HRP:

Un micro climat de chaleur s’était installé sur Lindorm et le temps s’était légèrement réchauffé. Pourtant l’hiver approchait à grand pas.
Libéré de sa journée de court, Maelen avait une idée précise en tête. Trouver celui qu’il cherchait. Quelqu’un qui pourrait l’aider. Quelqu’un qui pourrait le libérer de ce carcan dans lequel il vivait enfermé depuis son enfance. Quelqu’un qui lui permettrait d’être plus libre.
Mais ce quelqu’un était un jeune homme de sa classe très discret qui avait la fâcheuse tendance à se faire un peu oublier et à disparaître au moindre coup de vent. Il avait d’ailleurs voulut le retenir après la fin des cours, mais dés qu’il s’était retourné, il n’y avait déjà plus personne.

Poussant un soupir, il gravit la petite colline sur laquelle se trouvait le lac. Il voulait voir Norn, pour s’entraîner. Il devait combattre cette phobie, cette peur qui lui liait les entrailles et lui donnait la nausée quand il n’avait plus les deux pieds sur le sol. Appuyant sur ses cuisses pour accélérer le pas, il fut ravit d’avoir enfilé un long caleçon noir, ainsi qu’une chemise blanche, recouverte d’un pull noir, car si il avait rajouté des couches, il aurait certainement eu trop chaud. Le vent souleva ses longs cheveux blancs quand il arriva prés du lac, et il inspira profondément.
Ses yeux fouillèrent les alentours de l’étendue d’eau pour trouver Norn, et ils s’arrêtèrent sur un jeune homme qui dansait. Plissant des yeux, il s’approcha doucement et ouvrit légèrement la bouche subjugué par cette façon de bouger. L’on aurait dit que son corps tout entier était désarticulé pour donner à chaque mouvement une grâce qui lui était propre. S’arrêtant pour regarder le spectacle, Maelen fixa ses mains et se dit que jamais il n’arriverait à avoir cette souplesse et ce sens du rythme. Alors certes, il maitrisait à la perfection, valse et autres danses de salon, mais de là à lâcher son corps de façon aussi libératrice, il en était loin.

N’osant pas vraiment déranger Tylendel dans son petit moment, il se contenta de le fixer remuant légèrement des hanches sur un rythme qui résonnait dans sa tête. Le voir dans cet état lui donnait envie de sauter partout et de cambrioler comme un fou.
Mais à vrai dire, il n’était pas vraiment là pour ça, et il fut ravi de voir qu’il avait trouvé celui qu’il cherchait depuis quelques jours.
Quand il le vit rouler sur le sol, Maelen eut un large sourire et s’avança un peu timidement ne sachant pas trop s’il arrivait au bon moment.
Puis finalement, il se lança et passa sa tête au dessus de la sienne et lui lança joyeusement :

« Coucou Tyl ‘ »

Riant, le Ventus se passa la main dans les cheveux et se gratta la joue un peu gêné : « Désolé de te déranger comme ça…Tu danses vraiment bien ! C’est incroyable ! » Le surplombant toujours il se redressa et rougit légèrement avant de déclarer : « Non pas que je t’espionnais, je venais voir mon dragon et je te cherchais aussi, et enfin, je suis tombé sur toi…enfin bref.. » Ayant plus l’impression de s’enliser dans ce qu’il disait, il inspira pour se calmer un peu et secoua la tête.

Il devrait vraiment apprendre à réfléchir avant de parler, sinon il finirait toujours mal à l’aise. Tapant dans ses mains, il prit une voix plus assurée et avoua : « J’aurais un service à te demander » Puis s’inclinant légèrement devant lui, il joignit ses mains comme dans une prière : « S’il te plaît Tylendel ! »

Etrangement, la réaction de Tylendel le désarçonna. Il le fixa avec ses grands yeux bleus et fut surprit de n’obtenir aucune réponse de sa part. Il avait l’impression de le déranger. Se mordant la lèvre, Maelen continua pourtant de le regarder avant de baisser légèrement les yeux, se disant qu’il fallait qu’il arrête d’être aussi jovial.
Certaines personnes n’appréciaient pas d’être dérangées, certaines personnes n’aimait pas qu’on les fixe sans arrêt, certaines personnes aimaient la solitude.
Se sentant un peu bête devant le regard froid et dur du jeune homme, il recula de quelques pas et ne sut pas trop comment réagir. C’était bien la première fois que quelqu’un se montrait aussi distant avec lui. Bon mis à part Estefania, mais elle au moins, lui criait dessus.

Se redressant, il se gratta le crâne et jeta un coup d’œil à Norn qui le fixait, assit sur ses pattes arrières.

*Ne me regarde pas comme ça, j’en sais rien moi, je ne suis pas humain…Tu as peut être fait un truc qui ne lui a pas plus.*

Reportant son attention sur Tylendel, ses yeux s’égarèrent quelques instants sur ses clavicules et sa nuque. Puis il secoua la tête et ouvrit la bouche pour parler, puis se ravisa.
Si c’était bien le moment de réfléchir avant de parler, il pouvait bien prendre quelques secondes. Mâchant dans le vide légèrement, il sembla réfléchir et demanda un peu hésitant :

« Je..j’ai fais quelque qui t’a déplu ? Je suis désolé de t’avoir vu danser si ça qui te gêne, je n’ai pas fait exprès. »

Puis, finalement, il décida de s’asseoir sur le sol dans un mouvement élégant et commença à ramener sa longue chevelure blanche sur son épaule pour la natter. Puis, il vit la dragonne de Tylendel s’approcher et souffler sur ses cheveux et Maelen rit de bon cœur avant d’agiter la pointe de ses cheveux pour lui taquiner le museau.

Puis se reprenant un peu, il poussa un petit soupir et essaya de se détendre malgré le visage impassible du jeune homme en face de lui.

« Je, j’ai entendu en cours de don, que tu avais le pouvoir de guérir les peurs. J’aimerais, enfin si tu veux bien, que tu m’aides à soigner une peur que j’ai depuis que je suis tout petit… »

Rougissant un peu, il fourra ses mains dans l’herbe et commença à arracher les brins d’herbes un par un. Il n’aimait pas parler de sa faiblesse. Il en avait honte, et au cours de Shaem, il essayait désespérément d’avoir l’air normal, mais il n’en menait décidément pas large. Heureusement le Saabi faisait en sorte qu’ils ne volent jamais très haut, mais il sentait que c’était de pire en pire, et même si la petite escapade en plein ciel avec Estefania avait légèrement arrangé les choses, il ne pouvait s’empêcher d’angoisser à chaque fois qu’il grimpait sur le dos de Norn.

D’ailleurs son dragon bailla et se releva pour s’avancer vers lui et se coucher dans son dos en s’ébrouant légèrement, sa queue se posant sur les genoux de Maelen.

« Je…Je ferais tout ce que tu veux en échange, je pourrais t’aider pour tes devoirs, euh…te filer mon plateau repas si tu as faim le midi, porter ton sac, tout ce que tu veux… » Essayant de paraître jovial, il lui fit un grand sourire et ses doigts jouèrent avec les plumes de Norn, alors qu’il fixait la dragonne de lumière émerveillé.

Se fut étrange que la dragonne parle à la place de Tylendel. Mais à bien y réfléchir, Maelen ne se souvenait pas d’avoir déjà entendu le son de sa voix. C’était un jeune homme vraiment discret et le Ventus n’était pas du genre à s’attarder sur des choses qui ne lui sautait pas aux yeux. Son caractère un peu impulsif et énergique lui jouait beaucoup de mauvais tour. Le sens de l’observation, à vrai dire, il ne l’avait pas beaucoup. Il accordait plus d’importance aux paroles qu’à de micro détails qui pourtant pouvoir avoir leur différence.
Mais au fond de lui, Maelen voulait changer. Il voulait se battre pour être un dragonnier sur lequel on pourrait compter, il voulait devenir fort, prouver à Shaem qu’il n’avait pas besoin de le couver constamment, montrer à Estefania qu’elle aussi pouvait se reposer un peu sur lui.

Déterminé, il acquiesça et s’appuya un peu contre Norn, écoutant tout ce que la dragonne avait à lui dire. Il nota tout dans un coin de son esprit, hochant de la tête à chaque fois que Tylendel lui montrait ses doigts.
Il avait honte, vraiment honte que Norn et lui ne puisse pas s’envoler tous les deux dans le ciel, alors Maelen n’avait rien répondu, préférant baisser les yeux par pudeur et parce qu’il était définitivement mal à l’aise.

Fixant le Lucem dans les yeux, Maelen se mordilla la lèvre et demanda un peu timidement : « Je..Je ne sais pas vraiment comment fonctionne ton don, mais tout ce que tu verras, restera entre nous ? »

Il avait promit à Shaem que personne ne serait au courant de leur relation, et quatre personnes dans Lindorm était déjà au courant. C’était trop. Il ne voulait pas que cela s’ébruite et remonte jusqu’aux oreilles de la nouvelle directrice. Il voulait protéger Shaem car il savait que son poste en tant que professeur était très important pour lui.

La voix un peu fluette de Tylendel lui fit ouvrir grand les yeux et il lui décrocha un de ses plus beaux sourires. Un sourire sincère, de joie et de contentement face à ce qui pouvait sembler dérisoire. Mais entendre la voix le rassura un peu et l’aida à se détendre.
Ses genoux frôlèrent ceux du Lucem et il fixa les paumes de ses mains.

« Compris. » Dit-il la voix tremblant un peu.

Puis inspirant profondément, il posa ses mains dans celle de Tylendel et le contact avec la peau le surprit. Ses mains à lui étaient douces et chaudes, pas autant que celle de Shaem, mais elles étaient légèrement tiède, avec quelques cals dû au tir à l’arc. Pourtant, il gardait la finesse du grain de peau des nobles, de ceux qui n’avaient jamais vraiment travaillé.

Fermant les yeux, il sentit la présence de Norn dans son dos, mais aussi de la dragonne de lumière et surtout celle de Tylendel. Il se demanda pendant un instant si il allait sentir quelque chose, mais il se concentra sur son plus lointain souvenir. Sur ce moment où le vide lui avait semblé infranchissable.

« C’était au printemps. Il faisait sec et le temps était légèrement chaud. Les dragons de vent faisaient voler les Cerfs-Volants pour la fête de Thanos. Je devais, quatre, ou cinq ans, j’ai vu les dragons de la terrasse du Palais, j’ai couru vers eux. J’étais seul sur la terrasse. Je suis monté sur une chaise, puis sur la rambarde et j’ai tendu les bras pour toucher les dragons qui volaient à quelques mètres…Je ne me souviens plus très bien je.. » Sa voix s’entrecoupa alors que des images fugaces d’immenses dragons blancs volant dans le ciel crépitait sous ses paupières. « Je suis tombé, j’ai crié..je..Je suis resté accroché dans le vide pendant de longues minutes je…Je ne me souviens plus.. » La peur enfla dans ses souvenirs et il vit le vide dans son esprit. Ce vide qui le terrifiait, cette angoisse sourde qui lui nouait les tripes. « Puis, il est arrivé, il est resté calme, il s’est penché pour m’attraper, je n’étais tombé que de quelques centimètres. Il..il a rigolé, je me souviens très bien de son rire. Puis il m’a prit dans ses bras pour me rassurer. Je pleurais, j’avais eu si peur… » Une bouffée d’amour pour Shaem relaya la peur à un vague souvenir et un sourire tendre s’étira sur ses lèvres. « Je crois que c’est à partir de ce moment là que j’ai eu peur…Je n’osais plus aller sur la terrasse, pas tant qu’il n’était pas avec moi… »

Gardant hermétiquement les yeux fermés, il sentit Norn se lover contre son cœur et le soutenir dans cette épreuve.
Un petit moment de silence s’installa et Maelen demanda un peu inquiet :

« Je dois continuer où bien… »

Ne sachant pas trop quoi faire, il resta calme et se concentra sur ces souvenirs, évitant au maximum la présence de ceux où se trouvait Shaem. Mais à bien y regarder, c’était ceux là qui lui sautait le plus à l’esprit. Toute son enfance n’avait tournée qu’autour de lui. Shaem, il n’y avait vraiment que lui…

Repenser à cette fête, à ce moment où il était encore si jeune, à ce moment où tout semblait si simple. Il n’y avait que des envies irrépressibles comblé par celui qu’il adorait, il n’y avait ni mal, ni bien. Juste cette petite bulle de rêve et d’espoir dans laquelle il vivait enfermé, juste du bonheur, quelques secondes tristesse et de peur avant d’éclater de rire pour tout et n’importe quoi. Maelen était heureux, oui il avait définitivement été heureux à cette époque. Quand il ne savait pas ce qu’était un esclave, quand il ne savait pas que Shaem s’occupait de lui sur ordre de son père, quand il ne se doutait pas instant que seul le sang et la peur faisait tourner son petit univers.
Comme il l’avait regretté quand il l’avait découvert, quand toute son enfance lui avait explosé au visage, quand cette mascarade odieuse avait implosé, faisant voler en éclat ces plus tendres souvenirs. Tout n’avait été qu’un leur, et chacun des visages de ceux qui avait partagé sa vie était à jamais graver dans sa mémoire.

Shaem, Bianca, Tilla, Maji, Roxanne, Hassan, Léonard, Lainia, Florie, Gille, Mami, Ikian, Jun et encore tellement d’autres. Chaque nom, chaque visage imprimé à jamais dans sa rétine. Et c’est pour eux, pour ceux qui était partit trop tôt, pour ceux qui avait souffert de faim, pour ceux qui avait continué de sourire à ces petits caprices, pour eux qu’il allait se battre. C’était pour ça qu’il les avait affranchit et qu’il revendiquerait leurs droits, pour se faire pardonner de les avoir tant fait souffrir à ses dépends. Pour que plus jamais un enfant n’est à voir tous ses souvenirs se briser en milles morceaux sous la morsure de l’esclavage, pour qu’aucun homme n’est à sourire et à se plier à des caprices de petits bourgeois. Pour la liberté, aussi égoïste soit-elle.

Alors quand il croisa le regard de Tylendel, il baissa les yeux quelques instants pour inspirer et finalement ses pupilles se remplirent de détermination. Il allait vaincre sa peur, il allait franchir ce gouffre incommensurable et en sortir plus fort. Pour Shaem. Pour Norn. Pour Estefania. Pour ceux qui auraient besoin de son soutien à l’avenir.

Serrant la main de Tylendel, il fut surprit par la question de la dragonne et dévisagea son compagnon. Non, il ne c’était jamais posé la question. Il les aimait, tous les deux. Norn était comme une extension de son âme, il vivait là, au creux de lui en permanence, sans lui il serait encore ce garçon pleurnichard et non le jeune homme droit et fier qu’il était. Mais faisait-il plus confiance à Shaem ? Shaem l’avait abandonné, mais au fond de lui, il savait qu’il avait toujours pu compter sur lui, qu’il avait été là pour l’aider à affronter ses premières peurs, celle du noir, de l’orage, de la maladie…

« Je..je ne sais pas.. » Souffla t-il un peu déboussolé.

L’esprit un peu perdu, il continua le fixer le visage impassible de Tylendel, à peine choqué par le fait qu’il savait tout sur Shaem. Non..C’était presque normal…
Tout au fond de lui bouillonnait cette rage, cette incompréhension, cette peur viscérale et cet amour inébranlable dont il entourait Shaem.
Mais et Norn…

Sentant le dragon le soutenir, Maelen sentit les larmes lui monter aux yeux quand la dragonne proposa de lui faire sentir ce que son ami ressentait.
Oh il le savait, tellement de déception, de peur de le blesser, de peur de voler haut, de colère de ne pouvoir l’aider et en même temps cette envie de le soutenir constamment, d’être près de lui et de s’attacher un peu plus chaque jour malgré le fait qu’il soit un dragon d’air.
Oui il le savait.

Reniflant pour se retenir de verser des larmes, il trembla légèrement et sa main libre se fourra dans la crinière de Norn. Il pressa sa gueule contre son corps et fourra son visage contre le sien.

« Je..je suis désolé..Tellement désolé… »
Hoquetant, il resta enfouit légèrement, sa main toujours pendu à celle de Tylendel.

Il avait l’impression d’être perdu, comme si tout se mélangeait, pourtant, au fond brillait l’étoile de la conviction. Il y arriverait…Il le savait.

Oh comme il se sentait pitoyable. C’était de pire en pire. Dire qu’il avait cru que l’amour réciproque de Shaem parviendrait à tout effacer au fond lui. Qu’il n’y aurait que de la joie pure, pendant de longues années, pendants de longs jours et que la félicité le rendrait euphorique. Mais il avait eu tord, il avait cru qu’il pourrait oublier tout le reste et n’être qu’un petit égoïste, mais tout ce qu’il avait voulut mettre de côté lui revenait en pleine face et lui meurtrissait le cœur.

Il était impossible pour lui de mettre de côté Estefania, il était impossible d’oublier sa peur, il ne pouvait décemment pas oublier Norn. Non, vraiment pas.

Alors quand il se prit une gifle mentale, celui lui fit une drôle d’impression. Il cligna des yeux et rencontra ceux de Tylendel. Il était venu le trouver pour devenir fort, pour se rapprocher encore plus de Norn et parvenir à vaincre cette stupide peur qui lui liait les entrailles. Il voulait devenir fort et accomplit. Qu’on arrête de le traiter comme un gamin. Il ne voulait plus. Il voulait qu’on puisse compter sur lui.

Alors, il hoqueta et ravala ces pleurs, gardant la gueule de Norn prés de lui, fourrant sa main dans ses plumes, lissant ses longues moustaches. Il inspira profondément l’air frais de l’hiver qui arrivait, et il essaya de se calmer. Il vit le ciel bleu s’étendre derrière ses paupières, les sentiments de son dragon explosèrent dans son cœur et il ne pu s’empêcher de sourire. Il voulait vivre ça, pouvoir confier sa vie à Norn, être à ces côtés pour découvrir le soleil se levant le matin. Il avala sa salive et quand la main de Tyl le quitta, cela lui fit rouvrir les yeux.

Inquiet de le voir aussi faible, il voulut le rattraper mais il se dit que ce n’était peut être pas le moment de le toucher encore. Alors il le fixa avec douceur et reconnaissance. Il sentait toujours la peur au fond de son ventre, mais elle ne semblait plus interminable.
Alors quand le vent souleva ses longs cheveux blancs, il les glissa derrière ses oreilles et il se mit debout les jambes un peu engourdies. Époussetant ses fesses, il finit par s’accroupir devant Tylendel et lui offrir un sourire le plus sincère du monde. Il le fixa avec gratitude et respect.

« Merci Tylendel. Tu m’as ouvert les yeux… »

Riant doucement, il se tourna vers Norn qui étendait ses ailes avec bonheur.

« C’est l’heure d’être fort. »

Puis presque avec empressement, il enjamba le dos de Norn, ses mains s’accrochèrent à ses poils, ses jambes pressèrent ses flancs et dans un mouvement aérien le dragon fila comme le vent avant de s’envoler avec force.
La peur lui vrilla le ventre et Maelen ferma les yeux avec obstination, il sentit les crampes lui donner envie de vomir, puis doucement il ouvrit son esprit et se lia à celui de Norn. Il sentit l’air gonfler son cœur alors que Lindorm se faisait de plus en plus lointain. Le ciel s’étendait à l’infini, et alors que les salves de vent fouettaient son visage, il lâcha ses mains et étendit les bras…

Il serait fort. Il en faisait la promesse.

Il serait libre…a jamais.