JE HAIS LES HUMAINS!

Feat Shaem

Leïla n'avait jamais vécu avec les humains. Elle avait grandi dans une grotte en compagnie de Icy, sa mère adoptive. Celle-ci lui avait raconté comment elle l'avait trouvée, mais elle s'en moquait bien. Elle n'avait qu'une seule et véritable famille et c'était la dragonne. Les liens de l'âme sont toujours plus forts que les liens de sang. Les humains ont toujours été un véritable mystère pour elle. Jamais elle ne comprendrait leur manière de vivre. D'ailleurs, la jeune femme préférait être libre et vivre sa vie comme elle l'entendait plutôt que de vivre dans une société qui l'empêcherait de faire ce qu'elle souhaite.

Pieds nus, elle s'était dirigée vers la cour, profitant du soleil de l'après-midi. Elle marcha dans l'herbe fraîche qui chatouilla ses orteils ce qui la fit sourire. Elle s'approcha d'un arbre et décida de grimper dessus, allant s'asseoir sur l'une des branches. Ses pieds se balançaient dans le vide alors qu'elle fermait les yeux, les rayons du soleil caressant sa peau. C'était une sensation si agréable. Leïla se laissa tomber vers l'arrière. Ainsi suspendue, elle voyait le monde à l'envers et les quelques feuilles qui se trouvaient dans ses cheveux dorés tombèrent au sol. C'était si amusant! Cependant, son sourire disparut bien rapidement quand elle aperçut un groupe de filles un peu plus loin qui l'observait.

- Regardez-la, cette petite sauvageonne. Qu'est-ce qu'elle fait dans cette école? Ils n'auraient jamais dû l'accepter.

- Les professeurs devraient lui apprendre à mieux se comporter et lui enseigner les bonnes manières.

Les trois se mirent à rire. Leïla fronça les sourcils et descendit de son perchoir avec agilité. Elle s'approcha d'elles d'un pas déterminée et vint se planter en face d'elle, les bras croiser. Les trois pimbêches arrêtèrent de rire immédiatement.

- Qu'est-ce que tu nous veux, la sauvage?

- Alors, comme ça, on devrait m'apprendre les bonnes manières, hum? répliqua-t-elle d'un ton neutre, mais son regard en disait long sur ce qu'elle pensait. Laissez-moi vous dire une chose, petites pimbêches. Vous vous croyez supérieures à moi uniquement parce que je n'ai pas reçu la même éducation que vous. Sachez que vos trois minuscules cerveaux réunis n'arrivent même pas à la cheville du mien. Vous n'êtes même pas capable de voir plus loin que le bout de votre nez...

Leïla les regarda avec un air de défi. Elle voyait bien que les trois bouillonnaient de rage juste à en voir leurs poings serrés et leurs expressions. Ça la faisait bien rire. Cependant, elle s'attendait à tout sauf cela. L'une des trois filles la gifla si fort qu'elle avait une marque rouge sur sa joue. Deux autres gifles suivirent de près par les deux autres filles. Leïla ne répliqua pas, car elle savait que si elle embarquait dans leur petit jeu, elles se feraient passer pour les victimes innocentes. Elle les laissa donc partir en se frottant doucement les joues.

- Vous allez voir... La vengeance est un plat qui se mange froid, espèce de... marmonna-t-elle entre ses dents.

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Alors qu'elle marmonnait entre ses lèvres, Leïla remarqua qu'un homme parlait au trio. Elle haussa un sourcil et observa la scène. Elles ne semblaient pas très heureuses à en voir leur réaction. Puis, cet homme se dirigea vers elle. Avait-il vu toute la scène? Était-il un simple élève ou bien un enseignant? Quelques questions se bousculèrent dans sa tête, mais certaines d'entre elles eurent une réponse. Il lui demanda si ça allait. Pour toute réponse, elle dévia le regard et répondit par un petit « Mouais... » La jeune femme ne le regardait pas, mais il se présenta tout de même. Quand elle l'entendit, elle redressa vivement la tête vers lui. S'il était professeur et qu'il avait vu toute la scène, cela voulait dire qu'il avait donné aux trois pimbêches une punition. Cela la faisait bien rire, mais elle se retient. Ça leur apprendra à l'insulter!

- Enchantée de vous connaître, monsieur le professeur. Je me nomme Leïla Finaën alias « La Sauvageonne » pour la majorité des étudiants. Vous êtes nouveau comme prof', je me trompe? demanda-t-elle.

Leïla connaissait la majorité des professeurs. Après tout, cela faisait maintenant trois ans qu'elle étudiait ici. Trois longues années où elle détestait toujours autant vivre parmi les humains. Certains étaient vraiment égoïstes, croyant être le centre du monde, bien qu'ils n'étaient pas tous comme cela. La jeune femme entreprit donc de répondre à sa fameuse question : pourquoi n'avait-elle pas répliquer? La réponse était fort simple.

- Pourquoi? C'est bien simple! Je suis peut-être franche, mais pas violente. Je me bats, je réplique physiquement uniquement lorsque l'on s'en prend à ceux que j'aime. Pourquoi répliquer à de simples gifles? Ses filles n'en valent pas la peine si elles s'énervent pour un rien.

En prononçant ses paroles, l'élève était parfaitement calme et un petit sourire ornait son visage. Puis, à la simple idée qu'elles soient toutes les trois punis. Leïla se mit à rire.

- Et puis, ça me fait bien marrer qu'elles soient toutes les trois punies! Elles ont ce qu'elles méritent!

Elle prit une grande inspiration pour se calmer pour ensuite joindre ses mains dans son dos. La jeune femme leva la tête pour regarder le ciel. Une légère brise souleva sa chevelure de blé. Elle ne semblait pas affectée plus que ça par les gifles qu'elle avait reçu ni même par leurs insultes. En fait, elle semblait être plutôt habituée à ce genre de choses ce qui pouvait paraître étrange aux yeux de certaines personnes. Sauf que Leïla était capable de surmonter cela.

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Leïla avait raison. Il s'agissait bel et bien de la première année d'enseignement de Shaem. Cela se voyait un peu, elle devait bien l'avouer. Avec toute franchise, la jeune femme lui expliqua simplement ce qu'elle pensait du trio de filles, mais également qu'elle était bien heureuse qu'elles soient punies. Après tout, elles ne valaient pas la peine qu'on s'énerve pour elles. Elle ne semblait pas affectée, c'était vrai, mais ce n'était qu'en apparence. Sauf qu'elle ne le dirait jamais à ce nouveau professeur. Leïla ne le connaissait pas suffisamment pour se confier à lui du jour au lendemain. Elle regarda donc le ciel, les mains jointes en arrière de son dos. La brise était plutôt agréable, elle devait bien l'avouer.

Perdue dans ses pensées, ce fut le professeur qui la ramena sur terre. Clignant des yeux, elle posa son regard sur lui en penchant légèrement la tête. Il lui demandait si tout allait bien, si elle avait besoin d'être accompagnée pour aller à l'infirmerie. Par réflexe, elle leva ses deux mains pour toucher ses joues encore un peu rouges. Leïla aurait très bien pu rire face à cette remarque : allez à l'infirmerie uniquement pour des gifles, mais par respect pour lui, elle se contenta de sourire amusé.

- Ne vous en faites pas, professeur. Ce ne sont pas de simples gifles qui vont me faire mal au point d'aller à l'infirmerie. Ce n'est pas comme si elle m'avait frappée avec leurs armes ou avec leurs poings.

Leïla tourna les talons et s'éloigna légèrement du professeur. En fait, elle avait fait seulement quelques pas pour s'approcher de l'arme où elle était auparavant. Avec agilité, elle grimpa dans l'arbre et retourna s'asseoir sur son perchoir, balançant ses jambes dans le vide. Néanmoins, elle continua de parler à Shaem.

- Au fait... C'était gentil de votre part d'être intervenu. Merci...

Ce n'était plus un sourire amusé qui s'affichait sur son visage, mais un sourire qui exprimait sa gratitude. Son "merci" était réellement sincère. Il aurait très bien pu passer à côté d'elles et ne pas intervenir, mais il l'avait fait. D'où la raison pour laquelle elle le remerciait. Leïla s'était toujours sentie plus dragonne qu'humaine à cause du fait qu'elle ait été élevée par Icy et qu'elle n'ait jamais vécu dans une société humaine jusqu'à ce qu'elle entre à l'Académie. Sa vie prit un tournant nouveau. Être entourée d'humains tous les jours étaient à la fois désagréable et agréable. Elle rencontrait des gens qu'elle détestait, qui la détestait, et d'autres qui semblaient l'apprécier. Un petit bruit sec fit en sorte qu'elle se figea complètement. La jeune femme regarda dans tous les sens et un autre bruit sec se fit entendre. Elle observa la branche sur laquelle elle se trouvait et, au même moment, celle-ci lâcha. Leïla poussa un cri et se retrouva peu de temps après au sol avec la branche. Le dos allongé et les jambes sur la branche, elle avait quelques brindilles d'herbe dans les cheveux. Heureusement que la branche n'était pas haute, car elle aurait pu se blesser gravement.

- Ah la la... Ça fait mal, bon sang! Tout le monde est contre moi aujourd'hui, ou quoi?

Leïla se redressa pour se mettre en position assise et se frotta l'arrière de la tête. À croire qu'elle s'était levée du pied gauche ou que quelqu'un qui avait lancé une malédiction!

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Leïla leva légèrement la tête pour observer le professeur qui s'était rapproché d'elle après avoir dit qu'il y avait certains jours où il était préférable de rester au lit. Cette phrase la fit quelque peu soupirée, car ça semblait être son cas aujourd'hui. Puis, Shaem s'accroupit à ses côtés. Avec une certaine lenteur, comme s'il souhaitait la prévenir, il tendit la main dans sa direction. Par réflexe, la jeune femme recula légèrement la tête sans pour autant partir en courant. Elle se disait qu'il ne devait pas lui vouloir de mal. Néanmoins, quand il posa sa main dans sa chevelure blonde, elle ferma les yeux, ne sachant pas vraiment ce qu'il allait faire. Leïla en ouvrit seulement un pour voir que Shaem avait retiré une brindille de ses cheveux.

Cela prit un peu de temps, mais elle réussit à se détendre. Lorsqu'il lui demanda comment allait la tête, elle passa une main sur l'arrière de la tête, tâtonnant un peu son crâne, et se mit à grimacer. Retirant sa main, elle soupira un peu avant de plonger son regard dans celui de son interlocuteur.

- Ça devrait aller. Enfin... Je crois. Je risque sûrement d'avoir un bon mal de crâne en me levant demain matin, dit-elle en souriant doucement.

Leïla ramena ses jambes vers elle et, s'appuyant sur ses mains, se releva avec agilité. Elle épousseta ses vêtements en passant ses mains dessus pour retirer les brindilles qui s'y trouvaient encore. Cependant, quand elle releva la tête pour regarder devant elle, sa vue s'embrouilla légèrement et sa tête se mit à tourner. Elle s'appuya sur l'arbre à côté, posant une main sur son visage. Pour éviter d'inquiéter le professeur, elle essaya de le rassurer par ses paroles malgré que ses gestes pouvaient en inquiéter quelques uns.

- Je... Je vais bien... Ne... Ne vous inquiétez pas... Un peu de repos et tout ira bien...

Partir... Oui, elle devait partir, s'éloigner. Être faible devant quelqu'un ce n'était pas vraiment son fort. Elle n'avait jamais montré ses faiblesses aux autres et encore moins pleurer devant eux. Les humains profitaient souvent de la faiblesse des autres avant de poignarder l'autre dans le dos. Leïla s'éloigna tant bien que mal de Shaem, titubant légèrement. Son regard semblait être perdu. Il fallait dire qu'elle ne voyait pas grand-chose sur le moment. Tout semblait bouger autour d'elle à son plus grand malheur.

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