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A chaque seconde, un peu plus... [Fergy]

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Professeur
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Ivar Björnulf
Ivar Björnulf
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeLun 22 Sep - 12:33


Chaque minute, chaque heure. Changées en mois, puis en années. Longues errances troubles. Parfois, c'était supportable. Parfois, simplement insupportable. Fièvre et délires, le corps brûlant du manque, comme ces hommes qui abandonnent leur raison, il criait son nom sans un bruit dans la solitude nocturne. Regarde-moi, sois fier de moi. Moi, j'ai si terriblement besoin de toi...

Il regardait par la fenêtre de sa chambre d'hôtel, la nuit étendue sur Laragon. Il aimait voir le ballet des hommes ivres, aux bras des filles de joie, respirer les relents de mauvaise bière. Il sentait palpiter en lui un manque abyssal, profond comme la mer. L'odeur saline de l'océan tout proche rajoutait au charme de l'endroit. Ce n'était qu'une taverne qui louait des chambres à la journée. La bière n'était pas plus mauvaise ici qu'ailleurs, et les lits étaient propres. C'était un vrai palais. Les rumeurs des discussions de la salle lui parvenait à travers le plancher. C'était un palais pour un homme comme lui, grouillant de vie, à contrario de son palais glacé du Nordheim. Un manoir vide, où les domestiques passaient et repassaient inlassablement pour chasser le moindre grain de poussière qui pourrait trahir que l'endroit était déserté depuis si longtemps.

Il préférait sa tente d'officier, lors de leurs campagnes et le bruit régulier de la vie du camp autours de lui. Ou bien l'agitation du QG. Accoudé à sa fenêtre, inspirant l'air nocturne jusqu'à être ivre de cette impression étrange de désoeuvrement, corps tendu et noué, il laissait la brise marine du port juste en face agiter ses longs cheveux lâchés jusqu'en bas de ses reins. Lourde masse d'or, qui adoucissaient son visage une fois libérés de la fonctionnelle queue de cheval. Il se prit à soupirer. C'était idiot. Il n'était pas une adolescente transie. Et pourtant, au travers du balais des marins, il guettait sa venue, le cœur mordu, empoisonné de l'envie de le voir, de lui parler, de le toucher. s'assurer qu'il allait bien, qu'il était là, bien réel, toujours vivant.
Deux ans. Deux ans. Comment pouvait-il seulement tenir une seconde de plus, une simple minute ? Le besoin de lui, de sa présence, de son autorité placide... Il n'était jamais que le gamin d'autrefois qui se débattait à présent avec ses ambitions d'adulte. Une vie responsable et rangée, des aspirations glorieuses. Et eux, dans tout ça ? La vie ne faisait que les éloigner. Il avait failli donner sa vie pour une femme et il ne lui pardonnerait jamais : et lui alors ? Y avais-tu pensé, Fergus ? Avais-tu pensé sous le feu du Wyrm que je mourrais si tu n'étais pas là ?
Quel sens donnait-on à la vie, lorsque l'être qui vous a forgé et pour lequel on se débat dans un monde impitoyable n'était plus ?

Sombres pensées. Dangereuses pensées. Il ne pouvait pas lui pardonner, lui qui avait tant pleuré, tant souffert, en lui tenant la main durant des semaines. Lui qui n'avait jamais éprouvé plus terrible émotion que lorsque Fergus avait de nouveau ouvert les yeux. Il était resté si longtemps à son chevet, incapable de revenir à la réalité, perdant l'appêtit et la raison. Il n'était qu'un idiot sans but sans lui. Et c'était peut-être la terreur abrupte de la réalité de ses sentiments qui l'avait forcé à s'éloigner tout ce temps. Espérait-il se sevrer de lui ? C'était idiot ? Son absence ne rendait les retrouvailles que plus vives, plus brûlantes. Une chaleur incroyable dans tout son être et une fébrilité de collégienne.
Il voulait être l'homme de Céleste, son mari, son homme rien qu'à elle. Etre quelqu'un de bien.
Et toi, ô Capitaine, mon Capitaine ? As-tu seulement regretté un instant d'apprendre qu'elle était mon amante ? Mon officielle, ma beauté aux papillons ? As-tu seulement sentit au creux de toi la même morsure que moi ? As-tu espéré que je te reviennes, que je sois auprès de toi comme toutes ces années où je n'ai existé qu'à travers toi ?

Un mouvement dans la ruelle et l'un des lampadaires du port dévoila la haute silhouette, tellement reconnaissable, tellement familière. Tout son corps se tendit, cœur battant une chamade endiablée. Tu es venu. Tu es venu pour moi. Est-ce que je t'ai manqué, Fergus ? Est-ce que tu as besoin de moi comme j'ai besoin de toi ?

Il s'éloigna de la fenêtre d'un mouvement trop rapide et brossa un peu sa chemise crème, en coton toute simple et lacée sur l'avant. Un pantalon brun et de hautes bottes de cuir montantes lui donnaient un air plus simple qu'habituellement. Affectant de s'asseoir sur son lit, il se mordilla l'ongle du pouce. Il ne devait pas être nerveux. Ce n'était que Fergus. Son vieil ami. Son unique véritable ami.
Soudain, quelques coups à la porte. Là, séparés par cette simple planche de bois... Il inspira doucement, et ouvrit.
"Entre, je t'en prie." Là, dans la pièce. Là, avec lui. Seuls. c'était une mauvaise idée. Il aurait dû attendre la parade, les festivités. Il n'aurait jamais dû lui dire qu'il était là. Il n'aurait jamais dû l'inviter. Il n'était qu'un idiot à la détermination déjà chancelante. Debout, face à face, il resta un instant la bouche sêche. Il avait tellement changé. Mais il restait Fergus. Son si précieux ami.
"Cela fait... Longtemps. Tu as l'air d'aller bien." Des banalités. C'était bête à pleurer quand tout votre être ne fait que se tendre vers l'autre dans l'espoir que... Quoi ?
Là, face à face, et pourtant, si loin...
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeLun 6 Oct - 13:46

A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] 141006125733435885

    Les retrouvailles de deux vieux amis qui ne s'étaient pas vu depuis plusieurs années; Fergus avait l'impression que ce temps se comptait en décennies plutôt qu'en années mais sa perception était un peu biaisée par sa longue convalescence qui lui avait valu ce visage disgracieux qu'il arborait aujourd'hui mais savait rehausser du meilleur des sourires. Bouquet sous le bras, il se rendait dans une taverne bien ordinaire pour un rendez-bien bien extraordinaire: il allait retrouver Ivar, son vieil ami. Son compère, son compagnon, son complice. Ces dernières années avaient été riches en affrontements et en décisions difficiles mais le capitaine des Comètes espérait que la trêve se transforme en une paix durable. Une paix profitable à tout un chacun qui lui permettrait personnellement de pouvoir se poser et vivre sa vie d'homme, après une riche vie de soldat, de héros. Il avait toujours voulut briller dans le feu de l'action comme un parangon de vertu émérite, comme un chevalier en armure de flammes blanches et tenir ente ses mains l’étendard de la volonté des Territoires. Sa volonté n'avait pas faiblit: il se faisait le héraut de la pensée des Territoires sans jamais douter de son fondement car il était un ordre de foi et d'ordre. Il avait besoin de ça.

    Mais il avait aussi besoin de cet air du soir qui chamarrait des promesses de retrouvailles. De rappels au passé, de bons moments de repos. Il n'était qu'un homme après tout et sous son armure, il y avait des blessures qui mettaient du temps à se refermer et dont il devait prendre soin. Ses amitiés en faisaient parti: il voulait prendre soin d'entretenir ses rapports avec ceux qu'il estimait et aimait, comme Ivar ou Mira, comme son frère Finlug auquel il offrait les plus belles robes de la dentelle la plus fine, rendant leur petite sœur Fenella gentiment jalouse. Que Finlug soit "différent" ne l'avait pas choqué: lui-même ne convenait pas à la norme. Fenella non plus; ils étaient, frères et sœurs échangeant leurs vêtements quand ils étaient petits, des gens comme les autres pourtant. Il se rendait alors bon train dans l'auberge indiquée et demanda au responsable la chambre du blond, prenant le temps de se présenter. Une fois l'information obtenue, Fergus se dirigea d'un pas léger mais leste vers la porte d'Ivar et frappa de quelques coups et fut inviter à entrer par une voix qu'il ne connaissait que trop bien.

    Fergus entra doucement, comme à son habitude; c'était un homme toujours plein de délicatesses qui s'introduisait avec humilité et simplicité, contrairement à ce que sa nouvelle apparence laissait présumer. Ivar n'avait pas changé: grand escogriffe aux longs cheveux blonds, le torse large autant que sa taille était étroite, ce qui lui donnait un air dégingandé voir même un peu nigaud, quand on le connaissait bien. Les deux hommes se firent face un instant, se regardant sans rien dire. Mesurant la même taille, chacun était une sorte de miroir contraire à l'autre: Ivar était blond, le teint laiteux, le visage viril; Fergus était roux, le teint grêlé et un peu maladif, le visage délicat sous les croutes et les blessures. Ses yeux fins et sombres faisaient écho aux grands yeux ambrés de son ami et chacun se regarda pour voir ce que le temps avait changé.

    "Tu ne changes pas", fit très simplement Fergus en souriant doucement, les yeux fermés, "c'est pour toi. J'ai pensé que tu aimerais les lys", continua-t-il en lui tendant le bouquet.

    Fergus portait une partie de son uniforme: un pantalon bouffant avec des bottes de monte, et une chemise ample sous un gilet cintré, sans médailles, sans citation. Il venait retrouver Ivar, pas le peloton. Pourtant il avait toujours cet air sobre et martial qu'il avait depuis ses études à Lindorm. Fergus l'austère mais le souriant. Il sourit tant sous son visage défiguré que ses yeux rirent avec tout son faciès, creusant ses yeux bridés comme deux demi-lunes. Les brulures ne sauraient cacher cela.

    "Mon bon ami...", commença le capitaine en tapotant le dos d'Ivar, "ne soies pas si nerveux, on dirait une collégienne..."

    Fergus rit un peu, se tapotant l'index sur une joue d'un air aussi maniéré que gentiment moqueur. Il était toujours taquin, Fergus. Il faisait marcher son ami en lui souriant gentiment, restant debout devant lui en rangeant les mains dans ses poches. Il allait bien, le mieux du monde pour tout dire et cela se voyait sur son visage sans qu'il n'ait besoin de faire d'épilogues ennuyeux.

    "Le mieux du monde, comme tu vois", il se désigna, reculant d'un pas d'un air gaillard, "et toi-même, à part ta nervosité de jouvencelle?"

    Il continuait de sourire, l'air de rien. Il était tranquille et en pleine forme, bien loin du corps sans vie qu'avait veillé Ivar des mois durant il n'y a pas si longtemps que cela, au comble d'un désespoir né du sacrifice d'un homme pour les valeurs qu'il défendait, bien avant son sacrifice pour un de ses soldats, ou pour une femme.
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Ivar Björnulf
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeMar 7 Oct - 13:05

♫ Thème

Comme un chiot ravi de revoir son maître, Ivar se contenait pour ne pas craquer, pour ne pas bêtement se jeter dans les bras de Fergus, le serrer contre lui et ne plus jamais le laisser partir. Comment avait-il pu se priver de lui aussi longtemps ? La dernière fois qu'il l'avait vu, il était plus mort que vif, brisé par ses terribles blessures. A présent, son bel ami était défiguré. Mais cela lui était égal. Fergus restait Fergus et son affection n'en était que plus vive après avoir failli le perdre à cause de cette fichue recrue. Il pouvait bien avoir le visage brûlé, qu'est-ce que cela pouvait bien signifier au regard de plus de vingt ans d'amitié ? Et puis, malgré les rumeurs diverses, malgré leur éloignement, il lui restait loyal, au fond de son cœur. Fergus l'avait autrefois sauvé. Il lui devait la vie, mais plus encore : ses buts, ses aspirations, son ambition même. Tout cela et plus encore avait été dicté par ce lien si particulier qu'il persistait à appeler de l'amitié.

Jamais Ivar ne laisserait personne souiller le nom de son meilleur ami. Jamais il ne pourrait pardonner à cette Moïra d'avoir manqué de lui ravir l'étoile gardienne de sa propre existence. Il ne serait rien qu'un idiot détruit sans Fergus comme bouclier contre ses anciens démons. Et alors qu'il recevait une tape sur l'épaule, il se sentit de nouveau à sa place dans ce monde impitoyable.
Fergus qui le raillait et effaçait d'un sourire les années d'absence et les larmes versées.
Et alors qu'il lui tendait des lys blancs, Ivar s'en sentit bien embarrassé, recevant le bouquet avec une gêne un peu idiote d'homme qui n'a pas pour habitude de recevoir de fleurs. Mais Fergus avait pensé à lui et c'était tout ce qui comptait. Ce bouquet ne signifiait sans doute pas grand chose mais il le tint avec maladresse, avec l'air de ne pas savoir qu'en faire, tout en ayant envie de sourire bêtement, ce qu'il fit d'ailleurs, son visage s'étirant d'un sourire de grand nigaud qu'il savait si bien cacher en public.
"Merci, vieux machin." Fit-il en déposant le bouquet sur le bureau, mais avec une précaution qui trahissait le réel plaisir qu'il avait à recevoir quelque chose de celui qu'il avait toujours trop adulé pour seulement s'avouer l'évidence.

Il lui tapota le dos et le charia, évidemment. Et Ivar prit une moue de gosse bougon, lui donnant une petite bourrade d'épaule à épaule, comme quand ils se cherchaient étant adolescents. "Crétin, va." Le maniérisme de Fergus ne l'avait jamais choqué, il l'avait toujours vu différemment des autres, sans doute parce qu'il l'idéalisait trop. Il se moquait bien de ses manières. Fergus était simplement Fergus. Lui était le noble, et pourtant dépourvu des manières gracieuses qu'on voudrait lui inculquer. Il avait toujours été mal dégrossi et continuait à l'être à présent que son titre ne voulait plus rien dire : il était le Capitaine et c'était déjà bien assez.
"C'est bon, t'as l'air en forme, toujours aussi chiant" Fit-il de nouveau, en bougonnant juste pour la forme. "Et ça va." Fit-il sobrement. Oui maintenant que Fergus était là, cela allait. Le monde reprenait des couleurs insoupçonnées. "Et Maelice ?" Fit-il soudain. "Comment va la Merveille du Septentrion ?" Ne pas voir le dragon lui faisait bizarre : il avait toujours adoré Maelice. Il lui avait toujours passé ses caprices et l'appelait "chouchou" de concert avec Fergus, toujours enchanté par les frasques de ce drôle de dragon qui savait le faire rire et oublier ses soucis d'un simple battement de queue. Le nez enfoui dans la douce fourrure du dragon de son meilleur ami, avec Fergus a ses côtés, il avait passé les plus belles heures de sa vie. Et si Fergus lui manquait atrocement, revoir Maelice serait délicieux. Lui dont le dragon était si distant, si inatteignable, avait toujours aimé la proximité de Maelice, bestiole dénaturée qui aimait les même choses qu'eux.

La pièce n'était pas très grande, aussi se laissa-t-il tomber sur le rebord de son lit, ses yeux d'ambre posés sur son meilleur ami.
"Installe-toi, vieux hibou. Fais pas ta chouquette." Il aimait à le charrier sur ses manières impeccables. Chassant ses longs cheveux de devant ses yeux, il poussa un soupir d'aise. Un instant passa, d'un silence confortable. Là, tout près. Il se sentit de nouveau bien. Heureux, bien qu'il le fut avec Céleste. Mais il avait besoin de Fergus. De sa présence. De sa chaleur. Lui, l'eau tumultueuse. Lui la braise douce. Ils étaient si opposés et pourtant, ils avaient traversés tant de choses...
"C'est étrange de revenir à Laragon." Dit-il finalement, regardant un instant l'océan noir d'encre par la fenêtre ouverte. Les voix des clients lui parvenaient depuis l'extérieur. Dans cet endroit grouillant de vie, il se sentait vivant à son tour, comme s'il avait besoin de l'activité pour ne pas dépérir.

De nouveau un long silence.
"Fergus. Je veux épouser Céleste." Fit-il soudainement, posant son regard sur son ami, la mine grave. C'était sorti tout seul. Et pourtant, au fond de son cœur, il avait cet étrange regret. Comme une chose avortée, jamais formulée, un jour effleurée dans un égarement d'adolescents idiots. Un sentiment si profond qu'il ne pouvait que le prendre pour la continuité de celui qu'il avait toujours eu pour Fergus et qu'il appelait "amitié" de manière un peu vaine. Est-ce une simple amitié quand l'autre devient l'astre nécessaire à votre existence ? "Mais..." Sa voix se brisa un instant. "J'ai peur."

A lui, il pouvait le dire. Fergus savait tout de lui, de ses faiblesses, de ses travers. De ses souffrances, de ses joies. Il le connaissait comme personne. Et il aimait à croire qu'il connaissait Fergus comme personne. Pourtant... Après un nouveau moment de silence, sa voix glissa, emplie d'une drôle de colère, sautant brutalement du coq à l'âne.
"Y'avait un de mes troufions, l'autre jour, qui prétendait à qui voulait l'entendre qu'il s'était envoyé en l'air avec toi. Il est de corvées de chiottes pour deux mois. J'aime pas les menteurs." Il fixa son compagnon dans les yeux.
Dis-moi que c'était un mensonge. Dis-moi que tu n'as pas couché avec lui, avec des hommes. Avec d'autres que moi. Dis-moi que je n'ai pas pu m'aveugler à ce point-là. Dis-moi que je n'aurais jamais eu mes chances avec toi, si j'avais été moins con...
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeJeu 16 Oct - 20:01

A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] 141006125733435885

    L'intimité nocturne de la petite chambre d'auberge rendait l'esprit de Fergus encore plus léger, à contrario de celui de son ami. Il était venu à sa rencontre avec la joie simple de revoir son meilleur ami en forme et équilibré: Ivar avait à présent cessé son jeu de funambule où son filet de secours était l'alcool et la tristesse et le Narth était rassuré de cette évolution. Rassuré et apaisé car si Ivar se faisait du mal, il souffrait également et ferait tout pour l'aider; après tout était-il non seulement son meilleur ami mais aussi son seul ami. Et Fergus était un homme fidèle en amitié, même si volage de son corps et incapable d'amour. Il aimait Ivar comme un frère, comme une partie de lui-même. Et le voir serein et équilibré lui faisait du bien. Le capitaine des Comètes de Feu s'amusa de la gène de son vieil ami, le laissant se dépêtrer avec sa délicate attention florale; quel type bourru, parfois. C'était comme ça qu'il l'aimait, son meilleur ami.

    Les deux hommes se cherchèrent un instant comme des adolescents fraichement arrivés à Lindorm, épaule à épaule, faisant approximativement la même taille. Mais là où Ivar était solide et musclé, Fergus était maigre et grêle. Là où le blonde était imposant, le roux était filiforme, les jambes comme deux bâtons de chaise. Il avait perdu beaucoup de poids durant son coma et n'était aujourd'hui plus le beau jeune homme aux yeux de biches que le Nordenheimir avait connu jadis. Riant de le voir bougonner, Fergus lui répondit tout de go:

    "Je m'amuse comme un fou quand je peux te tourmenter!"

    C'était de bonne guerre. Malgré le fait d'avoir frôlé la mort de près, il était toujours le même: un parangon de vertu avec l’espièglerie au travers d'un fardeau d'honneur. Il avait le rire et le sourire faciles et ne cachait jamais ses émotions, honnête et droit. Il n'avait pas changé d'un iota, finalement. Même la mort ne pouvait le changer. L'adversité encore moins puisque cet étrange homme s'y accomplissait comme nul autre. Il fit rapidement le tour de la petite pièce et eut un sourire aimable lorsqu'Ivar lui demanda ce qu'il advenait de son compagnon draconique.

    "Maelice va bien... il m'a fait un caprice pour m'accompagner mais je voulais te voir seul à seul", il soupira, "ce dragon n'a aucune estime pour mon intimité. Il est toujours dans mes pattes comme un jeune chiot tout fou... il me fait penser à toi."

    Le ton était d'une grande tendresse, amusé, loin de la brimade. Ivar avait toujours été avec lui et cette proximité les avait jadis conduit à se connaitre intimement; mais le temps avait passé et leur amitié s'était consolidé sur d'autres bases. Regardant le blond se laisser tomber sur le rebord de son lit, il accepta la proposition et vint s'assoir à côté de lui, croisant les jambes et posant ses mains refermées sur son genoux le plus haut, un peu pensif, regardant par la fenêtre.

    "Étrange je ne sais pas... agréable, oui", le capitaine tourna son regard vers son ami, lui souriant doucement, "comme de te revoir. C'est vraiment agréable tu sais, tu me manquais beaucoup."

    Il lui sourit, yeux fermés, doucement. Un long silence prit la pièce et seul le bruissement du vent par la fenêtre, invité involontaire de la scène, offrait une sorte de musique. Fergus offrit à Ivar un regard limpide et honnête quand ce dernier lui avoua qu'il voulait épouser son amie, mais qu'il avait peur. Ce n'était guère étonnant; il se retint de faire une blague sur le fait que Celeste était une femme effrayante - ce qu'il pensait à moitié - et demeura sérieux pour soutenir Ivar dans son choix.

    "C'est une excellente nouvelle! Vous faites un très joli couple en plus", il se redressa un peu sur la couche, croisant les jambes dans l'autre sens, "de quoi as-tu peur exactement?"

    Qu'Ivar passe du coq à l'âne ne dérangeait pas Fergus qui savait bien que c'était une habitude pour le grand blond. Comme l'eau, ce dernier était parfois erratique et tumultueux et son ami avait apprit à composer avec ses courants ascendants et descendants d'humeur, lui de tempérament toujours égal et chaleureux comme des braises douces. Il ne s'étonna pas de sa question, n'eut même pas l'air vraiment concerné. Il se contenta de sourire plus posément, poussant un léger soupir.

    "Tu n'aurais pas du le punir, il ne mentait pas."

    Rien de spécial dans la voix sauf une honnête invincible qu'il devait à son meilleur ami. Il ne dit rien, ne cherchant ni à s'excuser - car il n'avait rien fait de mal - ni à se justifier - car les faits étaient tels qu'ils étaient. Fergus fixa un instant Ivar dans les yeux avant de reprendre, prenant les devants sans faillir:

    "Je suis homosexuel, Ivar. Depuis longtemps", il haussa les épaules, sérieux mais souriant, "ne me dis pas que tu ne l'avais jamais remarqué? Je ne me suis jamais intéressé à aucune femme..."

    Quant à sa manière de vivre ses choix, elle était très personnelle et il ne l'aborda pas car cela révélait de sa vie privée et de sa liberté. Incapable d'amour, il ne s’attachait pas: il croisait par hasard un homme avec lequel il dissipait les envies de son corps - bien présentes, il n'était qu'un humain après tout - et repartait pour des mois de front. Rien de plus; cela lui semblait sain et naturel. Et pratique. Alors i ne se justifia pas, ne s’expliqua pas. Parce que selon lui, il n'en avait ni besoin, ni l'obligation.

    "Ça te met mal à l'aise?", demanda simplement Fergus à son ami.


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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeJeu 16 Oct - 22:51

Thème

Ils étaient ensemble. Enfin. Il pouvait de nouveau respirer, sourire, vivre tout simplement. Depuis quand lui était-il devenu si indispensable, ce vieux crabe ? Ivar le savait bien : depuis l'heure de leur rencontre. Depuis qu'il l'avait sauvé. Depuis qu'il était devenu son premier ami, avant même Mira et maintenant Céleste, sa douce compagne au tempérament volcanique. Ce sentiment dans sa poitrine l’étouffait parfois, lui qui persistait en dépit de tout à ne rien vouloir voir, aveugle volontaire à des sentiments qui avaient éclos il y avait bien des années. Peut-être savait-il que tout se briserait s'il y mettait un mot, le bon.

Savoir que Fergus était aussi heureux que lui de le revoir, comme cela était doux. Et sa présence à côté de lui était la plus belle des réponses à des années d'absence. Fergus demeurait Fergus et il en était heureux : il ne pouvait supporter l'idée que tout ceci puisse un jour changer. Alors il se laissait charrier en bougonnant juste pour la forme, le cœur et l'âme éclairé par le feu qui avait guidé sa vie. Ce fanal éclatant dans la tempête avait toujours été lui. Et la tendresse qu'il ressentait n'avait ni besoin de mots, ni de s'exprimer autrement que par un sourire.
L'absence de Maelice était toujours un peu triste, lui qui adorait tant ce drôle de dragon mais savoir que Fergus voulait préserver leur intimité valait bien cette frustration immature.
"Hey, je suis un vieux chien, maintenant." Fit-il en riant de bon cœur, lui donnant un coup de poing indolore sur l'épaule, ravi pourtant comme le chiot qui le dépeignait.

Mais l'automne était venue après l'été et l'air fraîchissant passant par la fenêtre ouverte sur la mer et le port où mouillaient les navires qui se balançaient mollement suivant les vagues. UN automne qui fit place à des sujets plus graves. Des sujets d'hommes, après l'insouciance de leur prime jeunesse. Et la révélation lui brisa le cœur.

Il regarda un instant Fergus, l'air perdu comme un gamin, puis, se leva avec la brusquerie qu'un diable jaillissant de sa boîte pour aller se poster devant la fenêtre. Il serra ses jointures sur le rebord, à s'en faire mal, voûté, comme soudain chargé d'un poids invisible. Il aurait tant voulu qu'il ne le dise jamais. Qu'il ne le sache jamais. L'envie puérile de se boucher les oreilles, de s'enfoncer la tête dans le sable... Ne rien voir, ne rien savoir. Il oscillait entre la colère et le chagrin, dans cet instant fragile. Il le disait comme une évidence à laquelle il n'avait jamais voulu croire, parce qu'elle changeait tout... Et rien à la fois. Il avait été con. Il avait loupé le coche. Il avait laissé passer un possible, quelque part dans de sinistres limbes. Et son cœur, à cet instant, était si cruellement meurtrit...

"Non..." Fit-il, chancelant, comme s'il était ivre ou sonné. Il n'osa pas se tourner et lui faire face. "Non, je le savais pas." Sa voix se brisa bizarrement, comme s'il pleurait, sur un sanglot silencieux, avorté avant même de naître. Et il avait l'impression vertigineuse de chuter. Comment résumer des décennies à se voiler l'évidence ? La claque. Presque physique tant elle était intense. Il aurait voulu, étrangement, l'embrasser. Même s'il n'aimait pas les hommes, lui. Même s'il avait toujours aimé les femmes. Sauf une fois, dans les bras de celui qui lui avouait tranquillement avoir aimé les hommes depuis tout ce temps.
Les hommes. Et aimer les hommes ne signifiait pas l'aimer lui forcément. Il le savait. C'était peut-être aussi un peu la raison de sa nausée, de ce malaise qui le laissait faible et triste, soumis aux caprices du feu.

Et Fergus, si gentil, si égal, qui lui demandait s'il était mal à l'aise... C'était pire que ça. Mais il le garda pour lui et trouva il ne savait trop où la volonté de se tourner. Son visage était pâle et creusé par l'anxiété et ce sentiment de profonde jalousie qui achevait de parfaire sa confusion, comme une cerise véreuse sur l'amer gâteau qu'on lui servait.
"T'as couché avec ce naze ?" Fut tout ce qui sortit, coassé plutôt que prononcé. Il n'était même pas en colère. Il se sentait juste... Vide. Vertigineusement vide. Et il se demanda ce que cela pouvait bien changer, dans un instant fugace de lucidité. Tout. Et rien à la fois.

"Merde, je passe pour quoi moi si tu couches avec mes hommes." Il se passa une main dans les cheveux. Arpenta la pièce d'un pas plus militaire qu'autre chose - la force de l'habitude. Et il aurait voulu lui dire qu'il comprenait, que cela ne changeait pas qu'il était Fergus, son meilleur ami. Il aurait voulu se montrer au moins aussi bon que Fergus avec lui, mais il était un connard d'égoïste et un faible : cela ne changerait pas ainsi. Il avait peur de ce qu'il pourrait faire et dire. De sa propre voix qui le trahissait alors qu'il aurait voulu - quoi ? L'embrasser ? Se déclarer ? C'était idiot et vain : il aimait Céleste. Il l'aimait sincèrement, pour une fois. Il voulait être son mari et fonder un foyer. Il voulait cette vie, de tout son cœur. Il voulait que Fergus soit le parrain de son fils ou de son fils et tendre à être meilleur. A être un bon époux, un bon père. A devenir même Général, pourquoi pas ? Puis faire sauter ses petits-enfants sur ses genoux quand il serait vieux en leur racontant ses exploits de guerre et ceux de leur grand-mère.
Il s'arrêta, s'appuyant sur la chaise du petit bureau de bois, à deux pas de Fergus - la chambre était sommaire - pris de vertiges violents. Un instant, sa tristesse put se lire sur son visage, puis il inspira, relevant sur son ami deux yeux bleus plus perdus que fâchés.

"Fergus, je..." Il se reprit, se racla un peu la gorge. Secoua la tête. "Tu as raison, je devais bien le savoir." Sa voix était plus triste que fâchée. "Mais je..." Il se reprit de nouveau et haussa les épaules. "Bah, peu importe. Tu es Fergus. Tu es mon Fergy et puis voilà. C'est tout ce qui devrait compter entre nous, non ?" C'est tout ce que j'aurais jamais, pas vrai ?
Cela, il ne le dit pas. Il le garda au fond de son âme, quelque part avec ses sanglots. Il tenta un pauvre sourire qui lui donnait bien l'air d'un chiot un peu couillon et triste qu'autre chose. Il aimait Céleste, se disait-il, comme un rempart contre ses propres faiblesses. Finalement, il craqua et revint se laisser tomber à côté de son vieux copain. Parce qu'il l'aimait de toute son âme et que cela impliquait de ne jamais rien laisser se mettre entre eux. Pas même ses sentiments déplacés pour un autre homme.
Il eut un petit rire nerveux, plus triste en vérité que joyeux, se passant de nouveau la main dans ses cheveux encombrants. "Mais tu n'as pas de c... compagnon fixe ? Je pensais que toi et Moïra... ?" Il buta sur le mot, tentant de mettre de côté sa peine par des banalités. Et toi, Fergus, ne me dis pas que tu n'avais jamais remarqué mes sentiments ?
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeMer 29 Oct - 8:11

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    Fergus sourit de bon cœur dans un silence qui lui était coutumier. C'était agréable de pouvoir faire une pause mais surtout de revoir Ivar son ami de toujours, son meilleur et seul compagnon. Car le capitaine des Comètes de Feu, sous ses dehors sociable, sérieux mais enjoué, n'avait jamais développé de relation amicale avec quelqu'un d'autre qu'Ivar. Il gageait que ce dernier ne se rendrait jamais compte du caractère tout particulier de leur relation mais avoir des amis semblait incompatible avec son statut de soldat pour Fergus. Tout comme le fait d'être en couple avec quelqu'un, de fonder une famille... il était un soldat avant d'être un homme et entretenait soigneusement son humanité à sa manière, de façon particulièrement pragmatique. Ce mode de vie lui convenait, lui évitant de penser à autre chose sur le champ de bataille. L'homme accusa la bourrade dans l’épaule en riant un peu, sincèrement content de partager quelques instants privilégiés avec le blond.

    Cependant quelque chose sembla se briser chez ce dernier à l'annonce franche des faits de la part du roux. Il ne se cachait jamais de quoi que ce soit, d'une nature droite et honnête. Regardant Ivar sans rien dire, il demeura silencieux et inactif. Son ami serrait les poings à s'en faire blanchir les phalanges et paraissait plus que perturbé. Mais Fergus ne fit rien. Pire: il ne regretta pas un instant ce qu'il venait de dire. Bien au contraire, cela permettrait d'avancer. Il n'avait jamais eu peur des conflits, surtout pas avec Ivar. Il soupira en entendant la voix de son ami comme brisé et reprit sur un ton sérieux, débarrassé de son habituelle espièglerie:

    "Et bien...", pourtant il ne parvint à se retenir, souriant à nouveau en fermant les yeux, "on ne peut pas appeler ça faire du crochet", répondit-il à la demande de confirmation.

    Il ne prenait pas tout à la légère, il cherchait à dédramatiser la réaction d'Ivar, si tant était possible. Ayant été des plus explicites, Fergus détestait devoir se répéter aussi un peu d'humour ne lui fit pas de mal. Si cela allait déplaire à Ivar était une autre question à laquelle il n'avait pas la réponse mais n'angoissait pas plus que de raison, se relevant finalement doucement du bord du lit. Laissant le blond arpenter la pièce en le regardant simplement sans rien dire, le Narth mit les mains dans ses poches et attendit debout, sagement.

    "A vrai dire, je n'ai su qu'il appartenait à ton escadron qu'après", il soupira avec un sourire, "je ne l'aurai pas fait sinon, pour ne pas t’embarrasser comme je le fais maintenant."

    Croisant le regard d'Ivar, Fergus lui offrit un sourire un peu penaud, d'excuse sincère. Lui qui était professionnel et surtout pragmatique n'aurait pas cherché à séduire cet homme s'il avait su qu'il était sous les ordres de son meilleur ami. Pas pour lui-même, pour l'autre, mais uniquement pour le confort d'Ivar. Il se traita mentalement d'idiot sans que rien ne se distingue sur son visage détendu et se jura de faire attention à l'avenir. Leurs regards se confrontèrent sans que le roux ne cille un instant, fixant Ivar sans rien dire, sans rien faire malgré le fait qu'il voyait bien que ce dernier semblait retourné à cause de cette histoire. Le détaillant un instant, il le trouva très pâle mais ne lui dit rien. Fergus savait qu'Ivar était du genre à vite se reprendre et il en eut la confirmation des plus rapide.

    "Ne souris pas si tristement, tu es mon Ivy. Mon seul et meilleur ami."

    L'amitié était pour Fergus une manne infini de sentiments positifs, d'inspiration où l'on pouvait puiser force et courage. Quand la bravoure était longue à venir, il pensait à tous les efforts accomplis par Ivar et repartait sur une route positive et déterminée. Le blond avait beaucoup souffert dans sa vie mais s'en était relevé; lui à son humble avis n'avait rien vécu. Et quand à parler de son coma, il ne s'en souvenait plus: alors cela ne le touchait pas. Et oui... le capitaine Mac Lochlainn était un homme pragmatique. Sentant Ivar se laisser tomber sur le bord du lit, Fergus en fit de même en lui passant le bras par dessus les épaules dans une accolade qu'il voulait réconfortante. Il avait bien comprit depuis le temps qu'Ivar l’idéalisait et se dévalorisait lui-même; un jour il devrait bien le faire tomber de son piédestal pour avancer encore un peu plus.

    "Les hommes ou les femmes vont et viennent et seuls les amis restent, dans la vie. Et je peux te promettre que jamais personne ne se mettra entre nous."


    C'était une chose qui n'était pas bien difficile pour Fergus, il fallait bien l'avouer. Il ébouriffa en souriant la tignasse blonde d'Ivar comme pour dédramatiser ce moment qui semblait plus difficile qu'il ne le pensait et reprit:

    "Non, personne de fixe. Je n'ai jamais eu personne parce que je n'ai pas le temps pour ça. Je suis un soldat avant d'être un homme et avoir des relations avec quelqu'un une fois ou deux par an me suffit pour relâcher la pression. Moïra?"

    Il s'étonna, les yeux grands ouverts et la bouche ronde avant de sourire doucement à son ami et toucher la zone brûlée de son visage de l'index et du majeur en souriant plus franchement.

    "C'est à cause de ça? Je n'ai agi ainsi que pour protéger un de mes soldats. J'aurai fais la même chose pour n'importe quelle personne tu sais", Fergus marqua une pause avant de reprendre, "après, je suppose qu'elle se sent coupable, c'est pour ça qu'elle essaye d'être proche de moi. Rien de plus. C'est mon lieutenant et il est plus sain de bien s'entendre avec. C'est une bonne fille."

    Il haussa les épaules, parlant de Moïra d'un ton affreusement pragmatique et détaché avant de lisser son gilet du plat de la main, sans lâcher Ivar.

    "J'ignore ce que vous trouvez d'intéressant chez les femmes, tu sais. Quand je regarde Moïra...", il devint pensif, souriant un peu bêtement, "je trouve ça terrible, les gros seins. Pas pratique, pas esthétique... en plus ils lui donnent mal au dos."

    Une petite plaisanterie, encore une fois, ingénue. Il ne critiquait pas les choix d'Ivar comme ce dernier n'avait pas critiquer les siens mais il cherchait simplement à détendre l'atmosphère.

    "Merci de m'accepter, je savais que notre amitié est solide", Fergus marqua une pause avant de reprendre, "Je suis content pour Celeste et toi. J'espère que tu as une place de témoin pour moi! Et rassure-toi, je viendrai seul!"

    Il plaisantait toujours, alternativement sérieux et léger à la fois selon le sujet. Car il avait décidé de longue date de ne jamais avoir d'homme dans sa vie et s'y tenait. Il n'aimait pas spécialement les hommes, de fait: il n’aimait simplement pas les femmes et cherchait du côté où il y avait de quoi faire, affreux pragmatique dans l'âme. Du reste, il n'avait pas le temps ni l'envie. Il était soldat et c'était tout ce qu'il voulait être pour se consacrer à la sécurité des Territoires car pour lui trop de gens fanfaronnaient en claironnant qu'il était soldat alors même qu'il n'avaient aucun sens pratique de la dévotion et aucune discipline personnelle.
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeMar 4 Nov - 11:44



Il passait ses bras autours de ses épaules et sa proximité lui donnait un vertige plus fort encore. Le parfum familier de Fergus. Sa présence, si bienveillante. Et leurs surnoms de vieux adolescents. Fergy. Ivy. Pour toujours, ils seraient Fergy et Ivy. Quelque part, au fond de son âme, Ivar pleurait sur leur jeunesse, sur sa propre bêtise. Car ses sentiments lui explosaient en pleine face et rendait tout tellement plus vain et triste. Il aimait Céleste. Elle était la femme de ses rêves, forte et fragile, dure et douce. Juste celle qui était parfaite pour lui. Et il aimait Fergus, de toute son âme. Il se sentait vide et bête. Triste au delà de pleurnicheries ou de lamentations. Il se rendait compte que Fergus avait une vie sexuelle, lui qui l'avait toujours plus ou moins imaginé comme n'ayant jamais eu d'autre aventures que la leur, ce qui l'aurait rendu un peu unique et aurait flatté, au fond, son propre orgueil déplacé.
Mais non, Fergus avait des intérêts et des appétits pour des hommes. Et cela le mettait confusément en colère. Contre lui-même principalement : il ne voulait pas jalouser ces connards qui avaient ce qu'il avait toujours convoité.
Malgré lui, il le retint un instant dans ses bras, en sentant la main ébouriffer ses cheveux. Il lui faisait toujours ça...
Il le retint quelques instants de trop, le front posé sur son épaule, les bras l'enlaçant avec plus de possessivité qu'il l'aurait voulu. Idiot. Espèce de sale type : si tu aimes les hommes, pourquoi ne vois-tu pas que moi, c'est toi que j'avais voulu..?

Mais il garda tout en lui, l'enfonçant dans les abysses de son cœur, quelque part avec les morts qu'il chérissait, quelque part dans ces abysses noires que son compagnon draconnique avait éveillé en lui. Il garda tout parce que leur amitié devait être plus forte que ça. Parce que si la seule chose qui pouvait le lier à Fergus était de l'amitié, alors il voulait qu'elle demeure, immuable, jusqu'à la fin de temps. Il voulait être spécial pour lui. Alors si c'était leur lien amical qui le rendait ainsi pour Fergus, alors ce serait de l'amitié, malgré tout ce qu'il pourrait ressentir. Car, en dépit de tout le reste, il l'aimait sincèrement, d'un sentiment idiot et aveugle. L'on prétend que l'amour donne la force de tout endurer pour celui que l'on chérit : c'était vrai pour Ivar. Entendre Fergus lui dire qu'il était son unique ami était précieux. Il était donc unique pour lui ? C'était déjà bien plus qu'il n'aurait pu vouloir. Alors il trouva, quelque part, la force de sourire. Parce qu'il sentit, pour une fois, la présence de Sleipnir en lui. Le vieux dragon si détaché ne s'occupait jamais des affaires d'Ivar. Il n'était pas comme Maelice, si proche des hommes. Il était loin de toute atteinte humaine. Mais, à cette heure étrange où le coeur d'Ivar se brisait, il sentit l'étrange présence du dragon au fond de son âme. Et il sentit le calme revenir de manière surnaturelle. Un instant, les yeux d'Ivar s'étaient voilés, comme si sa pupille prenait toute la place dans son regard d'ambre, lui donnant des yeux noirs. Noirs comme les abysses. Et Sleipnir, de son âme vénérable, lui rendit son calme en scellant ses émotions trop vives.

Les yeux d'Ivar reprirent leur teinte normale et il sourit à Fergus, un peu détaché soudainement, comme s'il avait été sonné par un coup invisible.
"Je comprend." Dit-il doucement. "Un homme a des besoins. C'est normal. Et il est tellement compliqué d'avoir une relation lorsque l'on est Capitaine." Il parlait en connaissance de cause. Il sourit, étrangement distant soudain, semblant avoir absorbé une partie du pragmatisme de son meilleur ami.
"Et je comprend, pour Moïra. C'est normal de protéger tes hommes." Il regarda un instant dans le vague : ce n'était pas ce qu'aurait dit Ivar s'il avait eu tout son libre arbitre sur les sentiments chaotiques que contenaient Sleipnir. Car il en voulait à Fergus : c'était la raison des deux années passées sans chercher à le revoir. Deux années qu'il avait consacré à Céleste uniquement, comme pour se venger : comment Fergus avait-il pu se mettre en danger à ce point pour autrui ? Pour un simple soldat ? Risquer sa vie ? Alors que s'il était mort... Il l'aurait rejoint aussitôt, à l'instant même.

Fergus avait-il oublié les baisers et ses larmes ? Il avait été si longtemps inconscient. Et il était resté auprès de lui des semaines durant, oubliant de se nourrir ou de penser, uniquement tourné vers la prière de tous les dieux qu'il connaissait. Uniquement tourné vers Fergus. Il avait baisé sa main, qu'il avait tenu serré dans la sienne durant tout ce temps. Il s'était endormi maintes fois sur le rebord du lit d'hôpital. Il l'avait veillé, comme pour repousser la mort du rempart de son corps. Mais tout cela... Fergus le savait-il seulement ? Ivar se sentait vide, étrangement tranquille, alors que son dragon prenait doucement possession de son âme, créant comme un rempart d'eau sombre entre ses sentiments et la scène. Il se laissa couler dans les abysses de l'âme de Sleipnir, aussi ne réagit-il pas sur l'histoire des seins, au contraire de ce qu'il aurait fait dans son état normal. Sa voix était détachée, étrangement distante. C'était la voix d'Ivar mais pas vraiment la sienne, comme une dissonance bizarre.
Jamais Ivar n'avait été proche du vénérable dragon. Jamais il ne l'avait vraiment compris. Ils n'avaient jamais laissé leurs âmes se mélanger trop. Pourtant, à cet instant où son cœur s'était brisé si violemment, Sleipnir venait de prendre possession de son corps, comme pour le protéger encore une fois.

"Je vais épouser Céleste. Je lui ferais ma demande. Et tu seras le témoin. Nous aurons un fils et tu seras son parrain." Dit-il de cette drôle de voix, son regard ayant du mal à se fixer sur la pièce qui s'était estompée étrangement, comme si les contours des objets devenaient flous, comme s'il les voyait sous l'eau. Il revit un instant la fugace vision qu'il avait eue en traquant avec sa promise... La fille aux cheveux verts... "Mais ce n'est pas avec un homme que tu danseras..." Sa voix était blanche. Sa vision se précisait. Elle ? "La fille aux cheveux verts sera ta cavalière et tu vas changer son monde comme tu as changé le mien. Et tu lui briseras le cœur, comme tu as brisé le mien..."
Deux larmes avaient coulées. Il réintégra son corps si brutalement alors que Sleipnir le quittait. Du sang coulait un peu de son nez et il vacilla sur lui-même. Une vision ? Mais il n'y avait pas d'eau... Mais il comprit brutalement : son propre esprit avait un instant fusionné avec celui de Sleipnir, tapis dans ses abysses. Il s'affaissa un peu, voûté en deux, sonné, épuisé. Il secoua la tête, redevenant simplement Ivar, et non plus un dragon millénaire. Juste un Ivar groggy, visiblement presqu'au point de s'évanouir, ayant du mal à se souvenir de ce qu'il venait de dire.
"Fergy..." Fit-il, faiblement, en tremblant un peu. La violence de ses visions l'avaient toujours laissé plus vulnérable.
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeJeu 13 Nov - 10:18

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    Ils étaient complices mais il y avait toujours eut quelque chose en Ivar qui faisait que Fergus le trouvait spécial par rapport aux autres et qui n'avait rien à voir avec le soutien qu'il lui avait offert jadis: certains amitié s'accordent si bien qu'elle efface son commencement et n'a jamais réellement de fin, les deux personnes ne retrouvant plus vraiment la couture qui jadis les avait joints. C'tait tout du moins ce que ressentait le capitaine Mac Lochlainn pour Ivar, son seul ami, car il n'en voulait pas d'autre. IL n'avait besoin que de ce lien spécial et privilégié qui avait déjà connu bien des heurts et dont le futur s'annonçait au moins aussi sombre que le passé. Il le savait bien; il aurait fallut être aveugle et stupide pour ne pas le voir et il n'était aucun des deux. Et encore moins dupe quand il vit le regard du blond devenir vitreux et le ton de sa voix devenir lointain. Pourtant en effet ce dernier parlait en connaissance de cause, en effet.

    "Celeste et toi avez du vivre bien des épreuves", il sourit mais sans joie, guère étonné du revirement de comportement de son ami, "c'aurait été vrai si tu avais été toi même en disant cela."

    Fergus haussa les épaules, signant de ce fait qu'il ne croyait en rien le temps serein d'Ivar; et il savait dans le fond que son dragon essayait de l'aider mais son intervention l'avait étrangement irrité, au point qu'il se leva du lit pour déplier sa longue silhouette, faisant quelques pas en arrière avant de fouiller dans la poche de sa veste qu'il avait laissé sur la chaise pour en tirer un paquet de cigarettes. Il ne pouvait se fier et croire ce qu'il entendait car ce n'était pas ce qu'aurait dit Ivar s'il avait eu tout son libre arbitre. preuve en était qu'il ne réagissait pas sur les boutades qui d'ordinaire l'aurait fait rire, ou juste tiquer. Fergus s'alluma une cigarette et collant sa main de libre dans la poche de son pantalon, il se contenta d'écouter Ivar lui expliquer ses projets d'avenir d'une voix distante et détachée. Le Nath ne dit rien, ne sachant pas quoi répondre à une telle intonation. peut-être n'y avait-il rien à dire en attendant que le blond recouvre ses esprits mais il comprenait aisément que ce dernier cherche à se protéger, ou à se faire protéger. Sleipnir était un dragon étrange et distant, comme tous les dragons plus anciens que le temps même. Il n'aurait jamais imaginé que ce dernier intervienne auprès d'Ivar, et surtout pas de cette manière alors il préféré attendre, silencieux et très maigre sur ses deux jambes de baléarica, la silhouette torturée comme un oiseau dessiné par un schizophrène.

    Ivar lui annonça d'un ton prophétique que durant le bal, ce ne serait pas avec un homme qu'il danserait et Fergus, sachant qu'il avait invité Miss O'Cuinn à danser durant cet évènement, ne fut pas surpris; le don de son ami voyait des possibles, mais pas des certitudes. Il hocha positivement du chef, tirant sur sa cigarette.

    "C'est Bryne O'Cuinn, un professeur à Lindorm. Je l'ai invité au bal en effet."

    Le capitaine comprit rapidement et peut-être un peu froidement ce qu'il y avait à comprendre avec le parallèle fait entre Ivar et le professeur O'Cuinn, pourtant cette double révélation le laissait simplement silencieux tandis qu'il offrit un mouchoir sortit de sa poche au blond pour essuyer son nez, voyant qu'il retrouvait enfin ses esprits. Fergus restait maître de lui. Il s'était souvent demandé si Ivar, avec toute sa dévotion en tant qu'ami, était amoureux de lui et le Nordenheimir venait de le confirmer. Combien de temps cela faisait-il? Surement un bon moment? L'annonce le perturba mais homme de sang froid, il garda la tête sur les épaules. Il avait de la peine pour Ivar et s'en trouvait troublé, tout comme l'idée que miss O'Cuinn pisse être amoureuse de lui. Tout cela le laissait sur le carreau, comme sonné.

    "Ivar", commença Fergus sans trop savoir quoi dire ensuite, "je m'en doutais mais je ne voulais pas passer pour un arrogant. Aujourd'hui je ne sais pas quoi te dire sans que ça te fasse souffrir", il termina sa cigarette qu'il écrasa dans un cendrier de poche, "peut-être devrai-je me taire. Je ne voulais pas te briser le cœur."

    Il s'était tut toutes ces années, ne posant jamais la question et aujourd'hui les choses venaient d'un coup sans lui laisser le temps de les analyser, le laissant un peu idiot. Voyant son ami vaciller, il le stabilisa assis sur le lit de ses mains sur ses épaules sans se soucier du contact instillé, simplement soucieux de la santé d'Ivar. Tant de gens qui l'aimait... et lui n'avait jamais rien ressenti pour personne.

    "Ne laisse pas ta chance de fonder un foyer avec Celeste te filer entre les mains. Je ne suis qu'un vieux crabe, tu sais bien. Les crabes ne tombent pas amoureux. Ils se cachent sous le sable."

    Cela en disait long sur son naturel et son comportement. Pourtant Fergus était honnête, droit et calme. Les mains dans les poches et toujours debout en face d'Ivar, le Nath garda longuement le silence, persuadé que son ami allait être blessé de sa sincérité, de son éternel pragmatisme. Il ressentait de la peine pour la situation d'Ivar et ne désirait pas lui donner l'impression d'être un élément perturbateur dans sa vie, bien que ce soit déjà le cas. Il perturbait une autre vie sans l'ombre d'un doute, se rappelait les manières un peu erratiques de la jeune professeur quand ils s'étaient croisé la dernière fois.

    "Pour miss O'Cuin... je verrai bien quoi faire, je n'y connais strictement rien en femme. Je n'en ai jamais connu aucune", baissant son regard vers Ivar, il reprit sur le même ton calme, "tu te souviens de cette fois, au chalet? J'étais content de l'avoir fait pour la première fois avec toi mais je ne me doutais pas que j'allais tant te faire souffrir. Portant je le referai si c'était à refaire parce que tu es spécial pour moi. Le plus spécial de tous les hommes, Ivar. Même si nous ne ressentons pas la même chose l'un pour l'autre je voudrai que tu comprennes une chose, c'est que l'amitié que j'ai pour toi est plus forte et importante pour moi que n'importe quel autre sentiment que je pourrais avoir. Mais que je n'ai pas."

    Il s'en voulait, le vieux crabe défiguré, mais son visage mutilé ne parvenait pas à exprimer sa crainte, ayant perdu de sa mobilité dans son accident et ne parvenant à produire qu'un rictus triste qui semblait lui faire mal au visage.
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeJeu 13 Nov - 11:07

♫ Thème


Il le savait, bien sûr. Il l'avait toujours su. Et l'amour lui explosait à la figure. Idiot qu'il était. C'était trop tard et il le savait. Il avait besoin de l'amitié de Fergus, parce qu'il savait depuis longtemps que rien ne serait jamais possible entre eux. Alors, si être spécial voulait dire n'être qu'un ami, il le serait. Etrange instant, où il réalisait brutalement qu'un seul mot, qu'un seul geste aurait pu le conduire à devenir son amant, à abandonner tous ses projets pour se consacrer à ce vieil amour tout tarabiscoté.
Mais ce geste, ces mots, ne vinrent pas et il le savait déjà. Qu'en aurait-il fait dans le cas contraire ? Il ne savait même pas.

Sonné, il posa son regard d'ambre sur son ami, l'écoutant en silence, le regardant arpenter la pièce de son pas d'oiseau échassier. Ce n'était pas le plus beau, ce n'était pas non plus le plus fort, mais c'était son Fergy. Et il en serait toujours ainsi. Changer vingt ans d'amitié en amour ne serait jamais possible : c'était un rêve fugace, que l'on caresse au matin alors qu'il s'effiloche déjà entre nos doigts. Il voulait vivre avec Céleste. Il voulait qu'elle soit sa femme, la seule qui l'avait retenu aussi longtemps. Il voulait lui donner des enfants, et être un bon père. Il voulait devenir général et se retrouver un jour à la retraite avec une tripotée de petits enfants pendant qu'il fumerait un cigare en sirotant du brandy et en radotant sur ses médailles, dans la grande salle de son manoir du Nordheim. Cette image d'épinal, il la chérissait, étrangement. Elle était sa force. Il se voulait vieux, et il voulait Fergus âgé qui viendrait lui rendre visite avec une boîte de chocolat à la liqueur, et ils riraient du bon vieux temps tandis qu'ils dégusteraient une tourte à la viande avec du vin. Céleste toute ridée mais toujours aussi belle les inviterait à une partie de cartes et ils seraient heureux.
C'était cela, son souhait le plus cher, s'il devait en faire un : qu'ils vivent tous heureux, vieux, et médaillés. Que le monde ressemble enfin à cette image de carte postale, saupoudré de la neige du Nord.

Alors, tandis que son ami le repoussait, il fut surpris de voir que sa douleur n'était pas si vive. Parce qu'il le savait déjà, bien sûr. Il aurait voulu se déclarer plus tôt. Mais s'il pouvait voir l'avenir, il ne pouvait pour autant voyager dans le passé et dire à son jeune - et con - lui-même de se sortir les doigts du derrière et de reconnaître aimer Fergus comme un fou.

"Fergus..." Tenta-t-il mais le Capitaine n'en avait pas fini, tirant sur sa cigarette avec une nervosité que lui seul pouvait voir, qui le connaissait si bien. Et cette fois-là... Les yeux d'Ivar se voilèrent un instant. Ces moments étaient gravés dans sa chair et dans son âme. Un moment si précieux, dérobé au monde et à la logique : Ivar n'aimait pas les hommes et Fergus était son meilleur ami. Pourtant, cette nuit-là, il l'avait aimé, il lui avait donné son cœur et son corps sans jamais le lui dire.

Le blond se leva, rejoignit son ami, et, doucement, lui prit les mains, lui retirant la cigarette pour la jeter par la fenêtre toujours ouverte. Ils faisaient toujours exactement la même taille et cela le fit sourire. Il était musclé là où Fergus était maigre et dégingandé.
"Je sais. Je sais déjà tout ça. Ne te prend pas tant la tête pour moi, espèce de vieil idiot." Les yeux d'Ivar se plissaient lorsqu'il souriait et des pattes d'oie naissaient au coin de ses yeux, signe du temps qui passe inexorablement. "Nous sommes spéciaux l'un pour l'autre, c'est tout ce qui importe. Je t'ai aimé de bien des façons, Fergus. Mais aucune ne te rend plus justice que notre vieille amitié."
Les mains de Fergus étaient fines et chaudes dans les siennes et il baissa un instant les yeux. Il le tenait sans douleur, avec toujours cette vieille tendresse qui l'avait habité dès les premières années.

"J'ai mal, bien sûr, c'est un peu bête : j'aurais voulu être moins con et obtus et comprendre que tu aimais les hommes avant que vingt ans ne passe. Peut-être que j'aurais eu une petite chance avec toi... Mais j'aime Céleste. Je vais fonder une famille avec elle. C'est ce que j'ai voulu construire quand j'ai failli te perdre à cause d'une bleubite... Je ne peux pas te pardonner d'avoir failli mourir. Mais je te pardonnerais quand même... Alors ne te stresse pas pour moi, espèce de vieux crabe. Mon cœur ira mieux si tu es heureux. Peu importe si c'est avec une femme ou un homme."
Il avait relâché l'une de ses mains et posa doucement ses doigts sur la joue blessée. C'était parfois aussi à lui de rassurer ce vieil idiot qui prenait toujours les choses trop à cœur. Aimer, c'était aussi faire des sacrifices pour le bien être de celui qu'on aime. C'était accepter son choix de ne pas nous aimer et de continuer quand même à l'aimer avec la même force, la même intensité.

"Et puis tu sais bien que j'aime trop les seins pour sortir avec une limande comme toi !" Il rit, parce qu'il préférait ça. Parce que c'était plus facile d'en rire. Plus facile de l'aimer comme un frère que d'amour. Et il lui donna une douce pichenette sur le torse. Un homme, et un autre homme, il avait toujours trouvé cela contre-nature et un peu écœurant. C'était hypocrite, sûrement. C'était aussi une façon de se protéger. Mais il aimait trop Fergus pour le perdre pour des sentiments qui n'avaient pas lieu d'être.
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Message A chaque seconde, un peu plus... [Fergy] I_icon_minitimeDim 23 Nov - 18:20

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    C'était un réaliste, un pragmatique. Et c'était peut-être ce qui rendait Fergus Mac Lochlainn bien moins parfait qu'on ne pouvait le croire. Il croyait sincèrement en la vertu de la droiture et de l'abnégation, avait dévoué sa vie entière à la protection des Territoires. L'amour et l'amitié ne l'intéressaient pas et ne l'avaient jamais intéressé. D'ami, il n'en avait qu'un seul mais le plus sincère et le plus solide qu'il n'aurait jamais, Ivar. La certitude de l'importance du blond était inscrite de longue date dans l'esprit du Capitaine des Comètes de Feu et il avait été sa seule donnée sûre, immuable. La seule chose qui ne changerait jamais dans sa vie. La seule chose dont il pouvait être sûr. Il était spécial, pour sûr, plus spécial qu'un amant, qu'un frère ou autre. Fergus avait un frère et une sœur, avait connu beaucoup d'hommes lors d'éteintes fugaces qui arrangeaient les deux partis... mais il n'existait dans son paysage sentimental qu'un ami. Il n'en avait pas besoin d'autre tant que ce vieux briscard d'Ivar était là.

    Il vit sa cigarette disparaitre par la fenêtre ouverte, laissant Ivar lui saisir les mains pour lui parler franchement de leur relation spéciale qui savait essuyer bien des revers tout en restant toujours aussi forte. Le Narth ne trouva rien à dire aux propos de son ami, justes et vrais. Il était sincère, malgré ces années de silence mais Fergus savait ce qu'il en était: si Ivar n'avait rien dit, c'était surement parce qu'il ne le savait pas lui-même. On ne peut en vouloir à ceux qui ne comprennent pas leurs propres sentiments. Il ne le plaint pas non plus: le blond était son ami et il aurait fait un piètre compagnon de le plaindre ainsi. Il lui sourit simplement, ce ces sourires qui faisaient mal au visage en serrant plus vivement ses mains dans les siennes, bien plus fines, un peu plus longues.

    "Tu as toujours été spécial pour moi"
    , dit Fergus en souriant, fermant les yeux, "et tu le seras toujours."

    Leur amitié était tendre et virile, reposant sur une confiance inébranlable. Certes il faisait souffrir son ami mais était heureux de voir qu'Ivar avait changé. Il avoua, les yeux fermés:

    "Tu es devenu fort, Ivar."

    Fergus était Ignis de nature, mais il n'était ni flamboyant, ni volcanique. Au bout des bras d'Ivar, il était un foyer de cendres chaudes et réconfortantes, une présence stable et bienveillante. Son ami avait appris et grandi là où lui avait stagné. Le laissant poser sa main sur sa joue brûlée, Fergus écouta Ivar... il avait mûri, indéniablement. Aujourd'hui comme jamais leurs aspirations étaient différentes, paradoxales même. Jadis, ayant été amant un seul soir, auraient-ils été amoureux? Si les choses avaient été comprises et dites, si les cœurs se seraient ouverts? Fergus ne savait pas; il ne raisonnait pas en "et si". Il ne se perdait pas en conjectures et en remords. Peut-être était-il, lui le dragonnier des Flammes, bien plus froid que son ami des eaux froides des profondeurs.... c'était la pure vérité. Fergus posa sa main sur l'épaule de son amie t la tapota gentiment.

    "Je suis heureux puisque tu es là", il reprit, "fais de beaux enfants à Celeste et que ta famille t'aime autant que tu le mérites."

    Lui n'aurait pas de famille, s'étant dévoué à ses ordres et sa tâche. Il n'avait pas le droit de se marier... mais s'il l'avait eut, en aurait-il eut envie? Rester sur le front était son destin et si Ivar se voyait vivre vieux, Fergus se voyait tomber dans la fleur de l'âge pour une cause qui le passionnait. Et en un sens, il était déjà marié, de son côté.

    "J'ai épousé la guerre, de mon côté. Ne fais pas la même chose. Je vais devoir y aller maintenant."

    Riant finalement de sa boutade sur les sein, le roux se frotta bêtement le torse avant de lui filer une grande tape dans le dos, cherchant sa veste sur le dossier de la chaise avant de lui offrir un salut militaire en guise de salutation.

    "Ivar Björnulf, Capitaine des Mirages Aquatiques! Ami et frère d'armes!", il sourit comme il put, "ne regrettez jamais le passé, ne laissez rien vous priver d'une famille! C'est un ordre!"

    Son sourire s'élargit, montrant tout le respect et l'affection qu'il avait pour son meilleur et unique ami avant de tourner les talons et de passer par la porte sans se retourner...

    [Clos, merci beaucoup! ♥]
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