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Que me caches-tu derrière ton regard noir ?

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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeSam 31 Jan - 13:09

Elle observait son reflet dans le miroir. Orléane avait bien changée en un an, il fallait bien le reconnaître. Pourtant, au fond, elle avait l'impression d'être toujours cette petite fille qui pleurait la disparition de son père et les horreurs qu'on lui avait fait subir. Mais elle avait connu Candel et ce simple fait changeait une personne. Le côtoyer chaque jour, chaque nuit, c'était accélérer le destin. La jeune femme soupira en terminant de démêler ses longs cheveux blonds. Elle était tombée amoureuse de Candel alors qu'il était encore dans le coma et qu'il n'avait jamais posé son regard empli de ténèbres sur elle. Quelque chose en lui l'avait attirée irrémédiablement, sans qu'elle ne puisse jamais y trouver d'explication. Elle n'avait pas cherchée à lutter non plus, désireuse sans doute inconsciemment d'aller de l'avant, d'oublier ce que les Gorgo lui avait fait... qui n'avaient duré qu'une journée tout au plus... mais une journée comme jamais elle n'en avait vécu, que jamais elle n'oublierait, et qui avait été pour elle, une éternité.

Sa toilette terminée, Orléane se remit debout et se dirigea vers la porte des appartements pour aller faire un tour, quand l'opulence du lieu la frappa de plein fouet. Que faisait-elle ici, dans les appartements privés du grand maître d'une guilde d'assassins, à profiter du luxe, de l'or et de sa place privilégiée que Candel lui avait donnée, sans qu'elle ne le mérite ? Oh elle savait qu'elle n'était pas grand chose finalement, elle n'était pas assassin, elle n'était utile en rien au sanctuaire, elle n'avait même pas le droit d'aller où bon lui semblait. Pourtant, quand Candel lui avait demandé de l'accompagner, elle n'avait pas hésité une seconde, et avait abandonné sa ferme sans le moindre regard en arrière. Elle s'était arrangée rapidement avec des voisins pour qu'ils reprennent les bêtes et se partagent les terres. L'affaire avait été réglée rapidement et sans heurt. On lui avait bandé les yeux pour son arrivée. *Charmant*, avait-elle pensé. Elle s'était laissée faire docilement, désireuse de faire ce que Candel attendait d'elle, sans broncher, sans opposer de résistance. Elle n'en avait pas envie de toute manière. Elle avait fait la connaissance du Doyen Haalu, et guère plus que quelques membres, mais préférait ne pas se mélanger à un milieu qui lui état inconnue, et d'où elle se sentait exclue pour le moment.

Mais depuis quelques temps, depuis qu'il avait retrouvé une partie de ses souvenirs - qu'il n'avait que très peu partagé avec la jeune femme, - Candel avait pris ses distances et son regard avait changé. Etait-elle désormais une menace pour lui, et prévoyait-il de la faire tuer ? Probablement pas, sinon, elle serait déjà morte, n'est-ce pas ? Orléane n'avait pas peur de lui. Elle n'avait pas peur de la mort, et dusse-t-elle y laisser la vie, elle ferait ce qu'elle a à faire en ce monde, avant de pouvoir enfin rejoindre son père... son père qui lui manquait tellement...

La jeune femme se secoua sentant les larmes monter et sa gorge se serrer, puis délaissa le velours et l'or des appartements privés de Candel, pour aller faire un tour. Elle n'était vêtue que d'une robe blanche de tissu fin. Candel lui avait interdit l'accès à certaines zones du sanctuaire et jusque là, elle s'y était pliée. Mais faute d'avoir les réponses à ses questions et au vu du comportement étrange... plus que d'habitude... de Candel, Orléane se sentait obligée, comme poussée, à aller chercher les réponses par elle-même...

Elle se retrouva bientôt dans un couloir qu'elle ne connaissait pas, si bien qu'elle se crut perdue pendant un instant. Devant elle une porte éclairée par une torche de chaque côté, à hauteur du visage, et aucun mécanisme pour l'ouvrir. Campée sur ses deux jambes, elle croisa les bras sur sa poitrine et fronça les sourcils en examinant la porte. Ce n'était pas une petite énigme qui allait l'arrêter !

Au bout d'un moment, n'y tenant plus, elle leva le bras et s'apprêtait à attraper une des torches et l'ôter de son support quand un bruit de pas derrière elle la fit sursauter.
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Candel Harfang
Candel Harfang
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeSam 31 Jan - 13:56



La vie si paisible et anodine au cœur de cette ferme d'Aéria lui semblait si lointaine... Parfois elle lui apparaissait comme un long songe paisible, ne laissant au réveil qu'une impression poignante. Mais, au creux des ténèbres, à la faveur du silence d'une nuit perpétuelle, elle était restée là, précieux joyau. Comme la lumière la plus éclatante, un soleil dans l'obscurité. Presque trop brillante pour ses prunelles habituées à l'Ombre.
Il avait gardé le silence, sur tout ce que son esprit était parvenu à reconstituer, ramené par celui qui avait toujours été auprès de lui, plus qu'un père, un mentor. Haalu, fidèle à lui-même, identique à celui qu'il avait toujours connu, comme la figure ridée d'un âge inéluctable. Et lui, brisé, incomplet et aux mains encore souillées par le sang de son dragon. De son frère.

Il avait regardé brûlé le monde, de yeux absents. Il avait regardé se lever les Ténèbres et le chaos se répandre. Mais Sa mort le laissait vide et creux. Sa seule exigence avait été : elle. Cette simple fille de paysan, cette fille aux mains trop blanches, ce soleil qui l'éblouissait confusément et qu'il désirait tout en ne pouvant supporter son regard.
Etait-elle sa captive ? Non, elle était venue de son plein gré, se rendant aux Ténèbres, sans regarder en arrière. Et chaque fois qu'il s’éveillait, son corps était contre le sien, leurs jambes mêlées, leurs bras s'étreignant. Le besoin d'elle, absolu, surpassait toute raison. Alors il fuyait alors qu'elle s'éveillait à peine, rompant le contact, sans comprendre le besoin qui le tiraillait. Celui qu'elle lui appartienne, irrémédiablement. Des noces de Ténèbres. Posséder Orléane était un rêve interdit. Un désir bridé au plus profond de sa chair, cadenassé par ses souvenirs qui le hantaient.

Et il y avait l’œuf. Précieux œuf. L’œuf de son frère défunt, la nouvelle enveloppe du redoutable dragon de foudre. Arkhail renaîtrait. Mais plus pour lui. Et l'Assassin savait mieux que personne ce que cela signifiait : il n'y avait jamais eu deux Maîtres au sein de la Main. Haalu avait le même regard. Celui d'un homme connaissant l'inéluctable.

Appuyé sur sa canne, son pas traînant, il réprima une nouvelle toux sanglante, ces crises qui le tenaient parfois éveillé, des heures durant, plié par la douleur dans sa poitrine. Nul remède n'y faisait, ne faisant que des soulagements temporaires. Il avait reprit la concoction de ses poisons, seuls moments où il s'apaisait vraiment, cessant de penser pour se concentrer sur le dosage si délicat et l'imperceptible frémissement des gouttes de liquide mortel.
Etrangement, c'étaient les recettes qui étaient revenues en premier, comme une ironie. Un rappel de ce qu'il était, une main dispensant la mort, une lame obscure aux baisers mortels.

Ces derniers jours, seule la présence de l'Oeuf apaisait ses tourments et cette blessure incompréhensible dans son âme lorsqu'il regardait Orléane. C'était un peu comme regarder le soleil : elle brillait trop pour lui. Et il la voulait sans pouvoir l'attraper, incapable de trouver les mots que d'autres auraient eu. Sa maladie, ce qu'il était, tout l'éloignerait d'elle, peu à peu. Haalu en était le témoin silencieux, la sentinelle triste de voir l'enfant Roi s'éteindre lentement comme décroît la flamme. Il était le dernier Harfang.

Il parvint bientôt à la porte dérobée, celle qui, après quelques couloirs et pièges, recelait la chose la plus précieuse de la Main. Le seul trésor digne d'intérêt pour tous ces Assassins.
Soudain son pas se stoppa net, au détour du couloir, son regard noir tomba sur Elle, objet de trop de ses pensées. Et la torche ôtée à son support fit pivoter le passage en un bruit sourd. Il tendit la main, voulu crier quelque chose, ne pouvant que la voir s'y engouffrer, sentant à la place de son cri monter une toux douloureuse.
Les pupilles dilatées par l'angoisse, il claudiqua à la suite de la jeune femme, mais elle avait filé vite et prit trop d'avance. Elle pourrait si facilement se perdre, tomber dans l'un des pièges... Alors... Que lui resterait-il, sinon que la chose si précieuse que cachait tant de précautions ?

Il devait la rattraper avant de la perdre elle aussi, avalée par ce néant qui lui volait tous ceux qu'il avait pu aimer, visages flous et fantômes languides.
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeSam 31 Jan - 15:04

Un regard furtif et Orléane attrapa la torche malgré tout. Un déclic et la porte pivota, offrant la première étape vers les réponses que la jeune femme cherchait. Un couloir sombre béait devant elle et elle n'hésita pas à s'y engouffrer pour échapper à son poursuivant. Si Candel la rattrapait, à coup sûr il lui demanderait de le suivre et de retourner dans leurs appartements, en attendant l'heure du repas en s'occupant comme elle le voulait, tant qu'elle restait éloignée des affaires de la guilde. C'était hors de question !

Elle se retourna vers le jeune homme et lui lança un sourire malicieux, avant de disparaître dans le couloir sombre, la torche à la main, faible lueur éclairant les ténèbres du lieu, son rire cristallin se répercutant sur les murs de pierre noire.

Il ne pouvait pas lui courir après, et Orléane eut un pincement au coeur. Il tenterait de la suivre et de la rattraper et il se ferait mal à cause de sa jambe, de la canne, de sa toux. Elle s'arrêta soudain et se retourna, se demandant si elle ne devait pas l'attendre finalement, et le suivre pour rentrer docilement comme il le lui demanderait. Elle eut le souvenir de leur étreinte de la nuit un peu plus tôt, et le contact des draps froids quand elle s'était réveillée au petit matin, Candel ayant déjà déserté leur lit pour quelque affaire importante qu'il lui cachait.

Elle plissa les yeux en le sachant s'approcher de plus en plus et elle reprit sa course dans le couloir, moins vite cependant. Elle ne pourrait pas courir pendant des heures, et qui sait ce qui se terrait sous le volcan. Elle vit passer des pièces aux portes closes et se demandait ce qu'il pouvait bien y avoir derrière chacune d'elle. Elle s'arrêta devant l'une des portes à l'ouvrage de bois et fer forgé particulièrement intéressant, et de nature curieuse prit un temps pour observer le travail du ferronnier. Tac Tac Tic... Tac Tac Tic...

Candel se rapprochait encore, d'un pas pressé qu'il ne pourrait pas tenir longtemps et Orléane fut prise de panique. Elle était pratiquement au bout du couloir et n'avait plus d'échappatoire. Il n'y avait que cette porte à l'ouvrage travaillé et sa clenche dorée. Sans réfléchir, elle appuya sur la clenche et poussa la porte pour entrer dans la pièce... Sa torche lui fut bientôt inutile et son regard ne savait plus où se poser tant il y avait de choses à voir autour d'elle.
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeSam 31 Jan - 16:26



Il la suivait, inexorablement, se repérant à l'écho de son pas dans les tunnels, certains étroits, d'autres assez larges pour trois hommes de front. Portes closes aux pièges mortels, dalles piégées, elle esquiva tout cela par un curieux miracle, comme guidée par le destin lui-même. A chaque instant, il craignait d'entendre des mâchoires d'acier se refermer sur ces jambes délicates. Lui-même avançait avec adresse, avec plus de facilité qu'on aurait pu le penser, s'aidant de sa canne, filant à ses trousses, pris au ventre par une terrible angoisse.

De cette drôle de course, la suivant au travers des ténèbres, guidé par la lueur lointaine et hésitante de la torche, il manqua de marcher sur une dalle en relief, vacillant légèrement, perdant définitivement trop de temps. La peur lui tenaillait les entrailles et il reprit sa marche, un peu plus lentement. Il se devait d'être prudent.
Il subsistait d'elle son parfum ténu qu'il connaissait par cœur. Ce parfum qu'il adorait en secret. Elle était la Vie, dans toute son rayonnement et lui la Mort, à la froideur inexorable. Et sa belle enfuie prit le seul chemin sûr, comme guidée par un hasard qui les dépassaient tous.

Il l'aurait bientôt rattrapée. Il la vit, au détour d'un couloir, la main posée sur la porte... Et elle entra dans l'endroit le plus sacré, le cœur de la Main, que seul le Maître et son Doyen connaissaient.
La pièce était vaste, plongée dans l'ombre, mais les torches s'embrasèrent étrangement alors qu'elle en passait le seuil, révélant les hautes colonnes de pierre ciselées rejoignant une voûte si haute qu'elle était plongée dans l'obscurité. Des coffres étaient présents un peu partout, avec des œuvres d'art de tous les pays, entreposées là depuis des temps antiques. Des livres prêts à s'effriter au moindre geste, de l'or et des pierreries débordant de coffrets posés sur de vieux meubles poussiéreux. Et au centre de toute cette opulence, entre des tentures narrant des gestes épiques de guerriers et de dragons décimés depuis des temps immémoriaux, trônait un piédestal en or incrusté d'obsidiennes. Son sommet courbé en trois griffes figurant une vaste patte de dragon tenait un œuf noir veiné de bleu, sa surface incroyablement lisse, comme celle d'un miroir, reflétait la lumière des torches et les reflets bleutés semblaient se mouvoir comme de brefs éclairs.

Candel franchit à son tour le seuil, le souffle coupé, appuyé sur sa canne, incapable seulement de parler, la jeune femme lui tournant le dos, face à l’œuf. De nouveau, il tendit la main vers elle, mais fut incapable de la toucher. Car son être s'embrasa d'une douleur si vive qu'elle le plia en deux, la respiration sifflante. Car là où se tenait l’œuf, un mouvement, infime, et un son... Celui d'un craquement qu'il aurait reconnu entre tous...
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeSam 31 Jan - 16:54

Des coffres, certains ouverts, d'autres hermétiquement clos renfermant dieu sait quoi, par centaines dans cette pièce aux dimensions inhumaines. On n'y voyait plus le plafond tellement la voûte s'élevait haut et la lumière des centaines de torches n'allaient pas jusque là. Des tentures représentant diverses scènes épiques et fantastiques. Certains coffres semblaient vomir des tonnes et des tonnes de pièces, diverses monnaies des différentes nations. Il y avait des parchemins, des bijoux, des candélabres, tous de précieux objets sans doute sans quoi ils ne seraient pas ici, dans une pièce reculée de tout, cachée à la vue de tous.

Orléane entendit à peine Candel entrer dans la pièce à sa suite. Elle avait machinalement reposé la torche sur un support libre, comme hypnotisée, et s'était avancée vers le centre de la pièce où trônait un piédestal, sur lequel était posée une main... non ! Une patte de dragon, des griffes qui tenaient jalousement une pierre plus grosse que les autres et indiciblement plus magnifique, plus brillante, plus... parfaite. Au moment où elle pensait ces mots, à peine à l'effleurement de sa pensée, elle sentit comme une vague d'énergie, quelque chose d'étrange qu'elle n'avait jamais ressenti et fut irrémédiablement attirée par la pierre qui se mit à trembler légèrement et se fissurait sur le pourtour, puis il y eut un craquement. Orléane ne pouvait détacher son regard de la pierre d'où s'échappait une douce lueur aux couleurs changeantes, comme se cherchant entre le bleu, le vert et le violet. Sur son socle, la pierre se mit à trembler et vaciller de plus belle si bien qu'Orléane se précipita pour la rattraper alors qu'il lui semblait qu'elle allait tomber et explosa entre ses bras.

Et à la place de la pierre précédemment luisante, se tenait, lovée sur ses genoux, entre ses doigts et ses bras chaleureux, une créature pas plus grande qu'un chat, gluante du liquide nourricier et tendant vers elle sa gueule pleine de dents encore molles, et poussa un cri si puissant pour une petite créature, qu'il se répercuta sur les murs de la pièce à allure de cathédrale et fit trembler le sanctuaire tout entier.

Des larmes coulaient sur ses joues mais elle en ignorait la raison. Elle sentait son coeur prêt à exploser et son visage était éclairé d'un sourire heureux. Elle semblait elle-même avoir le souffle coupé... sans se rendre compte qu'à ses côté, l'amour de sa vie subissait le même sort, mais pas pour les mêmes raisons. Elle était incapable de détacher son regard de la créature cependant, ni de prononcer le moindre mot. Le moment était trop précieux, et elle ne voulait pas le rompre, pour un retour trop brutal à la réalité... car ça ne pouvait être qu'un rêve, un rêve merveilleux.

Car dans ses rêves les plus fous, elle n'aurait jamais imaginé qu'un dragon puisse éclore... rien que pour elle.
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeDim 1 Fév - 11:30



Les trésors de la Main du Jugement étaient innombrables. En des siècles, des millénaires, ils représentaient toutes les époques, plus fastes ou plus chiches, qu'avaient traversé la guilde. Le trésor avait cru et décru en fonction des époques et des besoins, mais il était toujours aussi vaste.
Là, sous la lumière des torches, Candel voyait son monde vaciller. Elle avait trouvé le chemin, sans même le connaître. Elle avait évité sans le savoir tous les pièges. Et la voilà dans cette pièce sacrée entre toutes. Et l'Oeuf, celui là même qui contenait le nouveau Divin... Vacilla.

Candel dû s'appuyer à sa canne, pour ne pas tomber, jambes coupées par le choc. Et, dans ces yeux noirs toujours cernés, toujours un peu hagards et vide d'expressions, montèrent les larmes.
Le rugissement lui donna envie de hurler en retour, un long hurlement contre le monde qui lui avait prit son frère, la moitié de son âme, la meilleure partie assurément, pour ne laisser plus qu'un homme brisé et incomplet.
"Arkhail..." Souffla-t-il, alors que les larmes débordaient sur ses joues creuses, voyant la petite boule de plumes noires s'ébrouer dans les bras de sa compagne. Mais le dragon ne le regarda même pas. Non, il tourna sa tête intelligente aux mâchoires encore hésitantes vers Orléane, émettant un petit pépiement, entre le roucoulement content et l'excitation d'être ainsi tenu. La petite créature gluante lui mordilla les doigts, sans lui faire mal, comme un bébé chat avec des petits cris contents.

La douleur dans sa poitrine, indicible, le terrassait. Il pleurait, l'homme en noir, qui n'avait jamais pleuré pour quiconque, à part lors de la mort de sa moitié. A présent, seul dans ce monde glacé, il le voyait renaître dans les bras d'une autre. Et cette fille brillante comme le soleil avait été choisie par l'Ombre, dont elle porterait la marque irrémédiable : le petit dragon divin ne s'éloignerait plus jamais d'elle et seule la mort les sépareraient.
Des événements de ces dernières années, de ces dernières semaines, c'était assurément la meilleure des choses pour la Guilde. Mais pour Candel, c'était l'aboutissement de cette longue agonie au cœur de l'obscurité.

Alors, quand Orléanne le vit enfin, quand il eut enfin la force d'avancer de quelques pas, se traînant avec peine, s'aidant de sa canne, il posa un genou à terre, inclinant la tête. Genou à terre devant elle, celle dont l'ascension commençait là où commençait son déclin.
"Te voilà maîtresse de cette ère." Fit-il dans un souffle, alors que les larmes coulaient sur le bout de son nez. La douleur dans sa poitrine était terriblement vive et il leva un instant le regard sur le dragon qui l'ignorait et sur sa belle, devenue l'instrument même de sa chute, comme la plus cruelle ironie. Il allait s'affaiblir, de mois en mois, en un long déclin, jusqu'au jour où commencerait son règne.

Un bruit de course dans les couloirs et Haalu s'arrêta, essoufflé, à son tour, sur le seuil de la pièce. Son regard tomba tour à tour sur le dragon, Orléane et l'actuel Maître. Son visage pâlit considérablement et il s'approcha, plus doucement, comprenant, qu'à présent, tout était joué, bien que Candel et lui l'avaient su depuis longtemps.
"C'est un jour de liesse, mais mon cœur est en berne. Vous devez savoir, au fond de vous, vous qui avez fait éclore le Divin... Il ne peut y avoir deux maîtres et votre accession à ce statut signera la mort de l'actuel."
"Grindal." Dit Candel plus doucement, en se passant une manche sur les yeux, d'une voix fatiguée. "Ne l'effraie pas. C'est un grand jour pour elle. Et j'étais déjà mort en même temps que mon frère. Ce devrait être une fête et pas un enterrement."
Le vieux Wushei hocha doucement la tête, aidant son protéger à se lever, constatant sa faiblesse, mais n'en faisant part.
"Je dois avertir les autres." Fit le Doyen, affichant un visage calme, là où ses traits se tiraient de tristesse pour son protégé depuis près de trente ans. Il les laissa seul, repartant d'un pas digne, cachant aux yeux des deux jeunes gens sa douleur et sa peine de perdre celui qui était comme son fils. C'était les lois immuables et la magie du Divin.

Candel s'avança finalement vers Orléane, la fixant avec intensité, de ses yeux noirs, et il lui tendit la main pour l'aider à se relever, malgré le petit dragon qui le regarda un instant. Croiser ces yeux à la fois familiers et étrangers lui brisa le cœur.
Là, debout face à face, le dragon entre eux, il ne sut que lui dire. Son absence de sentiments autres que binaires le tiraillait, incapable de lui dire les choses les plus simples. Ce qu'il ressentait, au fond, pour elle.
"Ne sois pas triste. Je resterais avec toi. Je t'apprendrais ce monde. Tu iras à Lindorm. Et ce n'est qu'à ton retour que tu seras Reine parmi l'Obscurité. Le choix ne t'appartiens plus : il appartient au Divin. Il lui a toujours appartenu. Et si les Dieux avaient voulu prolonger ma misérable vie, ils m'auraient rendu mon âme. Mon dragon. Mais je ne suis pas malheureux, sache-le..." Doucement, il avait tendu la main vers elle, caressant sa joue si blanche et si pure, de sa peau froide et diaphane. "Je ne suis pas malheureux. J'accueille ce moment avec soulagement. Mon cœur n'avait plus de répit. A présent, je peux te rendre tout ce que tu m'as donné." Il lui sourit, d'un sourire maladroit, hésitant, le sourire d'un homme qui n'a pas l'habitude d'un tel mouvement, ses lèvres étirant son visage en une balafre pâle et sa main sur cette joue chaude et pleine de vie l'apaisa. Alors il souriait, à cette heure, lui qui allait mourir. Mais il verrait une dernière fois le soleil s'élever sur le monde et son règne venir....
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeDim 1 Fév - 16:17

- Arkhail...

Un murmure dans le silence revenu dans la pièce aux mille trésors. Etait-ce le dragon qui avait parlé, ou la voix faible de Candel ? Cela signifiait-il quelque chose ? L'avait-elle rêvé ? Tout cela n'était-il qu'un rêve, et disparaitrait si elle bougeait ?

Orléane ne put s'empêcher de relever la tête finalement, vers le jeune homme qui s'était avancé, et agenouillé devant elle, la tête basse, comme si... comme s'il s'inclinait devant elle. Elle sentait le dragonneau lui mordiller les doigts, réclamant son attention, qu'elle lui refusait pour le moment. Qu'avait dit Candel ? Lui avait-il vraiment donné le titre de "Maîtresse" ? Maîtresse de quoi ? De quoi parlait-il ? Ses larmes continuaient à couler sur ses joues rosies par l'émotion et son regard ne pouvait se détacher du visage de Candel, plus pâle encore que d'habitude, et couvert de l'eau salée de ses sentiments. Mais quels sentiments ?

Des pas dans le couloir lui firent relever la tête un peu plus et elle vit le Doyen Haalu apparaître dans l'embrasure de la porte. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit et elle ne put qu'accueillir les paroles du vieillard sans les comprendre vraiment. Un seul mot percuta son esprit. Mort. Qui devait mourir ? De quoi parlait-il lui aussi ? L'actuel Maître... Candel ? Maîtresse... Candel l'avait nommée ainsi. Son destin était-il de remplacer Candel ? Candel devait-il mourir ?

Elle ne saisissait pas les mots qui lui parvenaient en vagues, et elle regarda l'homme repartir, puis vit passer la main de Candel près de son visage. Elle attrapa machinalement cette main tendue et, serrant le dragon contre son coeur, elle se releva, faible sur ses jambes, encore fourbue par les sensations, les émotions, et son incompréhension. Elle tourna son visage vers Candel et y vit de la tristesse, de la résignation, et des larmes. Mais surtout un sourire serein, et elle sourit à son tour, timide et ferma les yeux quand les doigts froids de son amour vinrent effleurer sa joue chaude et humide.

-Oh, Candel... souffla-t-elle seulement, éreintée, ne cherchant même pas à comprendre ce qui venait de se passer.

Elle sentit la petite créature ailée se tortiller contre elle et baissa le regard sur elle. Le dragonneau déjà fort i peu de temps après son éclosion, s'agrippa aux manches de sa robe fine, et grimpa le long de son bras, y laissant des traces de griffures et quelques gouttes de sang sur son passage. Orléane ne ressentit même pas la douleur et observa la créature venir se percher sur son épaule, se lover dans son cou, comme un chaton fatigué. La jeune femme pencha la tête vers lui comme pour chercher un moment de tendresse, de complicité. Ses deux mains libres à présent, elle se rapprocha de son compagnon et se blottit dans ses bras, son dragon contre eux, effleurer les vêtements de Candel, sans broncher. Orléane soupira d'aise et de fatigue et murmura au creux de son cou :

-Je ne sais pas... de quoi tu parles. Je ne comprends pas le sens de tes mots. Je ne veux pas te perdre...

Au fond d'elle, elle savait qu'elle avait comprit, et qu'elle finirait par le perdre au terme de sa formation, car c'était cela. Une formation. Pour devenir sa remplaçante à la tête de la guilde. Il lui avait parlé de Lindorm, et plongea dans ses souvenirs pour se rappeler ce que son père lui avait dit de cette école. Alors elle irait quand il sera l'heure, elle accepterait ce que Candel et Haalu lui apprendrait, et elle tiendrait son rôle.

Mais pour l'heure, elle voulait juste être dans les bras de celui qu'elle aime pour le temps qu'elle le pouvait encore.

- Je ne veux pas te perdre... je t'aime. Ajouta-t-elle, comme pour se raccrocher encore au rêve merveilleux qu'elle avait fait, d'un dragon qui venait d'éclore pour elle.
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeDim 1 Fév - 22:43



Le Divin s'enroula autours du cou d'Orléane et Candel la laissa venir à lui, se retrouvant étrangement proche du petit dragon, son cœur se serrant à s'en briser. Pouvait-on avoir le cœur brisé quand il n'était déjà plus que des morceaux épars ? Le voir, là, tangible, si proche de lui, nouait son ventre d'angoisse, et il manqua de reculer. Ce qui lui était désormais interdit si proche, si loin... Il aurait voulu le toucher mais le regard de la petite créature l'en dissuada. Ce n'était pas son frère. C'était le Divin ressuscité. Ce n'était pas son Arkhail. Son ami, sa moitié. Ce serait l'allié d'Orléane. Le sens de sa vie, le guide dans l'obscurité. Quand il ne serait plus là, il porterait le chagrin de la jeune femme. Quand il ne serait plus là, elle régnerait.

Remué jusqu'au plus profond de son être, il finit doucement par nouer ses bras autour de ce corps familier et pourtant si étranger à cette heure. Elle disait ne pas comprendre... Mais cela n'avait pas d'importance. Seule restait la certitude de l'inéluctable. Sa mort, comme une fin terrible, mais attendue avec soulagement. Il y aurait cependant tellement à faire... Lui apprendre, la guider, faire d'elle la lame de l'ombre, la Maîtresse de l'Obscurité.
Fermant les yeux, il la serra contre lui, maladroit sur ses jambes, blessé dans sa chair et dans son âme.
Et alors que le mot d'amour glissait entre eux, comme un secret de polichinelle enfin dévoilé, Candel ne rouvrit pas les yeux. Je t'aime... On lui avait dit ces mots, une éternité avant. Mais qui ? Il se souvint d'une crinière blanche, et d'une odeur de sable brûlant. Un corps athlétique, une peau mate. Ses souvenirs, verrouillés sous la douleur, affluaient en lui.

Je t'aime... Elle le lui avait dit, ses doigts entrelaçant les siens, ses jambes se mêlant aux siennes, sous le ciel aux milliers d'étoiles. Elle avait souri, et son visage si dur c'était un instant éclairé d'une joie simple. Je t'aime... Avait-il dit, lui dont ces mots étaient si étrangers. Mais il les pensait, à cette heure, dans ce vaste désert, contre sa poitrine nue, leurs souffles court se mélangeants. Sa Reine avait sourit, oui. Et ils s'étaient aimés, pour une fois, leurs corps se répondant pour la première fois. Hattusha, je t'aime... Je t'aime, ma Reine...

Ouvrant grands les yeux, les pupilles dilatées en deux fines têtes d'épingle, il hoqueta violemment. Hattusha ! Etait-elle seulement en vie ? Machinalement, son corps avait repoussé celui d'Orléane et il avait manqué de désarçonner le petit dragon, qui protesta d'un cri aiguë, ses petits crocs claquant dans le vide en un sifflement mécontent.
Il avait reculé, butant contre un meuble, renversant un coffret de pièces en un bruit assourdissant et il sentit les larmes remonter à ses yeux noirs et cernés. Mais au lieu d'un sanglot, ce fut une toux rauque qui secoua ce corps mourant.
"Hattusha !" Cria-t-il, sans même s'en rendre compte. Mais ce nom se transforma curieusement en un autre, si bien que ce fut "Orléane !" qui fut appelé, avec ce désespoir profond. Montant ses mains à ses tempes, il se prit la tête en étau, tentant de refouler ses souvenirs. Ces souvenirs encombrants qui lui brisaient le cœur. Arkhail avait tout emporté à sa mort. Toute cette humanité si patiemment apprise... Pour ne laisser qu'un néant résigné, et une tristesse infinie.

Elle était là, tout près, aveuglante comme le soleil, brûlant sa rétine, trop lumineuse pour lui. Trop brillante pour l'ombre. Pourquoi cela devait-il être elle ? Pourquoi ? Elle était trop blanche pour l'obscurité. Ses mains seraient rouges. Ces si blanches mains innocentes...
"Orléane..." Ce n'était plus qu'un souffle. Elle l'aveuglait. Il la voulait, confusément, tout en la fuyant petits matins après petits matins. Il avait fait tomber sa canne et il tomba à genoux devant elle, se meurtrissant les jambes, mais s'en moquant. Agenouillé devant elle, qui possédait à présent l'être le plus sacré de ce monde, il l'entoura de ses bras maigres, collant sa joue à son ventre.
Et il pleura, comme il n'avait jamais pleuré. Comme un enfant. Comme l'amant transi dans l'obscurité, appelant en vain sa belle. Il la serra, à genou devant celle qui deviendrait leur Maîtresse à tous. Celle qui portait sa fin.
"Je t'aime... Je t'aime tellement..." Balbutia-t-il finalement, tout contre elle, dans son parfum familier... "Je ne veux pas te laisser... Je suis tellement désolé... Tellement désolé... Tout est de ma faute... J'aurais dû savoir... A cause de moi, tu rejoindras l'obscurité... Par mon égoïsme... Le Divin aurait choisi quelqu'un d'autre... Il aurait peut-être attendu des siècles mais nous aurions attendu... Et toi... Tu aurais eu une vie pure... Une vie vertueuse... Mais maintenant..."
Il se tut, pleurant sincèrement, le nez contre sa robe, s'y agrippant péniblement, les jambes douloureuses, surtout celle qu'il avait boiteuse.
"Je t'aime... Je voulais juste que nous restions ensemble. Pour toujours..."

Mais il n'y aurait pas de toujours. Il n'y aurait pas de lendemain. Lorsque son pouvoir serait à son zénith, il sombrerait, à tout jamais. Il mourrait simplement, en une mort si douce, comme un long sommeil au parfum d'éternité.
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AnonymousInvité
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeLun 2 Fév - 18:12

Elle avait tant de fois voulu lui dire ces mots. Toujours elle s'était retenue et avait repoussé ce moment, confuse dans son âme de ce qu'elle ressentait pour le ténébreux jeune homme qu'elle avait recueilli chez elle. Et ces mots, maintenant, étaient sortis aussi simplement que quand elle lui souhaitait bonne nuit.

Pourquoi alors la repoussait-il avec tant de force, son corps pourtant si faible ? Pourquoi reculait-il maintenant, le visage à l'agoni, une toux sanglante meurtrissant sa gorge et ses bronches ? Le dragon avait dévalé le corps d'Orléane, s'agrippant à sa robe jusqu'au sol, trop faible pour voler et alla se réfugier derrière quelque monceau d'or, à la recherche d'un recoin où on ne le bousculerait pas.

Orléane ne put s'empêcher d'aller vers Candel et passa ses bras autour de lui pour le soutenir alors qu'il lâchait sa canne et tombait à genoux sur le sol, tout contre elle. Il était à genoux devant elle et sa tête contre son ventre, il pleurait comme un enfant, d'un chagrin amer incompréhensible. Etait-elle la cause de ce tourment ? Etait-il heureux ? Il semblait plutôt triste, et confus tout à coup. Orléane sentit de nouveau les larmes monter à ses yeux et ne put les refouler. Elle posa ses mains sur le dos de Candel et pleura avec lui, écoutant les mots tremblants qui parvenaient jusqu'à elle. C'était la première fois qu'il lui livrait ses sentiments et elle ne pensait pas un jour les entendre. Elle s'était résignée à n'avoir que des gestes, des attitudes, et devoir se résoudre à ne pas espérer avoir les marques de tendresse d'un prince charmant pour sa princesse. C'était pourtant ainsi qu'elle se sentait, dans cette position inconfortable, son corps secoué de sanglots, dans cette pièce transpirant le luxe à chaque centimètres. Elle qui n'était que fille de bûcheron.

Quand il parla du Divin, Orléane sentit qu'on fouillait dans les tissus éparses de sa robes, près de ses chevilles. Elle tourna la tête et aperçu le jeune dragon qui l'observait. Bien sûr. Le Divin, Arkhail, c'était lui, ce petit être de plumes et d'écailles noires aux reflets bleutés, à la gueule et au regard déjà menaçant. Elle avait déjà entendu Candel murmurer ces mots dans son sommeil et à présent qu'elle le voyait, elle ne pouvait pas douter de son existence. Elle détacha une de ses mains du jeune homme et alla cueillir la créature au creux de cette main blanche aux doigts fins, et la ramena près d'eux. Le dragon et l'homme dans son giron, c'était une scène bien atypique, mais c'était comme si les choses étaient enfin à leur place. Elle se sentait à sa place, ou plutôt, en en prenant le chemin, décalée d'une destinée à peine effleurée.

-Il n'aurait put en être autrement, mon amour. Si j'étais destinée au Divin, alors tu étais destiné à me conduire à lui, et à me transmettre ton savoir et ton pouvoir.

Elle avait la voix étrangement calme, étrangement grave, comme si l'acceptation des évènements la changeait déjà, comme si la lumière rejoignait déjà les ténèbres, et l'obscurité envahissait déjà son âme. Cela ne semblait pas la perturber pour autant, car elle semblait en faire le choix.

-Nous serons toujours ensemble...

Elle ignorait pourquoi, mais elle se doutait que le lien qu'elle aurait avec le dragon, permettrait à ce que Candel soit toujours auprès d'elle, d'une certaine façon. Elle ne pouvait pas l'expliquer cependant.
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Candel Harfang
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Message Que me caches-tu derrière ton regard noir ?  I_icon_minitimeMar 3 Fév - 22:19



Comme ces souvenirs étaient amers, envahissant son esprit, en milles fragments brisés d'un passé où il était désormais étranger...
Et l'émotion, cette si rare émotion, secouait ce corps moribond de sanglots, alors qu'il se confiait - enfin ! - contant à celle qui l'avait sauvé un pan de la réalité. De ces sentiments confus dont il ne voulait pas. Un amour impossible et étouffant, un sentiment si pur et intense qu'il en devenait terrifiant.

Il la fuyait, jour après jour, pour mieux la retrouver, au creux de ses bras, comme chaque matin depuis des mois, des années ou des siècles entiers... Elle qui avait été son monde si longtemps, son seul univers, était à présent la lumière même de sa chute. Il y avait une ironie terrifiante dans cette situation.

Il pleura et elle pleura avec lui, à l'unisson, comme deux orphelins qu'ils étaient, blottis comme deux oiseaux. Il n'avait jamais bien compris les autres, mais elle était là, et c'était un sentiment d'une force redoutable.

La joue contre son ventre, entouré de sa chaleur et de son parfum, il se calma lentement, petit à petit, épuisé de ces larmes qu'il ne s'expliquait pas. Epuisé par sa maladie et sa santé qui déclinait inexorablement.
Elle lui parlait d'être toujours ensembles, et c'était doux, même si c'était une illusion, une manière de se rassurer face à l'immuable. Ensembles, pour toujours ? C'était une idée qu'il aurait voulu chérir, tout en étant trop pragmatique pour le faire.
Affaibli, il ramassa sa canne, se levant tant bien que mal, s'aidant du meuble derrière lui, pour se remettre sur ses jambes tremblantes, considérant le petit dragon et cette femme qui lui avait tant donné. A présent c'était son tour : il lui apprendrait, lui offrirait son savoir, avant de s'étioler lentement, jusqu'à retourner au néant. Il payerait le prix le plus élevé pour elle. Celui d'une vie contre une vie sauvée bien des mois plus tôt.

"Je... T'enseignerais." Dit-il d'une voix rauque, se passant une manche sur le visage, y chassant la trace de ses larmes, ne laissant que ses yeux gonflés et rougis, tout cernés de noir. Plus délicatement que l'on aurait pu le penser, il prit sa main, l'amenant à ses lèvres, tout doucement, jusqu'à embrasser cette peau délicate et parfumée. "Je resterais auprès de toi autant que je pourrais même si je ne mérite pas ta lumière..." Dit-il encore. Lentement, il avait approché son visage du sien, l'embrassant tout doucement sur les lèvres. C'était un baiser étrangement pudique, d'une douceur étrange de la part de cet homme si froid. Un long et doux baiser, comme une promesse naïve.

La reine du désert était peut-être revenue dans ses souvenirs, mais elle n'était pas la main amie qui avait guidé ses pas dans les ténèbres. Celle qui avait baigné son front brûlant et chassé les nuages de sa détresse de sa voix douce. Elle ne l'avait pas sauvé, arraché au charnier, au péril de sa propre vie... Il avait été l'Amour d'une Reine, mais donna à cette heure ce cœur tout abimé à une simple paysanne. Mais celle qui avait été Elue...

[Clos pour moi, merci pour ce rp tout fluffy ><]
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