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She dreams on a frozen night.

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Haut-Dignitaire
+ Date d'inscription : 31/08/2014
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Hattusha Bepetdvapara
Hattusha Bepetdvapara
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeSam 27 Sep - 14:03

She dreams on a frozen night. 23to4l4

    La nuit portait conseil selon le proverbe; c'était bien un adage de Pakeha car la nuit, les Roroas dorment comme des pierres silencieuses et soignent leurs corps et esprits pour la journée qui viendra. Cette nuit-ci, Hattusha n'avait pas cherché le sommeil mais avait longuement veillé sur les toits de Lindorm, proche des nichoirs. Shamaash se remettait rapidement mais son humeur était au moins aussi noire que l'Enfer où un diable n’oserait poser un sabot et sa dragonnière préféra rester avec lui pour discuter. Elle avait invoquer à Riheb son besoin de revoir quelques étudiants de l'académie avant de se préparer pour repartir, et le fait de soigner encore un peu ses blessures. Ses jambes étaient encore un peu faible et elle n'avait pas récupéré une mobilité assez optimale pour voyager sans doute ou inquiétude. Aussi la jeune reine profitait-elle de cet endroit où elle avait jadis tant appris, sur les arts des dragonniers comme sur celui des hommes et des femmes. Le respect des Blancs, l'amitié, le partage. L'amour et le respect; l'amour perdu, aujourd'hui. Celui qui ne revient plus. Et l'amour futur, celui qui se perd en conjecture. Le ciel était partout le même: il était le toit de la maison de tout les Roroas, la voute de ce monde qu'elle voulait tant protéger. Mais ici, à Larragon, le bleu sombre de cette nuit avait une odeur particulière. Hattusha avait passé un long moment à l’apprécier, seule sur le toit, assise en tailleur sur le rebord.

    Il y avait Candel et Aldo, et les promesses nostalgiques qui ne pourraient être tenues, des promesses qui rappelaient des blessures du passée. Il y avait Luka, Jillah, Nailah. Ces Pakehas qui étaient ses amis et qu'elle avait du laisser derrière elle pour devenir la reine de son peuple. Et l'innocence sauvage qu'elle avait perdu. Et tant de choses, à présent choses mortes et enterrées. L'air était frais, propice aux introspections les plus stériles et la Roroa préféra biaiser le couvre-feu pour se promener dans l'académie lorsque les couloirs de cette dernière étaient complètement vide. Elle revint à l'allée principale, celle où elle avait jadis rencontré Nailah, ayant volé sa lettre d'acceptation à Lindorm par simple jeu. Un temps insouciant qui n'existait à présent plus mais lui tira un fantôme de sourire triste, drapée dans sa longue cape. Elle boitait encore un peu, marchant lentement comme une statue vivante, pleine de contractures. Le corps miles fois brisé qui devait toujours se relever. Elle n'avait pas le choix, tant qu'elle vivrait. Le long de l'allée de pierre, le buis prenait des formes complexes comme seules les Pakehas savent en créer et sur le grand portail en fer forgé était gravé la devise de l'établissement: Semper Fidelis. Toujours fidèle. Toujours. Quand elle doutait, elle repensait à cette devise.

    Sans arme et même en territoire ami, Hattusha ne se sentait pas à l'aise même si son corps était certainement son arme la plus aboutie. Elle aimait à se promener seule comme jadis mais un sentiment nouveau, étranger, la faisait constamment rester sur ses gardes depuis des mois. Tout comme son corps, son esprit s'était rigidifié, sclérosé, formaté. D'un esprit libre et indépendant, Hattusha était devenu un bloc de marbre que les émotions affirmées mettaient mal à l'aise; à cette image, son corps s'était épaissi, ayant perdu de son adaptabilité. Elle avait perdu le rythme et avait oublié comment danser le Kukri-Yuga; maître Kubaba lui réapprendrait à se battre pour faire autre chose que tuer. Elle avait fait quelques aller-retours en ville, fait ses affaires et réfléchit ses prochaines manœuvres mais il était encore des chose que la jeune reine n'avait pu faire, comme remercier Riheb et lui parler de ses idées, comme de voir ce que la Tammi allait faire de son côté. Hattusha avait demandé à pouvoir parler au Vénérable Maenoîllabent, juste pour discuter; elle avait un intense respect pour l’Éternel, fascinée par la sagesse du dragon, par son expérience. Il faisait un duo très complémentaire et harmonieux avec Riheb, à n’en point douter. Elle-même n'était qu'une jeune reine maladroite, une enfant sur un trône monté sur des viscères et des os. Elle avait encore tant à apprendre, de tant de personne car s'il y avait bien une chose que savait la fille d'Enkidu, c'est qu'on apprend toute sa vie; et qu'elle, elle ne savait rien. Elle avait tout à apprendre.

    La présence de Riheb était nouvelle, mais c'était une présence amie. La Roroa était patiente et de bon conseil. En outre, elle avait quelque chose d’étrangement rassurant. Peut-être lui rappelait-elle un peu sa mère, Bêlit-Seri Anudvapara-Te-Varua. Bêlit-Seri la Sage, Bêlit-Seri la Belle dont Hattusha n'avait rien hérité à part les yeux verts. Elle était Hattusha Zababa, Hattusha la Lionne, comme son Père avait été Enkidu le Lion et depuis toujours ses frères savaient qu'elle serait l'héritière de ce trône arraché par la force. Mais la destinée faisait bien les choses et avait posté sur la route de la jeune reine des compagnons sages et courageux. Certains morts, d'autres vivants mais tous vivaces dans sa mémoire.

    Elle s'était dit qu'à la faveur de la nuit, elle retrouverait plus facilement la Porteuse des Sables du Crépuscules, l'enfant des quatre coins du monde. La Grande Dame de la Nuit tait sa protectrice, après tout, et si Hattusha était le Soleil, Riheb était la Lune. Une considération un peu enfantine mais qui lui semblait tout à fait appropriée. Alors la Roroa s'assit sur un banc de pierre, se contenant d'attendre que la nuit porte ses espérances. Elle avait écrit à ses amies de Lindorm mais avait refusé de les revoir, prétextant un "plus tard" aride car elle voulait d'abord régler d'autres affaires. Des affaires qui aiderait à son propre équilibre. Baissant la tête et fermant les yeux, la blonde se laissa un instant aller à faire le vide le plus complet dans sa tête, se coupant même de la communication avec Shamaash; elle serrait entre ses mains jointes quelque chose sous sa cape qui lui avait demandé beaucoup de réflexion; et encore n'était-elle pas sûre de ce qu'en penserait son amie.
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeDim 28 Sep - 16:56

Seule dans le noir.

Des idées qui réverbéraient dans sa tête.

« …courrier anonyme dont je te… » « …d'enquêtes discrètes, j'ai réussi à apprendre de source sûre que vous… »

Plus profond.

« …nouvelle me ravie. J'ose espérer… » « …alliés et pas seulement chez les Roroas, il y a encore bien des gens en Narthan qui… »

Encore.

« …vivre ensemble… » « …paix. »

Encore plus.

« …révéler qui je suis… » « …souhait rejoint le mien… » « …travailler ensemble. »

Seule une inspiration profonde dénotait un semblant de vie dans cette chambre. Un centre isolé des éléments qui s’étaient arrêté d’aller de rayon en rayon pour écraser leur tête contre les plis douillets de leur édredon.

Riheb n’était pas en paix mais de cette énigme il fallait en presser la vérité. Nicodemus ne pouvait qu’être fier de son élève la plus douée qu’il ait connu. De toutes les zones d’ombre, ce n’était qu’un abri de plus pour elle et les ombres n’étaient pas familières aux yeux de sa Reine. L’Inconnu n’était qu’un passage obligatoire vers la Vérité. Ne pas révéler son identité, soit mais cette lettre révélait bien plus que « l’alliée » auto-proclamée ne l’aurait voulu. C’est une Narth, seuls ces habitants appelaient les monarques « Majesté ». Les Saabis avaient leurs coutumes et les Roroas les leurs. Cette Narth ne connaissait pas grand-chose d’eux mais savait travailler d’arrache-pied mais seule. Elle pouvait mettre tous les symboles de paix et d’union qu’elle voulait, cette personne était désespérément seule. Cependant, elle voulait faire partie de ce monde car il y avait plus d’utilisations de la troisième personne du pluriel et de la première personne du pluriel que de la première personne du singulier. Pas si prudente finalement.

C’était qu’une analyse de surface mais tout pouvait servir sa Hoa qui visiblement se sentait seule. La Tammi savait que ce qu’elle pouvait apporter ne serait que des relents de leur civilisation et non des jours heureux qu’elle avait coulé ici.

En glissant tel un spectre dans les couloirs, Riheb tentait d’imaginer la jeune Hattusha sans perte à déplorer, sans fardeau sur ses épaules, libre, agile, un guépard amical qui fut l’objet de curiosité, d’amitié et peut-être plus. Elle s’était unie à un Pakeha. Riheb l’avait fait aussi maintes fois mais aussi douces furent ces nuits dans des draps et des bras étrangers, elles n’avaient pas la chaleur exquise d’une conversation avec Maenoîllabent ou des moments intimes avec Nicodemus. Son mentor avait eu le don d’être délicat dans des instants qu’elle n’aurait pu prédire. Non, ils n’avaient jamais été amants mais il y avait plus que du respect entre eux. Parfois, de la fierté mêlée à du désir. Après tout, Riheb était une très belle femme et Nicodemus, un mâle de valeur marqué par l’âge et la guerre. Leur relation avait été le terreau fertile et à la fois un frein pour une évolution possible. Et l’Estompe eut le dernier mot. Jamais elle ne s’était senti aussi seule que le jour de son diplôme. Elle avait lavé le corps de son mentor en psalmodiant ses prières puis l’enterrant dignement en Laragon. Jamais il n’avait parlé de sa famille et aucun d’eux ne s’était déplacé. Sa famille, c’était des anciens professeurs, des élèves, des citoyens et des gardes. Au milieu, la Roroa chantait et mit à la mer la barque remplie d’objets du défunt qu’un Ignis frappa pour le laisser brûler au loin.

Un survivant avait le droit à sa plume. A des chants de Roroa. A la bénédiction de ses dieux, de Tammuz et de l’Unique si souvent prié. Lianes, Feu, Eaux et Lumière. Il y avait assez en lui pour lui permettre un repos parmi toutes ces images d’une vie après la mort.

A l’extérieur, le vent se levait, un vent chaud qu’elle connaissait bien. Son regard autrefois porté dans le passé brillait d’une envie d’avenir et se laissa porter par le messager et guide des siens. De porte en porte, d’allée en allée, ses yeux rouges captèrent vite la crinière d’or de la lionne des sables. En douceur, Riheb s’approcha et devant la Reine, elle tendit sa main pour caresser sa joue puis s’accroupit pour lui offrir son sourire amical.

- Hoa, la nuit porte conseil et non des fantômes faisant luire tes yeux de douleur.

Digne, Hattusha ne laissait rien paraître mais cela serra le cœur de la Tammi sensible à cette image. Elle ne pouvait tout régler pour elle mais que Tammuz lui soit témoin, Riheb allait tout faire pour alléger le poids sur ses épaules et sa conscience. La guerre et la mort extirpaient si bien l’humanité en chaque mortel mais il n’allait pas forcer un soleil à se coucher avant l’heure. Surement pas tant que Riheb était vivante. Sa lettre montrait qu’elle avait des idées claires mais la Reine voulait les lumières de sa Hoa. D’abord sa personne puis un plan. Triste mine cachait un ciel gris, privant quiconque de sa lumière bienfaitrice.
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeSam 4 Oct - 14:25

She dreams on a frozen night. 23to4l4

    L'air frais de la nuit lui fit du bien, rendant son esprit plus lucide, plus concret. La fatigue des derniers jours et l'exposition aux quantités de souvenirs que lui rapportait l'académie avaient joué en sa défaveur, tentant de creuser en elle une faille dont elle ne voulait pas. La faiblesse était naturelle, mais rarement souhaitée et Hattusha détestait la faiblesse. Depuis toute jeune, on lui avait apprit qu’offrir son point tendre aux autres était une erreur. La jeune reine avait commencé par mettre ce précepte en avant avec une attitude insouciante mais forte, ne montrant aux autres que sourire et décontraction. Mais la guerre avait eut raison de sa joie de vivre et c'était aujourd'hui cachée derrière un mur de dignité, comme ce soir, que la fille d'Enkidu tentait de continuer à suivre les enseignements de son défunt père: ne rien montrer de ses tourments intérieurs tout en les sachant bel et bien présents. Parfois, c'était dur. Mais c'était toujours nécessaire.

    Parfois, certaines personnes mystérieuses sont prévisibles. Telle était Riheb car si elle était toujours là où l'on ne s'y attendait pas sans jamais faire le moindre bruit, la panthère silencieuse apparaissait souvent quand on s'imaginait qu'elle ne pouvait être là; pensée paradoxale. Hattusha ne fut pas étonnée de la voir venir à elle. Certaines personnes savent tout simplement trop bien comment vous fonctionnez, sans avoir besoin de vous connaitre outre mesure. C’était effrayant et rassurant à la fois. Riheb était de ceux-là. Une évocation, telle une magie ancienne et voici la Porteuse des Sables du Crépuscule dans son champ de vision comme on appellerait un esprit. La jeune reine aurait voulu se lever pour accueillir son amie mais cette dernière la devança, posant sa main sur sa joue si bien que la blonde n'eut plus aucun mouvement, se contentant de la regarder sans rien dire. Elle n'avait en effet rien à dire et préférait éviter de le prouver par de creuses paroles. Sa hoa avait le don agaçant de savoir la mettre à quia sans avoir à fournir le moindre effort. Était-ce une faiblesse de sa part? Cette femme intrigante lui avait sauvé la vie.

    Hattusha fixa la Roroa accroupie devant elle, visiblement gêné de cet écart de taille; elle était une jeune reine qui n'était pas à l'aise avec les choses protocolaires ou sa position de pouvoirs. Elle voyait un peuple, pas des sujets; elle voyait des amis et des frères et avait encore tant à apprendre pour être une souveraine efficace. Mise mal à l'aise, elle se releva d'un bond et prit la main de son amie pour la relever.

    "Relève toi", elle marqua une pause, regardant ailleurs, "je préfère quand tu es debout en face de moi. Je peux mieux te regarder."

    La Roroa offrit un sourire timide à celui amical de Riheb. C'était un peu stupide, l'excuse qu'elle avait trouvé. Du moins à son propre avis. Elle la garda un moment au bout de sa main, sans rien dire. Sa propre main, bandée du coude à la base des doigts, lui semblait bien plus grande que celle de Riheb et bien moins féminine.

    "Les fantômes nous parlent pourtant et il est bon d'apprendre à l'école de ceux qui ont rejoint le Feu", se contenta de dire Hattusha tout en regardant toujours les détails de la main de la jeune femme, la tournant un peu pour la détailler.

    Sa main dans la sienne lui sembla une bonne augure, presque troublante; elle n'avait pas vraiment envie de la lâcher et fixa Riheb en puissant un soupir, s'exécutant à contre-coeur. Ce genre d'élan ne lui ressemblait pas. La jeune reine chercha un peu sa contenance, se grattant l'arrière de la tête en regardant ailleurs. Riheb et elle parlaient par habitude Roroa entre elle, et les conversations semblaient plus fluides qu'avec les autres gens confrontés à celle qu'était devenue Hattusha, constamment possédée par l'idée de sembler digne et droite. Pourtant à présent, la jeune reine cherchait un peu ses mots: elle savait ce qu'elle allait faire mais n'avait pas les idées les plus claires qui soit, pour une raison qu'elle avait du mal à s'expliquer.

    "M... merci d'être venue, hoa. Tu sais lire dans ma tête. Je venais te voir encore une fois avant de partir, j'ai pris mes décisions."

    Hattusha remit sa cape en place de manière à ce que seule sa tête blonde en sorte, ne portant pas ses armes ce soir; elle lui semblaient bien trop lourdes en ce moment... la blonde retrouva cependant rapidement sa sérénité un peu morne qui faisait ses habitudes même si la présence de son amie lui avait tiré un fantôme de sourire. Tournant les talons, elle l'invita à une petit marche nocturne, puisque les pensées voyagent avec les jambes, aussi bien et vite si l'on prend le temps de la marche pour discuter. Elle aimait avoir les idées claires, même si ces derniers jours elle avait été un peu en léthargie; on lui excusera cette faiblesse. Peut-être pas les autres.

    "Dis-moi", commença Hattusha en tournant la tête vers le ciel noir pour contempler l’œil cyclopéen formé par la lune pleine braquée sur elles, "ton père, qui est-il? C'est le chef de la tribu? Il a commis un crime envers ma tribu, et je dois aller le voir. Surement l'affronter, mais si je gagne je ne le tuerai pas. J'ai tué bien assez de frère et je ne veux pas faire couler ton sang."

    La question pouvait sembler saugrenue mais le regard détaché d'Hattusha laissait présager qu'elle était aussi sereine que sérieuse sur le sujet. Elle devait châtier l'assassin de son père, mais en bonne intelligence. Et la bonne intelligence commence par la connaissance de son opposant. Se rendant compte qu'il manquait quelque chose d'essentiel dans sa conversation - la reine avait parfois tendance à mettre ses objectifs avant toute autre chose - elle tourna la tête vers Riheb.

    "Et toi?", elle hésita un instant, "et L’Éternel, comment vous sentez-vous? Vous avez beaucoup fait pour moi. Vous avez beaucoup donné et...", encore une fois, elle chercha ses mots, plus longtemps encore que précédemment, "... j'aimerai vous rendre ce que vous m'offrez."

    Elle sourit faiblement, comme sourit une personne qui n'aime pas le faire mais qui en meurt d'envie; comme si sourire lui faisait mal au visage, les yeux simplement fermés sur ses pensées étranges, mais qu'elle en avait envie et besoin.

    "J'aimerai vous offrir la paix", son sourire s'élargit un peu, révélant sous la croute à peine cicatrisé une Hattusha d'antan, celle qui avait grandi entre les murs de Lindorm et était morte en parti avec Aldo Ortega, "c'est un peu prétentieux, je sais. Pardonne à ta reine, elle est encore jeune et bête."
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeSam 4 Oct - 22:47

Deux miroirs face à face. Dans leurs reflets se réfléchissent de multiples possibilités. Certes, elles ne faisaient pas partie de la réalité et cette multitude de courbes et d’angles arrivaient parfois à en donner le tournis mais c’était ainsi que l’on pouvait se regarder dans des points de vue distrayants, effrayants, vertigineux et Ô combien enrichissants. Riheb aimait tant se noyer dans le regard d’Hattusha qu’elle arrivait à trouver leur réalité acceptable même si tout semblait enveloppé dans une brume de mystère : jeux de pouvoir, souvenirs languissants, lettres anonymes et avenir incertain. Feu leur roi Enkidu savait ce qu’il allait léguer à sa famille et à son peuple ? Non. Personne ne pouvait être sûr des conséquences à rompre la chair juste pour défendre un idéal. Roroa. Wyrm. Armée. Même combat.

A ce moment, femme et amie. Même combat. Deux fronts. Ce serait leur dernier soir jusqu’à leur séparation, où tout se décidera, les derniers conseils avant la lutte.

Au milieu des rues habitées d’animaux, de gardes et de claquements sur le pavé, deux femmes se faisaient face, se souriaient, se parlaient, se comprenaient, se touchaient, main d’une Tammi dans cette d’une Annunaki, l’une constellée de cals, de lézardes cruelles et de bandages prévenants. L’autre moins noire, plus douce, des phalanges qui ne connaissaient que la rugosité du sable noir.

Chacune ses armes.

- M... merci d'être venue, hoa. Tu sais lire dans ma tête. Je venais te voir encore une fois avant de partir, j'ai pris mes décisions.

Après avoir salué des surveillants s’enfonçant dans l’académie, Riheb suivit de près Hattusha, hâte d’entendre ses plans et si besoin lui être utile.

- Je t’en prie. Plus qu’un devoir, un plaisir, Hattusha.

La Tammi ne saurait dire qu’est-ce qui la troublait en sa personne pour rendre confus sa reine. Sa curiosité allait peut-être trouver satisfaction plus tard. Place au sérieux concernant les Te-Kaipara. Les farouches, fiers et solitaires Te-Kaipara.

- Il était un Annunaki avant de devenir un Dvapara aux côtés de ma Tipuna, il y aura sûrement conflit mais lui lancer un défi pour régler une bonne fois pour toutes les querelles entre Te-Roroa et Te-Kaipara au duel, il répondra à l’affirmative pour ne pas passer pour un faible. Je te conseille d’ordonner des arbitres des deux clans : mon Tuakana et le tien, il parait qu’il apprécie la virilité sous toutes ses formes et ainsi, ils se répondront dans le calme et le respect.

Son grand frère, un homme fort, grand, sage. Une vraie montagne au milieu de vents hurlants mais qui jamais ne se ploie devant eux.

- Par contre, n’amène pas Moana. Non seulement ça lui fera mal mais cela contrariera beaucoup des pères et des mères Te-Kaipara de voir celui qui a sali le corps de leurs filles nées du feu.

Et tu dis cela dans un ton si serein… chuchota Maenoîllabent, le cœur lourd.

Les grains se sont déjà écoulés, Tuakana. Je ne peux les renverser et même si je le pouvais, je ne le ferai pas, lui répondit en douceur sa dragonnière, tentant de garder son esprit clair.

- Ca sera difficile, long mais pas impossible, Hoa. Disons qu’en montrant que tu respectes l’Annunaki qu’était mon Tipuni, il se posera des questions mais cela renforcera le respect de mon Tuakana envers toi. Prie Tammuz avant le combat et les anciens vont chanter de concert car rien n’est plus important que Son nom.

C’était comme du papier imprimé, sentant l’encre fraîche sur son support, cela déroule, découle, roule…

- Il a une ancienne blessure au flanc droit, ne la vise jamais. Non seulement il saura que tu as observé ses mouvements mais que tu ne touches pas à son point faible, respectant son expérience passée…

Telles les oscillations des premières gouttes de pluie, Riheb se sentait sol et non humaine. Elle continua dans ses mots dévalant de sa langue comme une horde de gnous déparaillés mais sûre de trouver refuge au loin…

- Exprime toute ta grâce dans ta danse et tu gagneras le cœur des plus jeunes. Ils seront impressionnés. Petit à petit, ne dévoile pas tes précieuses bottes dès le début. Montre à tous le feu grandissant mais sûr coulant dans tes veines.

Son sang pulsait si vite, son cœur s’emballait tellement que Riheb ralentit sa marche, son regard cherchant des ombres connues que d’elle.

- Le chef ploiera, tu t’empareras de sa lance et embrasse chaque plume ornant la fixation de la lame. Une pour la mère, une pour la sœur, une pour la femme. Elles appartiennent à chaque femme ayant eu une importance pour lui. Tu te souviens de l’histoire de l’Annunaki paria dont je t’ai parlé ? C’était sa grande sœur, autant dire qu’il ne pardonne pas aux Pakehas de l’avoir arrachée de sa tribu.

Loin. Plus loin.

- Une chose encore. Lorsque tu iras à Hemi-Tipene, prend un objet représentant Tammuz et tu le donneras au doyen Te-Kaipara, le père de feue ma mère. En faisant ainsi, tu le choisiras garant des traditions à donner aux générations futures et s’il chante des prières, c’est qu’il te reconnaîtra en qualité de chef.

Stop.

Riheb inspira par le nez un bon coup, sourit, heureuse que le malaise soit passé. Ce n’était peut-être que la manifestation de ses propres informations et de surmenage. Il était envisageable de prendre un peu du recul pour donner le meilleur d’elle-même pour les cours à venir et sinon aller consulter l’infirmière. Dans le pire des cas. Comme un écho à ses doutes sur son état de santé, Hattusha posa la question.

- Maenoîllabent est plus inquiet pour Shamaash que pour lui-même. Il est très âgé donc il ne peut réellement pas s’en empêcher. Quant à moi…

Riheb se mit à rire joyeusement de façon soutenue en secouant un brin la tête comme si elle venait de se rendre compte de quelque chose d’important.

- …je m’inquiète plus pour toi que pour moi. Je ne doute pas. C’est juste étrange, nous venons de nous connaître mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir concernée par toi. En qualité de personne, aucun rapport avec ton statut de reine, avoua la Tammi tout sourire, heureuse d’avoir gagné une vérité on ne peut plus précieuse.

Enfin, un rayon de soleil de minuit éclaira le visage de son amie, timide mais c’était toute la valeur de cette rareté offerte à elle et elle seule. C’était si doux que Riheb ria un peu plus, toute contente de ce moment complice dans ce qui ressemblait à des adieux.

- J'aimerais vous offrir la paix, c'est un peu prétentieux, je sais. Pardonne à ta reine, elle est encore jeune et bête.

Sans réfléchir, Riheb prit Hattusha dans ses bras très fort en faisant attention à son bras bandé en embrassant la joue de la lionne creusée par tant d’efforts juste pour vivre, crier son envie de revenir parmi les vivants, clamer la vérité sur son sort et restaurer la force de son peuple. En douceur, la Tammi se sépara de son amie pour contempler son visage, ne jamais oublier ce moment pour s’en gorger à chaque fois qu’elle aurait une pensée pour elle. Se souvenir d’un lien puissant et soudain entre elles en plus des fils du destin qui se nouaient à chaque geste accompli par l’épée ou par l’enseignement.

Soudain, son regard rougeoya d’un coup, ses jambes se dérobèrent, ses yeux cherchaient à se fixer sur le visage d’Hattusha.

- Ranginui…est dans la pluie… réussit-elle à expulser hors de sa poitrine.

Une pluie ? Quelle pluie ? Quand ? Un jour avant ? Plus tard ? Une semaine ? Un mois ? Pendant la découverte des ruines ? Pendant la rencontre ? Dans le creux du désert, de la pluie ?

Est-ce donc ces armes que des dieux voulaient lui donner ? Des instants posés dans un espace et il fallait forer si fort et si vite pour y parvenir ?

Etait-ce ça la condition de Tammi depuis le début ?

Riheb !!! scanda Maenoîllabent paniqué.

Les yeux clos. Le noir complet. Les plaintes de Maenoîllabent et de…
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeLun 6 Oct - 16:17

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    Il y avait en Hattusha une sensation vertigineuse qui aurait du lui déplaire mais qui la laissait simplement sur le carreau comme un animal blessé qui lèche ses plaies le temps de se remettre. Au delà de leur discussion entre une Tammi et une Annunakû, entre une reine et son sujet, il y avait la discussion de deux femmes qui étaient rapidement enclines à devenir amies et pour la jeune monarque, à dissoudre le plus rapidement du monde la couture qui pouvait les joindre. Elle sentait en Riheb les germes d'une amitié particulière, comme elle n'en avait jamais eu encore. Elle lui faisait confiance, le plus aveuglement du monde. Mais Hattusha malgré son air sévère était une femme aussi naïve qu'elle n'en avait pas l'air. C'était fort, loin des accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle les âmes s'entretiennent. Elle avait pour l'autre Roroa une considération aussi spéciale que fulgurante dans sa rapidité de naissance, et pensant à ce fait elle parvint enfin à mettre le doigt sur ce qui la troublait en Riheb: la facilité avec laquelle la Tammi avait gagné respect et amitié, et touché son cœur. Pourtant, si l'on avait pressé la jeune reine de dire pourquoi elle l'aimait, elle n'aurait pu l'exprimer. Tout au mieux aurait-il dit "parce que c'est elle". L'amitié dort et attend de nous surprendre partout, et la vie ne nous donne que rarement ce que l'on veut, mais souvent de dont on a besoin. Hattusha savait bien cela.

    Il était rare qu'on appelle la Roroa par son prénom. Elle avait été "Beppe" à Lindorm et on lui donnait à présent du "ma Reine", "ma Liberté", "ma Sœur". Shamshu Inanna, Hattusha-Zababa. Rarement simplement Hattusha comme le fit Riheb et entendre cela lui causa un nouvel éclat dans le ventre, comme si elle avait gobé des papillons qui à présent refusaient de mourir dans son estomac. La jeune femme rougit malgré elle, sans s'en rendre compte puis retrouva sa flegme en inclinant la tête vers son hoa pour l’écouter parler de son père. Le duel serait surement l'idée la plus honorable: les Roroas respectent la force, les Te-Kaiparai encore plus que les autres. Eresh ferait un bon arbitre, car malgré son tempérament frondeur il était un homme qui était bon et juste, et ses emportements avaient souvent la passion de la droiture. Cependant, à l'écoute de ce que lui dit Riheb sur son petit frère, le visage d'Hattusha se décomposa sur place, prouvant à Riheb qu'elle n'était absolument pas au courant des extractions de Moana.

    "Il...", elle resta bouche sèche, ses yeux verts luisants d'incompréhension, "il a..."

    Moana avait cédé à sa haine et avait souillé le corps de filles Te-Kaipara. L'aînée des Te-Roroa resta silencieuse, pâle et affectée. Son regard redevint inexpressif mais se para d'une note voilée, respectueuse du discours de Riheb et concentrée dessus mais perdue dans une colère muette, serrant si fort les poings que ses phalanges en blanchirent d'un coup, frottant le tissu léger du bandage de manière sonore.

    "Je le prierai. Et j'ai toujours respecté ceux qui m'ont précédé, ennemis ou pas. Peut-être même que j'ai plus respecté mes ennemis que mes amis...", dit-elle avec une note d'amertume, se taisant pour laisser sa hoa continuer à lui dispenser ses conseils qu'elle trouva avisés et qui résonnaient facilement en elle.

    Elle hocha la tête en entendant parler de l'ancienne blessure; elle n'aimait pas profiter des points faibles de ses adversaires et ne présumait pas d'une hypothétique victoire contre le père de Riheb; simplement ne savait-elle pas se qui se passerait mais donnerait-elle le meilleure d'elle-même, comme elle devait le faire. Nul chose à dire: son regard parlait pour elle et chantait toute sa détermination, son respect des anciens, son envie d'en terminer avec cette guerre tribale mais aussi sa colère envers son frère cadet. Remarquant que la Tammi parlait vite, Hattusha s'approcha un peu, fixée sur son souffle et ses conseils. Elle semblait fatiguée. Les deux jeunes femmes ralentirent leur rythme de marche et Hattusha fixa son amie.

    "Une pour la mère, une pour la sœur, une pour la femme"
    , répéta-elle, trouvant cette idée très... romantique et agréable. Puis, lorsque sa hoa lui rappela l'histoire de l’Annunaki paria, "oui je m'en souviens."

    Elle comprenait certaines choses, à présent. Les Pakehas avaient commis beaucoup de crimes sur l'autel de la différence, autant que les Roroas avaient répandu le sang sur ce même autel. Finalement, chacun n'était rien qu'un humain: des créatures faillible pleine de passion; elle-même en était pleine. De passion, de colère, de fureur qui se taisait sous la glace de son visage faussement calme. Ses poings serrés en attestaient alors qu'elle sentit quelque chose entre ses phalanges, gênant sa poigne: elle s'était ouverte et le sang tâcha le bandage au niveau de sa paume; ce n'était qu'un détail. Mais c'était sur les conseils de Riheb qu'elle focalisait son attention, sur le plus important. Sur l'objet représentant Tammuz, sur le doyen Te-Kaipara; sur l'objectif du respect et de la paix. La jeune reine hocha positivement de la tête encore une fois,s ans rien dire: il n'y avait rien à ajouter et elle prenait les précieux conseils pour les emmener avec elle, tout comme la voix de sa hoa qui resterait à jamais dans son cœur, là dans les moments difficiles pour la soutenir même quand elle ne serait pas là physiquement. Elle se sentait si proche d'elle et ignorait quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union, était en marche.

    "Je ne savais pas pour mon frère", dit-elle enfin d'une voix lugubre, ayant attendu que Riheb lui ait donné tout ses conseils, "je verrai pour le châtier avec intelligence pour la souillure qu'il a commis et qui est indigne non pas que d'un Dvapara, mais aussi d'un homme."

    Elle grondait sourdement, la grande lionne affamée de justice, réclamant avec neutralité la justice pour tout un chacun. L'honneur de ses proches était important mais dans son caractère résidait une neutralité, une impartialité qu'elle savait importante pour un souverain.

    "Je verrai avec les familles. Je le corrigerai moi-même. Il vous donnera autant d’enfants qu'il a osé souiller des vôtres et si aucune d'entre elles ne désire user de lui, il donnera ses enfants premiers nés, mes neveux et mes nièces."

    Cela lui semblait bonne mesure, intelligente et sans violence. Il donnerait ce qu'il avait volé, il baisserait la tête et accepterait l’humiliation qu'il avait fait subir, à son tour. Savoir ce que cela fait d'être utilisé, peut-être; elle ne savait pas. Mais cela prouvait qu'Hattusha songeait à la fierté de tous les Roroas. Cela n'avait rien à voir avec Riheb avec le statut de Moana, avec de la compassion féminine. C'était l'idée de la justice d'une jeune lionne qui cherchait de nouvelles solutions à des problèmes vieux comme le monde; l'homme viole la femme, tue l'homme, abandonne les enfants. De toutes cultures. Un guerrier Roroa ne doit pas imposer la souillure, il doit être digne et fier comme le Feu. Moana devrait accepter de subir ce qu'il avait fait subir pour retrouver le droit d'être un Dvapara. C'était tout. Cette histoire animait en elle une autre Hattusha, celle qui cherchait à se cacher derrière la flegme et la dignité. Elle exprima sa nervosité par le nez, presque en même temps que Riheb. Savoir Maenoîllabent au fait de Shamaash allégea son cœur comme son humeur et elle retrouva un visage plus serein, moins sombre. le rire de Riheb la surprit et elle resta bouche sèche un instant; il était si clair et beau qu'il laissa une marque en elle. Il était si vrai.

    C'était étrange en effet, puisqu'elle venaient tout juste de se connaitre dans des circonstances extrêmes qui parfois accélèrent les choses. Elle adressa un sourire timide à Riheb, se sentant soudain soulagée de toutes se tensions, libérée de son fardeau. Leur discussion soufflait des chauds et des froids paradoxaux et ressemblait à un mélange entre les au-revoir deux deux amies d'enfance comme les plans de deux femmes dans le même camp; Hattusha ne savait quoi en penser, fixée au visage fin et délicat de sa hoa. Elle savait que sous la féminité de ses traits, Riheb était surement une guerrière redoutable comme le sont tous les Roroas. Elle l'imaginait subtile et silencieuse comme les animaux de la nuit; les loups et les rapaces du désert qu'on entend uniquement quand on meurt. L'idée la séduit alors totalement, achevant de développer en elle une admiration ambigüe pour son amie qui se devinait sur son visage au sourire de plus en plus naïf, se sentant considéré comme femme au delà de reine par une égale. Un rayon de soleil en pleine nuit. Son sourire était doux comme le miel, la plus belle récompense qu'Hattusha ait eu depuis bien des années et il ouvrit son cœur en deux comme une pomme: les fruits ne savent pas se défendre.

    Mais avant qu'elle n'ait pu dire ou faire quoi que ce soit, voilà Riheb qui la prit dans ses bras, la serrant contre elle. Et par Tammuz, par le Feu, par tous les dieux qui siègent dans la mer, sur terre et dans les cieux... par les divinités de la nuit, du jour et de tout ce qui peut se trouver entre... quelque chose céda en la jeune reine, se tordant et se retournant pour lui arracher son souffle. Elle manqua de s'étouffer, sentant une chaleur terrible dans tout son visage, tout son corps. Ses bras restèrent à moitié levé, à moitié ballants et elle ne sut quoi en faire, mise à quia et triturée d'émotions incompréhensibles tandis que la seule pensée rationnelle qu'elle comprit fut celle de prendre Riheb dans ses bras, bien maladroitement. Son amie, son hoa. Elle n'avait qu'une envie, c'était de la remercier de ses conseils, de ses rires et... non, sa seule envie était de la serrer contre elle. C'était semblable à de la faim, à de la soif.

    Si on la pressait de dire pourquoi elle aimait tant Riheb, elle n'aurai su quoi réponse. C'était son amie; sa hoa: celle qu'elle cherchait avant de l'avoir vue. Elle se trouvait si prise, si obligée par la Tammi... Hattusha ne savait par quelle quintessence elle arrivait à se mélanger à elle, mais le fait était bien là, lui prenant tout son air,prenant toute la place en cet instant où elle aurait voulu se montrer digne et droite, amie distante et sérieuse. Au lieu de quoi elle se retrouva comme plus nue qu'au jour de sa naissance, en train de se débattre avec un sentiment affreusement gênant et incompréhensible. Le baiser qui échoua sur sa joue était doux comme le miel mais lui offrit quelque chose de bien singulier, surement loin de ce que Riheb imaginait d'elle. Il la laissa comme sur le carreau, avec les viscères nouée et lorsque Riheb s'éloigna doucement d'elle, la Roroa ne peut qu'exprimer toutes ses complexités comme un livre ouvert, un bras ballant dans le vide entre elles deux. Comme elle se sentait bête en cet instant. Comme en aucun autre. Hattusha aurait voulu offrir plus de dignité en face de Riheb mais cette dernière venait d'ouvrir une porte vers l'inconnu pour la jeune reine.

    Le chaud et le froid; courant ascendant et descendant l'un après l'autre qui perdit complètement la blonde soudainement en proie à de multiples pensées en voyant Riheb perdre pieds vers une attitude qu'elle ne comprit pas, encore embrouillée elle-même par le geste passé. Ranginui, le Père Ciel... d'un geste leste, elle se saisit de son amie dont les jambes se dérobaient sous elle, la maintenant avec fermeté et maladresse à la fois.

    "Riheb!!", hurlât-elle, faisant involontairement écho à la voix télépathique de l’Éternel dans l'esprit de la Tammi, qu'elle ne pouvait elle-même entendre.

    Son cri alerta les deux surveillants précédemment croisés mais la jeune reine, saisissant son amie à bras le corps pour la soulever dans ses bras, les invectiva un peu sèchement:

    "Partez!", gronda la lionne, le regard mauvais autant qu'il semblait aux abois. Elle était sur la défensive bien involontairement mais il sourdait en elle quelque chose de complètement aléatoire.

    Les deux hommes tournèrent les talons tout en parlant d'aller chercher l’infirmière mais déjà Hattusha les avait remisé dans son esprit, transportant sa hoa sur une bande d'herbe fraiche pour l'allonger sur sa cape qu'elle avait retiré et déposé au sol, s'accroupissant devant elle sans savoir trop quoi faire, malgré l'illusion de contrôle qu'elle aurait aimer donner, attendant que Riheb revienne à elle. Peut-être était-ce Ranginui qui lui avait parlé et qu'elle avait cédé sous la force de la vision... ou l’épuisement de leur traversée où elle avait poussé son corps si loin. Elle ne savait pas; ne pas savoir l'angoissait mais elle tâta le pouls de la Tammi et le trouva sans problème, ce qui la rassura un peu. Mais l’inquiétude peignait à présent les traits de la jeune reine dépassée par la situation et ses marasmes intérieurs. Elle baissa les yeux sur les longues plumes de Ganga qui battaient à sa ceinture, et qu'elle aurait voulu offrir à son amie pour la réhabiliter dans le peuple. Ou pas, dépendant de la volonté de Riheb.

    Hattusha préféra attendre un instant pour voir ce qui allait se passer avant de courir comme une dératée dans tout les sens et perdre sa mesure à chercher partout l'infirmière. Elle était encore chamboulée de beaucoup de choses dans cette situation et laissa son amie se remettre un instant avant de prendre une décision rapide; s'il valait la veiller, elle la veillerait. Ici ou dans sa chambre, ou à l'infirmerie, ou partout ailleurs. Elle resterait à ses côtés, la maintenant dans ses bras en l'enroulant dans sa propre cape pour prendre soin d'elle sur le moment.

    "Riheb?" l'appela-t-elle en prenant une grande inspiration, "In... hoa... tu m'entends? Par Tammuz, répond-moi si tu m'entends..."
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeMer 15 Oct - 0:04

« Tu n’as jamais eu d’amis ? »

Non. Je n’ai besoin que de mon peuple dans mon cœur.

« Et cela ne te gêne pas ? »

Le désert est-il gêné par les vents qui sculptent ses dunes ?

« Ne voudrais-tu pas un ami ? »

Comme le désert parfois aspire à la pluie.

« Et plus qu’un ami ? »

Suis-je réellement destinée à être liée ?

« Tu évites les questions que tu ne veux soulever. »

J’ai peur qu’un jour, mon devoir me demande de sacrifier mon amour, ce que j’aime, ce que j’ai toujours connu. J’ai commencé. Je continuerai.

Telle est la voie de celle qui accompagne le héraut. Celle qui fera battre le cœur de mon peuple.

Notre peuple.


« Vérité en deçà des Monts Cendrés, erreur au-delà. »

Nicodemus ?

« Qu’as-tu vu dans son visage ? »

Elle est perdue mais résolue. J’ai vu de la colère et de la tristesse. J’ai parlé vite, trop. J’ai vu les sables, chaque grain s’écouler… Si vite… Si vite…

« Ma…tr…ve…Moa…ite… »

Nicodemus ?!

Trop vite. Trop vite. Trop de mots. Trop d’émotions. Trop de sang pompé, injecté, utilisé. Et les sables s’écoulent.

Dans un monde coincé dans un crépuscule sanguin, le sable vit, sous lui croulent des âmes perdues gardées par la Dame sans pitié. Ils pleurent, chantent, crient, prient. Non pour leur salut.

L’aube noire.

Ils préviennent. C’est la seule chose à faire. Et s’ils doivent faire hurler de terreur la Tammi qui est arrivée jusqu’à eux. Tant pis. L’âme n’a plus de langage, plus de patrie, plus de racine.

Seulement une conviction.

L’aube noire arrive.

Les Tammû ne connaissaient pas le repos.

Juste…

RIHEB !

Tuakana ! Hoa Innana !

L’aide était si difficile à demander. De l’air. De l’eau. Une main.

Tout-à-coup, Riheb se sentit légère, un rien pouvait la faire quitter ces visions si sombres. Grain par grain, un nuage l’extirpa hors de cette terrible frontière entre mort et vie, songes de folie, sérieuse prophétie.

Quoi qu’il en fût, quelqu’un l’attendait là-bas, au-delà de la voute céleste encastré au sommet de son crâne, dans le monde vivant, Hattusha. Cette chaleur qui dessinait si bien ses contours jusqu’à même un sourire empli de grâce et de reconnaissance ne pouvait venir que d’elle.

« Tipuni ? Pourquoi ces plumes ? »
« Une pour la mère qui est retournée au Feu, une pour la sœur que j’aimerais pour toujours et une pour la femme qui éclaire ma vie. »
« J’aurai les mêmes plumes un jour ? »
« Oui car si l’homme a le pouvoir d’assombrir ou étendre l’horizon, la femme a le pouvoir d’éclairer l’âme la plus noire du monde. Homme ou femme, il y en aura toujours une dans ta vie. C’est pour ça qu’on se marie à trois. »


Plus près…

« Pourquoi tu n’as que Tipuna ? »
« Car la sœur est loin et proche à la fois. »


Presque.

Les yeux s’ouvrirent d’un coup sur une Hattusha désemparée, quelques coups d’œil à droit et à gauche, elles n’avaient quasiment pas bougé. Ses doigts, ses orteils répondaient. En douceur, elle se mit assise comme lors d’un éveil d’un cauchemar.

- Je…tout va bien, Hattusha.

Si tu veux t’isoler, c’est maintenant, conseilla Maenoîllabent inquiet au loin.

- Partons, nous nous faisons trop remarquer. Il y a un endroit à Laragon. On sera tranquilles…

Avec prudence, Riheb se remit sur pied avec l’aide d’Hattusha. Etrange. Pas le moindre sentiment de malaise ni d’étourdissement. Elle allait voir bientôt l’infirmière car son corps n’allait pas tenir à ce rythme. Elle prit par la main sa hoa, se voulant rassurante mais après un véritable raz-de-marée d’émotions, elle ne pouvait lui demander trop.

- J’ai vu quelque chose. Dans le monde d’Hine-nui-te-uira.

Et puis, avant qu’elle ne parte, autant lui montrer un endroit spécial.

Redescendant les rues de Laragon dans une allée pavée de pierres claires, une petite maison s’enfonçait dans un cul-de-sac, tel une découverte dans un labyrinthe, les murs étaient tapissés de lierre et de chèvrefeuille qui s’endormait de plus en plus à l’approche de l’automne. Deux étages, une porte et des volets fermés en vert forêt où s’effaçaient des arabesques safran. Ici dénotait l’amour des arbres de Keven et des sables de Narthan. Ici avait vécu un professeur émérite. La porte n’était point fermée, cedant dans un crissement de bois qui travaillait avec les embruns iodés de l’île portés par les courants.

- Ça n’a jamais été fermé ici, à sa vie comme à sa mort. Ici a vécu et chu Nicodemus, mon très estimé mentor.

Comme à son habitude, dès l’entrée, une petite table présentait une bougie dans son socle et un percuteur à silex qui était prévu pour un mousquet. Il n’était guère contre la technologie mais il aimait faire trimer un peu ses visiteurs nocturnes. S’ils n’avaient pas de raisons valables, ils avaient tout intérêt à connaître ses manies pour trouver l’entrée de la cave ou l’escalier amenant au secrétaire. Avec prudence, Riheb amena Hattusha au salon pour illuminer une pièce seulement pour la nuit. Le reste n’avait pas d’importance. Un salon qui communiquait avec une petite bibliothèque. Il aurait été typiquement Narth si l’ancien propriétaire n’avait pas inclus quelques peaux de moutons qui trahissaient son amour pour les tentes roroas et les basses cours Saabis. Quelques petites tables étaient disposées pour laisser le centre libre pour laisser les allers venues se faire comme il plaisait à qui voulait comme la libre circulation d’idées entre tous les invités.

Aucune élégance digne d’une élite des Territoires, juste un salon pour tous.

Regroupant les peaux de moutons, il y en avait assez pour installer les deux Roroas dans une atmosphère de calme, fait pour recentrer les idées et dominer les émotions. Un endroit parfait pour Hattusha.
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Message She dreams on a frozen night. I_icon_minitimeVen 24 Oct - 18:11

She dreams on a frozen night. 23to4l4

    Voir Riheb rouvrir les yeux si tôt conforta Hattusha dans un calme de façade. Laissant le temps à sa hoa de reprendre conscience et totale possession de son corps sans rien dire ou sans chercher à la gêner durant l'opération, la Roroa se contenta de hocher la tête pour marquer son consentement sur l'idée d'une retraite discrète et aida Riheb à se remettre sur pieds en l'assistant sans s'imposer. Lorsque cette dernière lui prit la main en se voulant rassurante, ce fut d'instinct la jeune reine qui imposa l’élément de solidité, comme si elle voulait lui dire qu'elle pouvait un instant baisser sa garde et qu'elle la soutiendrait sans faillir; tout cela se passait de mots: les vrais amis dans la tradition Roroa se passent volontiers de paroles. Et lorsque Riheb lui dit avoir vu quelque chose en les sombres voile de la Grande Dame de la nuit - ce qui n'était pas une formulation très rassurante quand on savait combien les Roroas craignaient cette déesse - elle se contenta de rester silencieuse et de suivre son amie. Le temps des révélations viendrait dans l'intimité d'un autre endroit, connu de Riheb seule.

    Les deux jeunes femmes louvoyèrent dans le Larragon nocturne, plus secret qu'il n'avait l'air de prime abord. Au fond d'un cul-de-sac hanté de lierre faiblissant sous la force naturelle de l'arrivée de l'automne, l'entrée d'une toute petite maison les accueillit dans une humilité naturelle et des plus simples. Hattusha avait suivit sa hoa fermant par réflexe la petite porte derrière elle pour rester un long moment silencieuse et s’imprégner de la senteur boisé et chaleureuse de la maison de feu Nicodemus, professeur de Survie qu’elle avait jadis connu. Sa demeure lui ressemblait, à son humble avis, jusque dans les touche émeraude et safran, jusque dans le souvenir d'odeurs désincarnées. La lumière naturelle d'une bougie chancelante éclairait la pièce d'une lumière ambrée, agréable aux yeux et la jeuen reine suivit RIheb sans dire un mot, admirant le lieu. Quand elle ne disait rien, Hattusha ne signifiait jamais qu'elle n'avait rien à dire: elle était une femme respectueuse et dédié et son expression dans la semi-obscurité montrait combien elle estima l'endroit, se recueillant en silence sur le souvenir de Nicodemus. Et sur le reste, elle n'avait rien à dire puisque le respect se passe de parole.

    Narth, Kevii, Roroa et Saabi se confondaient en cette étrange demeure pourtant si chaleureuse où Riheb l'avait entrainée. Rassure de voir Riheb agir, Hattusha l'aida cependant à réunir les peaux de moutons dans le salon, lui signifiant par là qu'elle devait faire attention et ne pas s'épuiser plus que de raison. Elle lui laissa sa cape, ressentant la fraicheur de l'air du soir comme un bien et si elle avait eu froid, elle ne l'aurait pas dit. Question de principe. S'installant aux côtés de son amie en s'asseyant en tailleur de manière peu féminine, la jeune reine lui dit sur un ton doux:

    "Nous sommes au calme, explique-moi maintenant", elle la regarda un long moment sans rien dire avant de saisir délicatement le bout des doigts de la jeune femme, cherchant du pouce un point de pression permettant de la détendre un peu, "Je te veillerais cette nuit, je partirai aux aurores."

    Hattusha sourit faiblement et haussa vaguement des épaules; elle n'était pas la femme la mieux indiquer pour prendre soin des autres mais sa volonté de s'occuper de son amie comme cette dernière avait prit soin d'elle était bien là, tenace et incandescente. Elle était bornée à ses heures perdues et c'était là son moindre défaut. Peut-être Riheb se serait-elle soulagé d'un thé brulant mais elle n'osa lui demander si elle pouvait prendre ses aises en cuisine pour s'en occuper, songeant que la Tammi voudrait peut-être d'abord lui parler de ses révélations avant de prendre soin d'elle: elle était finalement du même feu, toutes les deux.

    "Je resterais, quoique tu en dises."

    Et si Hattusha avait encore un peu les esprits confus des impressions que lui laissait l'autre Roroa, elle n'en montra rien, se composant son habituel masque neutre et confiant, aussi digne qu'elle tentait de l'être.

    "Si ça ne va pas, ne te tortures pas plus. Tu as donné beaucoup sur le voyage et je vois bien que tu es faible", elle baissa la tête en marmonnant quelque chose avant de continuer à haute voix, "je dormirai avec toi cette nuit, pour te tenir chaud."

    La reine se racla la gorge, soudainement prise d'un éclair de timidité avant de reprendre ses esprits pour laisser la Tammi lui parler du sujet qui était le plus important pour elles... les révélations, n'est-ce pas?
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