3ème journée de traversée – Carnet de bord du capitaine Sawachi

3 jours depuis que nous avons quitté le port d’Al-Khasir.
3 jours que l’équipage revit en faisant voguer l’Adventure Galley sur les flots.
3 jours que nous sommes accompagnés d’un petit invité de marque. Petit prince, fils puis frère de sultan, qui va nous rapporter gros lorsque les détails de la rançon seront réglés. Un gamin avait apporté leur demande par missive au palais alors qu’il quittait déjà le port et maintenant c’était Kuro qui allait se charger de faire le pigeon voyageur entre le palais et le navire. Il fallait dire qu’il n’avait qu’à user de son don. Les négociations commençaient donc tranquillement, bien qu’il était tout particulièrement difficile de négocier avec un pirate.

Si j’avais pris la peine de faire le tour du navire avec lui le premier jour, je n’allais pas le laisser traîner dans mes pattes tout le long de la traversée.
Alors le deuxième jour, il avait été assigné aux cuisines avec Shefu et ça avait bien amusé l’équipage d’avoir un serveur pour les repas du midi et du soir. Oh bien entendu, la maladresse, que je savais maintenant comme légendaire, du jeune s’était encore déclaré lorsqu’il avait fait tomber une assiette. Il fallait dire aussi qu’il avait eu le droit à une main aux fesses de la part de Paulo … ça n’avait pas aidé.

Je l’avais quand même pris en pitié aujourd’hui, parce que la place de serveur ne lui convenait décidément pas au caractère du garçon et Shefu tenait à retrouver son territoire pour lui tout seul. Menacé par sa grande louche dégoulinante de bouillie, après le déjeuner de toute la troupe, j’avais fini par m’incliner devant mon cuisinier ne tenant pas à avoir des repas des plus infectes pour le reste de la traversée.
J’ai donc dit au petit prince de me suivre sans me gêner. Chose qu’il avait bien fait pendant la première heure jusqu’à ce qu’il se mette à poser une question à laquelle j’eus le malheur de répondre. J’aime naviguer, je ne peux pas le cacher alors ça ne me dérange pas vraiment de parler de ce que je fais. Je m’amusais de ses connaissances qui lui venaient des livres qu’il avait pu lire dans son beau palais. A croire que leurs auteurs n’avaient jamais vraiment mis un pied sur un navire pirate de leur vie et résultat c’est de lui que je me suis moqué plusieurs fois.

Au final, j’ai du être un peu trop gentil ou trop laxiste.
J’ai été jusqu’à lui apprendre à faire quelques nœuds faciles pour qu’il s’occupe les mains le temps que j’aille jeter un coup d’œil en haut du grand mat à la demande de l’un de mes hommes. Je n’ai même pas cherché à savoir comment il s’y est prit mais c’est visiblement emmêler les pieds dans son propre ouvrage et en basculant il est parvenu à faire tomber par-dessus bord Paulo. Ça apprendra à ce nigaud là aussi d’avoir un meilleur équilibre. Sauf que les vents nous étaient favorables et qu’il nous a fallu plus d’une heure pour récupérer. Encore heureux qu’il n’y avait pas de créatures marines qui traînaient dans les parages à ce moment là.

Résultat, je ne suis pas prêt de le ressortir tout de suite de sa cellule !
C’est du gâchis de main d’œuvre, mais je ne tiens pas à ce que l’on prenne trop de retard.
Quelques temps à l’ombre, ça ne va pas lui faire de mal.
De toute manière, il est déjà blanc comme un cul.

Journal de bord d’un prisonnier

Jour 2
Serveur n’est décidément une tâche pas faite pour moi. A partir de maintenant, je serais plus gentil avec les serviteurs du palais. Il faut être adroit, trop. Ce n’est décidément pas pour moi. Ni même la cuisine en fait, Shefu à passer sa journée à me râler dessus parce que je me coupais les doigts en même temps que les légumes. J’ai même réussis à me blesser en épluchant les pommes de terre. Je crois qu’il est désespéré, je le vois dans ces yeux. Pourtant j’aime bien, je le regarde faire, comment il transforme tout ça en ragoût, ça me donne toujours faim en plus, mais Shefu ne veut pas que je grignote. Le coup de louche sur le crâne, laisse des traces.
Au service du midi j’ai renversé des assiettes, j’ai fais tout ce que j’ai pu pour faire de mon mieux, mais l’un d’eux m’a touché les fesses. Du coup j’ai renversé le plateau. Le Capitaine a été très déçu. Je n’aime pas qu’on me touche.

Jour 3
Journée géniale, enfin, sauf la fin. Si on omet le fait que je sois prisonnier, la journée m’a beaucoup apprit, j’ai posé tout plein de question au Capitaine, je l’ai suivis partout, toute la journée. J’ai pu observer comment ça se passait sur le bateau. Le Capitaine est très occupé et il crie beaucoup, mais il prend toujours deux minutes pour m’expliquer quelque chose. J’ai appris à faire des nœuds, ça peut être utile. Étrangement, j’avais déjà vu ça dans des livres, mais ça ne m’avait pas semblé passionnant. Alors que là, j’ai réussis à en faire des dizaines sans me tromper. J’étais si fier, j’ai voulu les montrer au Capitaine et la corde s’est tendue, Paulo est passé par-dessus bord.
Le Capitaine à hurler, il m’a chopé par le cou pour m’enfermer dans les cales, il était furieux. Je m’en veux beaucoup.

Jour 6
Trois jours que je suis enfermé, je n’en peux plus, j’ai peur. Je suis reclu tout au fond de la cale, car si je suis trop prêt des barreaux ils peuvent m’attraper et me toucher. Ils se sont amusés toute la nuit dernière à me lancer des os de poulet, pariant sur celui qui arriverait à toucher mon visage. J’ai pleuré, beaucoup, mais ils ont rigolé, certains m’ont tiré par les chevilles pour me plaquer contre les grilles et toucher mon torse, mes mollets, d’autres endroits honteux. Je me sens sale, je ne me suis pas lavé, j’ai faim, je ne l’ai pas revu depuis trois jours. Tous les jours j’espère le voir, pour lui demander de me laisser sortir. Je reste tout au fond, inatteignable, je ne veux plus voir leurs regards, ils ressemblent à Zaïm. Je veux voir le Capitaine, lui seul peut me faire sortir d’ici. Je veux rentrer chez moi, j’ai honte. Mes tatouages s’effacent petit à petit. Je veux revoir mes frères et mes sœurs. Altaïr me manque.
Je veux rentrer.

Jour 7
J’ai mal aux jambes à force de rester assit, le bateau tangue, ma tête tourne, j’ai soif, je crois que je vais mourir. J’ai chaud et froid, je voudrais m’excuser, mais il ne m’a pas laissé parler. Il ne m’a toujours pas dis son nom. Il n’est toujours pas venu me voir.
Aujourd’hui, son petit dragon est venu me rendre visite, il s’est posé entre les barreaux et m’a fixé. J’ai essayé de lui parler mais il à disparu dans un trou noir.
Je me suis allongé, je me sens vraiment mal, j’ai dormis toute la journée.

Jour 8
Il est enfin venu ! J’ai voulu me lever pour l’accueillir mais mes jambes m’ont lâché. Je suis tombé à ses pieds, il m’a poussé avec sa botte pour me fixer avant de grogner et de disparaître. Je me suis évanouie.
Quand j’ai rouvert les yeux, j’étais ailleurs, dans une petite cabine avec un lit propre, un petit bureau, une armoire et de quoi se nettoyer. Shefu était là, le Capitaine appuyé dans l’entrebâillement de la porte. J’ai essayé de lui sourire, je lui ai dis que j’étais désolé, que je ferais attention la prochaine fois, je l’ai supplié de m’autoriser à sortir. Il n’a rien dit. Il est juste parti.
Shefu m’a fait boire des décoctions. J’ai vomis, j’ai dormis. Mais après, ça allait mieux.

Jour 10
Je peux enfin sortir de nouveau. Il n’y avait vraiment rien de mieux que le vent frais de l’océan sur son visage. Il n’y a que la mer à perte de vu. C’est magnifique.

11ème journée de traversée – Carnet de bord du capitaine Sawachi

Après plusieurs jours enfermés, le petit prince est à nouveau libre.
Je lui ai même laissé occuper la cabine à côté de la mienne.
Ma bonté me perdra.

Mais si je voulais qu’il reste en bon état, je n’avais pas vraiment le choix.
Après son plongeon forcé, Paulo a pris le jeune en grippe et c’est au bout d’une semaine en mer que Qianfan, mon cher second, est venu me prévenir que le colis dépérissait dans les cales. Je n’y avais pas mis les pieds depuis qu’il avait mis Paulo à l’eau et qu’il nous avait fait perdre plusieurs heures, je préférais ne plus voir ses petits yeux humides au risque de ne pas être capable de me retenir de lui mettre une bonne claque derrière la tête.
Visiblement Paulo avait proposé à une partie de l’équipage de se distraire dans les cales en pourrissant la vie de notre précieux colis. Bien heureusement en ayant gardé la clé de sa cellule, j’étais certain que les dégâts avaient été limités mais que le jeune homme, qui m’avait bien fait comprendre qu’il n’aimait pas être touché, avait du avoir sa dose. Mais visiblement notre petit ami n’avait pas un moral d’acier et quelques jours de brimades suffirent à le faire dépérir.
Pauvre petite chose.

J’ai été vérifié par moi-même et effectivement il n’était pas dans un bel état. Il ne tenait même plus sur ses jambes, à croire que les beaux petits oiseaux de Narthan dépérissaient lorsqu’ils étaient enfermés trop longtemps. C’est Shefu qui s’est chargé d’emporter le colis jusqu’à la petite cabine de libre, visiblement notre cuisinier derrière ses airs de grand grognon avait tout de même apprécié la compagnie de l’oiseau exotique pendant une journée sur son territoire.
Pour ma part, je suis allé passer mes nerfs sur l’équipage. Oh pas physiquement, je me suis retenu, après tout Paulo n’était pas le seul en cause, les autres avaient suivi. Alors ils ont passé la journée à briquer le bateau de fond en comble … et les cales furent bien plus calmes ce soir-là. Et le petit oiseau avait été surclassé.

Je lui ai laissé une journée supplémentaire pour reprendre des forces dans sa cabine avant de le laisser sortir à nouveau. Visiblement le grand air lui fit du bien et il retrouva le sourire.
Mais je n’en ai pas fini avec mon équipage, le grand nettoyage du navire avait calmé un peu les esprits, les missions de kidnapping restaient la base de mon métier et il ne tenait pas à rendre leur otage complètement traumatisé à la fin. La journée était chaude, le vent assez rare, l’équipage n’était donc pas trop occupé et j’ai décidé de faire de Paulo un exemple. Dans cet environnement bien particulier qui était le nôtre, il était parfois nécessaire que je rappelle qui était le capitaine sur l’Adventure Galley et qui décidait du sort de chacun.

Prenant comme prétexte de faire un peu de distraction alors que le navire était tiré paresseusement par le maigre vent sur les flots, j’ai donc décidé de provoquer Paulo en duel … à mains nues pour une réflexion légèrement déplacée qu’il m’avait fait.
Profitant de la chaleur, je n’ai gardé que mon pantalon exposant ainsi les larges tatouages qui me barraient les bras, le torse et le dos ne gardant masqué que la fin du plus imposant qui terminait sur ma cuisse. De cette façon, je m’amusais en montrant au petit prince ses tatouages qui l’avaient intrigué le premier jour et je rappelais à tous que ses marques témoignaient de mon ascension au sein de notre clan et que je n’étais pas devenu capitaine en me tournant les pouces.

Il ne me fallut pas plus d’une dizaine de minutes pour lui infliger la fessée de sa vie. Je ne lui cassais aucun os, je n’aimais pas gaspiller la main d’œuvre, mais il allait avoir des bleus, des bosses, un beau visage tuméfié et des douleurs qui allaient mettre longtemps à disparaître. Et encore, je n’avais utilisé que mes mains, il n’avait pas été question d’armes ou de dons, sinon le pauvre aurait fini estropié.

J’avais terminé ma démonstration en me rapprochant du petit prince et ce soir, je me marre encore en me remémorant sa tête lorsque je me suis penché sur lui, son menton dans la main pour lui voler un bref baiser avant de lui annoncer :

« Votre honneur vient d’être sauvé par Tensui Sawachi, prince Ejaz »

Il ne lui en avait pas fallu plus pour qu’il rougisse jusqu’aux oreilles.
Je sens que je ne vais pas m’ennuyer durant le reste de la traversée.

Journal de bord d’un prisonnier

Jour 11
Deuxième de liberté sur le pont. La mer est magnifique, j’ai vu des dragons d’eau faire la course avec le bateau, le ciel s’embrase quand le soleil se couche, ça me rappelle les couchés de soleil à Al Khazir. Cela va faire plus de dix jours que je suis partis, j’ai encore un peu de mal à m’y faire, mais j’adore cette vie. Se lever aux aurores, suivre les ordres, pouvoir se rendre utile, ne pas savoir de quoi demain sera fait. Une vie d’aventure comme je les ai toujours rêvé, enfin, excepté ces quelques jours dans la cale.
Je me tiens loin de Paulo, j’ai bien vu qu’il continuait de regarder dans ma direction mais je reste dans l’ombre du Capitaine, ou dans ma nouvelle cabine. Aujourd’hui je suis retourné en cuisine avec Shefu avant de remonter sur le pont pour l’aprés-midi. Shefu est toujours calme, même si il grogne un peu, il m’a apprit à rentrer mes ongles pour ne pas couper quand je coupe des légumes. Sa technique est drôlement efficace.
Quand nous sommes remonté, les matelots avaient formé un cercle et Shefu les à un peu poussé pour que je puisse voir. Le Capitaine était au centre, défiant Paulo en combat à main nu. J’ai retenu mon souffle pendant tout le combat, j’ai serré les dents sous les coups qu’ils se donnaient, le Capitaine est une véritable brute, je suis bien content qu’il ne s’en prenne pas à moi, au vu de la mâchoire de Paulo et des marques sur ses bras, le Capitaine n’y est pas aller de main morte.

Pendant le combat, j’ai enfin pu voir ses tatouages, un énorme lui couvre tout le dos, des magnifiques fleurs, jasmin peut être, je ne suis pas sûr. Si Haris était là, il me dirait sans hésiter. Comme il a dû souffrir, mais ce n’est rien comparé à l’immense tatouage qui descend le long de son flanc, sur son torse et sûrement sur sa cuisse. Tout est noir, noir comme le drapeau qui flotte au mat. Ils sont impressionnant, enfin en tout cas, moi il m’impressionne. Je comprends qu’il se moque de moi avec mes tatouages aux hennés.

Mais ils me sont cher. J’ai repensé à Rento, à cette journée passé à ses côtés. J’aimerais avoir du courage parfois, être capable de frapper quelqu’un juste parce que je suis pas d’accord, hausser le ton, oublier d’être un gentil garçon, franchir ce mur qui me semble si haut. Mais quand je vois le Capitaine, je me dis que je ne serais jamais comme lui, il est si grand, si fort, ses yeux rouges me font trembler, je sens même son regard sur ma nuque. Je passe mes journées à l’observer à la dérobée mais je suis sûr qu’il le sait. J’aimerais avoir la moitié de son assurance, de sa force, de son courage.
Oh, je ne dis pas que ce qu’il fait est toujours juste, la preuve il m’a arraché à mon palais pour de l’argent, mais quelque part, je crois que je l’admire un peu.

Quand le combat s’est finit, des giclées de sang marquaient le plancher du pont et Shefu à poser sa main sur mon épaule. Je lui ai sourit avant de voir une ombre m’envahir. Le Capitaine était là, debout devant moi, du sang coulant de sa lèvre. Je lui au sourit pour le féliciter de sa victoire avant qu’il ne clame haut et fort que j’avais regagner mon honneur. J’ai rougis et je n’ai même pas pu le remercier que ses lèvres étaient déjà sur les miennes. Furtif, léger, ferreux, ses doigts se font enfoncés dans mes joues et le temps que je réagisse il était partit, ne laissant comme souvenir que son nom et son prénom.

Tensui Sawachi, Capitaine de l’Adventure Galley.

Jour 12
J’ai mal dormit, je n’ai pas arrêté de repenser à ce baiser, à ce qu’il signifie. Mon coeur s’est mit à battre, j’aurais voulut gronder et grogner, lui sauter à la gorge pour lui dire que c’était interdit. Personne ne me touche, je déteste ça, mais mon coeur à battu plus fort pendant un instant.
J’ai fais ce cauchemar, le même que celui du jour où il m’ a forcé à le suivre. Ce cauchemar ou je ne fais que courir le long de cet interminable couloir, le sol est dur, rempli de débris, je cours car j’ai peur, ils sont derrières moi, je les entends, ils crient, tous autant qu’ils sont. Je ne me retourne pas, je cours, plus vite, plus fort, je dois fuir.

Ce baiser m’a fait penser à Zaïm, mais il était moins honteux, je ne sais pas, j’ai eu envie de caresser mes lèvres juste après.

J’ai fuis le capitaine Sawachi toute la journée, je me suis investi dans la cuisine de Shefu, lui imposant ma présence et mis à part quelques grognements, il ne m’a pas virer à coup de louche. Paulo à traîner dans les cales espérant me croiser seul, mais le Capitaine est venu me chercher en personne pour me demander de faire sa lessive. Je n’avais jamais fait ça de ma vie, je crois que j’ai mis un peu trop de savon car le pont du bateau a été glissant pendant des jours.

Jour 13
Les côtes d’Aéria se dessinent dans le lointain, l’air devient un peu plus frais. J’ai peur d’arriver là-bas et que tout s’arrête. Je n'arrête pas de tripoter mes lèvres. J'ai peur que tout s'arrête...

14ème jour de navigation – Journal de bord du capitaine Sawachi
Deux semaines que nous sommes en mer et nous avons enfin accosté dans le port de Bianca en Aeria. Finalement la traversée n’a pas été trop longue, les hommes ont bien travaillés et nous avons pu profiter de certains vents qui nous ont été favorables.
Nous n’avons pas été embêté non plus par d’éventuels dragonniers lancés à notre poursuite, les menaces que contenaient les missives que Kuro s’est chargé d’apporter au sultan ont été suffisantes pour qu’il ne fasse pas de folies. Il avait accepté son offre, mais les détails n’étaient pas encore réglés. Je ne le sentais pas trop sur ce coup-là … il allait certainement falloir que je lui mette un petit coup de pression.
Heureusement que le petit prince était là … il aura au moins eu le mérite de nous distraire.

Contrairement à certains otages que nous avons pu avoir, il n’a pas été nécessaire de l’enfermer tout le trajet dans la cale. J’ai bien vu le résultat au bout de quelques jours … résultat monsieur a eu le droit à la petite cabine adjacente à la mienne, mais bon il a fini par se montrer utile ou presque. Mes habits n’ont jamais autant senti le savon et je crains que je me mette à mousser à la moindre averse.
Au moins, Shefu a de la compagnie dans la cuisine et il peut garder un œil sur lui. Je me doute bien que Paulo est assez lâche pour s’en prendre à lui à cause de la dérouillée qu’il a pris devant tout le monde, il va falloir que je règle ça.

Peu importe, cette escale devrait permettre de calmer les esprits.
Les hommes vont aller écumer les bordels et les bars de Bianca … et je vais me joindre à eux lorsque j’aurais réglé nos affaires. Il faut vendre les marchandises que l’on a embarquées à Al-Khasir et ailleurs, refaire le plein de provisions et de nouvelles marchandises.
Nous n’allons pas rester longtemps, deux trois jours tout au plus tout va dépendre de nos transactions, mais je n’aime pas rester trop longtemps au même endroit lorsque j’ai un précieux colis dans … non pas dans les cales, mais sur le navire. Heureusement, le 4e fils du sultan de l’ancienne Khi-Saab n’est pas la personnalité la plus connue de la région, il va donc pouvoir quitter un peu le navire le temps de cette escale.

C’est d’ailleurs ce que je lui ai annoncé ce matin un peu avant que l’on entre dans le port de Bianca.
Ce soir, il va découvrir son premier bordel !
Je sais que l’expérience va être plus qu’amusante.