Le Bal d'Hiver : côté jardin.

Shaem était presque différent ce soir. Dû moins physiquement, Maelen n’en revenait pas, il ne pouvait cesser de le fixer de ses grands yeux bleus. Il mourrait d’envie de lui sauter au cou et de le couvrir de millions de baiser. Alors il avait préférer fuir, car devoir se retenir était dur pour lui. Il avait l’habitude de céder à la moindre des demandes de son corps et même si dernièrement il essayait de se contenir, de réfléchir, d’être plus posé, il sentit que son corps pouvait le trahir.
Alors il préféra prendre l’air, inspiré la nuit avec force pour calmer les battements furieux de son cœur.

Il s’assit à l’abri des regards et se passa la main sur le visage pour masser légèrement ses yeux. Puis se fut la voix de Shaem qui le fit sursauter, il releva la tête et le fixa avec un léger sourire aux lèvres. Il semblait aussi mal à l’aise que lui. Presque en riant, il acquiesça et lui répondit avec douceur :

« Ça va, ne t’inquiète pas…je voulais juste prendre l’air. »

Le dévorant des yeux, son visage se détendit étrangement, toutes ses pensées s’envolèrent et dans un instant mu par une envie primitive, il attrapa le col de sa veste et le tira dans l’allée d’arbuste, il le força à se baisser et ses lèvres pressèrent les siennes avec une passion dévorante. Souriant à travers le baiser, il glissa ses mains sur sa nuque et le bout de langue taquina celle de Shaem, ses ongles jouant avec les cheveux à la base de sa nuque.

« Tu es si beau Shaem… »

Reculant, il le fixa et posa son oreille sur son cœur, oubliant tout ce qui se passait autour d’eux, oubliant tout le reste.

« Tu danses avec moi ? » Demanda t-il en riant avant de s’incliner devant lui avec grâce et se coller contre son corps chaud.

Une fois passé le seuil l'air frais de l'hiver, l'air qui me manquait tant depuis mon arrivé ici, s’emmêla dans mes cheveux, les faisant onduler dans une brise légère. Je m'écartai des fenêtre pour être inaperçu de l’intérieur de la salle, inspirai un grand bol de cet air pur, froid, glacé qui me fis frissonner avec extase; la neige ne tardera pas à tomber cette année et j'avais hâte. Les étoiles brillant de milles éclats et la lune dans sa beauté la plus splendide éclairaient les jardins comme en plein jour et se reflétaient dans l'herbe, baignant le sol de fin rai émeraude et de paillette de lumière.

Enfin redevenu moi-même, une fillette de seize ans devenu adulte trop vite pour diverse raison, je repris mon sérieux et retrouvai ma détermination loin du brouhaha, des danses mondaine et de la haute société qui n'étais pas dans mon quotidien. Quittant le paysage de Laragon éclairé par les lumière des habitations dont la plupart des gens avaient assistés à la parade, les guirlande partout dans les rue menaient jusqu'ici : à l'Académie; je reportai mon attention sur le capitaine des Mirages Aquatiques, Ivar Björnulf, mon père finalement retrouvé après tant d'année d'absence. Je tremblais, non pas par le froid dont je connaissais pire, mais par la peur de l'inconnu et du chemin qui s'ouvrait à moi. Je me lançai :

- "Je me nomme Hedwige, je suis née à Valhöll il y a seize ans et je suis votre fille Capitaine Björnulf."

Je fis une révérence maladroite et surement inapproprié mais je voulais faire les choses bien pour cette rencontre même si j'admettais que le mal était fait depuis quelques minutes...

-"Je suis vraiment désolée si je vous ai mis mal à l'aise où si j'ai dérangée votre soirée avec votre cavalière, ce n'était nullement mon intention. J'ai perdu mon sang froid..."

A dire vrai ce n'était pas le mot que j'aurai utilisé en temps normal mais l'heure n'était plus au doute ou à la réflexion je voulais savoir, je voulais comprendre tellement de choses que je ne savais par où commencer et s'imaginer une conversation dans sa tête ou face à un miroir était d'autant plus différent que face à la personne que l'on respecte, haïs et cherche à connaître. Tout ce bousculait dans ma tête faite de contradiction et d'affirmation, si cela continuait ainsi je risquais l’hémorragie interne ou la folie? Peut-être avais-je fais trop de cérémonie dans mes dires, après tout c'était bien mon père et je pouvais être plus familère, plus moi-même...

Comment être soi-même quand on a grandi trop vite?

A l'évidence, Bryne était tant fatiguée par sa douleur physique que morale, le visage un peu tiré mais toujours aussi digne. Fergus souligna mentalement l'effort de la jeune femme pour rester altière et impénétrable, ne disant rien de plus pour éviter de l’embarrasser plus que de raison. Il en avait déjà bien assez fait sous l'égide de l’honnêteté, lui signifiant d'un silencieux signe de tête qu'il ne dirait rien à personne et que sur ce sujet, elle pourrait lui faire confiance, avant de la laisser s'éloigner pour gagner lentement la rambarde du balcon. Elle avait surement besoin d'air, aussi le capitaine ne bougea pas, restant en retrait. Il la voyait forte, mais l'Unique savait qu'elle avait ses faiblesses, cette femme de fer et d'épines. La plus froide de toutes les roses de ce jardin, mais la plus tendre surement aussi, sous l'acier et le devoir.

Lorsque Fergus poussa plus loin sa franchise, il ne s'étonna pas de voir se retourner vivement vers lui, interdite; il n'est jamais très agréable d'être percé à jour, surtout pas sur le sujet des sentiments. Lui était heureusement épargné de ce domaine car se sentant incapable d'aimer quelqu'un d'amour, il n'était jamais tombé amoureux; pas une seule fois en presque quarante ans. Il s'était cependant confronté à l'affection ineffable de son meilleur ami Ivar, comme il devrait aujourd'hui composer avec l'amour visiblement innocent de cette jeune tourterelle sous son armure de fer. Lorsqu’elle argua qu'elle était fiancée, lui ne dit rien, se contentant de hocher la tête en signe d'entendement. Était-ce une excuse? Un peu comme celle qu'il avait pour elle et qui était qu'il n'aimait pas les femmes. Le Narth respectait les gens comme elle, capable de sacrifice et d'engagements. Bien plus qu'il n'avait d'estime pour lui-même.

"Vous ne m'importunez pas, miss O'Cuinn. C'est moi qui suis désolé de vous importuner ainsi."

Il était sincère, sentant la tristesse et la colère poindre dans la voix de la jeune femme sans avoir besoin de distinguer son visage. Peut-être éprouvait-elle le véritable amour, puisqu'elle ne demandait rien en échange, même pas la reconnaissance de ses sentiments. Il ne put alors s'empêcher de l'admirer, regardant la lune de cette nuit étrange au dessus de leurs têtes confuses l'un par l'autre.

"Vous êtes très courageuse, miss", commença-t-il avant de dire, avec un sourire et les yeux fermés, "comparé à vous, je suis un lâche qui a toujours de bonnes excuses. Je ne souhaite rien de vous non plus, pas plus que votre embarras. Surtout pas votre embarras."

Il reprit, d'un air plus lointain:

"En effet certaines choses ne se décident pas; elles choisissent pour nous."

Le capitaine haussa vaguement des épaules quand elle parla de prochaines incarnations. Froid cartésien, il ne croyait pas vraiment en ces choses là et n'était pas connu pour être un grand romantique. Alors plutôt que de dire une ânerie, il préféra se taire pour ne pas la faire souffrir plus qu'elle ne souffrait déjà, glissant les mains dans ses poches. Tout cela était si étrange, dans le fond, et il ne put s'empêcher d'imaginer d'autres configurations.

"Je vais vous parler franchement mais sachez que ce n'est pas par cruauté que je le fais, mais parce que j'ai une profonde admiration pour vous, votre dignité et votre courage. Nous avons chacun nos excuses: vous êtes fiancée et je suis homosexuel. Il est de votre liberté de nous dédier à ces faits - c'est tout à fait louable - tout comme de choisir une autre voie. Changer ou ne pas changer, telle est la question."

Fergus ne s'approcha cependant pas, ne voulant pas heurter Bryne plus qu'il ne le faisait déjà.

"Je suis désolé de vous faire douter et souffrir, mais je n'y peux pas grand chose. Comme vous ne pouvez pas grand chose à votre situation, et que je ne puis rien à la mienne..."

Ses paroles semblaient étrangement à double sens, comme s'il campait ses positions tout en parlant du fait que parfois, les chemins dévient, les certitudes varient, les amours se transforment ou changent d'objet. En vérité il n'en savait rien, froid pragmatique qui n'avait jamais aimé personne.

"Et je ne saurai quoi vous dire de plus, bien malheureusement, mais vos sentiments me touchent et me troublent. Surtout parce que vous ne voulez les exprimer."

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♫ Thème

Elle inspirait doucement, tentant de calmer la douleur par un pragmatisme qui la détruisait paradoxalement. L'acier et l'épine. Une arme ne tombe pas amoureuse ou sinon uniquement de la main qui la brandit. Mais elle était une arme sans maître, aussi vide de sens qu'un pantin cassé. Elle était devenue directrice de Lindorm, comme pour se cacher dans ces murs familiers. Se cacher de sa famille et des obligations implacables qui la ployait sous le poids des conséquences.
Elle aimait Fergus, voulait être sienne... Mais elle ignorait tout de l'amour, de la tendresse et de la vie à deux. Elle l'aimait d'un amour distant et farouche. Un amour pourtant si pur, si puissant, qu'il la laissait vulnérable et tremblante. Je t'aime, tout simplement, disaient ses yeux mais ses lèvres restaient closes.
Il y avait des silences plus éloquents qu'un grand discours.

Sous cette lune irréelle il lui avoua aimer les garçons et Bryne sursauta légèrement comme si elle avait été piquée, lui portant un regard blessé. Alors ce n'était même pas tant qu'elle ne lui plaise pas... Non c'était une chose plus terrible encore : elle ne lui plairait jamais. Et ce définitif la fit reculer légèrement, buttant contre la rambarde de pierre, s'y agrippant pour ne pas faiblir. Elle avait le cœur si serré qu'elle peinait à respirer et elle porta ses doigts pâles à sa poitrine toute ornée de rubans pastel.
"Je vois..." Fut tout ce qu'elle dit, emplie par ce noir désespoir. Mais ses yeux, eux, exprimaient sa blessure, sa douleur de comprendre qu'elle ne serait jamais faite pour lui. Elle avait froid, même toute blottie dans ce manteau qui portait son odeur. Un peu perdue par les propos du Capitaine, elle lui jeta un regard plus timide qu'elle n'en avait l'air et baissa finalement le nez.
"Les choses sont ce qu'elles sont. Ce que l'on veut bien en faire. Nous ne pouvons que nous blâmer nous même pour ce que nous ne réalisons pas." Elle avait besoin de rationaliser. Besoin de se rassurer. Le monde avait un sens ? Pas pour elle. Plus maintenant, pas à cette heure où la seule chose qu'elle ait jamais voulu devenait inaccessible. Elle n'était pas femme à aimer un autre : c'était lui ou rien. Lui seul pour une vie. Et peut-être même au delà.

Elle avait baissé la tête, comme pour capituler sous le poids nouveau d'un amour éconduit. Puis, doucement, sa voix s'éleva : "Je vous aime. C'est tout." Le dire pour la première fois de sa vie fit éclater quelque chose en elle, allumant une immense flamme et la soufflant d'un coup. "Je ne vous demanderais jamais rien. C'était stupide de ma part de penser..." Elle baissa la tête et lorsqu'elle la releva, elle avait remis son masque. Ce sourire qui ne voulait rien dire, ce sourire qu'elle avait toujours : "Je vous souhaite de trouver quelqu'un de bien." Elle retira son manteau et le lui tendit. Oui, il fallait de la force pour sourire, plus que pour pleurer. Une force immense. Sa gorge était nouée alors que leurs doigts se frôlaient lorsqu'elle lui remit le vêtement.
Elle s'inclina, elle dont l'éducation était par trop parfaite. "A bientôt, Capitaine. Profitez de la fête." Elle s'éloigna de quelques pas vers le grand escalier de pierre qui descendait vers les jardins. Elle souriait, en apparence seulement. Elle avait besoin d'être seule. Rien qu'un peu. Seule avec Hagen, seule avec son Unique. Tant pis pour le bal, ils se débrouilleraient bien cinq minutes sans elle.

A mi-chemin des jardins elle se tourna. Un dernier regard. Puis rejoignit le couvert de la solitude, se glissant dans les allées comme un fantôme, à la robe blanche. Peu importe le monde, à cette heure. Moi j'aurais juste voulu que tu m'aimes aussi... Et lorsqu'elle fut seule dans l'immense parc de l'académie, enfin, coulèrent les larmes qu'elle avait si bien cachées jusque là. Elle le savait, dans chaque fibre de son être : jamais plus elle ne pourrait aimer. Car il était en elle... jusqu'à la fin des temps... A présent plus rien ne la protégerait des Ténèbres. Morwen pouvait bien revenir et lui prendre tout ce qu'il restait d'elle : à quoi bon ?

Il n’était pas à l’aise.
En temps normal, il s’arrangeait pour voir Maelen dans ses appartements – et encore rarement – ou en dehors de l’Académie. Après qu’il se soit laissé emporter dans l’infirmerie, dévoilant ainsi leur relation à la fiancée de Maelen, il redoublait d’attentions. Autant dire qu’après avoir tout juste croisé la nouvelle directrice de Lindorm, il n’était pas dans les meilleures dispositions.
Il attira donc Maelen dans un endroit un peu plus reculé, afin de mettre plus de distance entre eux et … les autres.

Enfin au final, ce fut plus Maelen qui l’attira dans l’allée qu’il lui désignait et le Saabi n’eut d’autres choix que de suivre le jeune homme, tiré par le col … avant de recevoir un baiser des plus passionnés.
L’inquiétude du jeune professeur s’évapora l’espace d’un instant alors qu’il passait un bras autour de la taille de son compagnon le pressant un peu plus contre lui.
Un baiser clairement non adapté à la situation mais que Shaem ne rompit pas pour autant et qui le laissa le regard légèrement assombri.

Bon dieu

Prenant sur lui pour ne pas poursuivre, il écouta le compliment ne faisant pas vraiment le rapprochement avec sa tenue actuelle et lui offrit un sourire.

« Je peux en dire tout autant de toi »

Maelen posa la tête sur son cœur et Shaem s’apaisa. Il le regarda s’incliner et lui offrit un sourire en refermant ses bras autour de sa taille. Il n’avait plus qu’à se concentrer sur un rythme lent pour se calmer et ne pas se concentrer sur ce que Maelen avait commencé à réveiller en lui.
Il se mit doucement en mouvement, suivant plus ou moins la musique qui leur parvenait des fenêtres ouvertes.

« Alors tu profites bien de ce bal ? »

Non, il n’allait pas l’interroger sur sa jolie cavalière, ni sur l’absence de sa fiancée à ses côtés, il lui faisait confiance. Il s’interrogeait juste sur la façon dont il appréciait cet évènement … lui qui avait déjà assisté à tant de bals.

S’il était une chose que Johann remarqua lors de sa première tentative de fuite, ce fut que les jardins étaient une bonne solution… mais en un autre temps. Il tentait de faire comme tout le monde, mais rare étaient les individus seuls en cette occasion. Il croisa nombre de personnes que cette soirée acculait face à leur destinée mais, malheureusement, il n’y fit réellement attention. Cloitré dans son propre esprit, obnubilé par son envie de fuir, il voyait en ces êtres des individus sans couleurs, ternis par le fait même de n’être que des éphémères à son existence. C’est ainsi qu’il croisa une femme aux cheveux cuivrés. Le jeune adulte profita de cette rencontre pour en éviter des suivantes : se détachant des allées des jardins pour se cacher des regards. Il ne se retourna point sur elle et sans doute fut-ce la meilleure action qu’il entreprit en sa journée.

Les jardins étaient somptueux et nul doute qu’il aurait été agréable de s’y allonger si cet acte n’aurait point amené une obligation d’entrée en l’armée. La blanche académie apprenait à suivre des ordres, à tuer… Johann s’était toujours déclaré les droits d’en donner et de faire exécuter. C’était là son devoir en ainé de la famille qui, un jour, en obtiendrait les pleins pouvoirs et se devrait de suivre les volontés de ses ancêtres. Etre bon ? Faire le bien ? Johann frissonnait rien qu’à l’idée qu’un professeur désira lui faire la morale. Et tant bien même, il doutait que Syllenthyl en eu une, lui qui semblait se complaire dans le désir unique de nuire.
L’aerien regrettait d’avoir été entrainé en une carrière qui ne lui plaisait point. Les militaires ? Pourquoi diable combattrait-il quand il pouvait payer des mercenaires pour ce faire ? Que pouvaient lui enseigner ces professeurs de la main de fer à avoir avec ses partenaires commerciaux, de l’apprentissage du marchandage, de la traitrise ou du chantage ? Non… ils ne savaient rien de tout cela… Il s’enfuirait ce soir !

Johann remarqua alors un oiseau… pour dire vrai : un corbeau. Le premier qu’il croisait dans ces environs. Son noir plumage lui rappela les écailles de son dragonnet et Johann se demanda ce que celui-ci faisait. L’oiseau ne semblait point inquiet face à lui pour deux sous, le nobliau aurait presque pu le caresser tant celui-ci était proche. Mais il ne s’y tenta point et, alerté bien avant l’humain, sa camarade de quelques instants s’envola sans lui… Cela aurait été si facile s’il avait pu voler également. Mais qu’importe… il s’enfuirait ce soir !

Mais cette envie lui fut impossible. Les chants du vent dansant entre les feuilles des arbustes fut couvert par celui des bottes. Non mélodieux ni harmonique, un son rythmé qui ralentissait : Johann remarqua les militaires qui l’entouraient. Mais ils ne venaient pas pour lui : non… Et le jeune homme maudit en cet instant quiconque les avait fait prendre en conscience, se rameuter ou juste gagner en prudence. Ce soir ne serait le bon : ils observeraient chacune des sorties à n’en point douter. Déjà, trop éloigné de l’académie, un homme lui demandait de retourner au bal. Oh, Johann joua l’inquiet et on le rassura. Il retourna sur ses pas au début, puis dévia afin d’en observer le plus d’endroit possibles.

Alors qu’il se rapprochait du centre des attention, encore au cœur des renfoncements protégeant des regards, Johann entendit la voix d’un homme prononcer ces mots : Viens par là, on sera plus tranquille . Inquiet, le nobliau s’enfuit bien vite savoir de qui il s’agissait : il ne voulait point être vu et, comme déjà dit, les êtres vivant à l’académie et leurs histoires ne l’intéressaient pas pour l’instant. En s’éloignant, il entendit qu’il craqua une branche mais se persuada que quiconque était là bas ne ferait attention à lui. Il ne remarqua la détresse qui semblait l’environner, le fait même que ce bal semblait faire naitre autant de joie que de tristesse chez les divers couples. Ses propres émotions lui importaient à cet instant. La déception lui prenait la gorge comme un prédateur acquérait sa proie.

Il croisa alors à nouveau des militaires et s’interrogea de la scène ayant lieu. Ainsi, ils avaient réussi à arrêté le fuyard, le pillard, le sorcier ou l’enfant roi qu’ils recherchaient ? C’était là son premier échec et, il l’espérait, son dernier. Se rapprochant des portes de la salle de bal, le nobliau se demanda où était son allié.

Ivar suivait la jeune fille - sa fille ? - qui le tirait doucement par la manche jusqu'aux jardins, profondément perturbé par les pleurs de ce petit bout de femme. Par tous les dieux de l'océan, qu'avait-il bien pu faire ? Et qui était la mère de cette petite ? Il ne s'en souvenait pas. Seize ans, cela remontait à longtemps. Et a beaucoup de femmes, lors de ses voyages. Il avait toujours profité de la vie et ne s'en était jamais sentit coupable. Il avait toujours été un hédoniste, profitant de ses voyages pour jouir de la vie simple. Les bras d'une femme valaient bien mieux qu'un sommeil solitaire et il en avait abandonné certaines, en larmes, sans jamais se retourner vers leurs mains tendues.

Un parfait connard, oui. A présent, il récoltait les fruits de ce qu'il avait pu semer et suivre la jeune dragonnière dans ce clair de lune glacial lui tira un pincement au cœur. Là, loin des bruits du bal, seul un peu de musique leur parvenait encore et il l'écouta se présenter, admirant sa capacité à se remettre pour tenter de faire bonne figure. De jolies manières pour une fille de son âge. Seize ans... Hedwige, c'était joli. Un beau prénom. Elle tremblait, la mignonne, sans doute à cause de l'émotion et il retira doucement sa veste de costume, aux dorures et aux galons bien en évidence, restant en chemise dans le froid - mais il n'était pas trop frileux. Il déposa la veste sur les épaules délicates de l'enfant en un geste prévenant.
"Ce n'est rien, He.. Hedwige ?" Dire son prénom lui laissait une impression étrange mais il cacha son propre trouble; Il devait au moins tenter de faire bonne figure, pour honorer son courage de lui dire tout cela. "Ma cavalière est ma fiancée. Elle comprendra, ne t'en fais pas." Il lui sourit, gentiment, sous cette lune qui éclairait alentour, faisant si joliment étinceller le givre sur les végétaux qui les entouraient. Là, éloignés de l'agitation, ils pouvaient enfin parler.
"Tu sais, j'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma jeunesse. Alors je suis désolé. Je ne sais pas qui était ta mère mais... Tu as de bonnes manières, elle devait être fière de toi. Enfin, ce que je veux dire c'est que si c'est bien moi ton père... Nous devrions nous revoir plus au calme. Apprendre à nous connaître. Tu ne penses-pas ?"

Il lui souriait. Il voulait sincèrement réparer ses erreurs. Et il avait de bien nombreux tords. De bien nombreux échecs. Mais il pouvait faire au moins en sorte d'adoucir un peu le cœur trop lourd de cette enfant. Son enfant ?
"J'ignorais que j'avais une enfant. Mais je suis fier de voir que tu as été choisie par un dragon, toi aussi. J'espère que cela t'aidera à te faire une place dans la vie." Maladroitement, il tendit la main, la posant sur les cheveux de neige. De longs cheveux blancs, doux comme la soie. Il caressa doucement cette tête blanche, avec dans les yeux une expression indéchiffrable, une émotion tangible. Pauvre enfant. Pourquoi souffrir autant à cause de lui ?

"Nous pourrions nous revoir avant mon départ... Je repart dans quelques jours pour plusieurs semaines de campagne. Mais avant cela, si tu peux te libérer le week-end... Nous pourrions aller à Laragon, passer un peu de temps ensembles si tu veux." Sa vision, encore une fois, s'avérait réelle. Il retira ses doigts de ses cheveux, avec un sourire tendre. Pauvre enfant, elle tombait sur lui. Comment pourrait-il être père ? Il ne savait pas faire cela. Il n'avait jamais été préparé à ça. Céleste allait le tuer. Mais il ne fuirait pas cette main tendue. Pas celle-ci. Parce qu'elle était un peu de lui. Une étrangère pourtant. Mais sa fille avant tout.

J'avais sa veste sur les épaules, vêtement étranger portant sa chaleur et son odeur. J'en fus surprise dans un premier temps, puis je laissai ce cocon m'envahir, me protéger. Le souvenir de ma mère me couvrant d'une couverture les soirs froid à la taverne, un bon bol de chocolat chaud, à lire au coin de la cheminée ardente et crépitante m'emplit de joie.

Entendre mon nom des lèvres d''Ivar me fit une sensation bizarre, lointaine et j'ochai simplement la tête à sa question sourde. Mais apprendre que mon père avait une fiancée me mît une claque phénoménal. "Je vois... Je ne suis pas entrée dans ta vie pour te juger papa, on fait tous des erreurs et moi aussi j'en ai commises, maman aussi... Les gens ont tous leur part d'ombre... Je me doutais un peu qu'après pas mal d'années sans passer tu ne te souviennes pas de ma mère, elle pensais que tu repasserais un jour sans la reconnaître pour tout avouer"

J'eus un sourire fade, oui ça faisait mal d'avouer le désespoir des gens, mais il ne devait pas se morfondre dans les ténèbres pour si peux de choses... En même temps je n'avais que seize ans et l'avis d'une gamine ne vaudrait jamais la sagesse d'un dragon de cinq cent ans.

-"Irmine... Elle m'a beaucoup aidé quand ça allait mal mais pour le moment je suis forcée d'être ici, à Lindorm alors que je voulais te trouver...d'ailleurs je dois te remercier, c'est grâce à toi que je suis devenu dragonnière.
Ma mère devait t'envoyer des lettres pour te le dire, peut-être n'a-t-elle jamais trouvé le courage..."

Oui finalement je ne pouvais pas lui en vouloir, 'pardonne lui' me revient en mémoire et je pensais que ça serait dur mais finalement il suffisait de sourire et de pardonner pour effacer tout ce temps d'absence. Mon père n'était finalement pas le seul coupable, je sais qu'elle avait peur, la même peur que j'ai des hommes. Peut-être voulait-elle me protéger d'un père absent au vu de ses fonctions, je ne saurai jamais mais je leurs pardonnais ici et maintenant pour les mensonges et les erreurs.

Je sentis sur ma tête une main chaude, je crispai les yeux de peur qu'on me frappe mais ce fut un geste amicale et réconfortant que j'eus. Mon passé torturé partait loin de moi et ne reviendrait sans doute jamais me hanter jusque dans mes cauchemar. Je souris sincèrement comme je ne l'avais plus fait depuis quatre ans, depuis que ma mère cloitrait au lit ne pouvais plus faire grand chose, à l'époque je souriais oui mais de façade, sans joie, sans être moi, sous la tutelle illégitime du gérant de la taverne qui s'occupait de nous. Mais là je rouvrai mon cœur à la vie et aux gens. Merci papa pensais-je.

- "Je ne veux pas t'imposer, cela doit être dur à encaisser, après tant d'année, découvrir qu'on a une fille. Prenez le temps de digérer l'information. Je serais capable d'attendre encore le temps nécessaire. À vrai dire je ne pensais pas à une réaction aussi positive. Le plus important pour moi à l'heure actuelle c'est notre rencontre que j'attendais depuis dix ans, et j'en suis heureuse..."

Il y avait une part de mensonge dans ce que je venais de dire, bien sûr que je voulais le connaître et discuter avec mon père mais je ne pouvais pas d'avantage le mettre mal à l'aise et m'imposer dans sa vie du jour au lendemain. Je voulais avant tout que le Capitaine en face de moi, m'accepte comme sa fille, son amie, sa confidente....

Je me tournai vers lui, je voulais lui dire tellement de chose mais l'heure de la fin du bal approchait à vive allure et le temps me manquerait.

-"J'espère avoir de tes nouvelles lors de ta campagne? Ça me ferait très plaisir"

Je mourrais d'envie de lui faire un câlin mais je me sentais pas encore prête à franchir le pas du contact, j'avais encore peur des représailles qui pourrais me tomber dessus. Mais je ne voulais pas qu'Ivar me prenne pour une archaïque alors inspirant profondément et puisant la force en moi, je tendis une main tremblante et froide jusqu'à attraper la sienne, chaude... Chaleur qui m'envahit et me réconforta. Je lui adressai un plus large sourire, retenant des larmes de joies.

-"Merci..."

Je comprends qu’elle ne le surveille pas tout le temps, je me sentirais probablement jaloux sinon ou mal à l’aise. Mais y’a un quelque chose qui me dérange dans tout cela. Et je déteste de ne pas mettre le petit doigt dessus.
Mais l’arrivée des soldats stoppa tout. Et réveilla des reflexes que j’aurais aimé voir endormis à jamais. Je m’étais empressé de rejoindre le bord de la séparation convive-soldats, pour aider mon cousin. Et la vive lumière qui s’empara de lui me fit me tendre à nouveau. La main sur mon épaule me fit sursauter et mon regard mit du temps à comprendre que c’était Moïra.

Les démons de la guerre sommeillant dans mes prunelles. Non, je n’en suis pas sorti indemne, même mentalement. Et sentir un des miens, un précieux membre de ma famille ne fut-il que mon cousin suite au remariage de ma mère…c’est suffisant pour faire rater un battement à mon cœur. Et mettre mes sens en éveil.
Les mots de Moïra me permirent de me détendre. Posant ma main sur le dos de la sienne, la gardant prés de ma joue. Je jetais un dernier regard à Mi-Cha et cette jeune fille. Murmurant :

« Non…cela ira. Merci Moïra… »

Attrapant cette main, je la serrais alors entre mes doigts. Le regard encore perdu derrière des batailles que je ne voulais plus voir. Ce détachement soudain, et le danger ressentit envers Mi-Cha…Cela joue avec mes nerfs. C’est avec un maigre sourire, un peu penaud, que je demandais alors :

« Voudrais-tu m’accompagner dans les jardins ? Je crois que j’ai besoin de prendre l’air, moi aussi. »

L’entraînant avec moi dans les jardins, ce fut une fois qu’on eut quitté la terrasse pour rejoindre un kiosque entouré de lierre, et où une fine lumière sommeillait. Une ambiance tamisée, en osmose avec le début de l’hiver et les lueurs de la nuit.
Défaisant légèrement le foulard de ma tenue, je soupirais, avant de m’asseoir. Me passant la main dans les cheveux, les ébouriffant et révélant ma cicatrice.

« Désolé, vraiment. Je ne pensais pas que ça remonterait sur une situation aussi…commune. La présence de mon cousin ne devant pas avoir aidé à me permettre de me détacher de la scène. »

Je n’osais pas la regarder dans les yeux. Le regard perdu dans un passé et des souvenirs sombres. L’odeur des morts et du sang me revenant petit à petit.

« Je suis loin d’avoir oublié ces jours… » Murmurais-je alors.

Un large sourire sur les lèvres, la tête posée contre l’épaule de Shaem, Maelen oublia tout. Le monde pouvait bien s’écrouler, il n’avait plus peur. Il possédait enfin ce qu’il espérait depuis tant d’année et même si quelques questions subsistaient dans son esprit il savait que l’avenir s’annonçait radieux.
Alors par Cyannée, il remercia le ciel, il remercia Norn, il remercia Shaem d’avoir eu la force de l’abandonner pour le faire grandir.
Ses mains ne tremblaient plus, son cœur battait vite mais en cet instant il s’en fichait.

Il savoura la fraîcheur de la nuit, la chaleur de Shaem à travers ses vêtements, la douce mélopée des musiciens qui sortaient par les fenêtres, même le bruit du gravier non loin ne le fit pas sursauter. Qu’il se fasse virer, cela n’avait pas d’importance. Shaem l’aimait, plus que de raison. Il serait là, à ses côtés.

Ecoutant le cœur du Saabi battre,il rit doucement et déclara :

« Maintenant oui…Ca doit être celui que je préfère… »

Se décollant du torse de son amant, il se haussa sur la pointe des pieds et lui vola un baiser.

« Parce que c’est le premier ou je peux danser avec toi… »

Pour rien au monde il n’aurait voulu que ce moment se brise, alors il resta dans les bras du Saabi, inspira son odeur fruitée et merveilleuse. La musique continua encore un long moment avant que Maelen quitte à regret le giron de Shaem.

« Tu crois qu’on devrait y retourner ? »

Glissant ses doigts dans une mèche foncée, il la glissa avec tendresse derrière l’oreille de celui qu’il aimait plus que de raison.

« Je t’aime Shaem Nazarian. »

Pouffant de son rire clair et limpide, il le tira par le bras vers les lumières du bal. « Allez viens, ils vont nous attendre… » Après tout, ils avaient encore la vie toute entière pour danser.

Ils prenaient des risques, c’était certain.
Mais c’était plus fort qu’eux. Alors Shaem prit quelques précautions, s’éloignant avec son compagnon du plus gros de la foule pour qu’il puisse profiter de quelques instants rien qu’à eux. Les bras refermés autour du corps de son compagnon, il savoura sa présence, la chaleur de son corps, quelques baisers volés, l’odeur qui se dégageait de ses cheveux à quelques centimètres à peine de son nez. Il continua à jeter quelques coups d’œil en direction d’où ils venaient pour s’assurer que personne ne venait perturber ce moment.

Ils oublièrent un peu le temps qui passait, profitant sans avoir à parler. Shaem, bien que vigilant, était apaisé, il en oubliait le malaise qui s’était insinué en lui lorsque les uniformes s’étaient fait si nombreux ce soir lui rappelant ses années de service et la cause de son départ.
Il oublia un peu qu’il avait laissé sa cavalière et ce fut Maelen qui fut le plus raisonnable pour une fois puisqu’il se décolla de lui en lui proposant de retourner à la salle.

« Ça fait un moment qu’on est ici »

Et ce fut avec un sourire qu’il accueillit la douce déclaration de son compagnon.
Ce changement de relation entre eux le troublait encore, l’empêchant souvent de s’exprimer aussi librement que Maelen. Cela ne l’empêchait pas d’avoir des gestes doux, des attentions à son égard parce que ça ne changeait pas de la relation qu’ils avaient eu lorsque Maelen n’était encore qu’un enfant. Mais parfois, il était encore un peu … perdu.

« Et je t’aime Maelen Ortega »

S’il était encore troublé, cela ne l’empêchait pas de lui répondre. Parce qu’il savait qu’il ne mentait pas en lui faisant une telle déclaration, son excès de jalousie à l’infirmerie en était la preuve flagrante. Le jeune homme commença à le tirer par le bras en direction de la salle, mais Shaem le retint deux mètres avant la fin de l’allée. Il se pencha vers lui plongeant son regard dans le sien.

«Tu es sensé m’embrasser après une telle déclaration »

Et sans plus attendre, il combla la distance qui séparait encore leurs lèvres. Il lui donna un doux baiser qu’il approfondit un peu taquinant ses lèvres puis sa langue de la sienne, avant de se reprendre sentant une sensation bien connue se réveiller en lui.
Là, il préférait ça.
En souriant, il se redressa humectant légèrement ses lèvres avant de pousser doucement son compagnon dans le dos pour le faire repartir.

« Je suis prêt à y retourner maintenant »

Et il reprit le chemin de la salle de bal remettant une légère distance entre eux.

[Clos pour Shaem, merci ^^]

Ivar savait qu'il avait pu faire souffrir des gens, mais c'était autre chose que d'être confronté à cette souffrance. Cette enfant qui avait grandie sans lui, avec dans la tête toutes les questions des enfants. Et lui, l'orphelin, dernier héritier d'une famille décimée, voyait face à lui le miroir de sa propre jeunesse, d'une douleur de l'absence qu'il ne connaissait que trop bien. Sans le vouloir, il avait infligé ça à quelqu'un ? Cette idée lui transperçait l'âme. Les pleurs solitaires, il ne connaissait que trop bien. Et cette fille avait perdue sa mère, de ce qu'il en comprenait, sans doute une fille de taverne, peut-être même une prostituée ? Il soupira un instant, admirant la force qu'elle avait que de se montrer si compréhensive et si calme.

Elle semblait plus âgée, plus mature que bien des adolescentes de son âge. Il était au moins soulagé qu'elle ai une dragonne pour veiller sur elle. Irmine ? Elle devait être une belle créature. Il l'imaginait délicate et gracieuse. Une bien belle dragonne pour une bien mignonne jeune fille. Devenir dragonière pour le rencontrer ? Ce souhait plus que tout l'avait touché. Sa gorge était serrée d'émotion. Il était devenu dragonnier pour poursuivre un rêve absurde transformé en cauchemar. Et voilà que la motivation de cette fille était de marcher dans ses pas. Le destin avait un sacré sens de l'ironie. C'était étrange de se dire qu'il n'était plus le dernier de ce sang prestigieux. Et l'enfant qui avait grandit en ignorant tout ça... Mais il n'allait pas le lui dire ce soir.

"Ne t'en fais pas, nous pourrons nous voir plus tranquillement ce samedi, si tu veux. Lorsque je partirais en campagne, tu pourras m'écrire. La guerre est finie, le front est stable, donc j'ai un peu plus de temps devant moi. Il reste des milliers de problèmes à combattre, mais ils attendrons bien cinq minutes." Il lui fit un clin d’œil avec un petit rire. Sentant soudain la main fraîche saisir la sienne, il la serra doucement, un peu maladroitement.
La main de sa fille... Ils se ressemblaient beaucoup, étrangement, à cause de Sleipnir. Comme un étrange coup du sort.

"Je sais que cela a dû être difficile, mais merci de ne pas me haïr. Je suis heureux que nous ayons pu nous rencontrer." C'était sincère, terriblement sincère. Et le regard posé sur la jeune fille était tendre, un peu protecteur peut-être. Le regard d'un père ? La fierté qu'il ressentait pourtant à cet instant pour ce petit brin de fille était sans bornes. Il aurait voulu qu'elle puisse le ressentir à travers la chaleur de sa main qui tenait la sienne.

Le bal serait long, mais il se sentait envahi par une fierté confuse et un étrange sentiment, comme un écho au fond de lui. Il la raccompagna doucement au bal, là où était sa place. Il devait parler à Céleste, et aussi la raccompagner chez elle. Il ignorait pourtant toutes les péripéties de la fin de cette soirée alors qu'il laissait sa fille dans la salle, le cœur serré de la voir s'éloigner, mais heureux qu'elle puisse vivre dans cet endroit qui avait été sa maison pendant toute sa propre adolescence...

[Clos pour moi au bal, les chatons. Merci Hedwige pour ce joli rp ♥]

Fin de l'event

Libre à vous de terminer vos posts en cours mais il ne pourras y avoir de nouvelles arrivées. L'event est considéré comme clos.

Chaque participant gagne 70 Orbes !
Merci de votre participation enthousiaste et à la prochaine fois pour de nouvelles aventures !

Souriant, elle resta le plus calme possible. Elle aussi avait été surprise par la présence des soldats, elle s’était raidit, prête à chercher l’ennemi des yeux. Mais l’ambiance, et le calme qui revenait lentement l’apaisèrent. Elle acquiesça en silence à la demande de Fenrisulf et s’assit à ses côtés sous le kiosque de lierre.

Continuant de garder sa main dans la sienne, de le fixer avec tendresse, elle lui sourit, essayant de le rassurer.

« Tu n’as pas à t’excuser Fenri. Je ne suis pas une petite noble qui ne sait rien de la guerre. Je comprends tout à fait… »

Penchant la tête pour croiser son regard, elle lui redressa le menton, caressant sa mâchoire, frôlant le coin de ses lèvres de son pouce.

« Ces souvenirs ne partirons jamais, ils font partit de toi, de nous. Peu à peu ils s’estomperont, se sera sans doute plus facile de vivre avec, d’autres souvenirs viendront s’ajouter, des plus joyeux, des moments de peines peut être, mais beaucoup de joie. Le temps est quelque chose de précieux, il n’efface jamais rien, mais guérit les blessures les plus profondes… »

Se penchant en avant pour capturer ses lèvres dans un doux baiser, elle posa son front contre le sien, ancrant ses yeux dans les siens.

« Tout ira mieux, je te le promets…Je ferais tout pour que tu puisses dormir sans peur… »
C’était un peu puéril comme promesse, mais Moïra était sincère. Elle tenait beaucoup à Fenri, elle voulu lui dire quelque chose mais se ravisa. Le cadre s’y prêtait peut être, mais elle n’avait pas envie d’embêter encore plus le capitaine. Alors, elle ravala ses trois mots qui lui brûlaient la langue. Elle resta là, contre lui, pour le soutenir, pour effacer doucement ces souvenirs.
Le vent souffla, elle frissonna mais sa main resta fermement attachée à celle de Fenri.

Elle ne le laisserait pas, jamais, elle en faisait la promesse aujourd’hui. Elle se battrait pour lui, elle mourrait pour lui si il le fallait. Elle voulait juste en cet instant rester contre lui…

[Clos pour Moïra :61:

]

Je lui fis un petit sourire en coin, un peu désolé. Mais, au fond, je me dis qu’il est tout aussi triste qu’elle aussi, elle connaisse ça : la guerre. Nous avons combattu pour nos Nations, mais parfois je me dis que j’ai combattu pour survivre et c’est tout. Ai-je réellement protégé la moindre chose ? Le souvenir de la mort du capitaine Chang me laisse dubitatif quant à mes compétences…
Aussi, lorsque sa main glissa sur mon visage…je ne pus m’empêcher de fermer les yeux. Libérant un léger soupir d’aise à ce contact. Ma main vint se poser sur la sienne, alors que je rouvrais les yeux sur elle. La contemplant, dans sa tenue de bal resplendissante. Des mots, si vrais et si justes. Mais le temps est quelque chose qui semble si rapide et lent à la fois…

Je la laissais m’embrasser. Avec sa délicatesse. Ses mots s’enroulant autour de mon esprit, et de mes souvenirs d’horreur. Est-ce que je mérite tant de considération ? Moi qui doute encore, et n’est pas voulu parler d’elle à Yu-Jin et mère ? Moi qui n’ait rien dit même à Lily, me petite-sœur chérie. Et pourtant, petit à petit, mon esprit s’accroche à elle. Pense à elle. Négligeant, menant dans le lointain, les souvenir de Xia He.

Alors que le vent soufflait, je me penchais pour l’embrasser à nouveau, murmurant un merci juste avant de poser mes lèvres sur les siennes. Attrapant sa taille, pour la faire glisser sur mes genoux. L’enlaçant alors, la gardant prés de moi. Mon visage dans sa nuque, je respirais son parfum. Et surtout, je savourais sa présence. Sa présence qui me calme, et qui chasse au loin les vestiges d’une ère bien sombre.

Combien de temps sommes-nous resté ainsi ? Je ne saurais le dire, ayant cessé de réfléchir pour la première fois depuis longtemps. Cesser d’analyser, de cogiter, pour juste savourer une présence sereine et apaisante. Avec un léger sourire, et un autre baiser, je nous guidais vers la sortie. Une main derrière son dos, nos corps proches…Je la raccompagnais à son logement.

Grâce à elle, et son sourire dans mon esprit, je savais que cette nuit : les cauchemars habituels seraient absents. Un bal que je n’oublierai point…Il serait temps que je me décide sur mes ressentis. Pour elle, comme pour moi !

[Clos pour Fenri aussi <3 merchi !]

Il ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'œil à Medea. Ils avaient beau n'être pas spécialement proches, il avait appris à respecter la jeune présidente du conseil des étudiants. Sorte de figure stable dans le remue-ménage qu'était la vie de l'académie au quotidien. Impliquée dans la bonne marche de celle-ci. Sympathique aussi. Même s'il la maintenait à distance, comme un certain nombre de personnes. Donc oui. Il s'inquiétait de la voir dans cet état. Ce n'était pas normal..Il doutait franchement qu'elle ait fait un vrai coma éthylique. Ce n'était pas dans son genre, enfin, d'après ce qu'il savait d'elle.

« J'espère aussi.. »

Et sur cette réplique, Nathanael se retourna vers le buffet. Raphaël semblait absolument décontenancé devant l'immense variété de plats présentés, comme s'il ne savait pas quoi choisir. C'était adorable. Forcément, il ne devait pas avoir l'habitude de ce genre de débauche de nourritures. Lui, il ne pouvait pas trop manger. Trop de souvenirs de soirée pour qu'il puisse réellement savourer ce genre de nourriture. Moments trop difficiles pour l'enfant et l'adolescent hypersensible et émotif qu'il avait été. Encore maintenant, son estomac disait simplement stop. Il avait attrapé un appétit d'oiseau lors de ces soirées ; tout simplement. C'était ridicule, sans aucun doute, mais c'était comme ça.

« Bien sûr, je te sers ça tout de suite.»

Aussitôt dit, aussitôt fait, et le liquide coloré remplit le verre de Raphaël qu'il lui tendit délicatement.

« Du jus de fruit, du- »

Et voilà que Raphaël l'interrompait, les yeux brillants et les joues légèrement rouges, pour s'enquérir des ingrédients présents dans sa boisson.

« Non..Il y a du rhum aussi à l'intérieur.. »

Entre autres. La recette pouvait un peu changer, mais l'alcool était un ingrédient assez classique.

« Ne me dis pas que tu ne tiens pas l'alcool ?! »

Le temps d'additionner le breuvage avec l'attitude joyeuse de son cavalier, et la lumière s'était faite dans son esprit. Horreur. Dans quel pétrin avait-il fourré Raphaël ? Quel andouille, sérieusement ! Il aurait du lui demander s'il buvait de l'alcool avant de lui en proposer..et le cas échéant, de voir s'il n'y avait pas des boissons non-alcoolisées sur la table... Son esprit tournait à cent à l'heure, alors qu'il avait des sueurs froides dans le dos. Vite, rétablir la situation, vite.

Il attrapa quelques canapés , les tendit à Raphaël et expliqua rapidement :

« Tiens..mange quelque chose, ça va t'aider à aller mieux..Et on va aller dans les jardins si tu as chaud. »

Il reposa vite son propre verre, celui de Raphaël et le guida dans les jardins. L'air frais lui ferait du bien..Enfin, la température n'était pas très élevée non plus, il faisait même plutôt froid,ce qui était bien normal en un soir de décembre. Aussi ôta-t-il sa longue veste et la posa-t-il d'autorité sur les épaules de Raphaël. Pas question que le jeune hermaphrodite tombe malade. Bon il faisait un peu frisquet, mais c'était supportable. Et puis, ça avait un certain charme de voir son cavalier vêtu de sa propre veste.. C'était attendrissant, même ; et ça le rendait heureux.

Nathanael sourit maladroitement. La crise était passée, il avait rétabli la situation assez rapidement, de main de maître. L'aisance de l'habitude pourrait-on dire..

« Ca va mieux ? »

Il s'inquiétait, tout simplement.

Au clair de lune, Raphaël lui semblait encore plus attirant qu'à l'ordinaire, la lune soulignant davantage la pâleur de sa peau et lui conférant un aspect presque laiteux. Le jeune noble sentait son cœur se serrer en le voyant, sans qu'il sache trop pourquoi.. Peut-être parce qu'il savait trop bien ce qu'il ressentait pour lui. Il était si proche, et pourtant si loin.

Est-ce qu'il devait ? Est-ce qu'il ne devait pas ?

Sa main droite se glissa avec douceur dans les cheveux blonds de Raphaël, presque d'elle-même., avant de glisser sur sa joue. Son cœur tambourinait presque douloureusement contre ses côtes.. Il se pencha lentement vers lui,et finalement, l'embrassa avec douceur, savourant le contact presque hypnotisant des lèvres de Raphaël contre les siennes.

Avant de se reculer, les joues rouges et le regard fuyant.

«Pardonne-moi..je n'ai pas pu m'en empêcher. »

Il n'était plus le personnage qu'il s'était créé à son arrivée à Lindorm. Mais lui-même, Nath, le jeune adolescent émotif, timide, incertain. Celui qui ne pouvait pas faire semblant. Celui qui avait le cœur serré par toutes les mascarades de la noblesse aérienne. Celui qui étouffait, celui qui aurait tout donné pour pouvoir être lui-même en société..L'enfant pleurnichard selon certain, l'avorton, celui qui était invisible.. Mais honnête envers lui-même.Enfin presque.

Et surtout amoureux.

« Raphaël je.. »

Avant de craquer et de le serrer contre lui, en une étreinte douce et ferme à la fois, sans brutalité.

Sa main serra fort celle de sa fiancée et il l’entraîna doucement dans la danse. La douloureuse sensation de n’être encore qu’un parfait idiot à ses yeux lui fit baiser la tête. Elle pouvait bien danser le menton relever, fier comme un coq, lui, se sentait minable.
Dire qu’il y avait à peine quelques minutes il était l’homme le plus heureux du monde et voilà qu’il lui suffisait de croiser le regard de fiancée pour se sentir le plus misérable. Etait-il masochiste ou essayait-il désespérément de se raccrocher à quelque chose, à un dernier souhait de son père, honorant sa mémoire même si au fond de lui, il pouvait bien cracher dessus.

Inspirant, essayant de se montrer fort, il la fixa dans les yeux, valsant avec elle dans une grâce typiquement aérienne. Comme il l’avait dit à Jillah quelques heures plus tôt, il préférait de loin une femme forte et indépendante qu’une femme qui ne préoccupait que du paraître. A quoi cela servait-il ? A faire taire les jaloux ? De toutes les manières il y en aurait toujours. Alors Maelen avait apprit à vivre loin d’eux, à ne se soucier de l’avis que de ceux qu’il jugeait important pour lui. Il voulait lui dire, lui apprendre à oublier ce protocole, mais au final ils savaient tous les deux qu’en se mariant, ils finiraient inlassablement par y revenir.

Alors il fit le fier, il fit le gracieux, souriant comme jamais. Se pavant presque comme un paon trop présomptueux. Il s’inclina devant Estefania et la laissa s’échapper. Il garda un visage aimable jusqu’à ce qu’il accélère le pas et finisse par atterrir dans les jardins. Son sourire mourut petit à petit et il poussa un soupir de soulagement. Il allait retourner dans sa chambre, se coucher et penser à Shaem. Shaem qui le rendait heureux, pourquoi était-ce plus simple avec lui ?

Se massant le visage, il se frotta les yeux avant de relever la tête et de fixer les deux formes non loin de lui.
Plissant des yeux il s’approcha et son coeur rata un battement. Une colère sourde monta en lui et il serra les poings, il s’avança vers ses deux amis d’enfance et croisa les bras sur sa poitrine, lança avec énervement :

« Ça va vous deux ? Vous avez pas oubliez de me parler d’un truc par hasard ? »

Leur jetant un regard noir à chacun d’entre eux, il tapa du pied, comme une maman poule à qui ses fils auraient caché leurs amoureux.

[ Cramé ! ]

Voir Médéa dans cet état inquiétait Raphaël, il espérait sincèrement qu'elle s'en remettrait, sans trop savoir de quoi elle souffrait. Il regarda le petit groupe s'éloigner avant de reporter son attention sur le buffet rempli de canapés et de petits fours plus alléchants les uns que les autres. Il n'y connaissait vraiment rien et comptait sur son charmant cavalier pour l'aider à choisir. Mais comme celui-ci lui proposait de boire, le jeune hermaphrodite choisit de commencer par là. Il opta donc pour le punch! La couleur lui plaisait et le nom aussi!

Alors, quand Nathanaël lui tendit le verre rempli de ce liquide coloré, il ne se fit pas prier pour en boire une bonne gorgée. Woooh! C'était délicieux! Ca avait le goût de jus de fruits et...d'autre chose. Et puis la tête commençait à lui tourner un peu, c'était amusant, bien qu'un peu perturbant. Sans compter qu'il commençait à avoir un peu chaud.

Mais pourquoi son compagnon semblait-il paniquer? Raphaël se tourna vers lui, un grand sourire aux lèvres, et lui attrapa le bras, se serrant contre lui:

-De l'alcool? Je sais pas, j'en ai jamais bu...Maman voulait pas...je sais pas pourquoi!

Un petit rire le secoua avant que des petits fours ne se retrouvent sous son nez. Raphaël leva la tête et sourit à son ami en saisissant un petit gâteau salé qu'il lui présentait. C'était vraiment délicieux! Il en mangea quelques-uns encore et soupira, sa tête tournait un peu moins mais il avait toujours du mal à faire le point.

Accroché au bras de son charmant cavalier, il marcha à ses côtés jusqu'aux jardins et soupira d'aise en sentant l'air frais du soir sur son visage. Fermant les yeux, il posa la tête sur l'épaule de son compagnon:

-Oui, ça va mieux, merci...

Raphaël ne put s'empêcher de sourire en se redressant légèrement, serrant les pans de la veste que son camarade avait posé sur ses épaules:

-Mais toi, tu n'as pas froid?

Visiblement, non. Le jeune hermaphrodite leva son visage vers son cavalier d'un soir tandis qu'une légère brise soulevait ses longs cheveux d'un blond si clair qu'ils en paraissaient presque blanc sous les rayons lunaires. Ses yeux d'un bleu limpide observaient le visage de Nathanaël, cherchant à savoir ce qui se passait dans sa tête.

Les caresses dans ses cheveux lui tirèrent de légers soupirs de satisfaction, et sa main sur sa joue le fit frissonner bien plus sûrement que l'air frais de la nuit. Quel que soit les intentions de son compagnon, Raphaël les acceptaient, il avait confiance en lui. Alors, quand il se pencha pour approcher son visage du sien, le jeune ventus sourit et ferma les yeux, savourant le contact des lèvres de Nathanaël sur les siennes tandis que son cœur battait fort dans sa poitrine.

Les mains posées sur le torse de son compagnon, il ne tremblait pas, au contraire, il avait chaud, mais c'était une chaleur agréable. Il se sentait bien dans les bras de Nathanaël. Lorsque celui-ci éloigna son visage du sien, il rouvrit les yeux et pencha légèrement la tête sur le côté. Pourquoi s'excusait-il?

-Pourquoi tu t'excuses?

Cette fois, ce fut lui qui posa délicatement sa main sur le visage de son adorable cavalier. Il était tellement mignon lorsqu'il était gêné. Ses sentiments pour lui grandissaient très probablement chaque jour, même s'il ne comprenait pas encore ce que c'était, il savait qu'il était heureux lorsqu'il le touchait ou qu'il l'embrassait. Et encore plus lorsqu'il le serrait dans ses bras comme il était en train de le faire.

Sur son petit nuage, Raphaël enlaça le torse de Nathanaël et posa sa tête contre son cœur. Sa tête tournait beaucoup moins étrangement, et pourtant, il avait l'impression de ne plus toucher terre. Son cœur lui faisait mal et en même temps il se sentait tellement léger!

Il aurait pu rester ainsi, à écouter le cœur de son camarade battre, pendant des heures. Il battait plutôt vite d'ailleurs. Posant son menton sur son torse, il lui sourit et allait lui dire quelque chose quand une voix s'éleva près d'eux.

Maelen! Le jeune hermaphrodite tourna la tête vers le jeune homme et lui offrit un sourire radieux:

-Bonsoir Maelen! Ton costume te va très bien tu sais! Mais pourquoi es-tu en colère?

De quoi auraient-ils dû lui parler exactement? Le jeune hermaphrodite ne comprenait vraiment pas pourquoi leur ami se mettait dans un tel état!

Pour autant, il ne s'était pas éloigné de Nathanaël, les mains posées sur son torse.

Maintenant qu'ils étaient seuls dans le jardin, le délégué Ventus se sentait un peu plus détendu. Certaines choses ne changeaient pas. Il pouvait bien faire semblant d'être à l'aise, en réalité, une part de lui se sentait toujours mal à l'aise quand il y avait trop de monde autour de lui. Raison pour laquelle il n'était jamais plus heureux que quand il pouvait se poser dans le jardin..dans son « endroit secret », comme il le surnommait à l'époque. En des jours plus heureux ou malheureux..selon le point de vue.

Et puis, seul dans le jardin avec Raphaël, ça avait un côté un peu..romantique non ? Il n'était pas expert en la matière, ceci dit..loin de là, même. Mais il se sentait si bien avec lui. C'était quelque d'inattendu. Pourtant tellement doux et agréable, d'apaisant même. Mais d'obsédant. Au point qu'il ne put se retenir de l'embrasser, tout doucement.

« Parce que tu aurais pu ne pas en avoir envie...»

Et dans ce cas, cela aurait été absolument méprisable de sa part. On n'imposait pas ce genre de choses à quelqu'un d'autre, voilà tout. Mais inutile de débattre sur ce qui aurait pu être, car à présent, Raphaël avait posé une de ses mains sur son visage, le faisant soupirer de bonheur. En même temps qu'une légère rougeur avait envahi ses joues. Gêné peut-être, timide devant les marques d'affection de Raphaël. Et tellement heureux lorsqu'il l'enlaça pour poser la tête contre son cœur qu'il sentait battre à folle allure.

Et puis tout s'arrêta soudain.
Maelen venait de faire son apparition, apparemment de fort méchante humeur. Et d'après ce qu'il lui criait, il aurait oublié de lui dire quelque chose. Au départ, Nathanael ne comprit pas. Avant d'avoir une illumination.

« Maelen, calme-toi », fit-il avec calme. Pour se disputer il fallait être deux, et il refusait de se lancer dans ce genre de choses ce soir-là. Surtout qu'il se sentait dans son droit. Diantre, il n'avait pas été sûr de ce qu'il ressentait pour Raphaël avant aujourd'hui, qu'aurait-il été censé confier à Maelen ? Quoique, cela n'était pas vraiment un argument..Il avait bien confié ce qu'il croyait ressentir à son cousin Ejaz..qui n'avait toujours pas répondu, ce qui l'inquiétait.

Peut-être avait-il voulu préserver un peu cette relation naissante avec Raphaël?

Ou peut-être n'avait-il simplement pas pensé à lui dire ? N'avait pas su comment lui dire, plutôt ? Qu'il avait eu peur de sa réaction?

Ou qu'il voulait savoir si Raphaël répondait à ses sentiments avant d'annoncer quoi que ce soit ?

Toujours était-il qu'il jugeait la réaction de son ami assez..exagérée. Quelque chose d'autre devait l'avoir contrarié dans la soirée..

♪ Theme

Quand ils se tournèrent vers lui, le cœur de Maelen s’arrêta. Ses deux amis, les plus proches, les plus anciens, ceux qu’il avait eux avant d’être à Lindorm, ceux qu’ils considéraient comme des frères étaient là à s’embrasser. Pas que le baiser le dérange, non bien au contraire, il était content pour eux. Mais de savoir qu’aucun des deux ne lui en avait parler, ni même évoqué la possibilité d’avoir des sentiments envers l’un ou l’autre. Cela le blessait terriblement.
Il avait l’impression que son amitié ne lui était pas rendu, qu’on ne pouvait pas compter sur lui. Comme d’habitude !

Il voyait bien déjà que Asa et Ludwig était plus proche, que lui l'était d’eux deux. Il voyait bien qu’Estefania le fuyait, il n’était qu’un pauvre idiot.
Ses yeux se posèrent sur Nath qui le fixa avec calme. Dire qu’il lui avait confié ce qu’il avait de plus cher dans son coeur et qu’en retour, il n’avait rien eu, peut être même que le blond ne le considérait pas comme son ami.

Ses yeux s’humidifièrent mais il serra les poings, il ne devait plus pleurer, pas pour ça, même si c’était dur à encaisser. Dire qu’ils avaient été au parc d’attraction ensemble et qu’il n’avait rien vu, aucun des deux n’avait eux un geste envers lui pour lui souffler qu’un amour naissant voyait le jour. Il avait l’impression d’être trahit, et son cœur se déchira.

La douleur le peina, s’ajoutant l’amertume d’avoir été mit de côté et la culpabilité de leur en vouloir à eux, que si il était véritablement leur ami, cela ne devrait pas le toucher, peu importe, tant qu’ils étaient heureux. Mais Maelen n’était qu’un petit égoïste, il voulait que son amitié si sincère lui soit rendu, il voulait qu’on lui confie des secrets, il voulait des amis proches de lui, ne pas retourner en arrière, et être seul dans cet immense palais, sans Shaem, son seul et unique ami.

Il voulut leur hurler dessus, il voulut leur dire qu’ils étaient injuste, pourquoi ne lui avait-il pas dit. Mais il devait être fort, il devait grandir. Il repensa aux mots d’Estafania, qui le traitait de gamin et il comprit son attitude, à paraître forte l’on ne montrait pas que l’on était blessé.

Alors son visage se figea un instant, un sourire se dessina sur ses lèvres et il prit un air idiot, riant doucement :

« Ahahaah, je vous ai bien eux ! » Se grattant le crâne, il plaqua sur son visage un masque de bonheur, son coeur saignait mais peu importe. Il serait Gouverneur, il fallait qu’il joue la comédie, même à ceux qu’il considérait comme ses amis. Surtout à eux.

Il renvoyait sa tristesse au plus profond de son coeur, l’enfermant à double tour. Il fixa Raphaël avec un grand sourire, puis Nath et il s’inclina devant eux, la main sur le coeur, comme un noble d’Aéria.

« Je suis content pour vous, ça me fait plaisir de vous voir ensemble. »

Riant, il leur fit un clin d’oeil avant de tirer sur sa veste pour la ré-ajuster. « Vous allez superbement bien ensemble. Amusez-vous bien, je vais retrouver ma cavalière, elle doit m’attendre ! »

S’inclinant de nouveau, il tourna les talons et son sourire disparu d’un coup. Son visage devint froid et il ravala la boule de pleur qui lui serrait la gorge. Il devait grandir, il était un homme, peu importe si ses amis ne leur racontait pas ce qu’il avait sur le coeur, peu importe d’avoir des amis ou non.

Il avait juste besoin de Shaem, d’Estefania, tout le reste n’était qu’illusion.

D’un pas fier, le menton relevé dans son magnifique complet blanc, il traversa la salle de bal, saluant ceux qu’il avait reconnu, jetant un coup d’oeil à Shaem, avant de disparaître par la porte. Il marcha jusqu’à ce qu’il n’y ai plus personne, il rejoint le terrain d’entraînement ou Norn l’attendait. Il marcha rapidement le long du terrain, retirant sa veste, jetant son nœud pour commencer à accéléré sa foulée. Puis il se mit à courir, il courut, Norn trottant derrière lui, il courut pour effacer toutes ses pensées et tous ses sentiments dans son coeur...

Il n'avait besoin de personne. Bientôt il serait grand, oui très bientôt...

[clos pour moi ! Merci à touuuus !]

Loin de l'agitation du bal, dans les jardins, Nathanaël qui le regardait dans les yeux et avec tellement de tendresse, que Raphaël avait l'impression de vivre un rêve. Son cœur s'était emballé lorsque les lèvres du jeune homme s'étaient posées sur les siennes. Voilà qui confirmait finalement qu'il avait des sentiments pour lui, et cette fois, il ne voulait plus perdre de temps, d'autant plus qu'il était assuré que son camarade ventus partageait ses sentiments même si celui-ci s'excusa soudainement pour son geste.

Le jeune hermaphrodite pencha légèrement la tête sur le côté, lui demandant la raison de ses excuses. Un petit sourire étira ses lèvres en entendant sa réponse et il se fit un plaisir de le rassurer sur ce point, posant tendrement ses mains sur son visage avant de l'enlacer en posant sa tête contre son cœur. Cœur qui battait au moins aussi vite que le sien. Raphaël ne pouvait s'empêcher de sourire en soupirant de bonheur contre le corps du jeune homme.

Mais alors qu'ils étaient tous les deux tendrement enlacés, comme si plus rien d'autre n'existait en ce monde que leurs deux corps serrés l'un contre l'autre, la voix de Maelen claqua dans l'air. Il était en colère, mais pourquoi? Raphaël ne comprenait pas. Qu'auraient-ils dû lui dire?

Sincèrement, il ne pensait pas blesser son ami. Restant tout de même contre Nathanaël un instant avant de se redresser, lui jetant parfois quelques regards interrogatoires pour savoir s'il avait compris ce que Maelen leur reprochait exactement.

Alors qu'ils le regardaient tous les deux, le jeune homme changea soudainement d'expression et sembla se détendre, souriant finalement en déclarant qu'il était heureux pour eux et qu'ils allaient bien ensemble. Ce qui fit naître un sourire rayonnant sur le visage du jeune hermaphrodite:

-Merci Maelen!

Reposant sa tête contre le torse de Nathanaël, il posa finalement son menton sur son torse en lui souriant avant de se tourner vers leur ami. Il aurait aimé le prendre dans ses bras, car le voir si loin et si près le rendait étrangement triste. Mais celui-ci s'éclipsa trop rapidement.

Les yeux de Raphaël suivirent sa silhouette tandis qu'il s'éloignait. Un peu inquiet malgré tout, il tourna son visage vers celui de son compagnon:

-Ca va aller pour Maelen tu crois?

Il se blottit contre lui à nouveau et prit tendrement sa main, enlaçant ses doigts aux siens.

-Est-ce que...tu veux danser? Avant de remonter dans notre chambre...

Son regard en disait long sur ses intentions. Il avait bien envie de profiter que leurs camarades soient tous au bal ou hors de la chambre en tout cas, pour profiter de passer du temps seul avec Nathanaël.

» Le Bal d'Hiver : côté buffet.
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Le Bal d'Hiver : côté jardin.

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