Larragon. Belle Larragon. Toujours aussi joyeuse. Toujours aussi pleine de vie. Celeste observait les gens dans la rues avec un léger sourire aux lèvres. Elle aimait sa ville natale, son île natale. Car même si elle venait des quatre coins du monde, pour elle Larragon était réellement l'endroit où elle se sentait le mieux. Elle avait grandi dans ces rues, étaient tombée, s'était relevée... alors venir en permission ici était un plaisir. Habillée avec soin ses talons claquaient sur le sol avec assurance, sa jupe bleue gris se soulevant à chacun de ses pas et frôlant ses genoux avec légèreté. Un sac au bras elle tenait le pan de sa veste contre son cosage alors qu'un coup de vent faisait s'ébourriffer ses court cheveux soigneusement coiffés. Elle n'en fit pas cas, habitué aux bourrasques parfois dans les ruelles. Son beret tenait toujours sur le sommet de son crâne et c'était bien là le principal.

Et puis ce n'était pas un peu de vent qui allait l'arrêter. Après tout elle avait rendez-vous. Non pas avec son amoureux mais avec une amie chère à son coeur. Quelques papillons colorés voletaient autour d'elle donne d'elle une image de conte de fée aux passant. Mais elle n'avait rien d'une fée de conte. Elle était une femme dont le regard ne permettait aucun doute quand à son sérieux. Car Celeste n'avait rien de frivole même si elle était heureuse de pouvoir se promener tranquillement à Larragon.

Se faufilant parmis la foule elle s'arrêta devant plusieurs boutique, prenant des nouvelles au passage des rumeurs de la ville et de l'île. Les commerçants étaient en effervescence maintenant que la rentrée était arrivée à Lindorm, il y avait à nouveau une affluence de jeunes gens avide de découvrir leur nouveau territoire. En général, Septembre était un bon mois pour les commerçants.

Toute cette foule donnait à Celeste l'envie de sourire. C'était pour cela qu'elle se battait et qu'elle défendait le territoire. Voir des gens insouciant faire leur courses et raconter des ragots comme si de rien était. Elle qui constament devait se rendre dans des endroits où la guerre ne cessait jamais, dans des endroits reculés que la guerre n'avait pas atteint mais dont la population était mise à mal par tel ou tel personne. Et partir à la recherche des déserteurs n'étaient pas non plus de tout repos.

Finalement, la femme s'arrêta devant la fontaine de la Grand Place. Levant les yeux vers la statue de dragon qui crachait son jet d'eau majestueusement elle sourit alors que les rayons du soleil se réfléchissaient sur l'onde claire. S'asseyant avec légèreté sur le rebord de la fontaine, elle replia très légèrement ses jambes sur le côté et patienta, attendant son rendez-vous calmement. Les papillons volèrent sur l'eau et autour d'elle. Quelques un se posèrent dans ses cheveux et elle tendit la main pour en acceuillir un autre sur le bout de ses doigts. Ils étaient calmes et semblaient apprécier la fraîcheur de la fontaine. Cela lui faisait plaisir, elle qui prenait tant soin de ses petits amis aux grandes ailes.

La paix de Laragon, son animation joyeuse. La mine débonnaire des marchands hélant les passants. Les étoffes colorées sur les étals, cette impression nauséabonde de paix. Bryne marchait d'un bon pas, la tête droite, sans flâner, ses bottines produisant un son régulier et militaire sur les pavés de l'ile.
Descendue à pieds de l'académie, elle éprouvait une sensation agréable : retrouver sa soeur d'arme et ancienne mentor lors de ses premiers jours lui procurait une intense satisfaction.
Céleste était ce qui se rapprochait le plus d'une proche amie. Elles avaient combattu de concert et elle respectait profondément cette jeune femme aux papillons, dont le charme redoutable n'avait d'égal que son talent pour la guerre. Si Bryne était passée Capitaine, leur amitié ne s'en était ternie et s'en était trouvée renforcée. Bryne respectait trop Céleste pour ses conseils et ses facultés.

Retenant d'une main son chapeau blanc à larges bords, sa robe bleue pâle et blanche ondoyait autours de ses cuisses galbées par son entraînement physique, faisant se retourner quelques têtes sur son passage, qu'elle ne remarquait même pas. Ses longs cheveux verts suivaient sans son sillage, masse parfumée et de la couleur profonde. Elle ne fut pas même distraite par un étal de pâtisseries, son pêché secret, surtout les tartes à l'abricot qui fleuraient si délicieusement bon... Un instant d'hésitation dans la démarche et elle suspendit son pied, comme une funambule d'un instant, avant de se raviser, achetant deux petites tartes, l'une pour sa chère Céleste, l'autre pour elle-même.

Les joies simples étaient les plus raffinées et elle méprisait joyaux et étoffes précieuses au profit de petites choses, ces choses si fragiles que les honnêtes gens ne voyaient même plus mais que des hiver au front, que la guerre vous donnait l'envie d'apprécier, comme en cette heure de joyeuses retrouvailles.
Finalement la fontaine se dessina au détours de la rue principale, place joyeusement animée, où les maisons fleuries faisaient un charmant camaïeux. Les papillons furent les premier qu'elle vit, avant d’apercevoir Céleste, assise sur la fontaine. Cela ne faisait que quelques semaines qu'elles étaient séparées mais il lui sembla qu'elle ne l'avait vue depuis des années. Cependant, Bryne ne se précipita pas, conservant son pas régulier et son maintient irréprochable, jusqu'à parvenir à sa hauteur, claquant légèrement des talons, bien qu'elle ne porta plus en cette heure sa glorieuse armure.
"Céleste. C'est un réel plaisir de te revoir, très chère." Fit Bryne en souriant, avec ce même sourire si plein de douceur qu'elle arborait en permanence. Tellement trompeur, au fond.
S'asseyant à ses côtés, délicatement, ses manières raffinées lui donnant l'air de la parfaite brue qu'elle ferait un jour pour quelque nobliau qu'elle ne verrait que pour lui donner un enfant pour le bien de la famille, Bryne conserva son sourire.
"Quelles nouvelles du front et de tes affaires, très chère ? Tu sembles bien te porter." Mains croisées sur son giron, elle sourit plus largement.

Que le chant de la guerre lui manquait...

Elle attendait patiemment, ignorant les regards des passants sur cette femme avec ses papillons. Elle avait l'habitude des regards curieux et ne s'en offusquait pas. Elle même parfois se surprenait quand elle repensait à cette époque où elle ne supportait pas le moindre insecte. Désormais les animaux comme les insectes étaient ses amis. Elle comprenait plus ou moins ce qu'ils ressentaient et pouvait leur faire comprendre ce qu'elle attendait d'eux. Si elle avait une préférence pour les papillons, c'était sans doute parce qu'ils étaient les premiers insectes à lui prouver qu'il y avait du beau en Keven. Et puis ils avaient la grâce, l'agilité et la tranquillité qui mettait toujours les gens à l'aise.

Discutant avec un de ses petits amis elle se sentait bien. Discuter était un bien grand mot, ce n'était que des sensations qu'ils s'échangeaient, mais c'était déjà un moyen de communication. Celeste transmettait à quel point elle avait hâte de revoir Bryne. Elle avait toujours eu de l'affection pour sa jeune recrue devenue capitaine. Peut être parce qu'elle était douce et calme la plupart du temps. Et puis elle avait un talent qu'elle respectait beaucoup. La dragonnière était très fière de pouvoir compter comme amie quelqu'un comme Bryne.

Soudain ses petits amis s'éparpillèrent légèrement avant de revenir se poser dans ses cheveux ou sur ses épaules. Celeste redressa la tête et sourit avec douceur en voyant la jeune femme quasiment au garde à vous face à elle. Toujours aussi sérieuse. Elle aimait ça aussi chez Bryne. Dans sa robe blanche et avec son grand chapeau, la jeune professeur ne ressemblait en rien à la machine de guerre qu'elle était au fond. Mais Celeste non plus, toutes deux avaient juste l'air de deux amies se donnant rendez-vous près de la fontaine. De précieuses femmes s'apprêtant à aller faire du shopping. Elle était loin l'image des guerrières en uniforme et en armure.

"Bryne, comme je suis heureuse de te revoir," fit Celeste en se redressant avec grâce et féminité. "Tu m'a l'air en pleine forme," fit-elle avec un sourire.

Lentement elle se rassit, bientôt suivie par son amie qui se retrouva à ses côtés. Un papillon blanc vint voleter autour de la tête de Bryne avant de se poser sur son chapeau, faisant éclater un tout petit et léger rire de la part de la dragonnière qui se tourna sur le côté pour pouvoir discuter face à face avec son capitaine.

"Il à l'air de t'apprécier," fit-elle, amusée.

Bryne semblait égale à elle-même. Toujours polie et bien élevée. Rien à voir avec la bête féroce qu'elle devenait lorsqu'elle entrait sur le champ de bataille. Elles se connaissaient bien à présent et Celeste n'avait jamais été vraiment dupe. Au delà des sourires de son capitaine il y avait des difficulté à se lier aux autres. Elle ne s'était jamais arrêter à ça. Elle l'avait toujours épaulée, même lorsqu'il avait fallu la suivre dans les profondeurs des jungles de Keven pour poursuivre leurs ennemis.

"Je vais bien, merci," répondit-elle calmement. "Le front se porte aussi bien que possible, il attend ton retour avec patience avant d'éclater à nouveau," fit Celeste. La paix n'était que de la poudre aux yeux, elles le savaient pertinnement. Il y avait beaucoup trop de choses gangrénées qui rongeaient les coeurs. "En attendant... j'ai été nommée chef d'escouade pour rechercher les déserteurs," raconta-t-elle avec un peu plus de sérieux. "Peut-être irais-je faire un tour à Lindorm avant de partir pour prendre des informations sur les élèves déserteur," rajouta Celeste, soudain pensive. "Mais et toi ? Comment se passe ta vie de professeur ? Ca doit faire bizarre de passer de l'autre côté du mur,"

Les mains devant elle, les doigts entrelacés, Celeste se montrait curieuse. Elle ne s'était jamais vraiment vu en professeur elle-même. Sans doute aurait elle envoyé à l'infirmerie beaucoup de ses élèves au moindre mot de travers. Déjà ses recrues la trouvait trop strict bien souvent. Mais malheureusement pour eux, la rigidité de Celeste n'avait d'égal que son entêtement. Elle ne supportait pas que des soldats se conduisent frivolement lorsqu'ils étaient en service.

Bryne savourait la fraîcheur de la fontaine dans son dos. Femme des forêts Kevii, elle n'aimait guère les fortes chaleurs et préférait au feu du soleil, l'agréable ondée. La fin de l'été océanique de Laragon, chaud et sec, dénotait sur ses habitudes mais elle appréciait la proximité de la mer qui apportait dans ses embruns salés, une fraîcheur non négligeable. Que la vie était douce, dans cette partie du monde. Il serait aisé de succomber à la sensation de quiétude et de laisser l'existence se dérouler comme dans un rêve éveillé, rythmé seulement par la cloche des cours et les agréables promenades avec le concierge.
Elle savait que Céleste était originaire de l'île. C'était plutôt amusant qu'une jeune femme de Laragon devienne ensuite dragonnière. Elle pouvait à présent voir ce qu'il y avait de paisible dans ce lieu, plaque tournante de tout un monde. Lindorm faisait office de nombril du monde et il y régnait un sentiment de paix.
L'agitation autours d'elles ne les touchaient guère et elles offraient aux badauds un charmant tableau, deux élégantes entourées de papillons. Et alors même que l'un des insectes se perchait sur son chapeau et que son amie en riait, Bryne répondit à son rire, charmée depuis toujours par les petits amis de Céleste.
"N'est-ce pas charmant ? Je ne suis pourtant pas une fleur à butiner." Elle riait à son tour, déposant entre elles le petit paquet contenant les tartelettes à l'abricot.

Les nouvelles étaient bonnes, mais déprimantes. Quoi ? Point d'escarmouches ni de déclaration de guerre ? Elle soupira.
"Que puisse la guerre éclater avant vingt ans." Le front lui manquait et elle espérait sincèrement pouvoir retourner au coeur de l'action avant d'être vieille et ridée, trop vieille pour guerroyer. Peut-être aussi, au fond, aspirait-elle à une mort glorieuse sur le champ de bataille, la rapière à la main... Cette même rapière qui était toujours à son côté, même à cette heure de paix. La garde d'or scintillait sous le soleil d'un éclat familier.
Hochant la tête quant à la nouvelle affectation de son amie, elle apprécia de savoir qu'elle avait trouvé une mission aussi gratifiante que de pourchasser ces traîtres à leur serment. "C'est une bonne chose que tu les traques, nous ne les avions que trop mis de côté. D'ailleurs à ce propos... As-tu retrouvé la trace de cette fugitive, Morwen, qui nous avait semé une telle pagaille ?" Elle soupira. Elle aurait voulu elle-même poursuivre cette hurluberlue, afin de la remettre sous la lame du bourreau. C'était un peu son affaire inachevée. "J'espère presque qu'elle fera un jour la bêtise de venir dans ces parages afin que je puisse la corriger moi-même ainsi qu'elle le mérite."

La question de son amie lui tira un rire alors qu'elles changeaient de sujet.
"C'est... Etrange." Elle rit un peu, puis ajouta, ses yeux se perdant au loin. "Beaucoup ne feront pas même des recrues potables. Je suppose que je le voyais moins lorsque j'étais élève mais à présent, je suis inquiète pour l'avenir de nos troupes. Beaucoup n'ont pas même la volonté de faire leurs preuves et nombreux sont ceux qui sont déjà démissionnaires quant à leur avenir... Comment peut-on à ce point ignorer ce qui se passe réellement dans notre monde ? Ils sont persuadés que les Wyrms sont notre seule menace et combien ont seulement idée de tout ce que nous affrontons pour protéger la paix de tels lieux ?"
L'esprit de Bryne se porta dans le lointain, vers des fronts qu'elle avait arpenté après de l'énorme Hagen, vers ses ronciers qui avaient entravés des dragons sauvages et belliqueux, des mercenaires sans foi ni loi ou de redoutables pirates.
"Les Wyrms ne sont que des enfants capricieux au regard des autres dangers du monde et aucun de ces élèves ne semble préparé à seulement s'en douter. Mais je suppose que c'était déjà ainsi lorsque nous y prenions nos classes. La moitié de mes élèves sont mauvais et l'autre moitié seulement convenables. A quelques exceptions près."
Ouvrant le petit paquet de tartelettes, elle en tendit poliment une vers son amie, le ballet des papillons s'accélérant un instant, sans doute attirés par le sucre.

"Il est bon de te voir après toutes ces semaines. J'ai déjà l'impression que tout ce que j'ai vécu était dans une autre vie..." Elle rit légèrement, nostalgique un instant des dangers à affronter. "J’espère que tu parviendras à passer de temps à autre, le temps me semble s'étirer en un ruban léthargique, ici." Ses yeux verts brillèrent un instant alors qu'elle retenait un instant la blanche main de Céleste dans la sienne en y déposant la petite tarte, leurs peaux se frôlant doucement. "Je crains que si je demeure trop longtemps, ma famille ne me dégote quelque bon parti insupportable." Avoua-t-elle après une brève bouchée de son petit pêché mignon, et il y avait sur ce visage affable, l'impression d'une ombre triste, comme une lame pointée sur sa nuque, invisible encore, mais terriblement oppressante.

Paisible, paisible Laragon. Bien loin des tumultes des dangers qui chaque jour tentaient de l'atteindre. Heureux civils innocents et naïfs qui n'avaient pas idée de ce qu'il se tramait au-delà de leur île sur les océans et les continents voisins. Tous persuadés que la guerre était déjà loin maintenant qu'un traité de paix avait été signé. Mais que savaient-ils réellement ? Et ces élèves à l'académie ? Avaient-ils une idée de ce que serait leur vie une fois dans leur année de service ? Mais cela voulait dire aussi que l'armée territoriale faisait son travail correctement. Le peuple se sentait en sécurité dans la plupart des territoires et c'était le principal, c'était pour cela que Celeste se battait en tout cas.

Alors, loin de la guerre et des escarmouches, elle profitait de ces petits instants qui lui rappellait à quel point ce qu'elle faisiat était importante. Elle était beaucoup moins belliqueuse que sa capitaine qui une nouvelle fois le lui prouva. Mais elle la comprenait. Sans guerre... elles n'étaient rien. Elles avaient besoin de la guerre pour vivre malheureusement. Au nom de Morwen, Celeste se renfrogna quelques instants cependant. Le regard assombrit et dur elle reprit soudain son rôle de soldat et se raidit comme pour être au garde à vous.

"Crois-moi... je l'ai mise en tête de liste..." répondit-elle la voix d'un calme assassin. "Cette fille est dangereuse et le fait que l'on ai si peu entendu parler d'elle m'inquiète," rajouta-t-elle, sérieuse et rigide. "J'ai pu trouver trace d'elle en Nordheim il y a quelques semaines.... mais depuis, plus rien. C'est comme si elle avait disparue. Je n'aime pas ça..." commenta-t-elle.

Elle n'avait jamais vraiment apprécié Morwen. Celle-ci étant d'une nature allant à l'encontre de tout ce qu'appréciait la lieutenant. Bruyante, violente et loin d'écouter ce qu'on a à lui dire. Mais elle avait toujours pris sur elle... pensant que cela lui passerait peut-être. Mais ça n'avait fait qu'empirer. Jusqu'à ce duel... jusqu'à ce qu'elle s'enfuit. Elle préférait changer de discussion, il y avait beaucoup de gens sur sa liste et certains devaient à tout prix être retrouvés.

C'était bien plus trivial et reposant que de discuter de la nouvelle vie de Bryne bien que celle-ci ne l'apprécie guère. Celeste retrouva son sourire et se détendit à nouveau, écoutant poliment et avec attention ce que lui racontait sa jeune protégée et capitaine. Contrairement à ce que pensaient la plupart des gens, Bryne était loin d'être la jeune brue parfaite. Derrière chacun de ses mots se révélait l'arme létale qu'elle était au fond. Une brute épaisse aurait dit Elliott en riant à gorge déployé. Celeste aurait plutôt dit qu'elle était naturelle. Mais la femme avait bien trop d'éducation pour avouer à haute voix que Bryne était une brute.

Ecoutant la complainte de la fille aux cheveux vert, Celeste compatis sincèrement. Elle-même ne savait pas si elle pourrait supporter les élèves de l'académie malgrés qu'elle fut à leur place il fut un temps. Ou peut-être était-ce justement pour ça. Parce qu'elle avait été à leur place. Et qu'elle savait ce qu'il se passait dans la tête de beaucoup d'entre eux. Elle soupira.

"Tu sais... j'étais comme eux à l'époque. Je ne le cache pas. Je n'avais aucune idée de ce que la vie me réserverait une fois mes années à Lindorm terminées. Je n'ai jamais fait que suivre Ambrosia dans ses idées farfelues. Je n'ai pris goût à mon métier qu'une fois que je l'ai découvert," expliqua-t-elle avec un sourire nostalgique. "Mais je continue à dire qu'il faudrait reculer l'âge de l'Alliance... ces gamins sont paumés, ils n'ont aucune idée de ce qui les attend pour la plupart..."

C'était une réalité. Beaucoup des plus jeunes dragonnier étaient embarqués dans ce lien puissant. C'était une lourde responsabilités qu'ils n'étaient pas tous prêt à porter. Ce qui rendait les wyrms d'autant plus dangereux. S'ils n'avaient pas réussis par trois fois, c'était bien parce qu'il y avait une raison. Forcer un lien n'était pas bon, elle en était persuadé.

"Des tartelettes ? Merci, j'adore ça," fit Celeste, un sourire éclatant aux lèvres alors que Bryne lui tendait une des pâtisseries.

Elles rirent un peu devant le manège des papillons et leur discussion reprit son cours. Tel l'onde de la fontaine, calme et serein. Bryne n'était pas faite pour la paix, cela se voyait. Et pourtant elle faisait de son mieux pour être aussi parfaite que possible.

"Je suis heureuse de te revoir moi aussi," répondit la femme en essuyant le bord de ses lèvres du bout des doigts pour retirer une miette. "Je ne te cacherais pas que tu nous manque un peu... mais ton rôle est de mettre un peu de plomb dans la tête des élèves. Qu'ils sachent à quoi s'attendre," elle sourit tendrement et observa ses papillons prendre leurs aises autour de la place, faisant rire les enfants qui passaient par là. "Je ne déclencherais pas une guerre pour te revoir parmis nous mais... promis, dès que j'ai des informations sur notre déserteuses préférée.... je te contacte," conclut-elle.

Etrange conversation. Deux belles et élégantes femmes qui conversaient de guerre et de mort comme si de rien était. Posant son regard sur Bryne, Celeste le reposa ensuite vers le lointain de la place. Elle n'avait aucune idée de ce que ça faisat que d'être forcée à quelque chose par ses parents. Elle imaginait que cela ne devait pas être évident tous les jours.

"Tu es une adulte cependant... tu possède un dragon imposant et puissant. Ne peut-tu te rebeller pour une fois ?" demanda-t-elle, à la fois curieuse et souhaitant aider celle qu'elle considérait comme son amie. "Tu as le droit d'être libre Bryne," rajouta-t-elle, levant les yeux aux ciels pour voir les papillons danser joyeusement avant de se poser sur quelques fleurs qui poussaient dans des bacs aux fenêtres.

[On m'a dit je cite que je pouvais, je cite "m'insérer" dans le rp! Du coup je m'insère XD]

Une forme bougea sous les draps avant de s'en extirper en clignant des yeux, pour voir la pièce illuminée par un magnifique rayon de soleil. Que c'était dur de sortir de cette douce torpeur après une autre semaine de folie! La cinquième année avait démarré sur les chapeaux de roue mais la jeune femme faisait toujours de son mieux pour rester dans les meilleurs! Elle avait choisi l'option herboristerie avancée, les plantes, c'était son dada alors si elle avait la possibilité d'en apprendre plus sur leur utilité, elle n'allait pas s'en priver! Cela pourrait toujours se révéler utile un jour.

Elle s'étira de tout son long avant de regarder autour d'elle. Ces camarades étaient déjà descendues pour profiter de la première journée de libre de la fin de semaine. D'habitude, elle ne dormait pas autant, mais ces derniers temps, elle en avait vraiment besoin.

Un bref soupir franchit ses lèvres tandis qu'elle prenait une douche rapide. Puis, une fois propre et sèche, elle enfila une robe légère à bretelles fines, couleur d'automne allant de l'ocre au rouge avec des motifs végétaux, comme les veines d'une feuille. Elle était heureuse de pouvoir encore profiter des températures estivales. Moins elle portait de tissu sur elle, mieux elle se portait. Elle enfila ensuite son pendentif en forme de dragon ainsi que des petites sandales avant de descendre pour sortir du bâtiment et rejoindre les refuges où elle trouverait Salaun.

Pas question qu'elle sorte sans lui par une si belle journée! Et puis ce n'était pas comme s'il prenait tant de place que cela. Il avait tout de même grandi depuis la première année, ce n'était pas flagrant pour les autres, mais elle, elle le voyait bien. Il était plus haut que le plus grand des chevaux existants et s'était aussi allongé. Même s'il restait "son petit Salaun", à elle!

La jeune femme le trouva allongé sur une large pierre au fond de la Caverne, repère des dragons de Terre. Il ouvrit un oeil en la sentant arriver et s'étira en baillant avant de la rejoindre:

-Bonjour Jillah.

Il pencha sa tête pour qu'elle puisse poser son front contre ses naseaux qui faisaient voleter ses cheveux prunes à chaque souffle:

-Bonjour Salaun...Je vais sortir me promener. Tu veux venir avec moi? Ca te ferait du bien de te dégourdir les pattes ou tu vas devenir un gros pépère! Et je n'ai aucune envie que mon dragon devienne une boule d'écailles.

Toujours le mot pour être agréable. Le dragon de Terre grogna pour la forme et se redressa pour s'ébrouer un peu avant de se poster à ses côtés.

-Alors allons-y.

Un sourire accueillit cette phrase, et le couple se dirigea donc vers les grilles de l'académie pour sortir et rejoindre la ville animée. La chaleur n'indisposait pas vraiment Jillah, au contraire, car ainsi, elle pouvait porter des vêtements légers qui lui permettaient de se sentir bien plus libre que le reste de l'année.

Elle flânait tranquillement dans les rues de la cité, s'arrêtant parfois à certains étals, tentée d'acheter quelques tissus pour les envoyer à sa sœur pour qu'un couturier puisse leur confectionner des robes à toutes les deux. Mais elle se retint, elle devait garder l'argent que son père lui faisait parvenir pour des choses plus importantes.

Quant à Salaun, il essayait de n'écraser personne sur son passage et marchait derrière la jeune femme. Après la tentative d'assassinat dont elle avait été victime un peu plus d'un an plus tôt, il refusait de la laisser seule, car on ne savait jamais, cela pourrait bien recommencer. Après tout, ils n'avaient jamais su pourquoi. Mais cela avait sans doute un lien avec son père.

Les deux partenaires arrivèrent enfin sur une place plus dégagée où Salaun pouvait avancer plus librement. Il regrettait de ne pas savoir voler car il ne pourrait bientôt plus circuler en ville. Enfin, si Jillah était diplômée à la fin de l'année, le problème ne se poserait plus.

La jeune femme avançait toujours avec insouciance, souriant poliment aux badauds, lorsqu'elle aperçut la silhouette familière de son professeur principal, Bryne O'cuinn, discutant avec une inconnue. La jeune femme trouvait toujours étrange qu'une femme, à peine plus âgée qu'elle, lui fasse cours. Mais elle avait combattu au front, alors qui de mieux placé qu'elle pour leur apprendre ce qu'il y avait d'utile à savoir pour être capable de se battre et se défendre contre des ennemis?

Elle ne savait pas de quoi elles pouvaient bien parler mais cela avait l'air important et la jeune femme ne voulait pas déranger, aussi, elle avança pour passer à côté d'elles, feignant de ne pas les avoir vu, lorsqu'un pavé plus traître que les autres la fit trébucher.

-Ouille...

Elle s'étala, de tout son long, faisant encore preuve de sa maladresse légendaire. Salaun se précipita à ses côtés, amusé malgré lui, et l'aida à se redresser. Zéro pointé pour la discrétion! Et une cheville de tordue pour sa peine.

(Jillah : oui enfin "t'insère" pas trop profond alors ---> *baf*)


Le calme régnait, à la fois apaisant et tellement décevant. Qu'elle aurait aimé qu'une brusque escarmouche refasse repartir les flammes de la guerre... Mais la dragonne ancestrale voulait la paix et les hommes s'y pliaient pour une fois. C'était tellement mièvre qu'elle aurait volontiers vomi. Comme si un déluge de bons sentiments avait déferlé sur le monde, en une vague rose bonbon. Elle n'aurait avoué à quiconque ce genre de pensée impie. Mais Hagen, lui, savait et partageait avec la jeune femme le même type de sentiment.

Céleste était une amie, une véritable personne sur qui compter. Elle lui était précieuse. Et ses conseils avisés l'avaient autrefois guidée et elle continuait à faire grand cas de son avis. Céleste était plus vieille, expérimentée et avait une certaine sagesse, qu'elle n'avait retrouvée chez aucune autre femme. La revoir en ces heures de doutes, où sa place lui pesait, était heureux.

"Je savais déjà pour quoi j'étais faite avant même de tenter mon alliance mais ces heures à tes côtés sur le champ de bataille, n'ont que renforcé ma certitude." Dit-elle avec simplicité. Elle n'avait jamais souffert des affres de l'indécision, dès sa rencontre avec Hagen. Le chemin de la gloire est clair et défini. L'obéissance aux ordres et à l'honneur épargne à l'esprit les turpitudes de l'égarement.
Cependant, elle pouvait comprendre que l'on puisse manquer de foi en sa propre destinée et Céleste était l'exemple même que l'on pouvait finalement trouver sa place malgré une indécision première.

La pâtisserie charmait son palais. Mais plus doux encore étaient les propos de sa charmante amie, dont l'élégance rivalisait avec le talent martial à cette heure où elles étaient en civil. Les papillons dansaient autours d'elles, charmantes créatures ailées, légères comme un rêve. Mais à cet instant, son cœur se fit plus lourd. Jamais sa décision de rejoindre Lindorm ne lui avait semblé moins naturelle.Et pourtant, elle assumait chacune de ses décisions et son départ n'avait été motivé que par la douleur de l'inactivité.
"Puissais-je quitter cette académie bientôt. Oh ma chère, comme votre absence me brise le cœur..." Elle était sincère, Bryne. Toujours. Et sa franchise délicate avait quelque chose de charmant. "Je souhaiterais que jamais la guerre ne se soit terminée pour moi afin que je puisse mourir l'arme au poing et non de vieillesse dans un fauteuil, entourée d'enfants..."

Les propos de Céleste quant au fait qu'elle puisse dire non à sa famille lui montèrent le rouge aux joues, alors qu'elle baissait ses yeux verts, observant les pavés irréguliers devant elles sans les voir vraiment.
"Je le sais. Mais que les dieux m'en gardent, je ne peux déshonorer ainsi ma famille alors même que j'ai fait tous ces efforts afin d'en redorer le nom. Pourtant, il y a bien... Une personne auquel je voudrais donner ma main... Vous le connaissez sûrement vu qu'il s'agit de... Oh !"
Sa confession fut soudain coupée alors qu'une personne chutait juste sous leur nez, faisant légèrement sursauter la jeune femme aux cheveux verts, qui se leva aussitôt, sans même y penser, pour se porter à son secours.
Alors qu'elle approchait, elle reconnue la jeune Le Derrien. Debout devant elle, elle se pencha, la main tendue, afin de l'aider à se remettre sur pieds.

Jillah était une bonne élève, studieuse et appliquée. Bien qu'elle soit d'une maladresse certaine, il était certain que la jeune femme serait une recrue tout à fait acceptable.
"Rien de cassé, mademoiselle Le Derrien ?" Fit-elle avec douceur, relâchant délicatement sa main avant d'ajouter, gracieusement : "Je vous en prie, asseyez-vous un instant." Accompagnant Jillah jusqu'à la fontaine, elle resta un peu debout, droite et stoïque, afin d'effectuer les présentations. "Céleste, je te présente l'une de mes élèves de Terre en cinquième année, mademoiselle Jillah Le Derrien. Miss, voici mon amie Céleste Avedissian, Lieutenant de l'escadron des Lianes Terrestres." Les présentations de Bryne étaient toujours diablement formelles mais, comme toujours, impeccables d'étiquette.
"Il y a de fortes chance que cette demoiselle soit affectée à notre escadron, très chère." Notre escadron, comme si elle n'était jamais vraiment partie... Mais dans son cœur, Bryne était toujours Capitaine.

"Désirez-vous vous joindre à nous pour prendre le thé, mademoiselle ? Nous sommes en bonne compagnie, après tout. Comment va votre cheville ?" Galante, à sa manière, Bryne n'était ainsi qu'avec les éléments les plus prometteurs. Au contraire de son désespérant cousin.

Assise au milieu de la foule, entourées de papillons et dégustant une petite tartelette. Les deux femmes donnaient l'impression de sortir d'un tableau féérique et charmant. La fontaine derrière elle ajoutait au décor quelque chose de magique alors qu'elle discutait sans effusion, avec délicatesse et féminité. Rien n'aurait pu laisser entrevoir que les deux femmes pouvaient se montrer sans pitié lors d'un combat. De bonnes manières et des voix douces, rien à voir avec les guerrières qui sommeillaient en elles. Elles étaient semblables et pourtant si différentes l'une de l'autre. Bryne ne rêvait que de guerre et de mort au champ d'honneur alors qu'au contraire Celeste espérait avoir des enfants plus tard et mener une vie heureuse. Car Celeste aimait la paix, c'était pour cela d'ailleurs qu'elle se battait de toutes ses forces.

"Etrangement..." avoua le lieutenant en posant ses mains devant elle. "Je ne t'imagine même pas entourée d'enfants... je ne saurais dire pourquoi," fit-elle le plus sérieusement du monde avant de sourire doucement.

Il était vrai que Bryne était loin d'avoir ce qu'il fallait pour être une mère parfaite, elle agirait comme tel, elle ferait en sorte qu'elle soit parfaite en tout point. Mais Celeste savait qu'elle aurait de la rancoeur. Cela se sentait. Et ce serait dommage. Mais peut-être changerait-elle avec le temps... et un homme à sa convenance. L'amour faisait des merveilles parfois après tout. C'était pour cela qu'elle voulait que Bryne s'échappe de sa famille, qu'elle se fasse ses propres expériences. Car la dame aux papillons appréciait beaucoup la jeune professeure, elle voulait son bonheur et la voir sourire jusqu'au fond de son regard. Et malheureusement elle ne l'avait jamais vu aussi libre et décomplexée que sur un champ de bataille.

Le vent souleva quelques mèches de cheveux bruns retenus par le beret que Celeste portait sur sa tête. Posant la main sur son chapeau elle tourna son regard vers Bryne, patiente et attentive à ses paroles. Naturellement elle considérait l'honneur de sa famille. Pour cela elles étaient du même sang. L'honneur et la dignité avant tout. Elle comprenait la raison. Mais elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela dommage. Elle était prête à rajouter un conseil à sa protégée quand une image furtive passa dans le coin de son oeil. Son oreille se tendit quand elle entendit Bryne commencer à parler d'homme et une certaine excitation soudain l'envahit. C'était si rare que Bryne porte son attention sur un homme. C'était une simple seconde, mais une longue seconde où déjà elle retenait son souffle d'apprendre le nom de l'heureux élu.... qui ne vint jamais.

Telle une mauvaise blague, les deux femmes furent interrompues en ce moment crucial de leur discussion. Crucial car c'était quelque chose d'important pour Bryne, Celeste le savait, mais aussi parce qu'elles restaient des femmes. Et la lieutenant aimait bien discuter d'affaire de coeur. A la place, une jeune fille s'étala de tout son long quasiment à leur pied.

Immédiatement Bryne se précipita. Celeste elle-même se redressa en un geste souple pour s'enquérir bien que - par habitude et conditionnement - sa main se posa sur sa cuisse, prête à dégainer un couteau s'il le fallait. La douceur de son regard se mua en un profond sérieux et une rigidité qui lui était commune. Elle observa la jeune fille se redresser avec l'aide de Bryne et la dragonnière ne se détendit que lorsqu'elle vit que son amie connaissait la maladroite.

"Vous êtes vous blessée ?" s'enquérit Celeste, sa main quittant sa cuisse pour venir rejoindre sa poitrine. Elle recula pour les laisser passer vers la fontaine et s'accroupit avec grâce devant la jeune fille. "Ca va aller ?" demanda-t-elle, soucieuse. Maintenant qu'elle était certaine que tout danger était écarté, elle pouvait se montrer attentionnée. Bien que son regard reste sérieux et posé.

Tournant la tête vers Bryne alors que cette dernière faisait les présentations, le visage de Celeste s'illumina d'une petite lueur interressée avant qu'elle ne reprenne son inébranlable rigidité. Car Jillah n'était pas seulement une élève. Elle était surtout une future recrue de leur escadron. Ce qui signifiait beaucoup de choses pour Celeste.

"Enchantée mademoiselle," fit Celeste avec politesse en se redressa en souplesse, les papillons virevoltant autour d'elle avant de se poser soit dans ses cheveux soit sur ses épaules. "Ma chère amie," fit-elle à l'attention de Bryne. "Je connais un adorable salon de thé à quelques pas d'ici, et si nous nous y rendions ?" proposa-t-elle. "Cela vous conviendrait-il mademoiselle Le Derrien ? Ou avez vous besoin de vous reposer un peu plus"

C'était là un spectacle auquel Jillah ne s'était certainement pas attendue de la part de deux soldat aguerris comme Bryne et Celeste. Car elles étaient aussi grâcieuses que violentes au fond.

S'étaler comme une idiote devant un de ses professeurs croisée par hasard, il n'y avait que Jillah à qui cela pouvait arriver! La jeune femme pesta en se redressant, fusillant un Salaun goguenard qui s'était tout de même rapproché pour tenter de l'aider.

Mais voilà, sa chute n'était absolument pas passée inaperçue, ce dont elle se doutait bien, même si elle avait secrètement espérée que sa prof ferait comme si elle n'avait rien vu. La jeune femme se sentait mal de les avoir interrompues de manière aussi impromptue alors que leur conversation semblait sérieuse et importante.

C'était sans compter sur Bryne O'Cuinn qui, en professeur responsable et en jeune femme de bonne éducation, se porta à son secours, bientôt suivie de la femme avec qui elle conversait quelques instants plus tôt.

Si elle avait pu creuser un trou et s'y enterrer jusqu'à la fin des temps, Jillah l'aurait fait. Un peu honteuse d'avoir été vu en pareille situation par ces deux femmes, elle mit quelques secondes à répondre, le rouge aux joues:

-Professeur O'Cuinn...

Elle regarda la main tendue et accepta de la prendre pour se redresser tandis que Salaun poussait doucement du museau pour terminer de l'aider.

La jeune femme sourit à l'amie de son professeur tandis qu'elle relâchait la main de celle-ci:

-Ca ira, je vous remercie. Un peu de repos et ma cheville sera comme neuve.

Elle sourit en tapotant le pavé de la pointe de sa sandale, avant de le regretter amèrement quand la douleur fusa de ses orteils à la pointe de ses cheveux. Ouais...et un petit tour à l'infirmerie probablement. Mais ce n'était qu'un petit bobo de rien du tout.

Elle boitilla jusqu'à la fontaine et s'y assit avec soulagement, regardant les deux jeunes femmes qui se tenaient en face d'elle. Comment avait-elle pu ne pas voir les papillons qui tournoyaient autour de l'aînée des deux femmes? Le remarquant enfin, Jillah écarquilla les yeux, émerveillée par cette vision toute droit sortie d'un livre de contes pour enfant.

Pourtant, cela ne pouvait signifier qu'une chose, il s'agissait d'une dragonnière. Ce qui lui fut rapidement confirmé par son professeur qui fit les présentations. Comme son éducation le voulait, elle se remit debout et posa ses mains sur sa robe avant de s'incliner devant la dénommée Céleste. Elle se redressa ensuite en souriant:

-Le plaisir est pour moi Lieutenant Avedissian.

Charmant tableau, même si elle avait un peu l'impression d'être le vilain petit canard devant ces deux femmes. Pourtant, elle n'avait pas à rougir d'elle-même, sauf lorsqu'elle faisait preuve de maladresse quand la situation exigeait d'être discrète.

A présent que les présentations étaient faites, elle s'attendait presque à être congédiée. Mais non.

Savoir qu'en plus elle risquait d'être affectée à leur escadron...c'était une occasion unique d'en apprendre plus sur la vie au front!

-Ce serait un honneur pour moi d'être affectée à votre escadron.

Sincèrement, elle n'en faisait même pas trop. Elle voulait protéger le territoire et les gens qu'elle aimait, c'était ancré dans ses gènes. Mais pour l'heure, la paix régnait et les deux femmes l'invitèrent à venir boire le thé avec elles. Deux femmes militaires devisant de sujets sérieux tout en sirotant une tasse de thé...la jeune femme trouvait l'image amusante:

-Ce sera parfait pour ma part, ma cheville ne me fait presque plus mal de toute manière. Je vous suis.

Et une fois assise dans le salon, elle aurait bien le temps de s'y reposer.

Salaun, lui, suivait le mouvement, elle était entre de bonnes mains, il l'attendrait ici. Jillah lui lança un dernier regard entendu et suivit les deux femmes.

Elle devait franchement dénoter avec son léger boitement, mais pas question de se plaindre. La jeune femme avait toujours détesté ça et elle voulait faire honneur à son père qui, bien que non dragonnier, n'en était pas moins un combattant émérite. Il avait bien mérité son titre de premier conseiller du gouverneur de Keven. Même s'il préférait largement le terrain à la paperasserie, mais bon, il aurait été mal inspiré de se plaindre.

J'ai posté pour vous deux ici, avec un invité surprise qui viendra dans le topic...
http://lindorm.forum2ouf.com/t1008-du-the-et-des-papillons#16989