Je devais préparer mes affaires, en vue de mon départ pour l’académie. En fait, j’avais encore des bandages autour du front et au niveau des mains lorsque je finissais de ranger mes effets.
L’ambiance, à la maison, était entre deux eaux. Ils étaient fiers que j’ai réussit l’Alliance, mais je sentais une certaine retenu chez Père. Il devait probablement penser au fait que j’allais retrouver Jordanne sans qu’il ne puisse nous surveiller…et alors même que je sais la vérité.
Je n’ai encore rien dit à celle qui fut ma sœur ces vingt-et-une dernière année. Je veux lui garder la surprise, au sujet de Tanaris, et de la liberté future que sera la nôtre. Même si j’ai aussi peur de sa réaction lorsqu’elle saura la vérité.

Dans tous les cas, je passerai une journée à Laragon avant de rejoindre l'académie. J’ai rendez-vous pour mon admission…
C’est sur le dos de Tanaris, disant au revoir à Mère et saluant mon Père, que j’ai pris l’envol pour l’île qui serait témoin de mon avenir. Soldat, ou affilié, et ce qui attend toute personne diplômé. Même si une ou deux années sont le minimum, est-ce que je me contenterai seulement de ça ? Je sais aussi qu’être un forgeron me manquera, inexorablement.
Peut-être pourrais-je voir à travailler le métal pour l’armée, en fin de formation. Je n’ai rien contre les champs de bataille, mais j’aime tellement créer ces armes et armures que je suis tiraillé. Enfin, j’ai encore cinq années pour y penser. Cinq, dont au moins Quatre avec ma belle rousse enflammée. J’ai finalement le droit au bonheur ?

Nous nous sommes posé prés de la forge de Milos, et j’ai remercier le propriétaire de me permettre de loger chez lui cette nuit. L’après midi arrivé à sa fin, lorsque je décidais de me promener. Tana’ ? Il avait envie de dormir…Il faut dire qu’il n’était pas encore tout à fait guérit de notre alliance plutôt brutale.
Prenant le chemin centrale, je me suis retrouvé dans le quartier dit du « Commerce ». Mais alors que j’avançais en détaillant les devantures, j’avoue ne pas avoir fait attention à ce qui se passait devant moi…et que j’ai fini par percuter quelqu’un.

« Déso…lé ! Attention ! »

Je suis trop con ! En le poussant, sans faire exprès, il s’est retrouvé au niveau du chemin des calèches. J’ai saisi son poignet pour le ramener vers moi, in extremis, sauf que dans mon élan je suis tombé en arrière…et j’ai fini cul contre terre, et dos contre…oups…un étal de tissu.
Et voilà, le commerçant arriva prés à hurler contre le « vandale » ayant dévasté sa boutique de tissu. Et merde !!!
Me relevant, difficilement car mon corps endoloris par mon alliance, j’avoue que là, je me sens un peu idiot. Et cet inconnu ?

Qu'est-ce qu'il faisait là ? Soupirant, Vaast regarda autour de lui, cherchant une pharmacie. Oui, il aurait pu aller à l'infirmerie de Lindorm pour demander ce dont il avait besoin, mais il n'avait aucune envie que quelqu'un là-bas sache quoi que ce soit à propos de ce dont il avait besoin. Il ne voulait surtout pas qu'on lui pose de questions. Alors il s'était mis en tête d'aller dans le quartier commerçant de la ville pour aller acheter ses médicaments.

Rien de bien folichon naturellement, juste de la crème pour ses brûlures et ses cicatrices ainsi que de quoi faire passer les maux de tête lancinant qui le prenait régulièrement du fait qu'il n'avait pas eu une vraie nuit de sommeil depuis un mois maintenant. Il avait une sale tête, ses yeux étaiet largement cernés et sa peau encore plus pâle qu'à l'accoutumée.

Alors, couvert comme en plein mois de décembre, il déambula dans le quartier, laissant ses yeux et son esprit vagabonder autour de lui. Il n'était pas du genre à aimer la foule mais il y avait ce sentiment de sécurité quand il était comme ça en publique. En général les gens évitait de s'en prendre à quelqu'un en publique, de ce fait c'était souvent relaxant même s'il se mettait en position de faiblesse. C'était une arme à double tranchant, il avait toujours peur de déranger quelqu'un.

Pourtant il n'avait pas le dos vouté, il n'avait pas l'air d'un petit animal effrayé. Il marchait d'un pas calme et décidé, les mains dans les poches, l'air de rien comme si rien ne pouvait l'atteindre. Nonchalant, presque ennuyé. Il n'avait cependant qu'une seule idée en tête : aller acheter ce dont il avait besoin et rentrer. Même si rentrer signifiait se méler aux autres élèves. C'était compliqué.

Tout à ses pensées, il ne fit pas forcément attention à ce qu'il se passait devant lui, les gens ayant tendances à le remarquer et à lui céder le passage. Alors lorsque le choc arriva, il fut surpris. Perdant son équilibre il le récupéra aisément de quelques pas sur le côté, beaucoup plus agile qu'on aurait pu le penser au premier abord. Mais alors qu'il allait pour s'excuser, il entendit le bruit caractéristique d'une calèche derrière lui.

Surpris, il n'eut pas le temps de réagir et sentait déjà la violence du prochain choc. Mais à la place il se senti tiré en avant, son nez se collant contre une surface dure et douce à la fois, une forte odeur lui imprégnant les narines. Il n'arriva pas à se retenir cette fois et les deux poids partirent rejoindre le sol dans un lourd fracas.

Les yeux clos, Vaast évalua rapidement les dégats physique, se surprenant lui-même en sentant qu'il n'aurait rien de plus qu'un simple bleu. Ouvrant lentement les yeux il se retrouva nez à nez avec un autre garçon, plus âgé que lui et un marchand qui élevait la voix au dessus d'eux. Oh non, il ne voulait pas se faire remarquer !

Se redressant dans la seconde, Vaast épousseta ses vêtements rapidement en regardant autour de lui, n'aimant pas être le centre d'attention. Il avait failli causer un accident, il allait encore se faire gronder. Il devait s'excuser. Mais parler devant autant de monde le rendait terriblement conscient de son timbre de voix. Pourtant il ne pouvait pas laisser les choses comme ça et partir comme il le souhaitait...

"Désolé," fit-il sobrement, réajustant son écharpe avant de s'avancer vers l'étal pour aider le marchand à récupérer sa marchandise.

Il ne demanda pas à l'autre garçon comment il allait, pensant que son mot d'excuse était suffisant pour tout le monde. Il aurait peut-être dû le remercier de l'avoir sauvé mais il pensait aussi que ce simple désolé suffirait. Il ne parlait pas pour rien, juste le minimum vital...

Il allait encore se faire disputer, il en était persuadé malgrés l'air nonchalant qu'il affichait, comme si tout cela était normal. et sans importance.

Ouf. Je crois que j’ai réussis à ne pas avoir un mort sur la conscience, c’est déjà ça. Enfin, le vendeur qui hurlait me donner la migraine, et puis, je ne suis pas indemne de ma balade avec Tanaris moi. Grognant tout en me relevant, j’ai zieuté le marchand en ronchonnant :

« Vous vous trouvez intelligent à nous hurler dessus alors qu’il a faillit finir écraser ? Bien sûr qu’on va vous aider à ranger vos teintures…vous nous prenez pour qui ?
- Que ? Comment oses-tu parler ainsi à tes ainés. Mais….je te reconnais. T’es l’apprenti du vieux Milos.
- Je suis le fils d’un ami de Sir Milos plutôt…et il m’est, en effet, déjà arrivé de travailler avec lui. Cela vous rassure sur le fait que nous ne sommes pas des délinquants ? »

J’étais de mauvaise humeur, contre cet homme qui semblait juger que tous les jeunes sont des destructeurs en puissance. Rah ! Quelle idée, merde !
Enfin, j’aurais continué à répliquer, et je me serais engueuler avec ce vieux tocard si un doux « désolé » n’avait pas quitté les lèvres de celui que j’avais percuté, puis sauvé de ma propre bêtise.
Je les regardé, les yeux ronds, se dirigeait vers l’étal pour ranger. Finalement, j’ai soupiré, et sourit, avant de me diriger pour l’aider. Quand bien même, je paraissais dans un pitoyable état avec mes bandages.

« Tu sais, tu n’avais pas à t’excuser. C’est moi qui t’ai bousculé et qui t’ai mis en danger par là-même. » Dis-je, très sérieusement, en rangeant deux-trois tapis sur la table.

Le vieil aigri nous regardais faire, nous surveillant. A cette vue, j’ai froncé les sourcils et lui ait dit clairement :

« Si vous pensez qu’on va vous voler, c’est vraiment pas gagné ! Vous êtes vraiment conciliant avec des personnes qui ont faillit passer sous des chevaux. »

Un grommèlement me répondit…mais bon, l’idiot vieux et gras quitta les lieux pour retourner à son étal principal, s’occuper de je ne sais quoi. Qu’il ne me sorte pas une facture pour avoir soi-disant sali ses fichus trucs ! Sinon, je crains de ne rapidement m’énerver.
Je déteste ce genre de marchands qui ne pense que « argent » et « argent » ! Ils en oublient les qualités humaines ces pauvres crétins !

« Dit, tu t’appelles comment ? » demandais-je, pour faire plus ou moins passer le temps. Et puis, le regardant du coin de l’œil, je le trouvais assez jeune alors, j’ajoutais.

« Tu étudies à l’académie Lindorm ? »