La nuit tombait petit à petit et les guirlandes remplient de bougies multicolores qui dansaient sur le pont du bateau s’allumaient doucement. S’asseyant à sa place, Moïra joua avec le bout de ses cheveux tandis qu’Ahimanu se posait sur chaise pour disparaître complètement. Il voleta et s’assit finalement sur la table pour lire la carte d’un air assidu.
Souriant quand il lui proposa de l’inviter, elle le regarda de ses grands yeux bruns et lança :

« Soit mais je paie les pintes de bière après »

Puis se tournant vers le serveur, elle lança :

« Un verre de vin blanc de Thanos pour moi, et Ahi en prendra au aussi. Donc deux ! »

Riant, elle déplia sa serviette et la posa soigneusement sur ses genoux avant d’ouvrir la carte. En fait, elle savait pertinemment ce qu’elle allait prendre. Elle connaissait la carte par cœur et son régime alimentaire particulier l’obligeait le plus souvent à se rabattre sur peu de choix.

« Personnellement, je prends toujours la tourte d’aubergine gratinée au sel de Narthan… »

Ahi releva la tête de la carte et déclara à Fenrisulf :

« Ah oui, Moïra est végétarienne ! Donc évite les sandwichs-jambon beurre lors d’un pique-nique en amoureux… »

La jeune femme rougit furieusement et poussa un long soupir.

« Ne te prive pas pour moi Fenri, mange ce qui te fait plaisir. Je sais que Shaem adore la lotte rôtie par exemple. Il dit qu’elle est délicieuse, aussi bonne qu’à la Nouvelle Ki-Shaab. Puis Ahimanu prendra l’entrecôte, comme d’habitude…» Dit-elle en lui tirant la langue puis posant ses mains sur ses genoux, elle fixa la mer qui se balançait et inspira l’air iodé en fermant les yeux.

« L’on oublierait presque que nous devront retourner sur le front dans peu de temps.. » Chuchota t-elle les yeux un peu triste. « Tout à l’air si paisible. »

Penchant la tête, elle fit un petit sourire à Fenrisulf et glissa une main sur la table pour attraper la sienne. Elle inspira profondément et demanda :

« Tu penses qu’un jour nos fonctions seront obsolètes ? Qu’un jour, toute cette guerre s’arrêtera ? J’aimerais me dire que peut être je verrais la fin de tout ça, même si je dois être ridée comme une vieille pomme.. »

Pouffant un peu, elle regarda avec sérieux son nouvel ami et sentit une bouffée d’amour lui vriller le ventre. Elle déglutit péniblement et ne pu empêcher le rouge de lui monter aux joues. Elle le trouvait si beau en cet instant. En fait, dés qu’il avait posé un pied sur la plage, elle l’avait regardé, un peu hypnotisé par ses pupilles violines et cette crinière blonde.
Ahimanu lui jeta un drôle de regard mais ne dit rien et se contenta de lire la carte, laissant un eu d’intimité au jeune couple.

Beaucoup de gens était souvent surprit par son régime alimentaire. Pour certains, ils étaient même impensable qu’un soldat d’élite ne puisse manger de viande. Après tout, il fallait faire des efforts physiques et pour beaucoup de néophytes, l’ont ne pouvait décemment pas combiner les deux. Et pourtant Moïra était végétarienne depuis l’enfance. Son père l’était et lui avait inculqué le respect de toute vie. Elle ne mangeait donc jamais de viande, ni de poisson, et trouvait ses protéines indispensables dans d’autres aliments. En la voyant, personne ne pouvait prétendre qu’elle avait l’air malade, ni en mauvaise santé. Quand elle avait été au front, elle parfois dû manger les seules choses qu’il y avait, comme de la viandé séchée, ou du poisson fumé, mais cela la rendait souvent malade.

Souriant à Fenrisulf, elle sursauta quand elle sentit leurs mains se frôler. Ils avaient eu la même idée au même moment.
Riant, elle l’écouta répondre à sa question et baissa un peu les yeux, au fond heureuse d’avoir une chaleur contre la peau pour la soutenir. Elle comprenait l’engouement des jeunes recrues à vouloir aller sur le front pour mettre à profit ces cinq années de formations à Lindorm. Mais elle espérait sincèrement qu’un jour les hommes cesseraient de se battre. Elle avait toujours cru que la sagesse des dragons parviendrait à influencer les jugements mais hommes, mais visiblement, ce n’était pas encore le cas.
Redressant la tête devant les paroles encourageante de son petit ami, elle acquiesça et lui sourit avant de rire en rougissant.

« Ahaha merci Fenri… » Elle voulut rajouter qu’elle aurait espérer qu’il soit à ses côtés pour la voir, mais elle se contenta de se pincer un peu les lèvres en se disant que ce genre de chose ne se disait pas au premier rendez-vous.

Prenant son verre, elle trinqua avec le capitaine et Ahimanu et déclara :

« A l’océan qui m’a amené un lointain et beau Capitaine… »

Avalant quelques gorgées, elle reposa son verre et s’empourpra quand il lui demanda si Shaem était son premier amour.
Ahimanu qui buvait son verre à la paille, déclara en riant :

« Alors ça Capitaine, ça c’est une histoire comme je les aime…Plein de suspense, de romance, d’intrigue, d’espionnage, de rebondissement, j’ai hâte qu’elle te le raconte ! »

Moïra lui tira la langue et croisa ses bras sur sa poitrine opulente.

« Ahi ! Tu es vraiment impossible ! » Puis soupirant, elle demanda un peu timidement à Fenri : « Tu ne te moqueras pas de moi hein ? »

Inspirant profondément, elle toussa un peu et commença son récit : « Ce qu’il faut savoir avant c’est que j’ai intégré Lindorm avec ma sœur de cœur, Hattusha de la tribu des Roroas. Nous étions toutes les deux dans la même classe, et Ignis toutes les deux. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais sans doute à cause de mes origines Narth, j’ai toujours été fasciné par le peuple de Khi-Saab, ou les Roroas. Et il s’avère que Shaem est Saabi. C’était un des seuls de tout Lindorm, ils sont rarement nombreux d’ailleurs… »Semblant réfléchir, elle se tapota la lèvre et poursuivit : « Bref, un jour que je cherchais un susceptible compagnon pour Hattu, je suis tombée sur Shaem. Grand, la peau bronzée, des yeux dorés, de longs cheveux bruns, des anneaux d’or dans les oreilles…et au lieu de vouloir le présenter à Hattu, j’ai complètement craquée sur lui. Il était plutôt du genre un peu ténébreux, qui ne parlait pas beaucoup… » Riant, elle reprit la main de Fenri dans la sienne et ne la lâcha pas. « Je me suis rapprochée de lui, je le suivais à la bibliothèque, j’essayais de manger avec lui le midi et on à vite sympathiser… »

« Ouai enfin, tu remarqueras que Moïra est une véritable fanatique. Quand elle à quelque chose dans le collimateur, elle est prête à tout pour l’obtenir. » Grinça Ahimanu avec perspicacité « Heureusement que pour t’avoir elle m’a pas trop forcé, parce que sinon, tu aurais du subir ses assauts, et Moïra fait rarement dans la subtilité » S’exclama t-il avant de mourir de rire sur la table.

La lieutenant vira au cramoisie et ses mains se tordirent, baissant un peu les yeux gênés. Son petit dragon, avala une gorgée de vin et lâcha en riant :
« Tout ça pour dire que Moïra était raide dingue de Shaem, et un soir elle à voulut le rejoindre dans sa chambre. Sauf que monsieur était déjà en bonne compagnie… » Il marqua une pause pour ménager l’audience et glissa à Fenrisulf. « Avec un homme. »

Moïra se pinça l’arrête du nez, un peu honteuse et soupira.

« J’ai été tellement surprise que je me suis cognée contre la porte et me suis évanouie. Depuis, avec Shaem, nous sommes les meilleurs amis du monde. On a combattu au front ensemble, même si ils faisaient partit des Foudres, puis maintenant, il est professeur à Lindorm. Nous nous revoyons de temps en temps… »

Se mordant la lèvre, elle glissa d’une voix douce : « Voilà tu sais tout ! Tu n’as aucune raison de t’inquiéter pour lui, Shaem aime les hommes et rien qu’eux…Il n’a jamais eu à mon égard qu’un profond respect et une amitié plus que sincère. »

Se redressant en riant, elle lança :

« Raconte moi une anecdote dont tu as un peu honte, comme ça on sera sur un pied d’égalité »

Ayant bu la moitié de son verre de vin, Moïra se sentit plus guillerette et envoya bouler toutes ses pensées négatives sur la guerre et se concentra sur son beau capitaine, ne pouvant s’empêcher de sentir son ventre se nouer à chaque fois que ses yeux croisaient les siens.

Oh, elle avait demandé qu’il ne se moque pas, mais Moïra savait combien cette histoire pouvait faire rire. Mais elle ne la racontait pas à tout le monde, ou alors ne donnait pas le nom de Shaem. Elle ne voulait pas que la terre entière sache qu’il aimait les hommes. C’était son choix, elle le respectait et faisait en sorte que cela ne sorte pas de la sphère intime.
Souriant quand, Fenri lui avoua qu’Ahimanu devait bien rire de cette anecdote, elle acquiesça vivement, buvant encore une longue gorgée de vin.

Puis, posant son coude sur la table, elle glissa son menton dans le creux de sa main et l’écouta parler en le dévisageant des yeux. Ses pupilles s’attardèrent sur le mouvement de ses lèvres, sur le bout de salangue qui sortait quand il prononçait certains mots, sur le coin de sa bouche qui s’étirait quand l’anecdote devenait rigolote. Et pendant un instant, elle espéra qu’il ne s’arrête jamais de parler pour continuer à rêver tendrement, à être bercer par cette voix chaude qui lui donnait de léger frisson.
Relevant les yeux pour croiser les siens, elle rougit brusquement, se rendant compte qu’il attendait sa réponse avant de continuer.
« Je..Je oui, son nom me dit quelque chose.. » Avoua t-elle avant de détourner le regard pour fixer la mer et essayer de penser à d’autres chose qu’aux lèvres rosées du Capitaine.
Ouvrant grand les yeux à la fin de son histoire, elle voulut éclater de rire et se retenir en même temps, ce qui fait qu’elle pouffa légèrement, la main devant la bouche avant de partir dans un rire franc qui résonna sur les vagues.

« Pardon Fenri. Je..je suis désolée, mais je t’imagine tellement, la tête que tu as dû faire… » Riant de bon cœur, elle essuya des larmes aux coins de ses yeux et continua de rire doucement avant de se calmer un peu et de demander : « Et ta sœur, elle est toujours avec Nailah ? »

Un peu intrigué par cette famille, elle mit sa serviette sur ses genoux quand les plats arrivèrent, et elle prit l’assiette d’Ahimanu pour couper la viande en quelques morceaux, avant de la placer devant son dragon. Il avait beau avoir six pattes, il valait mieux que se soit prédécoupé, sinon la nappe aurait finit couverte de sang. Essuyant ses doigts, elle prit sa fourchette et commença à manger doucement.

« Lindorm, c’est un peu comme un rêve. On est loin de tout, entre nous, entre dragonniers, on sait que dehors il y a la guerre, mais nous sommes protéger, même si c’est une école militaire, ça reste avant tout une école, avec ces petits rituels, ces cours désagréables mais qui font passer le temps, les amis, les nuits ou l’ont fait le mur, les cachotteries, les bagarres, les amourettes. Ces cinq années ont été merveilleuse….Mais je crois qu’on n’ai jamais assez préparé pour ce qui vient après. »

Baissant un peu les yeux, elle mordit dans sa tourte et rajouta :

« C’est pour rester dans cette ambiance que j’ai décidé de rester dans les Escadrons, pour côtoyer cette famille que je n’ai plus. Pour protéger au maximum les petits nouveaux… »

Ses yeux bruns plongèrent dans ceux de Fenri et elle eu une soudaine envie. Se levant à moitié de sa chaise, elle surplomba la table et s’appuya un peu dessus avant de lui attraper le col et de le tirer vers elle. Son visage ne fut plus qu’à quelques millimètres et son souffle chaud, légèrement alcoolisé frôla ses narines. Souriant doucement, elle ne quitta pas son regard des yeux et déposa ses lèvres sur les siennes avec passion. Elle les pressa doucement, passant légèrement le bout de sa langue contre les chairs pleines et dériva pour déposer quelques baisers sur le coin de ses lèvres. Puis dans un léger rire, elle le relâcha et retourna s’asseoir, se fichant éperdument du regard des autres clients.

Ahimanu poussa un soupir alors qu’il mâchait un morceau et lâcha : « Moïra, tu pourrais te tenir. Je ne t’ai pas élevé comme ça… » Puis avalant, il rajouta malicieux : « Quoique… »
Ayant finit son assiette, il lécha le sang au fond et s’étira avant de s’envoler en lançant au serveur : « C’est le petit blond qui régale…. » Puis il disparu dans la nuit en tourbillonnant et chantant des chansons de matelots bourrés.

Riant, la jeune femme soupira et rajusta un peu ses cheveux avant de continuer à manger tranquillement. « Pardon pour ce petit à côté » dit-elle en parlant du baiser. « Je n’aime pas spécialement attendre quand j’ai envie de quelque chose… » Rougissant un peu, elle mangea avec appétit et quand elle arriva au trois quart de l’assiette, elle la repoussa repus. Moïra n’était pas du genre à s’embarrasser des quantités qu’elle mangeait. Elle faisait ce qu’elle aimait, quand elle le voulait.

« Parles-moi un peu de la voie du Serpent et du Loup…J’aimerais beaucoup en savoir plus. » Continuant de le fixer, elle ne pu retirer un petit sourire de naître sur ses lèvres.

Parler de la sexualité de sa sœur avait l’air de mettre mal à l’aise Fenri. Chose que Moïra pouvait largement comprendre. Elle rit doucement en l’entendant prononcer le mot « sex-friend » et lui fit un léger clin d’œil. Elle-même n’avait jamais connu ça. Elle préférait ne rien faire que de devoir se glisser dans les draps de quelqu’un qu’elle considérait comme un ami. Elle trouvait cela un peu gênant. Alors, certes, une fois elle avait eu une relation plutôt intime avec un membre de son escadron, mais ce n’était arrivé qu’une fois, loin de tout, pendant la guerre, pour faire redescendre la pression.
Portant son verre à ses lèvres, ses ongles pianotèrent légèrement dessus, et elle demanda intriguée :

« Ta sœur est beaucoup plus forte que toi ? Tu n’arrêtes pas de dire qu’elle te mettrait une raclée » Pouffa t-elle un peu gentiment en reposant son verre. « En tout cas, tu sembles beaucoup l’apprécier. C’est bien d’être proche de sa famille ! »
Les yeux un peu triste en se disant que sa seule famille était le clan Roroas de sa mère, elle avala difficilement sa dernière bouchée et secoua la tête pour évacuer ses idées moribondes.

Moïra ne connaissait pas trop Wuweishu, mais à en entendre parler Fenri, elle se dit que la situation devait être plus compliquée qu’un simple rattachement à Lostrego.
Pour reprendre un peu du poil de la bête, elle se leva pour aller embrasser son petit-ami et savourer l’instant. Oui, elle n’aimait pas trop attendre. Surtout quand quelque chose la démangeait.
S’asseyant en riant, elle fit un signe à Ahimanu quand celui-ci s’envola et elle s’empourpra un peu à la question sous jacente de Fenri. Elle aimait ça, que le Capitaine ne soit pas du genre prude et coincé. Elle-même, bien qu’un peu complexé par son corps n’était pas du genre à s’embrasser de pudeur et d’un cérémonial compliqué. Elle voulait, elle faisait. Elle ne répondit pas à sa question, fait lui fit un large sourire.

Curieuse de mieux connaître Fenri, elle le questionna sur sa maîtrise de la voie du Loup et du Serpent. L’écoutant avec sérieux, elle fronça légèrement et ne quitta pas le regard du Capitaine, alors qu’elle analysait les compétences dont devait faire preuve le jeune homme.

« Cela me semble être une technique de combat optimal. Je suis étonnée que l’on ne nous l’enseigne pas à Lindorm, si elle permet une meilleure cohésion de l’équipe, de faire plus de dégâts en en subissant le moins..Il faut absolument que mon escadron maîtrise cela…Je vais en parler au Capitaine Mac Lochlainn et voir si nous ne pouvons pas venir à Aoun pour en apprendre les bases. Enfin si c’est possible bien sûr ? »

Ecoutant alors le descriptif de la voie du Serpent, Moïra ouvrit de grand yeux surprit et un large sourire se peignit sur son visage.

« Tu veux dire que tu es capable de me dire combien de personne sont dans le restaurant en ayant juste traversé quelques secondes ? »

Impressionnée, elle tapa dans ses mains, et comme une gamine curieuse elle demanda :

« Combien y t-il de mètre jusqu’à la sortie ? Combien de fleur dans le vase derrière toi ? Si on nous attaque là maintenant, qu’elle est la sortie la plus proche ? Ahimanu est-il déjà arrivé à l’appartement à ton avis ? »

Puis malicieuse, elle glissa :

« Si tu as un si bon sens de l’analyse, tu dois pouvoir me dire quel est mon tour de poitrine ? »

Se penchant en avant pour écouter les réponses, elle ne pu que sourire et le fixer avec des étoiles pleins les yeux. Elle qui n’était pas du genre à faire dans la dentelle et à s’attarder sur des détails insignifiant trouvait cela vraiment formidable. Cela devait forcément faciliter la vie.
Finalement, le serveur vint les interrompre pour débarrasser et leur donner la carte des desserts. Elle adorait le sucré, jetant à peine un œil, elle opta pour la tarte aux pommes avec sa glace vanille et s’étira légèrement, faisant glisser sa tresse sur son épaule.

« Tu n’es pas Capitaine pour rien Fenri, je suis très impressionnée » Dit-elle sincère. Puis glissant sa main dans la sienne, elle fixa avec tendresse, ses joues rougissant légèrement.

Les yeux fixé sur son petit ami, Moïra écoutait avec attention, impressionné par tout ce que lui racontait Fenri. Il avait l’air d’être né dans une famille ou chacun avait plus ou moins trouvé sa place, ou du moins sa voie. Elle aussi avait toujours su ce qu’elle voulait faire, enfin, elle avait suivit l’exemple de ses parents. Elle n’avait jamais vraiment su si elle était douée dans d’autres choses, et ne se faisait pas assez confiance pour oser franchir le cap. On l’avait trop souvent traité de potiche, ou de bonne à rien, et même si elle avait relevé le menton fière et digne, ces critiques s’étaient toujours insinuer dans son cœur comme du poison. Quand le capitaine Mac Lochlainn l’avait recommandé en tant que Lieutenant, elle n’y avait pas cru. Comment pouvait-elle ainsi devoir préserver la vie de ces hommes, être forte devant eux, leur donner des ordres, alors qu’au plus profond d’elle-même, elle tremblait comme une feuille devant son propre reflet ?

Ahimanu avait toujours été là, il lui avait toujours soufflé qu’elle était plus que ce qu’elle pensait, que les autres voyaient en elle une femme forte et déterminée. Que lui-même l’avait choisit car il savait, qu’elle ne le décevrait jamais, qu’elle serait fidèle à jamais à ses principes et que même si elle se trompait cela n’était pas bien grave, il serait là pour l’aider à se relever. Il serait toujours là pour elle. Ahimanu lui avait promit.

Souriant doucement à la réponse de Fenri sur la possibilité d’enseigner aux escadrons la technique de Aoun, elle fut un peu déçue même si elle comprenait parfaitement le parti-pris. Elle se demandait pour quelle voie elle serait faite si jamais elle décidait de se pencher avec sérieux sur le sujet ? Pas celle du serpent en tout cas, elle n’avait pas du tout un bon sens de l’observation.
Riant, elle osa donc lui demander :

« Tu penses que je serais faites pour quelle voie ? »

L’assénant de question sur la disposition des lieux, elle but ses paroles et l’applaudit chaudement quand il eut finit. C’était si impressionnant. Dire qu’elle n’avait même pas remarqué la couleur des fleurs sur leur table.

« J’espère que nous n’aurons pas à fuir, la mer doit être gelée.. » Dit-elle en riant doucement. Puis pour répondre à la demande sur Ahimanu, elle ferma les yeux un court instant et annonça : « Cinq..Quatre…Trois…Deux…Un…Ahi est arrivé… » Rouvrant les yeux, elle croisa le regard de Fenri et lui fit un tendre sourire. « Je te laisse calculer le reste… » Glissant sa main dans la sienne, elle était tellement impressionné, qu’elle se montra le plus sincère du monde.

Elle savoura le calme, la main chaude dans la sienne. Cela ne l’offusqua pas qu’il décline son tour de poitrine. C’était une pente un peu dangereuse à vrai dire.

« Ahaha, je ne comprends pas pourquoi elle fuit, je trouve ça… « pratique»…et charmant… »

Se tournant vers le serveur, elle plongea dans la carte et passa son nez par-dessus pour répondre à la question.

« Plutôt fruits pour tout t’avouer… Même si je n’ai rien contre le chocolat. »

Elle choisit une coupe de fruit, avec un peu de caramel et rendit la carte au serveur. Leurs desserts arrivèrent très rapidement et Moïra se délecta des morceaux de fruit frais qui glissait sur sa langue, savourant le sirop sucré et le mélange de caramel.

Un léger silence s’installa, mais Moïra contrairement à certains, n’avait pas peur des silences. Elle ne trouvait pas que cela gâchait un moment, bien au contraire. Il l’enrichissait, et montrait ainsi que l’on pouvait respecter l’autre en l’appréciant aussi.

Elle finit quand même par le briser avec son petit rire clair en déclarant :

« Fiu..J’ai bien mangé… »

Fixant la cicatrice de Fenri sur son front, elle glissa ses doigts dessus et repoussa ses mèches blondes pour les mettre derrière son oreille. Fenrisulf le faisait complètement craquer, il était si beau, si gentil…Elle avait peur de se réveiller demain et que tout ceci ne soit qu’un rêve…Sans vraiment s’en rendre compte, elle murmura :

« J’espère n’avoir jamais à me réveiller… »