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La Raison des Sentiments [clos]

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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeSam 8 Sep - 14:52

Hum !

Soupirant d'une légère amertume, Nicola se dirigeait vers la Serre où il avait donné rendez-vous à Jan quelques heures plus tôt par lettre. Cette dernière était assez vindicative dans sa manière d'écrire, comme dans sa manière de parler d'ailleurs, mais c'était trop hargneux pour être honnête.

Avait-elle conscience de son ton trop empressé ? Avec un petit sourire, Nick se remémorait les mots que la belle Nordenheimir avait couché sur le papier qui paraissait humide. Il était même certain qu'elle avait versé quelques larmes en écrivant. Était-elle si sûre de ce qu'elle avançait en disant être heureuse de son destin ? Il était certain que non. Et il avait amené la preuve, ces réponses empreintes silencieusement de sa détresse.

Mais il n'allait certainement pas rester les bras croisés à attendre que la femme de sa vie s'éloigne et épouse un autre homme que lui. Cette nouvelle l'avait rendu méchamment jaloux et Nicola ne supportait pas cette sensation. Et même s'il provoquait un incident diplomatique comme elle le sous-entendait, il n'en avait cure. Il ferait tout pour qu'elle abandonne cette idée stupide de mariage, sauf si elle réussissait à le convaincre réellement que c'était vraiment ce qu'elle souhaitait.

Il arriva à la Serre avec une demi-heure d'avance. Ce n'était pas le moment d'arriver en retard, ce n'était pas le soir où les erreurs étaient permises. Il lui fallait absolument arriver à faire tomber le masque de mépris de Jan, car Nick savait que ce n'était que ça, un masque bien formaté, un peu trop collé à la peau, qu'elle n'arrivait pas à enlever.

Mais il allait se charger de le lui ôter. Il allait utiliser toutes ses armes, tous les moyens dont il disposait pour lui faire rendre les siennes. Ce soir, il allait la mettre face à ses émotions, la faire plier et la pousser à reconnaître que l'élan qu'il ressentait n'était pas à sens unique. Jan protestait trop pour vraiment éprouver ce qu'elle n'arrêtait pas de répéter sans cesse.

S'étirant légèrement, il regardait à travers le toit transparent de la serre, inspirant profondément le lourd parfum des fleurs qui poussaient à profusion et dont certaines s'épanouissaient à la faveur de la lune qui commençait à monter dans le ciel...


Dernière édition par Nicola Ferretti le Mar 11 Sep - 14:32, édité 1 fois
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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeSam 8 Sep - 15:56

    Jan n’avait jamais aimé les fleurs, les plantes et toutes ces choses qu'elle n'avaient que rarement côtoyé dans son pays de naissance. là-bas, quelques rares Edelweiss perçaient parfois la neige mais aucune végétation ne vivait dans les hauteur glacée du Nordheim. Il n'y avait même pas d'arbre. Mais elle avait eut, enfant, la banquise pour terrain de jeu et les vallées glaciaires et Inlandsis comme paysage pour grandir. A Himinbjörg, sur les hauteurs, elle avait pu voir les sortes de voiles extrêmement colorés dans le ciel nocturne, où prédominait le vert. Les aurores polaires étaient les joyaux de son pays si hostiles aux étrangers, les écrins de sa beauté sauvage et glaciale.

    Sa mère lui avait dit quand elle était encore toute petite que les aurores boréales sont provoquées par le reflet du Soleil ou de la Lune sur les armures des Valkyries quand elles traversent le Ciel, qu'elles étaient la danse des esprits de certains animaux, particulièrement les saumons, les rennes, les phoques et les bélugas. Elle se souvenait avec nostalgie qu'elle avait pensé, encore très jeune, que les aurores polaires étaient associées à des renards célestes qui parcourent rapidement les vastes étendues enneigées en éjectant de la poussière dans le ciel, créant ainsi les aurores boréales le long de leur passage.

    La Nordenheimir entra dans la grande serre en éternuant: elle était allergique au pollen et son nez rougit presque immédiatement, alors qu'elle poussa la porte vitrée. L'odeur lui déplut, même si elle était légère. L'endroit lui semblait un peu cliché mais elle ne s'étonna pas du choix de Nicola pour ce genre d'ambiances. Il n'avait aucun goût. La blonde poussa sa chaise roulante le long de l'allée principale, se retenant de renifler. Il commençait à faire un peu froid en ce début de soirée à la lumière déclinante mais Jan ne le sentit pas, elle qui était habituée à des températures autrement plus extrême qu'une brume crépusculaire de climat tempéré.

    La Nordenheimir portait tout de même un pull sombre à carreaux avec l'insigne de l'académie et un pantalon noir à coupe droite, sans fantaisie aucune. Sur ses cuisses, son sempiternel plaid. Elle ne portait pas ses lunettes ni son monocle, mais sa bouche était poncée en une expression désagréablement contrite.

    Et, tandis qu'elle traversa l'allée en voyant la silhouette massive du professeur de combat et sa tête de niais, la jeune femme tourna un instant la tête vers un massif de fleurs blanches, feutrées de poils blancs laineux. Des Edelweiss.

    "Ce sont les seules fleurs qui poussent dans mon pays. En Nordheim, on les appelle Étoiles de Glaciers."


    Elle en cueillit une, et la fit tourner entre ses doigts longs et maigres.

    "Chez nous, l'Edelweiss représentait la pureté et l'amour et la coutume voulait que, le jour du mariage, le fiancé en offre un bouquet à sa promise."

    Jan fixa lourdement Nicola, sans rien lui dire durant un long moment; la petite fleur tournait dans sa main, nerveuse. Elle haussa finalement les épaules et poussa un soupir.

    "On les utilise aussi contre les diarrhées. Bref, réglons nos affaires, je suis pressée."


    La Nordenheimir releva son regard sombre sur Nicola en attendant qu'il parle.
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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeSam 8 Sep - 16:29

La jeune femme arrivait dans son fauteuil roulant. Elle avait l'air tellement agacé d'être là que Nicola ne put s'empêcher de lui sourire largement. Jan, sa si belle fleur, pareille à l'edelweiss qu'elle tenait dans sa main, sans bien sûr donner les mêmes effets.

En l'entendant débiter ces propos dignes de dégoûter le plus empressé des prétendants, Nick se mit à rire et s'approcha de la jeune femme en la détaillant de son regard appuyé. Il ne savait pas si elle faisait exprès de s'habiller de la sorte, aussi strict et terne, mais cela ne masquait pas cette sensation qu'il ressentait quand il la voyait.

Il resta un instant sans voix, savourant la vue de son visage au teint laiteux, se retenant de laisser aller sa main sur sa joue pour savoir si elle était toujours aussi douce. Aucune femme n'avait encore éveillé un tel besoin en lui.

- Jan, vous êtes resplendissante.

Nick était on ne pouvait plus sincère. Et vu le peu de confiance de Jan, il était fort probable qu'elle prenne cette assertion pour une moquerie. À lui de lui montrer qu'il n'était pas un gros margoulin. Il se met à genou devant elle, posant ses mains sur les roues de son fauteuil. Il la dévorait des yeux, les siens ne cachant absolument rien de ce qu'il ressentait à cet instant : une attirance foudroyante, une joie mal maîtrisée, un amour naissant pour une femme d'exception.

- Vous n'avez aucune idée de ce que vous provoquez en moi.

Il faisait fi de son entrée en matière qu'il jugeait inintéressante. Ils n'étaient pas là pour parler de son futur mariage ou encore du remède de cheval des edelweiss. Il voulait lui faire passer tous ses sentiments confus qui n'arrêtaient pas de le remuer depuis qu'il était entré sans son consentement dans sa chambre. Il avait vu sa vulnérabilité, sa blessure profonde, il était tombé amoureux, bien que ce terme ne soit pas assez... Grand pour englober toute cette gamme de sensations qui montaient en puissance.

- Ne croyez pas que je me conduise ainsi avec toutes les femmes que je croise. Depuis ce jour-là, il n'y a plus jamais eu personne d'autre que vous.

Nicola ne souriait pas. Il se contentait de la fixer, attendant un signe de sa part. Mais ce qui était certain, c'est qu'il allait goûter ses lèvres, mais uniquement si la belle Jan y consentait, il allait lui montrer qu'il n'était pas ce casanova sans scrupules qui était prêt à tout pour sauter sur un jupon.
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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeSam 8 Sep - 17:23

    Il avait ri et d'instinct, Jan sentait la colère poindre; elle détestait son rire. C’était comme si Nicola se moquait continuellement non pas d'elle, mais du monde alentour. Comme s'il ne se souciait de rien et que rien ne pouvait l’atteindre. Elle se sentait si jalouse de ce genre de mode de pensées, elle la femme clouée à vie dans son fauteuil, privée de la liberté de combattre, de se mouvoir. Elle qui avait tout un tas de responsabilités auxquelles elle ne pouvait échapper, parce qu'elle se devait de respecter ses engagements, et son destin.

    Lui qui était si libre, il avait le droit d'être insouciant. Il avait le droit d'être libre.
    Elle, elle était enchainée!

    Enchainée à son fauteuil, à ses promesses. Enchainée depuis sa naissance d'enfant adultère. Jan n'avait jamais été libre, et elle enviait Nicola. Toute petite son père avait décidé pour elle: elle serait soldat. Elle serait officier, et elle se lierait à Nihdögg. Le grand dragon lavait méprisée, abandonné dans la neige, trainée dans la boue. mais il avait compris que comme lui, elle n'avait simplement pas eu le choix de l'Alliance. Et les pensées de la blonde n'avaient jamais été que des léopards des neiges en cage.

    Nicola la détailla et Jan rentra la tête dans les épaules en lui offrant un regard colérique sous cette glace de bonnes manières. Elle froissa la petite fleur dans ses mains, la chiffonnant comme un de ses chagrins silencieux et n'osa parler, affrontant dignement l'homme en se reprenant aussi vite que le trouble était apparu en elle. Lorsqu'il la complimenta, la blonde se contenta de détourner la tête. Mensonge; il se moquait encore d'elle parce qu'elle était en fauteuil. Ou parce qu'elle ne se mettait pas en valeur, selon son choix personnel. L'on se met en valeur quand on est belle; elle ne l'était pas.

    Et pourtant la douceur de l'ovale de son visage recelait quelque chose qu'elle tentait de cacher en s'enlaidissant de la sorte. Jan regarda avec stupeur Nicola s'agenouiller devant elle en posant les mains sur les roues de son fauteuil. Elle ferma les yeux et se força à regarder le plafond de la serre pour ne pas se sentir mal.

    "Arrêtez de me regarder comme cela, c'est impoli."

    Il continua à parler, dans sa lancé, et chacun de ses mots augmentaient curieusement sa colère. La blonde aurait voulu lui dire de se taire, d'arrêter son cinéma, que cela ne prenait pas avec elle. Mais depuis qu'il l'avait retiré des flammes, qu'il lui avait sauvé la vie, quelque chose avait été planté en elle malgré toutes ses précautions. Malgré tout, au fil des années. Une fleur était née au creux de son corps, toute petite, toute fragile. Elle n'avait ni besoin d'eau, ni besoin de lumière. Elle buvait la coupe de la colère et avait besoin pour grandir d'entendre ce rire et de voir ce sourire, même s'ils agaçaient Jan.

    Elle s'était rendue compte de ses sentiments pour Nicola sur le retour de la demeure familiale, lorsqu'elle avait rédigé un courrier pour son demi-frère Niels dans la calèche. Jan lui avait donné sa réponse concernant le mariage, et il était trop tard à présent: elle lui avait dit oui. Parce que ce mariage était un mal nécessaire à la famille vieillissante et que c'était surement là le vœu de feu leur père. Et ni Nicola ni les sentiments qu'elle avait pour ce dernier n'y pouvaient rien.

    Jan ne parla pas, puisqu'elle n'avait rien à dire. Elle ne regarda pas Nicola non plus. Non, la Nordenheimir ne croyait pas en sa sincérité. Elle n'avait pas envie qu'il lui dise des choses comme ça; pas envie de sa gentillesse. Pas envie de souffrir. Alors elle posa ses mains sur les roues de son fauteuil et recula doucement, en le regardant, l'air de lui dire qu'elle ne le croyait pas, et qu'elle n'était pas pour lui. Même si elle l'aimait mais ne voulait pas lui dire, car c'était inutile.

    "Je suis la future épouse du gouverneur de Nordheim, mon demi-frère Niels. Même si ce que vous me dites était vrai, je ne voudrai pas de votre amour"
    , lui dit-elle froidement en le toisant avec la tête un peu relevée.

    Elle n'avait pas dit qu’elle ne l'aimait pas, mais simplement qu'elle était la femme d'un autre homme. Et pourtant, reculant, elle ne pu s'empêcher de le fixer.

    "Crétin de Lostreg..."
    , marmonna Jan, le fixant avec plus de colère encore, "crétin..."

    La Nordenheimir trembla imperceptiblement, sentant un frisson de fureur froide la prendre. Elle avait envie de l'insulter, encore une fois, autant que de pleurer. Mais elle cacha admirablement ces deux envies n'offrit à Nicola qu'un air neutre et digne. Il ne fallait pas qu'elle s'emporte. Mais tout cela n'avait ni queue ni tête. Elle secoua la tête à la négative.

    "Tout cela est stupide. Et vous êtes pathétique, comme toujours, Ferretti."


    Et pourtant, il creusait en elle une petite place, il faisait grandir la petite fleur. Malgré tout ce qu'elle disait. La blancheur des Edelweiss attira à nouveau son regard et elle en cueillit quelques unes, avec un calme perturbant, les liant dans sa main en un petit bouquet sans prétention qu'elle noua d'un de ses rubans qui retenait une de ses nattes. Jan roula vers Nicola en le regardant en relevant la tête, l'air un peu radoucie avant de lui tendre les fleurs.

    "Je suis désolée, Nicola."


    Elle les lui offrit de tout son cœur.
    Elle lui les offrit par amour.

    Puis Jan fit demi-tour avec sa chaise roulante et se dirigea vers la sortie de la serre, parce qu'elle n'avait plus aucune raison de rester ici.

    Elle resterait un léopard en cage; en fauteuil.
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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeSam 8 Sep - 23:44

Jan pensait bien à raison qu'il était libre... Mais savait-elle au moins à quel point il avait payé cher cette liberté qu'elle enviait tant ? À errer depuis l'âge de 3 ans dans les contrées hostiles de Lostrego, se nourrissant de tout ce qui avait l'air à peu près comestible, changeant sans arrêt d'abri pour ne pas s'habituer à rester quelque part de peur qu'une créature menaçante finisse par s'approcher...

Alors oui, Nicola était libre, mais il était seul. Il n'avait aucune famille sur qui s'appuyer lorsqu'il allait mal, aucun lien de sang humain avec quiconque, aucune affinité avec qui que ce soit hormis Améthyst, mais ce n'était pas pareil. C'était une dragonne, elle avait parfois du mal à comprendre les mécanismes de réflexion humaine. Si Jan avait seulement pu deviner la véritable personnalité du professeur de combat, elle aurait vu quelqu'un de solitaire qui se cachait derrière ses attitudes bravaches.

Seul Liam connaissait cette facette de lui, il était le seul à qui il avait révélé un bout de lui-même et encore, il ne connaissait rien de son passé, du manque d'informations sur ses origines. Nicola avait lui-même fait le deuil depuis longtemps et avait fini par ne plus vouloir connaître la vérité. Il n'en avait plus besoin pour vivre sa vie, se contentant de croire que ce n'était pas le passé qui forgeait le présent ou le futur, c'était surtout les actes.

Et pour le moment, tenant le petit bouquet à la main, il regardait Jan s'éloigner de lui, de la serre, de sa vie... Il n'aurait su dire ce qui se passa dans sa tête, mais ça ne pouvait pas se passer comme ça. S'élançant à la suite du fauteuil, il le retint par les poignées qui se trouvaient derrière.

- Je suis navré mais je ne peux pas vous laisser partir ainsi.

Contournant une nouvelle fois la chaise roulante, il se remit à genou devant Jan, laissant tomber pour la toute première fois de sa vie le masque qu'il arborait tous les jours, lui montrant ses faiblesses et ses fragilités en accrochant son regard. Il était vulnérable mais ne reculerait devant rien pour que Jan laisse à son tour tomber son propre masque. Se penchant en avant, il avança la main afin de caresser doucement sa joue, comme il l'avait fait le jour où elle était souffrante.

Elle ne pouvait pas manquer le changement chez le lostreg qu'elle venait de traiter de crétin une énième fois.

- Pourquoi m'en voulez-vous autant ? Que vous ai-je donc fait ? Et ne me parlez pas du fait que je sois entré dans votre chambre sans votre permission, vous en avez après moi depuis bien plus longtemps que ça.

Nick voulait vraiment savoir, afin d'éviter peut-être à l'avenir de la froisser de nouveau. Il souhaitait vraiment entretenir avec elle des rapports plus harmonieux, sinon moins tendus...
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AnonymousInvité
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeDim 9 Sep - 10:02

    Jan ne s'éloigna pas longtemps, rattrapé par Nicola qui bloqua son maudit fauteuil. Comme elle haïssait sa position d'handicapée, si facilement contrôlable par autrui quand il s'agissait de ses mouvements. Et l'idée qu'elle ne pouvait pas fuir cet homme bornée lui noua les viscères. Elle éternua fortement, le nez rougeot agressé par le pollen, et se moucha dans un mouchoir blanc immaculé tandis que le Lostreg lui disait qu'il ne la laisserait pas partir comme ça.

    "Je vous en pries Ferretti. Laissez-moi partir", lui demanda-t-elle calmement et poliment en refusant de le regarder dans les yeux lorsqu'il se remit à genoux.

    Pourquoi insistait-il, à la fin? Elle lui avait tacitement dit tout ce qu'elle avait à lui dire avec le bouquet d'Edelweiss. Jan fini par se dire que Nicola était vraiment idiot, en fin de compte. Et cette idée l'agaça de nouveau mais elle se contint, fermant les yeux et poussant un soupir. Il voulait savoir. Mais savoir quoi? La Nordenheimir le regarda alors, d'un air triste en faisant elle aussi tomber le masque. Voir cet air sérieux sur le visage du professeur de combat tait perturbant et brisa le masque de calme et d'austérité de la blonde, ne laissant d'elle qu'une petite femme triste qui telle Atlas, portait le monde sur son dos. Mais ses épaules ne tenaient pas le coup.

    "Vous êtes libre, et je vous envie. Bien sûr vous êtes seul, cela se voit. Mais j'aimerai encore être comme vous, et faire semblant de ne me soucier de rien que de devoir tenir les engagements qu'on a pris pour moi. Vous pouvez aller où vous le désirez alors que moi... je suis clouée dans ce fauteuil."

    Elle haussa vaguement des épaules, le visage las.

    "Vous pouvez aimer qui vous voulez. Chez moi, cela ne se passe pas comme ça. Je vous ai toujours détesté parce que vous étiez la cigale et moi la fourmi. Parce que vous courriez les filles, vous plaisantiez avec elles..."

    Finalement Jan posa les mains sur ses roues et contourna le plus simplement du monde Nicola; elle voulait juste partir.

    "... et vous ne me regardiez jamais."

    Elle, la première de la classe, celle qui n'avait aucun ami. Celle qui avait été la meilleure élève de Lindorm jusqu'à ce que cet enfoiré de Fletcher lui avait prit sa place. Nicola l'avait sauvé des flammes puis dédaignée: il était retourné à ses papillonnages de coucou, la laissant sur le carreau.

    "J'aurai peut-être voulu connaitre mon sauveur mais vous étiez trop occupée avec les autres filles. Alors je vous ai détesté; j'ai regretté que vous ayez sauvé ma vie... j'ai été soulagée de partir à la guerre mais quand je suis revenue, vous n'aviez pas changé. Moi j'avais perdu ma jambe, la guerre: ma raison de vivre. Vous, vous étiez le même: un inconstant qui ne me regardait pas."


    Elle tourna un peu la tête vers lui.

    "Un homme qui s'agenouille devant moi en me jurant par tout les saints qu'il m'aime alors qu'il n'a jamais fais l'effort de venir vers moi. Je vous déteste, je vous injurie, je vous fais passer pour une idiot et si je pouvais, je vous pousserai dans les escaliers. Parce que vous venez bien trop tard."


    La Nordenheimir reprit son chemin.

    "Vos promesses sont vides; elles ne veulent rien dire pour moi. Parce que je me moques des grandes tirades, parce que vous faites l'effort des années trop tard: j'avais besoin de vous bien avant. Mais à présent j'ai dis oui à mon demi-frère et je respecterai mon vœu. Nous nous marierons dans deux mois et nous aurons des enfants. C'est notre devoir, notre rôle. Personne ne peut rompre la chaine."

    Jan poussa la porte de la serre pour sortir.

    "Que je vous aime depuis des années n'y changera rien. Je ne veux pas être avec vous, Nicola. Ce n'est pas que je ne peux pas, c'est que je ne veux pas. Trop d'années ont passées alors que vous ne me regardiez pas. Et pendant ce temps, ma famille a prit de l'avance. Et moi, je me suis lassée de vous attendre sans espoir, tandis que vous faisiez le mariole avec les autres filles. Ce que vous faites toujours. Alors je ne veux pas des serments, ni même de l’amour d'un homme de cette espèce."
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeDim 9 Sep - 15:01

-- OST Fairy Tail ---

Il ne savait comment réagir à cette avalanche de mots...

Toute une batterie d'émotions se déversaient en lui, allant de l'amour le plus pur à la haine la plus prononcée, en passant par la résignation et la colère. Jan lui avait une fois de plus tourné le dos, non sans lui avouer qu'elle l'avait toujours aimé, et ce, depuis le jour où il était venu la sauver de l'incendie.

Contrairement à ce qu'elle pensait, Nicola ne l'avait jamais ignorée. Il s'était stupidement abîmé dans la drague, parti dans son délire volage uniquement pour oublier qu'il avait un jour ressenti autre chose que cette froideur qui l'avait toujours habité. Car c'était ce qui s'était passé quand il avait secouru Jan dans cet étage en feu. Son corps chaud, inanimé et fragile entre ses bras avait éveillé en lui un instinct sur-protecteur, un sentiment qu'il ne connaissait pas et qu'il ne voulait pas connaître.

Alors il avait tout simplement lutté. Lutté pour sa propre survie. Il ne savait que trop ce qu'il devrait abandonner si jamais il venait à s'attacher à quelqu'un, et il ne pensait pas à la liberté. Tout simplement, le fait d'offrir son coeur et son âme à quelqu'un lui ferait perdre tout ce qu'il avait mis tant de temps à bâtir : son identité, son caractère, son essence profonde. Lui, le petit garçon sans famille, sans avenir, sans origine, redeviendrait cette petite créature effrayée qu'Améthyst avait un jour trouvé dans les plaines de Lostrego.

Et Nicola n'avait jamais été prêt à ce que cela arrive. Confier ses véritables sentiments à quelqu'un qui n'était pas sa dragonne était quelque chose de quasiment impossible. Liam, par son amitié silencieuse, lui avait fait comprendre que quand il serait prêt à parler, le Seaman était là pour tendre l'oreille. Mais le lostreg n'avait encore jamais pu s'y résoudre.

Et pourtant, en voyant Jan partir, il savait que s'il ne s'exprimait pas avec tout son coeur, toute son âme, il pourrait tout simplement lui dire adieu...

- Tu ne sais pas ce qu'est la liberté, Jan. Errer sans but, sans attache, sans futur, ce n'est pas vivre libre.

Elle croyait qu'il lui était indifférent ? Elle allait apprendre.

- Toutes ces années, je croyais que tu n'en avais rien à faire de moi. Toutes ces années... Je m'évertuais à te fuir. Ce n'est jamais facile d'aimer quelqu'un.

Puis il inspira vivement et mit son coeur à nu. Peu importait maintenant au final qu'elle s'enfuit.

- Que tu le crois ou non, depuis ce jour où je t'ai sauvée... Je t'ai aimé... Et je t'aime encore aujourd'hui. Et cet amour restera en moi, même si tu tentes de le piétiner, même si tu épouses ton demi-frère, je m'en moque.

Elle ne s'était toujours pas retournée. Et sans même en avoir conscience, des larmes silencieuses commençaient à rouler sur ses joues refroidies par la température fraîche du soir. Des larmes qu'il essuya avec rage. Il s'en voulait d'être si faible, si immature.

- Peu importe ce que tu penses de moi au final. Peu importe que tu penses que je ne suis qu'un beau parleur, je sais ce que je ressens, et tu ne pourras pas me l'enlever. Et si un jour, tu décides que ça en vaut la peine, si un jour, tu crois que nous aurions une chance...

Il prit une pause pour se donner le courage de finir sa phrase.

- Alors je t'attendrai...

Puis faisant demi-tour, Nicola était sur le point d'emprunter l'autre sortie et d'user de son pouvoir pour s'éloigner le plus rapidement possible de cet endroit qui avait vu renaître le petit garçon seul et triste qu'il avait tenté d'enfouir au plus profond de lui. Et il haïssait Jan à cause de ça, il la haïssait autant qu'il l'aimait. Deux émotions contraires qui s'enflammaient dans son coeur...
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Message La Raison des Sentiments [clos] I_icon_minitimeMar 11 Sep - 14:11

    Jan ne trouvait pas, ou plus les mots pour exprimer le maelström d'émotions qui l'envahissait, alors même qu'elle tentait de le maitriser. Et les mots de Nicola ne faisaient rien pour l'aider à se maitriser et finalement la blonde roula vers le chemin de la sortir sans se retourner. Elle ne voulait pas; elle ne devait pas. Partir sans se retourner, rester droite et digne. Ne pas se retourner. Surtout pas.

    "Non en effet, j'ignore ce qu’est la liberté"
    , dit-elle, acerbe.

    Suivre le chemin tracé par la famille, sans jamais dévier, était-ce connaitre la liberté? Faire comme son père voulait, se Lier avec un dragon alors qu'elle ne le voulait pas, se marier alors qu'elle ne le voulait pas, alors qu'elle n’aimait pas son futur mari... Jan avait toujours été la petite fille modèle qu'on attendait d'elle, celle qui parle quand on l'autorise, qui aime ce qu'on lui dit d'aimer. Une petite fille seule qui souriait sur commande. Une petite fille dans un royaume de courant d'air sans amour: elle n'avait jamais été aimée, et n'avait jamais aimé en retour avant cela. Son père était un inconnu distant, sa mère une fuyarde qui l'avait abandonné aux Wennerström. Et elle n'avait jamais qu'été solitaire.

    Les confessions fugaces de Nicola ne tombèrent pas dans l'oreille d'une sourde, mais dans celle d'une muette; Jan ne s'exprima pas: c'était inutile. Cette entrevue était terminée, et elle n'avait jamais eu que ni queue ni tête.

    "Je n'aurai pas du venir."

    Non, ce n'était pas facile d'aimer quelqu'un, mais c'était encore plus dur de s'en rendre compte. Et ces chassés-croisés vieux de plusieurs années étaient ridicules aucun des deux ne s'était rendu compte de l'amour de l'autre, et peut-être même de ses propres sentiments. C'était pathétique. Mais la nouvelle déclaration du Lostreg la fit ralentir, jusqu'à finalement arrêter son fauteuil, mais sans se retourner.

    "Moi aussi je t'aime"
    , elle prit une inspiration nerveuse, la gorge nouée et prête à pleurer, "mais attendre est un verbe qui ne va pas avec le verbe aimer. Aimer, c'est un verbe: un mot qui agit."

    Jan reprit son chemin en restant digne, faisant avorter ses pleurs pour passer le seuil de la serre sans se retourner; il était déjà trop tard pour eux et elle le savait. La blonde regagna le bâtiment principal en silence, dans un état semi-conscient. Elle avait malgré tout les larmes aux yeux. Elle se souvint de ce que lui disait sa mère, cette recette pour aller mieux:

    "Répète souvent ces trois phrases:
    le bonheur n’existe pas. L’amour est impossible. Rien n’est grave."
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