été lorsqu’il avait fuir mon cheval, me mettant dans la panade la plus complète. Néanmoins, j’étais turlupiné par bien trop de choses pour faire l’effort de répondre.
Comment annoncer ça à mes parents, et à Jo’ ? Le détaillant, je libérer mon bras de sous ses griffes et vint à glisser mes doigts sur ses écailles...le regard un peu vague.

« J’ai tellement attendu qu’on me choisisse...que j’ignore si c’est un bien ou pas. »

D’autres paroles me parvinrent, et je soupirais. Je voulu me redresser, mais j’étais toujours dominer par son être...Bien qu’il contrôlait parfaitement son poids pour ne pas m’écraser d’un iota.

« Tu me laisserais m’assoir ? »

Enfin libérer, je m’étirais en le détaillant réellement.
Il était grand, et assez élancé. Quatre pattes efflanquées de puissantes griffes. Une peau écailleuse, et un air assez dur pour la gueule. La partie de son museau, un peu écrasé, lui donnait un petit air amusant.
Ses ailes étaient grandes et semblaient puissantes. Les tons bleutés de ses écailles laissaient paraître des filets de jaunes, comme des éclairs. Je ne pouvais mentir : il semblait jeune et fringuant. Il semblait être un Dragon en bonne santé, sûr de lui, peut-être un peu fougueux ?

« Tu m’emmènerais au Village de Dali, à Narthan ? Si explication il y a sur mon non-conformisme aux traditions familiales...ça ne peut-être que chez les miens. Et puis, je dois bien leur dire qu’un Dragon veut passer l’épreuve d’alliance avec moi : non ? »

Je m’étais relevé, me dirigeant vers lui.
Je pense que je suis calmé, et même si je le trouve par moment hautain, j’ignore encore beaucoup de chose à son sujet. C’est en passant ma main droite sur ma nuque, que je vins à lui sourire en reprenant un peu mieux.

« Sinon...Ravi de te rencontrer Tanaris. Je suis Arthur. J’espère qu’on apprendra à s’apprécier tous les deux, malgré ce début. »

Le dragon se rassit sur ses pattes arrières, délivrant son futur allié de ses longues griffes pointues. Il l'observait comme un aigle observait sa futur proie du haut de son perchoir, sauf qu'il n'avait pas l'intention de chasser Arthur.

*- Je t'emmènerai là-bas. Je ne peux pas te dire pourquoi je t'ai choisi, ainsi va l'Alliance entre un dragon et un humain. Mais à deux, nous arriverons forcément à trouver tes réponses.*

Puis prenant son envol, Tanaris se dirigea vers la charrette qui avait été délaissée par l'équidé. La ramenant devant Arthur, il la déposa au sol.

*- Prends ce qui est nécessaire. On reviendra chercher le reste.*

Laissant Arthur se démener avec son matériel, le dragon de foudre se montra patient pour la toute première fois depuis leur rencontre.

*- Je sais déjà qui tu es, Arthur McCallan. Et je sais également qui est ta famille.*

Mais il n'en dit pas plus et attendit le jeune homme, prêt à voler vers Narthan. Nul doute qu'il allait se passer des choses pas très amusantes, surtout remuantes. Le fait qu'un McCallan soit l'allié d'un dragon de foudre et non de feu allait faire un sacré remue-ménage... Mais ils allaient surmonter tout ça, ils le devaient à Limlug qui leur avait permis de trouver un allié.

Honnêtement, lorsqu'il répondit à l'affirmatif quant au fait d'aller à Dali, j'étais assez septique. Et cela se transforma en surprise pure et simple, lorsque je le vit me déposer ma charrette à mes pieds. Clignant des yeux deux ou trois fois, j'ai fini par prendre les objets ayant le plus de valeurs. Cela me faisait une bonne besace, mais au moins, les matériaux préciaux comme les pierres qu'on incruste dans des gardes, ainsi que mon argent, ne s'envoleraient pas d'ici notre retour.

« Pourrais-tu, s'il te plait, cacher la charrette derrière cet amas de buissons ? » Demandais-je au "Maître Patient".

Bon sang...Tanaris...Patient. J'avais un choc. Peu de temps que je le connaissais, mais déjà, je trouvais qu'il était comme un petit chien fou-fou. Irascible aussi, et probablement de mauvaise foi. Alors, le voir être patient, et ainsi prendre enfin mon labeur en considération : j'étais coi.
Mais bon, il était temps d'y aller. Hochant la tête aux quelques mots qu'il vint à me donner, je lui souris alors que je grimper sur son dos.

Ses écailles étaient lisses au toucher, et sa peau assez froide. Je pouvais réellement voir leur splendeur, ces jeux « d'éclair » les parcourant. Il était, d'une façon, fascinant. Je ne put m'empêcher de caresser du bout des doigts la base de son long cou, alors que notre vol allait débuter.
M'accrochant bien, je lançais alors à Tanaris.

« Je suis prêt, c'est quant tu veux ! Oh et, c'est mon premier vol alors...vas-y molo s'il te plaît. »

Je ne sais pas trop pourquoi, mais je sentais que je devais prévenir. Quoique...La tête de mule...En fait, je ne le sentais pas du tout ce voyage « express » vers Dali ! Faîtes que je survive, par Limlug !

Soufflant de manière à bien faire comprendre que cette demande l'ennuyait, Tanaris n'en accepta pas moins d'y accéder afin qu'ils puissent partir plus vite. Une fois la charrette planquée dans un buisson et camouflée correctement, le dragon revint vers Arthur.

Est-ce qu'un dragon pouvait sourire ? Parce qu'à cet instant, il frémissait d'impatience de porter son futur allié sur son dos et de lui faire payer un peu son arrogance première. On ne traitait pas un dragon avec une telle désinvolture !

Le petit homme grimpa sur son dos et s'accrocha à son cou. Une fois qu'il le sentit bien agrippé (il s'agissait de ne pas le perdre en route), Tanaris prit son envol dans un rugissement draconique, le même qu'il avait eu en se posant devant lui. Il savait déjà où il devait se rendre...

[HRP : je vais te MP pour la suite, Merci de ta participation, petit homme et bienvenue dans le monde des dragonniers... Enfin presque. Fufu.]