Comme les cours étaient présentement suspendus pour la période des fêtes, Yuina en avait profité pour se trouver un petit contrat en ville. Il y avait déjà quelques mois qu’elle n’avait pas dansé devant public et l’euphorie que lui procurait l’adrénaline d’être sur une scène lui manquait terriblement. Elle était donc entrée en contact avec le propriétaire de Dyonisos, lui expliquant qu’elle était présentement élève à Lindorm, mais qu’autrefois, elle faisait partie de la troupe Barathi d’Aeria. Tout ce qu’elle voulait en fait, c’était de pouvoir utiliser son établissement comme salle de spectacle pour un soir. Un soir seulement. Il n’avait tout de même pas été facile de convaincre celui-ci de lui laisser sa chance, mais n’étant pas du genre à se laisser abattre, Yuina avait insisté pour passer une sorte d’audition qui permettrait à l’homme de prendre une décision éclairée.

Yuina était debout sur la minuscule scène au fond du Bar de Dyonisos, de dos à la clientèle. Elle se tenait pour le moment immobile, calmant sa respiration comme elle le faisait avant chaque représentation. Elle sourit discrètement au souvenir de la gueule qu’avait fait le propriétaire après sa courte démonstration une semaine plus tôt. Il lui avait accordé la soirée demandée et lui avait même offert de revenir pour d’autres prestations si elle le voulait. Pour l’instant, elle s’en tiendrait à une soirée, histoire de voir si son numéro serait bien reçu. Après tout, elle n’avait jamais dansé sur Laragon. L’endroit était parfait : étroit, bondé, enfumé et étrangement envoutant. L’éclairage de la scène se limitait à quelques lampes au bout des planches, illuminant Yuina du bas vers le haut, projetant son ombre sur le rideau pourpre qui pendait derrière elle. Elle portait un buste fermement enroulé autour de son torse et une ample et longue jupe blanche. Sur ses hanches reposait également une ceinture de chainettes et de breloques dorées. Ses longs cheveux gris bleutés pendaient librement dans son dos, sa tête tournée légèrement de côté. Deux musiciens étaient assis un peu plus loin, tenant chacun un tambour entre ses genoux. Tous deux fixaient Yuina, attendant son signal pour commencer à jouer habilement de leur instrument.

Le brouhaha de la salle s’était changé en un mélange de rires curieux et de murmures depuis qu’elle s’était installée sur la scène. Son cœur se mit à battre plus rapidement et elle dû se battre avec elle-même pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Habituellement, il y avait plus d’une danseuse dans chaque spectacle et la sensation d’avoir tous les yeux tournés vers soit n’était pas aussi intense. Prenant une dernière grande respiration, Yuina roula son poignet gauche et les deux musiciens se mirent à jouer un air lent et rythmé. Suivant le roulement de son poignet, elle ondula doucement son bras gauche, puis le droit, joignant l’index de chacune de ses mains à ses pouces. Toujours postée au même endroit, elle arqua doucement le dos, roulant maintenant ses épaules vers l’arrière. Lentement, elle poussa une anche vers la gauche, sans bouger ses pieds, puis poussa vers la droite, alternant les mouvements de ses bras et de sa taille inversement.

Alors que ses mouvements s’enchaînaient, fluides et gracieux, Yuina avait tout simplement cessé de penser. Elle était entièrement absorbée par son art, n’entendant plus que la musique et le son des babioles à sa ceinture cliqueter les unes contre les autres. Le rythme des tambours s’accéléra légèrement et elle pointa subitement un pied vers la droite. Elle était toujours dos à la salle et d’un roulement de tête, elle fit voleter ses cheveux et se retourna, poussant ses bras vers l’avant puis vers le haut pour ramener ses cheveux derrière sa tête. Frappant le sol de ses pieds au rythme de la musique, Yuina fit tinter les clochettes à sa cheville gauche, survolant la clientèle de ses grands yeux bleus. Elle ne se souciait pas vraiment de qui la regardait, c’était plutôt un geste visant à capturer l’attention du public, de leur laisser savoir, d’une certaine façon, que chacune des personnes présentes était importante.

La danse se poursuivit ainsi pendant de longues minutes, s’accélérant et s’intensifiant jusqu’à atteindre une apogée pendant laquelle elle avait presque l’air de trembler, ses bras remontant le long de son corps sur un roulement de tambour. Un dernier coup sur les instruments y mit fin et Yuina laissa retomber ses bras et sa tête vers l’arrière, sa respiration maintenant rapide et saccadée à cause de l’effort. Il n’y avait pas à dire, le Baladi était très demandant physiquement et, du coup, était donc un excellent entrainement qui lui serait sans doute utile pendant sa formation militaire. La pensée avait traversé son esprit furtivement alors qu’elle attendait les premiers applaudissements pour se redresser et saluer la salle.

Spoiler:

La journée s'était drôlement bien passé pour Inigo. Il avait été invité à jouer aux cartes dans une chambre privé bien a l’abri des regards. Il avait gagné un petit montant alors il avait décidément de fêter son gain en le buvant au bar. Raisonnement tout a fait logique d'un jeune homme vivant au jour le jour. Le conteur adorait l'art et les spectacles, s’était dans son sang. Alors lorsqu'il avait entendu parler d'un spectacle de danse, il ne pu résister de rester pour voir cet art. La salle n'était pas bondé , mais il y avait tout de même une masse importante pour faire du profit. La première pensé d'Inigo était bien sûre purement sur le plan lucratif. Il avait beau faire des spectacles pour le plaisirs, il fallait bien vivre. Alcool en main et bien caler sur une chaise Inigo était bien près pour le spectacle. La vedette du dit spectacle s'était en place , les murmures relever dans la salle accompagné de ricanement semblait venir d'une pièce plus lointaine pour Inigo qui était trop occuper a observer. La posture, les vêtements, le corps et même plus. Il aimait regarder et il ne s'en gêna pas.

Au début la danse était plutôt lente, mais pas pour le moins agréable. Le silhouette de la danseuse avait tout pour plaire a l’auditoire masculin et la technique a accrocher le publique féminin. Visiblement c'était surtout les hommes que la danse interpellait, sûrement causé par les mouvements de hanches bien alléchant. Le seul moment où Inigo avait eu son attention ailleurs que sur la danseuse fut a cause d'un couple. La femme avait taper son copain sur l'épaule pour reprendre son attention naturellement jalouse. Ce manège ne capta pas trop longtemps le jeune barde qui voulait bien en voir plus des talents de cette artiste. Le rythme s'était accéléré et le jeux des bras étaient tout aussi impressionnant et Inigo avait comprit que tout était un acte dans le rythme des percutions. Pour admirer la scène LeMerveilleux avait même retiré son chapeau et le tenait sous son bras. Il avait la bouche entre ouverte et avec des spasmes de sourires qui allait et venait. Il était comme un enfant qui voit le cirque pour la première fois, mais faut pas si prendre. Ce n'était pas le premier numéro de ce genre qu'Inigo avait la chance de voir. Il était seulement une personne sensible à l'art en soi.

C'était fini et la prestation s'était mériter quelques applaudissement, certainement il y avait ceux de Inigo qui s'était même lever. Le jeune homme toujours son chapeau sous le bras et un air d'enfant ébahi au visage s’approcha de la scène. Une fois plus près de la danseuse il prit un grand respire. Voir L'actrice d'aussi près lui donnait quelque pulsion des plus étranges. Inigo se laissait souvent guider par ce genre de pulsion, lui qui vivait de cela. Les soirées où il se donnait a des contes, la plupart du temps il y allait sur les pulsions du moment en y ajoutant des éléments en se fiant à son publique. Peur de rien le jeune homme fit un bon sur scène pour saluer lui-même l'artiste. Ceci eut un très mauvais effet chez la sécurité du bar qui le tira par le pied pour le faire descendre. Voyant son pied se faire prendre de la sorte, Inigo recula d'un bond maladroit jusqu'à terre et s'expliqua rapidement.


-Je voulais que la félicité...

L'homme charger de la sécurité de toute évidence lui fit signe du doigts qu'il lui en était hors de question. Inigo fit que tourné les talons pour refaire face à la scène.

-Damoiselle votre spectacle était délicieux. Si vous voulez discutez je serais au coin là-bas!

Il démontrant l'endroit en ouvrant grand les bras en glissant un peu de coté et en présentant l'endroit d'une paume bien ouverte. C'était plus que certain qu'il verser dans le domaine du spectacle, seulement de la manière qu'il avait de se mouvoir.

-Votre technique était superbe et votre numéro magnifique.

La sécurité l'éloigna en le tirant par le bras. En lui disant clairement que son manège avait suffisamment durer, mais le jeune homme fixait l'artiste sur scène en lui souriant de pleine dents même en se faisait éloigner. Inigo remit donc sont chapeau sur sa tête et défroissa la manche de son manteau qui fut mal traité par le gardien. D'un pivot il alla à la table qu'il avait désigné de manière grandiose comme s'il s'agissait d'une présentation d'un événement. Le jeune homme aux habits extravaguant ce laissa choir sur la chaise et donna une pichenette sur le devant de son chapeau pour bien le redresser. Lorsqu'il vit une serveuse il lui demanda de lui apporter deux coupe et une bouteille de leurs meilleurs vin. Normalement il n'aurait pas eut les moyens, mais avec le petit magot qu'il s'était fait il avait le droit à une seule bouteille. En espérant que le vin soit bon et que la damoiselle ne daigne pas l'invitation.

Yuina s’inclina gracieusement devant la salle à deux ou trois reprises puis ramassa son voile pour le glisser autour de ses épaules. Alors qu’elle se redressait pour quitter la scène, un jeune homme fit irruption devant elle, la mâchoire légèrement pendante. Les gardes de sécurité l’avaient vite maîtrisé et Yuina gloussa timidement. Il était très rare de voir des gens bondir sur la scène après une représentation. Elle avait l’habitude des fleurs lancées sur les planches et des salutations galantes à la sortie des coulisses, mais il était vrai qu’elle se trouvait, après tout, dans un bar. Non pas que ce bar en particulier était miteux, mais là où les ouvriers se retrouvent généralement pour oublier le labeur de la semaine, on ne peut s’attendre à de généreuses démonstrations d’étiquette.

Le jeune homme venait de descendre maladroitement de la scène, ou plutôt on venait de le tirer de là sans vergogne, quand il dit :

-Damoiselle votre spectacle était délicieux. Si vous voulez discutez je serais au coin là-bas!

Il glissa ses pieds sur le sol et agita sa main vers une table de façon très théâtrale avant d’être saisi de nouveau par la sécurité qui l’éloigna prestement. Avant d’être emporté au fond du bar, il fit une remarque sur sa technique et la complimenta sur son numéro. Le coin gauche des lèvres de Yuina se releva légèrement. En général, les hommes portaient surtout attention à son costume de scène ou rêvaient de voir ce qui se trouve dessous, mais celui-ci avait plutôt pris la peine d’observer la beauté de son art. Bien sûr, elle avait l’habitude des avances et peut-être que le manège de cette homme extravagant ne visait qu’à la glisser sous sa couette. Peut-être était-il sincère et réellement un amateur de la danse? Peut-être un peu des deux, aussi, qui sait?

Yuina prit la peine d’aller remercier les deux musiciens qui l’avaient accompagné pour sa représentation puis se dirigea vers le jeune homme en faisant signe aux gardes de sécurité de se retirer. Il avait replacé son chapeau sur sa tête, ce qui lui donnait un air mystérieux. Tout de lui, ses vêtements, ses bijoux, son regard, criait l’excentricité. Yuina était difficile à charmer et l’absence de quelque trace de pilosité que ce soit donnait à l’homme un air d’adolescent qui, sans nécessairement l’attirer, l’intriguait. Curieuse et amusée à la fois, elle avait décidé de se joindre à lui.

-Bonsoir. Yuina tendit une main délicate avant de prendre place. Je suis Yuina Tsubame. Bien heureuse que le spectacle vous ait plu. Ce n’était rien de très extraordinaire, mais les planches me manquaient… et vous êtes?

Elle sourit sincèrement et fixa ses yeux dans ceux du jeune homme. Ils étaient d’un vert très profond, insondables mais accueillants. Yuina aimait bien connecter avec les gens en mêlant son regard aux leurs. Peut-être le faisait-elle par réflexe depuis qu’elle avait découvert le don que son dragon lui avait légué. Après tout, n’y avait-il pas un auteur célèbre qui avait un jour dit que les yeux étaient les fenêtres de l’âme?