[Clos] T-shirt mouillé [pv Fenri]

Ça y est, elle avait enfin eu sa permission, le capitaine Mac Lochlainn avait accepté de la laisser souffler quelques jours. A vrai dire, le capitaine ne refusait pas quand la demande était raisonnable. Et Moïra était quelqu’un de raisonnable. Elle avait donc jeter ses affaires dans son sac, prit Ahi sous le bras et avait quitté Narthan pour le climat plus doux de Laragon. Sa grand-mère d’Orëa lui avait ,quelques années plus tôt ,donné la clé de l’appartement de ses parents. Après leurs séjours à Lindorm, ils avaient achetés ce petit deux pièces pour y couler des jours heureux. Au final les jours heureux avaient été bien courts et Moïra comptait bien donner une seconde vie à cet appartement et que des rires et des moments de joie y résonnent pour les années à venir. Elle avait passé la vieille à tout nettoyer avant de s’écrouler épuisé sur son canapé. Ahi avait fait le tour de l’île pour voir si elle avait changé, mais au final il semblerait que Laragon resterait à jamais Laragon. Ce qui en soit n’était pas plus mal.
Elle avait fait quelques courses et avait passé la soirée tranquillement à regarder le soleil se coucher sur l’océan depuis le balcon de son appartement, avant de s’endormir paisiblement Ahi lové contre elle.

Et ce matin, elle avait décidé que ce n’était pas parce qu’elle était en vacance qu’elle devait se laisser aller. Alors elle enfila son legging gris, son débardeur blanc avec le logo des escadrons d’élites, noua ses cheveux rosées en une queue de cheval haute et dévala l’île de Laragon, profitant de la fraîcheur matinale. Moïra adorait courir quand le monde s’éveillait, elle regardait partout, souriait à tout le monde. Elle aimait observer cette nouvelle journée qui commençait, comme une nouvelle vie qui venait d’éclore.
La tête vide, elle préféra se concentrer sur sa course que sur le fait que son escadron commençait déjà à lui manquer. Pendant ses deux ans, elle avait eu la chance de ne perdre personne au combat, et elle profitait de chacun chaque soir autour d’un verre, ou d’une chope de bière. Ils étaient tous différents, avaient tous une histoire particulière et chacun était spécial pour elle. Elle aimait cette fraternité, cette vie d’échange et de rencontre. Elle préférait ne pas penser à ceux qu’elle devait exécuter, elle préférait ne pas penser au Capitaine et aux cicatrices qu’il portait et qui lui renvoyait sans cesse son erreur de jeunesse. Non, elle ne voulait pas y penser pour le moment.

Ses baskets s’enfoncèrent dans le sable et l’océan s’étendit devant ses yeux. Elle inspira à plein poumons l’air iodé et une douleur dans la fesse lui fit pousser un cri.

« Aïe ! » Lâcha t-elle avant de remarquer que c’était Ahi qui volait derrière elle pour lui piquer l’arrière train avec ses petites griffes.

« Allez plus vite Miss gros Lolo, tu as un peu abusé sur les chouquettes ce matin ! Il faut que tu me perdes tout ça là… » Puis continuant de lui piquer les fesses, Ahi lui décrocha un grand sourire et la dépassa à tout vitesse, les ailes grand déployées.

« Ahiiii !! » Cria-t-elle en le poursuivant. Elle accéléra la cadence et son dragon fit un petit looping dans les airs avant de battre des ailles plus vite.

« Aller, c’est ça !! Plus vite, plus vite !! »

Riant aux éclats Moïra augmenta sa foulée, elle se savait endurante. Elle aurait Ahi sur la longueur, le vieux dragon préférait mille fois se faire trimballer dans le giron de sa dragonnière que de devoir voler à ses côtés. Moïra tendit le bras pour l’attraper et frôla ses ailes, Ahi fit une vrile et s’échappa avec élégance. Il cracha une flamme qui fit sursauter la jeune femme et elle trébucha dans le sable. Une énorme vague l’engloutit et elle se retrouva trempée de la tête au pied.

« Ahiiiiii, je te déteste !! » Cria t-elle alors qu’elle se relevait complément mouillé. Le dragon remarqua que le débardeur de Moïra était devenu légèrement transparent, laissant entrevoir son soutien-gorge. Il fonça contre sa poitrine et l’attrapa entre ses pattes avant de se fourrer la tête dedans.

« Aaaahh douce poitrine !! »

L’élan qu’il prit fit basculer de nouveau Moïra et elle se retrouva assise dans l’eau, un dragon collé dans son giron.
La journée promettait d’être riche en émotion.

Sérieusement, c’est un travail de capitaine ça ? Je lâchais un énième soupir alors que la journée promettait d’être longue. La vieille m’était parvenue une information comme quoi je me devais de, personnellement, escorter un morveux à Lindorm. Bon, il s’agit d’un gamin d’un politicard de Lostrego donc, en fait, c’est juste qu’il a dû payer une somme coquette et me voilà à faire le baby-sitter, jusqu’à Laragon.
Honnêtement, si j’avais babillé et était aussi infecte que lui môme, ma mère m’aurait lavé la bouche avec du savon et foutu une dérouillée du siècle ! Mais, en attendant, je me devais de fermer ma gueule. On va éviter d’attirer des ennuis à un pote Capitaine qui a fuit la corvée dans laquelle il s’est engagé, car sa femme accouche. Pfff…

Par chance, une fois débarrassé du gamin, une note me parvint comme quoi j’avais obtenu le droit à deux jours de repos. D’accord, c’est surtout que je n’aurais un moyen de transport pour Lostrego que dans deux jours ! Et je n’ai rien pris comme effet personnel, m’attendant à rentrer d’ici ce soir. Super ! Je me tirais une clope de mon paquet, me l’allumant alors que je vagabondais. Me dénichant un hôtel pour la nuit, je passais une sale nuit en vérité. A me faire chier.
C’est probablement la raison qui me poussa à sortir à l’aube. J’avais besoin de me vider la tête, et les katas ne suffisaient pas. Je ne supporte pas l’idée d’être bloqué ici alors que mes hommes ont potentiellement besoin de moi ! Rah !

Vêtu comme la veille, de mon uniforme de Capitaine mais avec le col ouvert pour ne pas mourir de chaud, je courrais. Je devais bien avouer qu’ainsi, j’étais serein.
Lorsque la brise de l’océan se fit sentir, je bifurquais pour continuer mon jogging les pieds dans le sable. Abandonnant mes chausses prés d’un chemin du bout de la plage. Je verrais bien si je les retrouve : je suis confiant que oui.
Courant, un bruit me sortit de mes pensées et me poussa à réellement regarder plus loin, et non rester dans mes pensées. Surpris, je me stoppais. Observant ce qui m’était offert de voir.

Premier constat. Elle a un symbole d’escadron des comètes de feu. Deuxième constat. Son corps est formé au combat mais plantureux quand même. Troisième constat. Son dragon semble aux anges. Quatrième constat. Elle est charmante quasiment transparente, dans le sable, l’eau l’ayant recouvert.
Je me stoppais, sortait mon paquet de cigarette et en glissait une entre mes lèvres. Appréciateur de la vue, je ne le nierais pas alors que j’allumais ce tube de mort. M’avançant à petit pas, mon pantalon remonté aux chevilles pour qu’il ne soit pas trop trempé, je tirais une latte de fumée avant de faire un simple salut.

« On dirait que si l’eau est fraiche, certain sont au chaud…Je peux peut-être vous aider ? »

Oui, mon commentaire était clairement pour le dragon niché dans la masse mammaire de cette femme. Très jolis dessous d’ailleurs, je mentirais de penser le contraire. Enfin, possibilité de réaction ? Qu’elle prenne très mal mes dires alors…je restais sur mes appuis, prés à éviter un poing ou une claque pour mes dires un peu vicieux quand même. Mais je proposais quand même ma main, pour l’aider à se relever. Sait-on jamais, c’est peut-être une comète qui n’a pas le sang chaud !

Avec le temps, Moïra avait apprit à connaître Ahi et son caractère « particulier ». C’était un petit dragon vicieux sur les bords qui en profitait souvent pour se glisser dans ses vêtements. Son excuse à la noix était : « Je suis un dragon de feu, j’ai besoin de chaleur. » Mais Moïra n’était pas dupe et si il au départ elle avait eu un peu de mal à saisir ce que voulait vraiment le dragon, depuis plus de dix elle était maintenant capable de savoir que son vieil ami était un farceur invétéré et que trop d’année de solitude dans le désert de Firthan avait laissé des traces. Alors, les deux amis ne se quittaient plus, Moïra avait du mal à s’endormir quand il n’était prêt d’elle et Ahi mourrait de froid quand sa dragonnière n’était pas collé à lui.
Alors ne prenait plus mal les débordements d’affection de son dragon, ni même ces petites vacheries, car au final il prenait toujours soin d’elle et veillait toujours à ce que tout aille bien.

Accroché à sa poitrine, Ahi, y resta quelques instants avant de se retourner quand une voix lui parla. Ses grands yeux bleus fixèrent l’homme en face de lui et il tira la langue avant de lâcher.

« Sois pas jaloux ! »

Moïra ouvrit de grands yeux en reconnaissant l’uniforme des Capitaines de l’Armée Territoriale. Elle poussa Ahi qui se vautra dans l’eau en ronchonnant et fixa la main qui lui était tendu. Elle la saisit et se releva avec souplesse. Dégoulinante, ses pommettes s’empourprèrent quand elle comprit avec un temps de retard ce que l’homme en face d’elle avait insinué. Elle resta droite, resserra les jambes et porta sa main à son front pour faire le salut militaire.

« Capitaine ! Pardonnez-le manque de tact de mon dragon…Je suis Moïra Ó Dochartaigh, Lieutenant des Comètes de Feu. » Fusillant Ahi du regard, il l’ignora superbement et s’ébroua les poils complètement collé au corps. Il envoya de l’eau dans toutes les directions et Moïra se dit qu’elle n’était pas gâtée avec un dragon comme ça. Poussant un petit soupir elle baissa la tête avant de constater que son débardeur était plus que transparent. Rougissant de plus belle, elle se courba en avant pour s’excuser dévoilant sans le vouloir un décolleté avantageux.

« Pardonnez ma tenue ! Je n’avais pas prévu de prendre un bain dés le matin.. »

Riant doucement, elle se redressa et fixa le Capitaine, c’était un homme assez grand, à peine plus qu’elle, à la carrure sèche et maîtrisé. Au vu de sa musculature Moïra se dit qu’il ne devait pas se battre avec une arme lourde, sinon il aurait eu un corps beaucoup plus développé et des bras plus épais. Blond, de grands yeux à la couleur originale et une cicatrice sur le front. Plutôt beau garçon à vrai dire.

Essorant sa queue de cheval, Moïra fit claquer sa langue quand Ahi s’ébroua de nouveau, avant de retirer ses baskets complètement trempé.

« Vous appartenez à quel régiment Capitaine ? » Demanda t-elle tranquillement.

Ses doigts de pieds vernis de rouges s’enfoncèrent dans le sable et elle soupira de bonheur. Elle aimait le sable, même si celui de Laragon était beaucoup moins chaud que celui de Firthan, elle adorait sentit les grains rouler sous la plante de ses pieds. Ahi voleta jusqu’à son épaule et se posa dessus avant de se frotter contre sa mâchoire comme un matou. Moïra lui caressa le sommet du crâne avant d’éternuer bruyamment.
Le vent frais de la matinée la fit frissonner. Il valait mieux ne pas trop tarder à rentrer et prendre une douche bien chaude si elle ne voulait pas tomber malade.

Ouf ! Elle n’est pas de type agressif. Non car bon, j’en connais une à qui j’aurais dit ça : son poing partait direct. Non, ne pas grimacer au souvenir de Nailah d’Aoun. Ma mâchoire ne s’en remettrait pas d’un de ses poings. Mais le commentaire de ce dragon nain me fit hausser un sourcil, avant de voir un petit sourire amusé se peindre sur mes lèvres. Me penchant vers lui, j’ajoutais avec un clin d’œil :

« Et si je veux l’être ? Tu m’en voudrais ? »

Enfin, cela ne m’empêcha pas de laisser ma main pour l’aider. Qu’elle accepta non sans envoyer voler son dragon. Je ne pus d’ailleurs m’empêcher de cligner des yeux de surprise à la vivacité de son mouvement. Alors ça, si ce n’est pas la définition de se faire jeter, je demande à savoir ce que c’est !
Le salut militaire qui me fut rendu, alors même qu’elle et moi nous sommes loin de nos attributions, me gêna un peu. Mais ça, c’est bien car, comme le dise mes hommes, je suis trop laxiste sur la hiérarchie.

Pourtant, lorsqu’on est sur le front, je suis implacable et pas un n’a eut la folie de chercher à me désobéir. Alors que me contredire, en ce temps de paix, on n’hésite pas. Même si je fini généralement par gagner la rixe argumentaire derrière.

« Enchanté, et il n’y a pas de soucis, Lieutenant. » répondis-je, non sans constater intérieurement que j’avais une vue de délice. Mais j’éviterai de le dire ou de le commenter de vive voix. Même si les rougeurs sur ses joues me laissent croire qu’elle s’en est rendu compte elle-même.

« Je dois dire qu’il y aurait eu choix plus judicieux de température sinon…Mais au moins, vous n’avez pas à rougir de ridicule. »

Elle se séchait, aussi, je portais mon regard sur la mer calme et ses vagues venues sur la plage. Je dois dire que la vue plongeante de son décolleté attire mon regard d’homme. Je suis d’un naturel à observer et analyser, mais je n’en reste pas moins un humain et surtout : un homme. Et cette femme représente l’idéal que tout homme, soldat de surcroit, rêve de voir à son réveil dans une tenue de ce genre ! D’ailleurs, je dois dire que si je ne savais pas m’être réveillé ce matin, je penserais rêver.

J’allais répondre à sa question lorsqu’elle éternua. Retirant la veste de mon uniforme, je le passais sur ses épaules. Je frottais légèrement ses bras, de façon à la réchauffer, tout en répondant :

« Capitaine Fenrisulf Heirleif du régiment de l’Armée Territoriale du Lostrego. Je suis surtout spécialisé dans la stratégie militaire et la coordination d’action de groupe. Mais, cela serait un plaisir si vous m’appeliez par mon prénom…Je ne suis pas spécialement en service aujourd’hui. »

Stoppant mon geste, j’ancrais mon regard dans le sien alors que je lui demandais :

« Vous avez moins froid ? Peut-être voulez-vous qu’on quitte la plage pour que vous puissiez vous sécher ? Oh et, comment dois-je te nommer ? »

Ma dernière question s'adresser au dragon se trouvant sur l'épaule de sa dragonnière. Lorsque j'avais posé mon mouvement, il s'était d'ailleurs légèrement décalé...

Non Moïra n’était pas du genre agressif. Elle était plutôt calme de nature et malgré un dragon de feu, elle ne s’emportait pas aussi facilement. Le feu la représentait beaucoup plus pour son côté passionné que pour son agressivité.
La phrase du jeune homme sur sa potentielle jalousie ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde mais elle n’en dit rien. Après tout elle avait un peu l’habitude que les hommes la remarque. Pas qu’elle s’en vantait, mais elle savait que son corps attirait les regards et elle préférait que se soit les yeux d’un homme tel que le Capitaine que celui d’un parfait inconnu qui se perde entre ses seins.
Lui souriant, elle commença à avoir froid et en parfait gentleman, le jeune homme blond lui mit sa veste sur ses épaules et lui frictionna les bras.
Elle s’emmitoufla dans la veste le remerciant d’un sourire.

« Fenrisulf… » Souffla t-elle pour mémoriser le nom. Capitaine à Lostrego. Moïra ne connaissait pas trop ce coin là, elle n’y avait été qu’une seule fois et n’était pas resté très longtemps. A peine deux jours et avait dû rester dans la caserne des dragonniers.

Riant, elle sentit Ahi se mettre à chauffer et il se glissa aussi sous la veste pour propager sa chaleur plus rapidement.

« Je suis aussi en permission pour le moment… »

Penchant la tête, elle serra ses bras sous sa poitrine et acquiesça à l’idée de la plage.

« Je crois que toute façon que mon footing est foutu. Je courerais plus longtemps demain pour compenser… » Frottant sa joue contre Ahi, elle le garda bien au chaud sur son épaule, sa petite tête touffue dépassant à peine. Puis Moïra eut un léger mouvement de recul en voyant le Capitaine se pencher vers elle, mais ce n’était que pour parler à son dragon. Celui-ci se redressa de toute sa petite hauteur et clama d’une voix assurée.

« Pour toi se sera Monseigneur Dragon ! »

Moïra s’esclaffa, pouffant de rire.

« Ahahahah, ne l’écoutez pas Fenrisulf, il s’appelle Ahimanu, c’est un dragon de feu. Vous pouvez l’appeler Ahi…N’est-ce-pas ? »

Appuyant son regard dans celui du dragon, il marmonna avant de retourner se fourrer sous la veste.

« Qu’il fasse comme bon lui semble… »

Marchant tranquillement dans le sable, elle ferma les yeux un court instant quand le vent frais frappa son visage et elle inspira profondément.

« L’air est tellement frais ici. On est loin de la chaleur écrasante de Narthan… »

Arrivant au bout de la plage, elle grimpa sur la route qui surplombait le sable et se pencha vers le Capitaine pour le regarder de haut en bas. Il avait l’air un peu débraillé.

« Mon appartement n’est pas loin…Je vais en profiter pour prendre une douche chaude et me changez. Vous-voulez que je lave vos vêtements ? J’ai des affaires à mon père qui devrait vous aller, votre veste va sentir le dragon mouillé pendant un moment si on ne la nettoie pas de suite… »

Lui souriant, elle montra du doigt un petit groupe d’immeuble non loin.

« C’est juste là-bas ! Cela ne prendra vraiment pas longtemps, puis je pourrais vous faire un café en attendant. »

Se redressant, elle fixa la mer un court instant avant de tendre la main au Capitaine pour l’aider à monter sur la route. Moïra était contente d’avoir un peu compagnie, autre que celle d’Ahi. Pas qu’elle s’ennuyait avec lui, mais ils étaient parfois comme un vieux couple et la nouveauté avait le don de la rendre joyeuse. Alors elle savoura pleinement cette compagnie inopportune

Si je la laissais finir transie de froid, des souvenirs me hanteraient. Je vous jure, l’éducation donnée par une aounienne pure souche, ça vous fait réviser votre comportement de gentleman, même si vous n’en aviez rien à faire avant. Les prises de combat d’une mère sont toujours dévastatrices, je le jure sur mon honneur de Disciple.
J’eu un léger sourire au fait qu’elle use de mon prénom. Être nommé « Capitaine » ou encore « Monsieur » ou « Messire » ou que sais-je encore…ça me fait toujours un peu frissonner. Je suis un homme normal, ayant grandit dans un village légèrement anormal.

La réponse, néanmoins, du Dragon me fit hausser un sourcil et légèrement rigoler. C’est triste mais vu sa taille, j’ai du mal à le prendre autant au sérieux que, par exemple, les Dragons de la famille Jung. Euryale, Apstim, Soumei et Akairo me semblent bien plus dangereux que ce petit dragon…Pourtant, je sais qu’aucun dragon ne peut être considéré comme étant « faible ». Aucun.
L’échange entre le duo d’allié me fit légèrement sourire alors que je répondais :

« Dans ce cas, pour concilier les deux, pourquoi pas Monseigneur Ahi ? »

Un clin d’œil au boudeur fit comprendre que je jouerai le jeu. Je le trouve vraiment amusant ce petit bout de dragon, en toute franchise.
Je marchais néanmoins aux côtés de Moïra, l’écoutant parler du Narthan.

« Je vous avouerai ne jamais y avoir mis un pieds, à ce jour. La guerre m’a maintenu sur la part de nos territoires, et depuis sa fin…je dois bien vous avouer avoir plus fini dans de la paperasse et de l’administratif qu’en déplacement. » Dis-je alors.

« Si je puis me permettre, à quoi ressemble le Narthan ? » Demandais-je, légèrement curieux d’en apprendre plus sur ce pays. Sa géographie. Ses conditions. Une curiosité simple, mais aux multiples raisons.

Lorsque nous arrivions en bout de plage, je remarquais qu’elle me détaillait. Haussant un sourcil interrogatoire, ses mots éclaircirent ma pensée sur son acte. Ah oui…Mes vêtements sont ceux de la veille. Et je n’en ai pas trop pris soin non plus. Surtout que je pensais rentrer dans la même journée où j’étais arrivé.
Avant que je ne puisse demander si, réellement, ça ne la déranger pas elle me montrait sa zone d’habitation. Faisant un léger sourire, je pris la main tendue et remonter sur la route ajoutant :

« Si Monseigneur Ahi n’y voit pas d’inconvénients, j’avoue que j’apprécie grandement l’offre. Je dirais même que cela me dépanne pas mal, vu que je n’avais pas prévu, hier en arrivant, de devoir rester à Laragon. »

Si au moins, je peux laver ma tenue, gratuitement mine de rien, ça serait pas mal. Car bon, l’uniforme en mode boulette de fringues froissées et puantes, c’est moyen si je dois voir un autre Capitaine, ou pire, le Général. Tout ça à cause d’une incompréhension. Ralala.
Et puis, j’avoue que ce duo est assez rafraichissant. J’ai connu le duo Euryale et Yu-Jin qui est comme un frère et une sœur. Le duo Apstim et ma sœur, qui est comme une mère et son fils. Le duo Soumei et Norito, qui est comme un Maître et son Apprenti. Alors, voir celui-là qui différent des leurs c’est un peu neuf. Je dirais un vieux couple, et c’est attendrissant : amusant. Cela me donne envie de taquiner la boule rouge potentiellement dangereuse en fait.

Oh, il n’était jamais bon de prendre Ahimanu pour un dragon inoffensif. Beaucoup s’en mordait les doigts. Il était certes microscopique par rapport à beaucoup de ses condisciples mais Ahi était un vieux dragon, doublé d’un roublard. Il pouvait être vicieux sur les bords et était capable de faire pleurer quelqu’un juste avec la parole. Pas besoin d’avoir de puissants crocs ou des griffes acérés pour réduire un homme à néant. Il avait toujours défendu Moïra avec tact et n’avait qu’une seule fois dû en venir aux pattes pour calmer un récalcitrant trop bourré pour comprendre que la jeune femme ne voulait pas de sa compagnie. Un bon jet de feu sur le derrière et il avait finit aux urgences brûlé au troisième degré. Ne jamais sous estimer un dragon, quelque soit sa taille. Puis il compensait largement par le don qu’il octroyait à Moïra.
Ahimanu avait toujours été un solitaire, rejeté rapidement par les siens à causes de sa taille, il avait eu le temps d’apprendre beaucoup de chose. À vrai dire, il avait apprit à lire l’écriture des hommes rapidement et avait dévoré bien plus de livre qu’un homme normal ne pourrait lire en toute une vie. L’avantage de sa petite taille était qu’il se glissait partout et que son côté « adorable » l’avantageait. Pourriez-vous faire porter le chapeau à un dragon aussi mignon que lui, avec ses grands yeux bleus innocent ? Certainement que non….Et c’était là son principal avantage.
Alors certes Moïra avait dû emprunter un dragon à Lindorm pour pouvoir suivre les cours de vol et de combat monté, mais elle était une redoutable guerrière. Après tout elle n’était pas lieutenant pour rien.

Souriant à Fenrisulf quand il accepta de rentrer dans le jeu d’Ahi, elle fut ravie. Peu de gens osait taquiner son dragon et pourtant il raffolait de ça.

« Parfait ! Capitaine… » Répondit-il amusé.

Ahi se blottit sur l’épaule de sa dragonnière et bailla légèrement quand ils se mirent à marcher sur le sable.

« Narthan est un pays immense. Je pense que le mot qui convient le mieux est… » Moïra prit quelques secondes pour réfléchir et lança vivement : « Hétéroclite. C’est un pays qui mélange tant de civilisations, de cultures, c’est comme si l’on peignait un immense tableau avec toutes les couleurs qui existent au monde. Pour beaucoup cela paraîtrait…Trop..Mais pour moi c’est le plus beau du pays du monde. »

Riant, elle pencha la tête resserrant un peu la veste du Capitaine autour de ses épaules.

« Il y fait chaud, très chaud, le rythme est un peu différent d’ici, beaucoup de chose se passe tôt le matin ou en début de soirée quand les chaleurs sont moins présentes. Et il y a tout ce sable, ces dunes à pertes de vue, ces couchers de soleils qui se perde dans le désert…Narthan est magique. »

Tendant la main à Fenri pour l’aider à monter elle se retrouva un peu proche de lui et s’empourpra légèrement avant de reculer.

« Venez me rendre visite quand vous aurez le temps, je vous ferais découvrir le pays… »

Puis se détournant rapidement pour cacher la rougeur qui lui montait aux joues, elle emprunta la rue adjacente à la plage et se dirigea vers son appartement alors que son dragon quittait son épaule pour s’envoler doucement et tourner autour du Capitaine.

« Monseigneur Ahi accepte volontiers, mais seulement si vous promettez de ne pas reluquez ma dragonnière sous la douche… » Puis souriant de toute ses dents, il se posa sur l’épaule du blond. Chose qui était rare, car il ne quittait d’ordinaire jamais la peau de Moïra. Se penchant vers l’oreille du jeune homme il chuchota alors que la lieutenant levait les yeux au ciel. « Je sais que ça peut être tentant, mais je t’aurais à l’œil… »

« Ahii, tu n’a pas bientôt finit ! Tu vas faire peur au Capitaine et après il croira que tous les dragonniers sont des fous… » Rouspétant pour la forme elle ne pu s’empêcher d’éclater de rire et s’arrêta devant un immeuble. « Voilà, c’est ici ! »
Se tournant vers Fenrisulf, elle fixa quelques secondes avant de s’engouffrer dans l’habitation.

[Je te laisse poster et après on déménage ? Si ça te dit d'écrire la suite =)]

Je trouvais vraiment ce bout de reptile on ne peut plus divertissant et plaisant. Il était une forme de danger différente de celle de ses pairs, et je ne pouvais m’empêcher de penser que ce duo cachait son jeu. J’entends par là, qu’ils soient redoutables. Le grade de Moïra étant là pour me le rappeler. Contrairement aux armées, Lieutenant dans un escadron d’élite est une place unique. Un grade unique. L’élitisme régissant ces systèmes étant le cœur même de cet état de fait.
Alors que nous marchions, elle me parla du Narthan. A la passion de ses mots, je n’avais aucun mal à visualiser les étendues décrites, la moiteur du corps, la température de l’air respiré. Je l’écoutais religieusement, comme mon regard permettait de s’en rendre compte. Acceptant sa main tendue pour rejoindre le dur de la route pavée, quittant le doux sable de la plage.

« Ce serait avec plaisir, mais dans ce cas, il vous faudra venir au Lostrego aussi. Je vous ferais visiter le village d’Aoun et ses montagnes. » Répondis-je, au tac-au-tac.

On nomme cela un échange de bons procédés. Elle me propose de me faire découvrir son pays ? Il est normal que je propose un échange du mien. Et pour moi, c’est même plus Aoun que Prima et le reste du Lostrego qui forme ma patrie.
Pourtant, je devrais peut-être considérer les archipels Wuweishu comme un bout de chez moi, vu le nombre de fois où j’ai dû accompagner –enfant– Yu-Jin et ma sœur là-bas. Mais y étant regardé de biais…je préfère éviter.

En tout cas, j’avais répondu à sa proposition et le commentaire de son dragon me pris de cour quand même, je l’avoue. Mon sourire était là, mes yeux clignèrent comme pour me dire « oui, il a bien dit ce qu’il a dit », et mon regard passa de la jeune femme amusée à Ahi. Je du retenir mon rire, mon sourire se faisant plus charmeur alors que j’entrais dans le jeu :

« Il faut dire que cela sera rudement difficile Monseigneur Ahi. Votre alliée étant parmi les femmes les plus charmantes qu’il m’est été donné de rencontrer. Pensez-vous que nous puissions trouver un terrain d’entente ? »

Un clin d’œil accompagné mes dires à son dragon. Finalement, je joue peut-être avec le feu mais bon, tant pis. Nous étions arrivé chez elle, et je la suivais dans sa demeure, prés à profiter de cette inopinée rencontre. Les bonnes rencontres font les bons amis, et les bonnes découvertes dit-on, non ?

(hrpg : avec grand plaisir pour la suite o/)