Je ne demandais qu'un brin de tranquilité vous savez ?

Installée derrière mon bureau, je traitais quelques paperasses. Notamment des choses administratives…des papiers à envoyer de-ci, de-là. D’autres à soumettre à Miss O’Cuinn. Parfois, quand je vois le nombre de courrier qu’elle reçoit pour des propositions d’aides ou des demandes d’aides, je me demande s’il n’existe pas quelque part un moyen d’aider Bryne pour sa lecture.
Oui, il lui faudra toujours dictée ses réponses. Mais elle aura l’affection et le sentiment d’indépendance de lire et de garder sa lecture privée et personnelle. Car je pense que c’est le fait de m’insérer comme témoin de sa vie privée qui me fait me peiner de sa situation. Même si, dernièrement, j’ai eu à seulement écrire et non lire. Miss Absentéisme a, on dirait, appliqué ma folle idée de la gravure sur écorce.

Remettant de façon carrée le tas de feuilles que j’avais à traiter, pour en faire un rapport oral et voir avec Miss o’Cuinn, je rangeais l’ensemble dans un tiroir. Le verouillant ensuite. Féa vint se glisser dans mon dos, m’offrant une étreinte. Et je lui confiais alors la clé. Sachant qu’elle y veillerait. Cette-dernière reposant sur une chaîne que je glissais autour de son cou. Avant de déposer un doux baiser sur son front.

« Je compte sur toi Féa…
- Évidemment. Des nouvelles de notre bébé ?
- Elle voyage vers Al-Khasir, avec un ami. Mais j’ignore qui, sa lettre ne le dit pas.
- S’il l’approche de trop cet ami…
- Féa, amour, elle souffre déjà bien assez de l’absence d’Ahu’Ra pour que tu l’empêches de se lier d’une façon ou d’une autre à un de ses amis humains. On en a déjà parlé, après son arrivée et le désastre de tes mots sur la mort de Lysandre.
- J’ignorais sa mort…leur mort.
- Je sais amour, je sais. »

Rassurant dans une caresse ma tendre alliée, cette-dernière retourna dans les ombres alors que je me levais. Me dirigeant sur mon balcon, pour prendre mon petit arrosoir et entretenir mes quelques plantes. Elles ne sont que des fleurs d’apparats, et j’ai une petite table et trois chaises pour prendre le thé calmement ici. Un regard sur les serres, je rêvassais quelque peu. Perdue dans les flux de mes pensées…Lorsqu’un dragon des refuges, proche des serres, capta mon attention. Il essayait de se tenir sur deux pattes, et surtout, de grimper à un arbre : le faisant ployer sous son poids. Euh…il veut agir comme les singes ?

« Qu’est-ce que…? » Murmurais-je, un peu surprise par le côté incongrue de cette vision. Pourtant, mon regard se fronça en remarquant que l’herbe était plus jaunie là où il restait.

« Est-il possible qu’il soit un genre poison ? »

On pouvait accuser Yamiko d’être pas mal de choses : tarés, taquin, emmerdeur, troll en puissance, espion indiscret, peau de vache ou autre. Mais certainement pas d’être un irresponsable. Kureiji n’était pas méchant malgré sa débilité et sa folie douce qui lui faisait faire absolument n’importe quoi. Mais il restait un dragon de poison et il émettait en permanence sa toxine, il n’était pas dit que ça ne cause pas un accident malheureux un jour. Yamiko, usant des connaissances qu’il avait en poison et herboristerie, avait depuis longtemps synthétisé un premier remède pour sa personne mais il n’avait pas de garantie sur son efficacité à long terme ou les moyens de le produire plus massivement. Il décida donc qu’il était temps de requérir l’aide de la professeur d’herboristerie avancé, une femme d’une très grande compétences. Il se renseigna sur où il pourrait la trouver et on lui indique d’aller voir dans son bureau où elle était occupé à ses affaires. Et vu qu’elle passait plus de temps à la serre que là-bas, autant en profiter pour lui parler discrètement.

Mû par de trop mauvaises habitudes, Yamiko ne frappa pas et usa de son don pour rentrer discrètement, il ne mettrait jamais les pieds en s’annonçant dans un lieu qu’il n’avait pas repéré de fond en comble. La dame en question qui avait visiblement du se bricoler dans son coin un antiride qui ferait sa fortune tant elle ne faisait pas du tout son âge. Elle était occupée à regarder Kureiji en train de faire le con avec un tronc d’arbre. Elle se fit une remarque à haute voix et laissant couler sa présence à côté d’elle, Yamiko répondit le plus naturellement du monde.

Tout à fait sensei, vous avez l’œil.

Et il continua ses réflexions à son tour pendant qu’elle faisait sa probable crise cardiaque, observant son dragon allongé sur le dos, le tronc sur le ventre, entrain de le défoncer avec ses pattes arrière.

Et là, il doit se prendre pour un chat qui joue avec son doudou. Il est un peu… singulier mais pas méchant.

Et là-dessus, il se tourna vers elle, ne se dépeignant pas de son grand sourire qui contrastait complètement avec le truc complètement dingue qu’il venait de faire.

Mais j’en oublie les politesses, bonjour MacEllurst-sensei, c’est un plaisir.

Une voix retentit, me faisant sursauter et tourner brusquement la tête. Je vis alors une jeune personne, dont je ne saurais dire s’il s’agissait d’un homme aux traits fins, ou d’une jeune femme un peu masculine. Mais ma surprise ne plut à Féa, qui réagit en m’attrapant par la taille, et en s’apprêtant à attaquer l’importun. Ce fut mon ordre mental qui la stoppa. Ses yeux fixaient avec rage et colère l’opportun…et sa gueule restait prête à l’action. Soucieuse de calmer mon alliée, j’allais faire savoir à cette jeune personne l’importance de s’annoncer…lorsqu’il se présenta.

Yamiko Menimienai ? Oh, je me souviens de son nom : à son alliance il avait été délicat de choisir son affiliation. Oui, comme pour moi. J’ai toujours été attentive à ceux qui, finalement, avaient des dragons de lumières ou de ténèbres. Car je me revoyais un peu dans le côté délicat du choix de leur groupe.
Il devrait être chez les Tenebrae, si le groupe était plus ancien. Il aurait été l’un de mes protégés, mais peu importe.

« Monsieur Menimienai…je crois que cela va faire deux ans que vous êtes au sein de l’académie mais, dîtes-moi : ne vous a-t-on jamais dit qu’il était dangereux de ne pas s’annoncer avant d’entrer ? »

Vu son côté « joyeux », j’imagine que le dragon un peu étrange est le sien. Quel duo…Pourtant, ma dragonne ne cesse de grogner. Elle n’a pas apprécié qu’il me surprenne et me fasse sursauter. Depuis l’attaque, elle me couve de façon déraisonnable. Enfin, encore plus qu’avant.

« Que puis-je faire pour vous jeune homme ? » Dis-je alors, quittant l’étreinte de ma dragonne pour me diriger vers mon bureau : invitant cet étrange étudiant à s’asseoir.

L'écoutant, je pris note du remède contre le poison de son dragon. Ceci fait, quitta-t-il les lieux comme l'ombre qu'il semblait être. Décidément, il est des jeunes atypiques à l'académie.

» Rendez-vous d'affaire.
» Garde-à-vous!
» Garde à vous!
» Don qu'il vous a légué
» Vous avez dit pirates ?

Je ne demandais qu'un brin de tranquilité vous savez ?

Je ne demandais qu'un brin de tranquilité vous savez ?

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