L'espace d'un instant, les choses avaient lentement tourné en elle jusqu'à disparaitre dans l’éclat sombre de l'inconscience, du froid d'une mort distante mais réelle. Heurtée à la tête par un coup de masse qu'elle n'avait pas vu venir, Morwen n'avait pu sentir que la froideur d'un pique d'acier déchirer ses chairs, transpercer son dos; le reste n'avait été qu'une glissade vers le noir total dans une sensation de souffrance qui réduit son esprit à néant. Elle ne vit rien de ce qu'elle aurait pu voir, ne ressentit rien du tout. Même plus la douleur. Quand la rousse revint lentement à elle, la sensation atroce avait fuit, le sang avait séché dans ses cheveux et sur son front pour ne laisser que des croutes qui grattaient, qui la démangeait. D'autres se serait demandé par quel miracle ils seraient revenu ainsi à la vie; pas Morwen. Elle se moquait de ce qui s'était passé tant qu'elle parvenait à se relever, avec l'aide de Bryne qui visiblement l'avait tenue dans ses bras. Autour des deux jeunes femmes, la bataille faisait toujours rage même si visiblement leurs ennemis se repliaient finalement. Morwen regarda un moment la scène sans réagir, encore un peu sonnée. Son épaule la tirait douloureusement.

Une simple phrase glissée dans son oreille et Bryne était déjà loin. Reste en vie; que ce soit un ordre ou pas indifférait l'assassin qui déjà ramassait son nodachi. Regardant sa seule geta restante - elle avait perdu l'autre en courant vers le dragon de feu - elle se sentit étrangement vide, poussant un soupir. Reste en vie. Elle regarda l'allure de sa Némésis filer droit entre les cadavres, rapière au clair et eut un sourire tordu entre excitation et attendrissement; rien n’arrêtait Bryne, vraiment rien. Portant la main à son dos, Morwen n'y trouva aucune blessure et distinguant vaguement la directrice, elle se demanda si c'était son fait. L'assassin sourit, comme satisfaite. Je resterai en vie, je tuerai tes ennemis, Bryne. Semper fidelis ne voulait rien dire pour la jeune femme, déserteuse, assassin, criminelle. Aucune valeur de fidélité n'avait jamais percé son cœur, son crâne. Au loin, les troupes ennemies se réorganisaient. Elle, elle rangea son arme dans son fourreau et le remit en bandoulière, avant de piquer tête en avant pour courir le plus vite possible vers un nouveau round avec les agresseurs de l'académie; ce n'était qu'un jeu. Rien de plus qu'un jeu de vie et de mort où la sienne n'était finalement pas si grave; mais elle resterait en vie, parce que c'était important pour Bryne. Il est bon de savoir quand il est juste de vivre, et juste de mourir.

Pour l'instant, Morwen resterait le bourreau, pas la victime.

Elle courait vite, l'agile rousse sans armure, sans entraves, pieds nus dans la terre battue; Haalu lui avait fait subir les entrainements Wushei les plus étranges et douloureux et elle dépassa les lignes alliées sans se soucier de rien; Semper Fidelis, mon cul. Elle était libre, sabrant ceux qui se mettait en travers de son chemin en ne ressentant rien de plus que de la joie et de l’excitation. Sa propre douleur fut remisée dans un coin de son esprit et elle dépassa même Bryne à la tête de son petit groupe, lui jetant un sourire, puis un rire en pleine face.

"Je vous laisse ces petites merde, je vais m'occuper du dragon!", lança-t-elle toute gaillarde aux personnes qu'elle avait croisé avant; le Wushei borgne, le professeur au dragon solaire qui l'avait sauvée, le type qui s’appelait Sloan.

Morwen aimait les coups d'éclats, les adversaires difficiles, qui faisait peur. Cette peur qui réveillait l'envie de vivre, primale, positive. Au fur et à mesure de sa course, son corps s'était intégralement recouvert d'écorce et de ronces, la ralentissant mais renforçant incroyablement sa structure, fonçant sans peur sur le dragon de lave non loin du lac; elle avait l'avantage qu'il soit plus petit qu'ils n'aurait pu l'imaginer, et prit à parti devant le bord du lac par quelques soldats alliés; la jeune femme fonça comme une flèche contre lui, prenant un élan musculaire atrocement douloureux pour heurter de plein fouet la créature, espérant la faire vaciller; la chaleur du magma lécha sa peau malgré l'écorce, rendant le contact affreux, brûlant sa peau en quelques secondes. Mais le dragon perdit l'équilibre et chuta en arrière, dans l'eau du lac qui se remua de terribles vagues. Morwen tomba à l'eau également, son armure végétal dangereusement endommagée par le contact direct avec la lave. Encore une fois, l'effort donné à son action irréfléchi laissa son corps très abimé, et le froid de l'eau du lac sur son corps brûlé manqua de lui faire perdre connaissance.

Le dragon resta à peine quelques secondes sous la surface, émergeant des eaux dans un grondement terrible tandis que Morwen se trainait sur le bord du lac; la créature était devenue brune, perdant sa chaleur; l'assassin eut un instant interdit, fixant son adversaire en serrant les dents alors qu'il chercha à se rapprocher d'elle. Mais la lave était devenue basalte, croutes et obsidienne, figeant à jamais le terrible reptile de lave en une statut de basalte et de rhyolite, de roches froides et inertes trônant en plein milieu du lac dans une grotesque position d'attaque...

Spoiler:

Les dragons tombés à terre étaient inerte. Le sang se mélangeait à la neige. Teintant l’immaculé d’un rouge sang et profond. Les corps s’amoncelait, remuant l’estomac de Cordélia. Ses élèves… Ses ennemies… Ses collègues…
Tant de mort pour quelques heures, tant de personne encore en formation, pas prête pour se genre de guerre. Leur guerre… Celle de cette génération de professeur ballancé peu avant la guerre sur les champs de batailles.

Elle caressait doucement la jambe de Mi-cha une fois qu’il fut sur le dos de son dragon. Souriant doucement en lui demandant de rester là, elle savait, elle connaissait se genre de douleur lancinante, fulgurante. Il lui faudrait du temps pour s’en remettre.

Alors elle partait en courant. Suivant la directrice et les autres en entendant cette nouvelle vague de dragon. En entendant cette ombre qui osait leur dicter une conduite qui n’était pas la leur. Cette ombre aux allures de dragon…
Ses mots, ses insultes, ses moqueries, tout était là pour incriminer les dragonniers de Lindorm, la fine fleurs, les puissant de cette académie. Car il fallait être bon pour apprendre aux autres, personne ne le cachait il le savait tous.

Alors voilà pourquoi on les avait finalement attaqué… Il voulait les humilier, eux les enfants de Limlug, eux les partisan du dragon ancestral, leur paire à tous.
Elle fronçait les sourcils, sur ses gardes devant les deux nouveaux dragons qui s’abattaient sur eux, devant le regroupement de survivant encore en surnombre par rapport à eux… La rouquine, Bryne, elle, Mi-Cha, mal en point mais présent et… Mais qu’est ce qu’il faisait là lui ! Tarik, mais quel idiot ! Il faudrait qu’elle lui botte le cul !

Soupirant doucement devant tout ça, devant Bryne qui piquait de sa rapière, devant la rouquine qui abattait à elle seule un dragon. retirant une épine du pied de Cordélia, soit, c’était déjà ça.
Regardant Ahu’ra, la professeur souriait doucement, il était temps de reprendre les combats, elle devait se resaisir pour protéger ses élèves pour ne pas inquiété ses deux mamans entrain de combattre aussi. Elle se devait d’être forte. 

Alors d’un geste puissant elle vint à secouer la lame de son Katana, laissant un long filé de sang dans la neige.
Regardant Mi-cha elle vint à réfléchir, s’attaquer au dragon restant ? Attaquer les humains encore en surnombre par rapport à eux.

Fermant les yeux deux secondes pour inspirer et expirer, analysant la situation autant qu’elle le pouvait. Doucement, elle rouvrait les yeux, souriant à son élève.

- Je vais avoir besoin d’une arrière Garde Jung. je ne peux pas être partout. Ne descend pas du dos d’Akairo. Mais permet moi au moins d’avoir des yeux dans le dos. Ahu’ra va s’occuper du dragon de feu, ses flammes me permettront de faire des recharges de Lumière. Prêt ?

Elle laissa Tarik faire, il était assez grand pour se gerer elle n’avait pas le droit à l’erreur, elle se devait de faire confiance à tout le monde.
Alors elle faisait signe à Jung de s’y mettre se lançant finalement dans la bataille, précise, Chirurgicale. Son corps gagnait des éraflures, des griffures, des coupures, des cicatrice baignigne qui s’ajoutaient à la fatigue.

Son dragon lui, vint à s’attaquer au dragon de feu, féroce, dangereux contre ce dragon ennemi. Ahu’ra était enfin lui, elle lui avait donné carte blanche, il était temps de montrer à ses sauvages se qu’est un vrai dragon des âges anciens. Il mordait, griffait, lâchait des jet de lumière. Violent, féroce.