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Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse.

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Assassins
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Morwen O'Shanahan
Morwen O'Shanahan
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeJeu 15 Jan - 19:34

Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. 150115071141399129

    Elle ne l'avait pas tué; elle ne l'avait même pas livré entre les mains de la justice pour les crimes que Morwen avait perpétré. Bien plus que Bryne ne pouvait l'imaginer. Son ennemie avait juste perdu connaissance entre ses bras et plus tard avait feint de l'ignorer comme si elle n'existait pas, comme si elle ne lui avait rien dérobé. Mais la rousse ne s'était pas laissé damer le pion par la jeune femme et avait pour une fois prit le temps de penser à la suite des évènements, assise seule dans ce lit si grand qu'elle aurait pu y inviter au moins trois autres femmes. Un grand lit froid, le plus vaste qu'elle ait jamais hanté. L'autre nuit, cauchemar et fantasme s'étaient mêlés pour quelques heures où Morwen avait laissé court à sa passion dévastatrice pour la nouvelle directrice de Lindorm; et pourtant elle en tait sortie tout aussi blessée, tout aussi violée et creuse car chacune avait soutiré de l'autre la substantielle moelle de l’orgueil au point qu'à présent, il ne leur restait que la confusion la plus totale. Elle avait attendu Bryne tout le jour, sans sortir du lit. Tout le jour, puis une partie de la nuit. Sans partir, sans sortir ni mettre qui que ce soit en danger. Pour le moment.

    Morwen avait regardé les heures s'égrainer dans cette chambre à l'image de l'esprit de Bryne: vide et impersonnelle, pleine de prétention dans son dépouillement. Assise au beau milieu du lit dans la tenue la plus simple qu'il lui était donné d'avoir, elle n'avait pas cherché à faire le tour des appartements de sa Némésis. Elle ne s'était pas lavée, n'avait ni cherché de quoi se vêtir, ni de quoi se nourrir si bien que parmi les draps chiffonnés et déchiré, Morwen et son corps à la fois maigre et musculeux ressemblait à une sauvage mal peinée aux cuisses mouchetées de sang; le même sang dans ses cheveux, sur ses joues et les yeux rivés vers le dehors qui de dessinait par la grande véranda devant le lit, elle n'avait simplement pas bougé, rien fait de spécial à part reprendre possession de ses moyens et comprendre la douleur qui tiraillait à présent son intimité, lui occasionnant une insidieuse fièvre à présent que l'effet de la drogue qu'elle avait volé à Candel s'était estompé. Peu importait; la douleur, ce n'était qu'une sensation et les sensations se répriment. Pas comme les émotions.

    Et des émotions, elle en avait eut toute la nuit comme si elle était prisonnière de montagnes russes. Du plaisir et de la douleur, infimes comme infinis et des satisfactions vieilles d'une décennie entière avaient nourri l'ogre de son érotomanie. A présent, elle n'était que l'ombre de la bête affamée qu'elle avait été la veille, somnolente, fiévreuse et affamée. En sueurs, Morwen se moucha dans les draps jadis délicats du lit de Bryne et se coucha sur le flanc comme un animal blessé. Les jours avaient passé mais son ennemie n'avait pas daigné la tuer, même pas la torturer. Elle tait prisonnière d'une promesse à présent, confinée dans cette chambre. Je ne partirai jamais, avait dit Morwen. Elle qui mentait en toute impunité ne prenait pas cette promesse à la légère: s'enfermer soi-même... quelle bêtise. Mais c'était ainsi qu'elle était. Profondément stupide de nature.

    Elle ne l'avait ni livrée, ni molestée. Même pas ignorée puisque chaque soir, Bryne revenait dans sa chambre et s'endormait comme si de rien n'était, laissant celle qui était sa pire ennemie dormir contre elle. N'y avait-il pas de place plus sécurisante qu'entre les bras d'un ennemi mortel? Personne d'autre à craindre, avec la certitude que personne ne vous toucherait sans en payer le prix. Le meilleur endroit du monde, le plus doux et le plus chaud; le plus dangereux, le plus fou aussi. A quel moment son plan avait-il dérapé ainsi? La suite des évènements était bien nébuleuse mais la rousse n'était pas du genre à se poser des questions.

    Trois jours révolus, Morwen avait accepté de se laver mais s'était endormi dans la baignoire. Les vêtements que Bryne lui avait donné portait son odeur, sa fragrance et l'assassin les avait longuement humer une fois seule, comme pour mémoriser à tout jamais ce parfum. Maintenant qu'elle était devenue maigre et frêle, les deux jeunes femmes avaient presque la même taille, le même poids et porter des vêtements de Bryne serait aisé pour Morwen. Une simple chemise et des sous-vêtements, rien de plus; elle les avait laissé trainer dans un coin, profondément endormie dans la baignoire, bras et jambes ballants dans le vide, le corps dans l'eau teinté de sang et d'humeurs qui lui avaient collé à la peau durant plusieurs jours, lui laissant une odeur forte et déplaisante.

    En ce début de nuit, elle avait rêvé qu'elle se noyait: Bryne enfonçait sa tête dans l'eau et la maintenait sous la surface sans qu'aucune résistance ne puisse la sauver. Et dans son sommeil, la rousse n'avait qu'un large sourire d'enfant, comme si elle faisait un doux rêve.

    C'était peut-être le cas.
    Quand les choses avaient-elles dérapé ainsi?
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Bryne O'Cuinn
Bryne O'Cuinn
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeJeu 15 Jan - 21:10


Plus dure sera la chute.

Faire comme si de rien n'était. C'était une défense dérisoire, un triste simulacre. Aller donner ses cours, malgré la plus intime et profonde des douleurs. Et au creux de son corps, l'éclatement de son cœur d'une pureté inégalée. Elle faisait bonne figure, cette femme de fer, ses sourires étaient les même que d'habitude, faux à en pleurer. Et elle conservait ce masque de porcelaine, cette beauté de poupée virginale. Rien n'avait changé ?

Mais dans le noir, la morsure de la terreur... Dans le noir, le doute et la crainte. Que faire d'elle ? De cette criminelle impie ? La livrer à la justice et la voir chuter. Mais dans sa chute elle l’entraînerait inexorablement en enfer. Alors tout le monde saurait... Le monde entier saurait la vérité... Elle serait perdue. Sa réputation serait salie pour toujours et alors, comment continuer à regarder cette fille dans le miroir. Cette fille aux yeux d'eau verte qui n'exprimait qu'une tristesse infinie. Une souffrance profonde comme l'épine si douloureusement ancrée dans sa chair.

Elle avait fini par regagner sa chambre, en titubant d'épuisement, lorsque la nuit fut trop noire pour qu'elle puisse seulement rester éveillée. Douleur et angoisse, elle était toujours là, exactement où elle l'avait laissée, dans l'état même où elle l'avait laissée. Comme pour mieux se moquer d'elle, comme pour mieux la briser.
Toujours là, même après trois jours et trois nuits. Nuits angoissantes et pourtant étrangement douces. Chaleur et présence. C'était si étrange. Elle n'avait pas souvent dormi, le cœur affolé de sentir contre son dos la poitrine de femme. Et cette chaleur étrange du creux de son corps. Tout était resté en l'état, comme pour un très long cauchemar où il n'existait ni éveil, ni fin. Elle avait pensé que faire comme si de rien n'était réglerait le problème. Elle allait partir. Elle se persuadait chaque soir qu'elle trouverait une chambre vide, mais ce n'était pas arrivé. Morwen, comme un sinistre pantin, restait à hanter son lit. Pantin aux fils cassés, elle semblait ne même plus bouger. Ni manger, ni se laver. Rien n'avait bougé. Et le cauchemar se perpétuait de journées grises en nuit blanches. Bryne avait l'impression de sombrer, s'enfonçant de plus en plus loin dans les prémices d'une folie douce.

La tête entre les mains, assise derrière son bureau, elle avait les tripes nouées en une nausée persistante. Elle entendait la nuit, les gargouillis du ventre de sa pire ennemie. Elle aurait voulu qu'elle crève. Qu'elle ne soit plus qu'un cadavre froid au petit matin. Alors seulement, elle pourrait envisager de se sortir elle-même de sa torpeur morbide. Toujours tirée à quatre épingles, la directrice savait qu'elle ne pourrait pas continuer plus longtemps comme ça. Elle n'avait pas pour habitude d'être passive et d'attendre que les situations se règlent d'elles-mêmes mais le choc avait ébranlé trop de choses en elle. Hagen avait bien tenté de lui parler mais même le Titan n'avait pas été un réconfort probant. Se redressant brutalement, ses mains claquant sur le bois du bureau, elle repoussa violemment sa chaise en arrière et sortit avec empressement. Ca ne pouvait plus durer. Elle se dirigea à toute allure vers les cuisines, demandant un plateau repas pour manger dans ses appartements, puis fit un crochet par l'infirmerie.

Lorsqu'elle poussa la porte, la première chose qui la choqua fut le lit défait. Vide. Un instant, le plateau vacilla. Elle était partie ? Les mains tremblantes, elle déposa son fardeau et resta simplement à tourner sur elle-même, comme étrangement déboussolée, cherchant un repaire, un indice.
L'angoisse la poignarda en plein coeur. Elle était seule ? Elle était seule ? Après tout ce qu'elle lui avait fait ?

Je ne partirais jamais.

Son cœur se pinça si douloureusement qu'elle se plia en deux, cherchant un souffle rare et rauque. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que tout le monde mente ? Le monde entier n'était que mensonges... Prise d'un accès de panique mêlé à une rage aveugle, elle retourna les coussins et l'édredon, comme si Morwen pouvait s'y cacher, les jetant au sol, le sang, leur sang, son sang, lui donnant la nausée. Elle avait les mains tremblantes, fébrile, elle retira les housses de tissu, les roulant en boule et, le visage vide d'expression, alluma un feu dans la cheminée...
Bientôt les flammes léchèrent le tissu et brûlèrent férocement. Oui. Qu'elle brûle... Qu'elle brûle... Sale chienne qui osait lui prendre sa pureté... Sale chienne qui se parjurait !
La haine de Bryne enfla encore d'un cran. Quelle idiote ! Qu'avait-elle voulu faire ? Avec quoi avait-elle voulu jouer ?
Une odeur de tissu brûlé emplit un instant la chambre et elle ouvrit la fenêtre en grand, se fichant pas mal du froid. Elle devait rester rationnelle... Ne pas s'emporter... Ne pas céder... Ne pas... Pleurer ?

Ses mains, comme mûes par une énergie propre, s'étaient activées et elle avait refait le lit, le tirant parfaitement, impeccablement, comme pour se protéger de la folie. Les tons de bleu pâle étaient si délicats... Elle devait se calmer... Mais sur ses joues roulaient des larmes, impossibles à contrôler. Cette catin des bas-fonds... Cette infâme menteuse !

Le plateau repas la narguait horriblement, et elle fut tentée de le reverser au sol et de le piétiner. Cependant, elle avait la tête qui tournait et tout son corps, depuis la cicatrice infligée par Morwen à son intimitée abusée, n'était plus que plaies... Elle tituba jusqu'à la salle de bain, avant de se figer sur le seuil...

Elle fondit sur Morwen comme un rapace sur le lapin, mûe par une rage incroyable et terrible, l'attrapant sans ménagements par les cheveux pour la gifler à deux reprises, sa main claquant impitoyablement et laissant une marque d'un rouge vif sur la peau pâle de son ennemie jurée.
"Sale petite putain !" Tempêtait Bryne, hystérique, sa raison ayant de nouveau déserté. "Je te hais, je te hais !" Et elle la secouait comme un prunier, alors que sur ses joues subsistaient la trace saline de ses larmes. A la faveur d'un mouvement maladroit, elle tomba dans la baignoire, se cognant les coudes et les genoux, s'y retrouvant toute habillée, à pleurer à gros sanglots contre Morwen. Terreur et rage. Raison et déraison. Tout contre elle. Alors, progressivement, ses sanglots décrurent, lentement, et elle resta là, à la serrer avec dans la bouche un goût de bile. Ses vêtements lourds de l'eau du bain, inconfortablement bouinée, sa joue contre la clavicule osseuse, Bryne savait à présent qu'elle avait perdu beaucoup plus qu'une bataille...

Lorsqu'elle se sentit plus lucide, que sa respiration se fit moins erratique, elle n'osa pas encore affronter le regard de sa Némésis, se contentant de se redresser avec toute la dignité possible dans ce genre de situation.
"Lave-toi correctement, tu pues." Dit-elle, cinglante, en lui jetant le savon à la figure, bras croisés, la tête tournée sur une expression de profond dédain.
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Morwen O'Shanahan
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeJeu 15 Jan - 22:45

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    La colère était l'émotion qui prédominait dans le spectre affectif de Morwen. De cette dernière naissait tout : elle aimait parce qu'elle haïssait, elle vivait parce qu'elle était pleine de rage et d'envie de détruire tout ce qu'elle ne pouvait pas avoir. Ce qu'elle avait possédé et dont elle ne voulait plus, elle le détruisait aussi pour être sûre que personne ne pourrait le récupérer. Bryne était à présent à elle et si elle pouvait la briser en milles morceaux pour que personne ne puisse recoller la fine porcelaine de cette poupée-là, elle le ferait le sourire aux lèvres. Mais si l'occasion se présentait, elle se donnerait volontiers aux turpitudes malsaines de cette femme qui était au moins aussi démente et sanguinaire qu'elle. Mourir, souffrir des blanches mains de Bryne O'Cuinn... savourer chaque instant de douleur comme un délice, confondant nectar et poison, plaisir et souffrance. C'était tuer ou être tuer, détruire ou être détruite. Manger ou être mangée; il n'y avait avec son ennemie que des choix binaires, des choix de grands prédateurs : dominer ou être annihilée, et les deux lui convenaient parfaitement.

    Dans l'eau calme, le corps de Morwen reposait paisiblement sans qu'aucun regrets, aucun remords ne l'empêche de dormir. L'eau rosée de se mélanger au sang des blessures de la rousse était tiède à présent, presque froide, et sa tête dodelinait pendant son sommeil tandis quelle s'enfonçait dans l'eau, perdue entre rêves et cauchemars, vision de vie et de mort. Et l'odeur de Bryne sur elle... elle aurait voulu ne plus jamais se laver de sa vie. Pourtant l'eau lui fit du bien, apaisant son corps malmené qui souffrait encore de la rage de sa Némésis. La fièvre essayait de chasser l'infection qui montait en elle et la jeune femme avait tout simplement perdu connaissance tandis qu'elle avait fermé les yeux un instant.

    Le réveil fut brutal et Morwen hurla comme une possédée en sentant le contact sec d'une main avec son visage, en une rencontre douloureuse; ses pupilles s'étrécirent violemment et tout son corps perdit le contrôle tandis qu'elle agrippa ce qui se trouvait devant elle et qui semblait être son agresseur, enfonçant profondément ses ongles dans la chair des épaule de Bryne alors que cette dernière la secouait comme un prunier en l'insultant. Elle allait la mordre de toutes ses dents quand elle remarqua les traces salines de larmes sur les joues de son ennemie qui dans son hystérie glissa dans la baignoire, son genou heurtant l'estomac de Morwen qui eut un hoquet de douleur, manquant de vomir dans la baignoire. Elle ne sut cependant pas quoi faire sitôt que retrouvant sa lucidité, la rousse remarqua que Bryne était tout contre elle, sa robe bouffant à la surface de l'eau du bain. Inconfortables toutes les deux, l'assassin ne bougea cependant pas un muscle, ne prononça pas un mot; tout depuis trois jours semblait complètement improbable et elle avait du mal à trouver une façon de réagir, globalement apathique et taciturne, le regard creux et fatigué.

    Morwen resta sans rien faire avec l'objet de ses plus folles pensées contre elle, la tête relevée, un peu en arrière. Bouche ouverte et regard absent, il n'y avait rien à faire; elle ne trouvait rien à faire ou à dire et lorsque Bryne se releva, elle accusa le lancé de savon sans réagir, son regard se baissant pour fixer la jeune femme mais n'exprimant rien du tout. Pas la moindre émotion autre que la fatigue qui cernait ses yeux et qui cirait son teint, les yeux comme une serpillère sur le visage, dégoulinant sur son corps couvert de bleus. L'eau rosé avait débordé et inondé le sol de la salle de bain, se troublant un peu plus de sang: la blessure de Morwen restait fraiche et cruelle, dissolvant son sang le plus sacré dans la baignoire, bien plus que cette dernière ne l'avait pensé, expliquant son teint livide et son attitude atonique. C'était une hémorragie.

    "Tu... veux me tuer en me jetant un savon?", ricana faiblement la rousse, "débile, tu baignes dans mon sang... mon sang de sale putain..."

    Glissant contre la porcelaine intérieure de la grande baignoire à pied, le dos de Morwen émit un bruit de chair en mouvement et elle perdit son rire dans l'eau, en pathétiques bulles, ses mains avides s'accrochant pourtant relativement faiblement au tissu de la robe de sa Némésis.

    "J'ai faim... j'ai soif... je vais mourir dans ta chambre et pourrir dans ton lit... tu n'oublieras jamais l'odeur de mon cadavre....", dit-elle avec un sourire tordu.

    Pourquoi Bryne ne la tuait-elle pas? Pourquoi ne la livrait-elle pas à la Très Sainte Justice qu'elle aimait tant, cette pucelle à la jouissance si pathétiquement facile, cette fausse vertueuse qui n'était en fait qu'un animal comme elle? Morwen laissa le savon couler à pic dans la baignoire et préféra essuyer son visage avec les pans humides de la robe de Bryne.

    "Une vierge qui pue le sexe...", ironisât-elle pour essayer de faire souffrir Bryne, "il... y a trois jours tu étais comme les autres, tu résistais mais ton corps suppliait. Une vraie chienne en chaleur... où était la vertueuse Bryne O'Cuinn quand tu écartais les cuisses pour moi?"

    Et, la pire question parmi toutes, posée d'une voix affreusement maigrelette:

    "Tu as aimé ça finalement, n'est-ce pas? Et tu me redemanderas, hein?"
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Bryne O'Cuinn
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeJeu 15 Jan - 23:22


Le sang colorait la blancheur de sa jupe d'une teinte rosâtre. Bryne regarda un instant autours d'elle, ses yeux aussi cernés que ceux de son ennemie contemplant l'eau souillée par le liquide carmin. Elle savait bien sûr que Morwen devait payer le prix des ronces. Ces ronces terribles qui avaient tentées d'infliger ce qu'elle avait ensuite subi. Le prix d'aimer Bryne était si terriblement élevé...

Alors que Morwen s'accrochait à elle, Bryne ne la repoussa pas, la regardant d'en haut d'un œil noir, bras croisés sur sa poitrine, prise de frissons à cause de l'eau déjà presque froide. L'insinuation de la mort ne lui fit qu'hausser un sourcil fatigué et elle grinça : "Par l'Unique, je préférerais encore te brûler. Je connais l'odeur des charniers, un cadavre est un cadavre et le tient m'arrangerait bien, Morwen." Son prénom ? Elle ne l'utilisait jamais. Elle ne l'appelait jamais, comme pour nier son essence même. Et pourtant à cette heure, c'était bien son prénom...

Elle la voyait, aussi affaiblie qu'elle, à présent que sa crise de larmes et de rage lui avait rendu une lucidité fatiguée et languide. Elle fouilla dans l'eau, en sortant le savon, qu'elle brandit comme un rempart contre l'atrocité des propos de la rose rouge, le serrant presque à l'éclater. Elle inspira cependant profondément. Mets-ton masque ma fille. Sinon tu deviendras folle.
Le visage de Bryne se fit plus lisse, vidé d'émotions. Un exercice facile : elle avait lutté contre sa nature toute sa vie entière. Réprimé jusqu'à la moindre de ses pulsions et émotions, les enfermant au plus profond d'elle. Mais sa chair palpitait de douleur, en écho au souvenir d'il y avait trois nuits.
"La ferme." Fit-elle sèchement. Elle attrapa un gant et frotta le savon avant de choper sa rivale, l'attrapant avec moins d'efforts qu'elle l'aurait pensé : "Je t'ai ramené quelque chose." Morwen devait être en pire état qu'elle l'avait pensé car elle parvint à la manipuler tant bien que mal, la frottant sans ménagement, chassant la crasse de ce petit corps maigre, le visage fermé et la mâchoire contractée. Elle notait en silence les ecchymoses, les blessures et autres marques, sachant que c'était certaines séquelles de leur bataille. Elle-même avait le corps entaillé sur la largeur, en une longue cicatrice oblique, qui partait de sous les seins et descendait jusqu'à la hanche. Voir les traces sur son ennemi la consolait péniblement de son propre état.
Ouvrant l'eau, elle commença à vider la baignoire, tout en rinçant Morwen, elle aurait pu l'essorer qu'elle l'aurait encore fait. A la place, elle usa de ses ronces pour la porter devant elle, et la déposer sur le sol rendu glissant par l'eau. Elle-même était trempée. Elle se mordit la lèvre au sang et abandonnant finalement, après avoir déposé la jeune femme sur le tapis, et lui avoir posé une grande serviette sur la tête. "Sèche-toi au moins, bonne à rien !"
Elle-même retira ses vêtements, les abandonnant dans la baignoire, elle s'en occuperait plus tard. Et ce fut aussi nue que son ennemie, qu'elle enfila un peignoir moelleux, l'air digne et agacée.

"Viens." Ordonna-t-elle, roulant des yeux devant l'état de faiblesse de Morwen, avant de se résigner en la voyant tituber, lui passant un bras autours des épaules pour la soutenir jusqu'à l'autre pièce. L'on aurait dit que Bryne touchait quelque chose de répugnant mais elle se calma en se forçant à réprimer tout ressentit, muselant le moindre sentiment inadapté.
Abandonnant la rousse sur le canapé, elle alla finalement chercher le plateau, et surtout la potion contenant de quoi la soigner et faire baisser la fièvre.
"Bois." Dit-elle en lui collant la flasque de potion sous le nez, la lui laissant pendant qu'elle mettait soigneusement en place tout ce qu'il fallait sur le plateau. Qu'était-elle donc en train de faire ? Pensa-t-elle alors qu'elle agençait tout à la perfection, avec une maniaquerie automatique, comme si ses gestes étaient l'écho de son inconscient.

Déposant le plateau repas, elle resta droite en face de Morwen, les bras croisés, l'air revêche et hostile.
"Ce n'est pas empoisonné." Elle n'aurait pas eu besoin de ça. Sa nervosité s'exprimait aux ronces qui jouaient sous sa peau, y dessinant d'absurdes arabesques. La violence, elle ne connaissait que ça. L'agressivité était tout ce qui lui restait face à Morwen. cette femme qui avait abusé d'elle ? Ou bien était-ce l'inverse ? Elle se raccrochait à l'idée de viol comme pour s'absoudre, avec un désespoir terrible, afin de ne pas sombrer corps et âme.

Son cœur était brisé, comment faisait-elle encore pour vivre ? A jamais, elle ne pourrait plus avoir personne auprès d'elle, pas même l'homme de ses rêves... Un autre temps, une autre vie, peut-être... Peut-être oui... Serait-elle heureuse. Et non plus tiraillée par le manque d'une autre femme, dont la chaleur était la seule qu'elle ai jamais connue. A jamais ancrée dans sa chair et dans son âme... Vêtue de son grand peignoir rose pâle, ses cheveux défaits en longues mèches qui tombait jusqu'à ses genoux, elle semblait fragile, bien que son visage fermé trahissait le tumulte intérieur et la violence qu'elle se faisait pour ne pas laisser voir son trouble.
Les flammes de la cheminée donnaient à la pièce un aspect irréel. Morwen était... Désespérante. L'observant du coin de l’œil, elle gagna son lit, tout proche, s'y glissant après avoir abandonné son peignoir. Nue sous ces draps froids mais qui sentaient bon le propre. C'était un réconfort bien infime.
L'autre femme était... étrangère. Pourtant son corps lui parut plus maigre et plus osseux que le sien. Mais plus si loin de sa propre morphologie. Elle avait de jolis cheveux, d'un rouge intense, comme le sang. Mais elle détestait son attitude, ses manières - quelles manières ? - et sa façon de se comporter. Elle la haïssait viscéralement. Et pourtant... ne venait-elle pas, d'une bien étrange manière, de s'occuper d'elle ?
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeSam 17 Jan - 10:46

Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. 150115071141399129

    Je brûlerai bien assez tôt, avait eu envie de répondre Morwen à la jeune femme qui lui faisait pathétiquement face dans la baignoire, au lieu de quoi un sourire fatigué remplaça toute nouvelle tirade lorsqu'elle comprit que Bryne refuserait de céder à ses provocations cette fois ci. L'odeur à la fois rance et douce des charniers de la guerre, la rousse ne la connaissait pas vraiment: elle avait déserté un peu par accident avant l'explosion de violence que d'autre appelaient "la guerre pour ce qui est juste". Pour elle, il n'était pas de raison de tuer; les animaux ne se cherchent jamais d'excuses, il n'est que les hommes qui trouvent des prétextes. Et elle, pour tout ce qu'elle avait fait, faisait et ferait, n'avait ni excuses, ni explications. Elle tuait ceux qui la menaçaient, ceux qui lui barraient la route, celles qui tombaient entre ses pattes quand elle tournait la casaque; elle aurait dit jadis que c'était de la faute de Bryne mais c'était faux: toutes ses actions ne venaient que d'elle-même et pourtant lui semblaient aujourd'hui si vaines. Maintenant qu'elle pouvait regarder Bryne dans les yeux sans risquer de mourir.

    Bryne était femme parmi les femmes. La femme parmi toutes les femmes, celle qu'elle n'avait pu approché à l'académie, celle qu'elle avait aimé dès le premier regard porté sur sa petite stature et ses grands yeux à l'air toujours sérieux et volontaires. Aussi l'entendre prononcer pour la première fois son prénom lui tira un terrible frisson, comme si son ennemie reconnaissait enfin son existence... toutes ces longues années sans un regard et maintenant... aujourd'hui... Morwen se tut presque par réflexe, laissant la jeune femme la frotter rudement pour la laver. Qui aurait cru qu'un jour Bryne O'Cuinn la laverait? C'était une situation folle, même pour Morwen. Le savon brandit entre elle lui semblait une défense bien dérisoire. Quand Bryne lui dit qu'elle lui avait ramené quelque chose, Morwen ne put s'empêcher de lui offrir un regard curieux suivit d'un "c'est quoi?" sans patience, à la manière des enfants; les deux femmes ne se connaissaient pas le moins du monde, deux étrangères qui pourtant ravageaient la vie de l'autre depuis des années.

    Lavée, rincée, portée même.... qu'arrivait-il à Bryne pour qu'elle agisse de cette étrange façon? A plat ventre sur le tapis tandis qu'elle posa les mains et les genoux au sol pour se relever, Morwen sentit une serviette échouer sur sa tête et elle jeta un coup d’œil à son ennemie qui lui intima de se sécher, le faisant sans rien dire en s'asseyant sur le bord de la baignoire, se frictionnant les cheveux avec une certaine énergie, malgré son air vague. Lorsque l'autre femme lui intima de la suivre, la rousse haussa les épaules et s'exécuta lentement, en trainant les pieds si bien que Bryne vint la soutenir pour la déposer sur le canapé. Morwen la regarda, clairement étonnée avant de se poser là où on l'avait mise, entre stupeur et docilité. Un feu crépitait dans la cheminée sans vraiment réchauffer la pièce, laissant les vestiges d'une odeur de tissu brulé. Il faisait plutôt froid et son corps nu se couvrit de chair de poule, mettant la grande serviette autour d'elle pour tenter de se réchauffer.

    Morwen fixa la flasque que lui tendit sa Némésis avec circonspection tandis que cette dernière lui agença un plateau repas presque au millimètre, avec une maniaquerie presque risible. On aurait dit que Bryne calmait ses nerfs dans une sorte de routine trivial. Pourtant... un repas, pour elle?

    "C'est ridicule", dit ouvertement Morwen tout en débouchant la potion.

    L'odeur était au moins aussi horrible que le goût mais l'assassin but la moiti d'une traite sans rechigner; elle se doutait bien que ce n'était pas empoisonné, tout comme le repas: Bryne ne tuait pas de cette manière, pas dans le dos. Si elle voulait tuer, elle dardait sa rapière en avant, avec force et fierté. Ou se jetait sur vous comme une furie pour vous stranguler: le poison n'était pas dans son style alors la rousse ne s'en fit pas; elle la connaissait un minimum sur le sujet meurtrier, le seul qu'elles avaient en commun. Pourtant Morwen ne put s'empêcher de relever un regard presque enfantin sur Bryne qui croisait les bras d'un air revêche, raide comme la justice qu'elle aimait tant. Elle regarda la flasque dans sa main, puis retourna à Bryne et se perdit dans sa réflexion quand cette dernière la quitta pour aller se coucher.

    La rousse mit son ennemie dans un coin de son esprit pour se tourner vers le repas qu'elle lui avait rapporté; son estomac gargouillait de manière douloureuse et elle n'attendit pas pour avaler la soupe à même le bol, sans se servir de sa fourchette, toussant un peu sous la chaleur qui lui brûla le palais comme un enfant impatient de manger. Elle toussa dans sa main, vidant le verre d'eau d'un trait avant de se taper un peu sur le torse maigre comme pour faire passer le tout, rompant le bout de pain à la main. Elle n'utilisa pas ses couverts, s'essuya sur la serviette de bain et mâchait bruyamment, les jambes repliées sur son torse, pieds remontés sur le sofa pour garder sa chaleur dans la pièce qu'elle trouvait froide. Des manières, Morwen n'en avait jamais eu; ses grands yeux rouges un peu éteints étaient ceux qu'une enfant à problème qui refusait de grandir et prenait le monde entier pour son ennemi. Un monde dans lequel vivait Bryne. Son ennemie aussi. Morwen était l'ennemie de l'Humanité.

    Repoussant le plateau une fois qu'elle avait terminé - l'assiette semblait aussi propre que si elle avait été lavée - la jeune femme se releva en saisissant la flasque et marcha lentement vers le lit de Bryne. Elle finissait par le connaitre, ce grand lit à la literie un peu molle où elle avait l'impression de s’enfoncer dans le matelas: il était son lieu de vie presque exclusif depuis trois jours, trois nuits. Son dos lui faisait mal à force de rester couchée... la serviette enroulée maladroitement autour d'elle, Morwen regarda un long moment Bryne sans rien lui dire, sans bouger; à la faveur des flammes, son visage lui parut plus infantile qu'elle ne se l'était figuré et sa bouche en forme de cœur l'attirait invariablement. Elle s’assit sur le bord du lit, le regard un peu creux, avant de lui caresser les lèvres d'un pouce un peu maladroit, posant la flasque près de son visage.

    "Toi aussi, bois."

    Pas un mot de plus. Morwen se releva lentement et baissant la tête sur le peignoir de Bryne abandonné au sol, elle s'enroula dedans et se lova en position fœtale pour rester à même le plancher, au pied du lit, aux pieds de Bryne. Il n'y avait qu'à cet endroit qu'elle pourrait en cette nuit dormir pleinement: son grand-père la faisait souvent dormir sur le sol quand elle était petite et sa vie de voyages l'avaient habituée aux surfaces un peu rudes. Elle aurait voulu se serrer contre Bryne cette nuit encore, caresser ce ventre, respirer la fragrance de ses cheveux et la perturber de caresses à la faveur d'un sommeil léger. Mais ce soir Morwen n'en fit rien; elle se recroquevilla dans le peignoir de sa pire ennemie, en serrant le tissu.

    "Merci", fit-elle simplement.

    Personne à part Candel ne lui avait jamais offert à manger et de quoi se soigner. Et même si la haine qui animait un bout comme l'autre des deux parties en présent restait le sentiment qui dominait depuis toujours, la rousse se souviendrait qu'une fois, Bryne l'avait appelé par son prénom, lui donnait le droit d'exister dans sa vie, de quelque manière que ce soit. C'était tout ce dont Morwen avait toujours rêver. D'exister pour quelqu'un, même par la haine.
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Bryne O'Cuinn
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeSam 17 Jan - 12:47


Pourquoi se faire tellement souffrir ? Tellement de tourments, de sentiments enfermés, dans ce corps boîte de Pandore.

Elle la regarda un instant manger, avant de détourner la tête de dégoût. Intransigeante : ne pouvait-elle simplement la laisser faire à sa guide et faire à la sienne ? Bryne s'imposait en modèle, en exemple à suivre. Mais elle n'était qu'une enfant apeurée par le monde et forcée de se battre contre avec un cure-dent. Sa rapière brandie, comme pour se prémunir de toute approche, ses ronces hérissant son corps, elle voulait se dire que personne ne voudrait jamais d'elle. Parce que ses parents n'avaient pas voulue de cette enfant aux yeux verts. De cette fillette touchée par son don avant même l'alliance. Si vivace, comme la mauvaise herbe, elle avait survécu, dans ce monde plein d'épines, prenant le contrôle de la moindre de ses émotions, si prompte à faire jaillir les ronces noires.
Hagen le lui avait dit. Elle était de la lignée des dragons, et elle était la plus puissante de son antique famille. Celle sur qui tout avait toujours reposé. L'enfant aux ronces, que l'on dresse pour en faire une arme implacable dénuée de sentiments, toute tournée vers la logique et ce que l'on voulait d'elle..

Alors, Morwen la dégoûtait. Pourtant, elle semblait la même enfant qu'elle. Bryne avait courbé la tête sous les contraintes. Le chêne rompt. Elle s'était brisée, heurtée sans cesse par des murs de froideur. Elle avait tout enfermé, courbé la tête. Répondu à la moindre des attentes. Devenir ce qu'on voulait d'elle. La contrainte permanente, ce masque social était greffé a sa peau délicate, comme un parasite répugnant. Elle ne pourrait le retirer sans arracher sa propre chair. Animal savant et social. Une fille bien dressée. Etre ce que l'on voulait d'elle.
Morwen avait pris le contrepied. La haine répondait à la haine. Elle se défendait du monde là où Bryne laissait tout passer. Mais elles se heurtaient l'une à l'autre avec un désespoir d'animaux malades, comme pour s'entre-dévorer. S’annihiler.

Elle mangeait comme un animal là où elle mangeait avec les manières les plus exquises. La perfection et l'imperfection. Le chaos et l'ordre. La justice et le crime.
Tellement différentes. Tellement ennemies, jusqu'à leur manière de bouger. Jusqu'à leurs souffles. Filles de contraires. Et pourtant, elle seule l'avait fait pleurer. Elle seule parvenait à briser le masque, à le fendiller pour laisser voir l'animal en laisse. Le monstre épineux, entièrement tourné vers sa seule manière de toucher les autres : en les écrasant, en versant leur sang. Un sang rouge, comme un fleuve. Un sang réconfortant et chaud qui giclait sur son visage. Un sang porteur de vie. Sa seule manière de les atteindre, de les toucher, d'avoir un instant leur attention.

Regardez-moi ! Regarde-moi !

C'était ridicule, oui. Cela n'aurait jamais dû arriver. Cela n'aurait jamais dû être. Et alors qu'elle lui tendait la flasque de potion, la jeune femme au corps brisé de fatigue et de douleurs contre lesquelles elle luttait si vaillamment, la prit doucement, comme soudainement intimidée de ce geste imprévu. Leurs doigts se frôlèrent et elle détourna les yeux dans une pudeur idiote, fixant le goulot, avant de faire fi de son ventre noué par un baiser indirect, et d'avaler à son tour un peu de liquide amer. La douleur s'amoindrit, les élancements se firent moins violents.

Couchée sous l'édredon moelleux comme un rêve, ses yeux tombèrent sur elle qui se couchait sur le sol, au pied de son propre lit. Comme un bon chien de garde. A ce mot, cachée par la couette qui lui masquait la moitié du visage, elle sentit ses pommettes se teinter de rose, dans un embarras charmant. Un merci ? Personne ne la remerciait jamais. On lui disait merci par simple politesse, mais pas ainsi.
Et ce mot, plus que toute autre chose, la troubla, elle qui était si épuisée à cette heure. Et ce rouge au joues, elle se sentit bêtement gênée de la voir dormir ainsi par terre. Cette idiote... Ne pouvait-elle pas se coucher sur le canapé ? L'hiver était glacial et la cheminée n'était pas de trop pour réchauffer la chambre. La voir enroulée comme un chiot dans son peignoir lui laissa un drôle de sentiment. Ses yeux verts s'adoucirent un instant et, maladroitement, elle laissa ses ronces prendre le dessus, rampant sur le lit depuis la paume de ses mains pour aller s'enrouler autours de Morwen, l'attrapant toute enroulée qu'elle l'était, pour la soulever sans effort et la déposer... Sur le lit, à côté d'elle.

"Idiote." Disait-elle cela à elle-même ou à Morwen ? Cachée par la couette, le visage rouge, elle se bouina plus confortablement dans le vaste lit, mais laissant curieusement une place vacante. Une place à prendre.

Auprès de toi, je n'ai jamais froid...

Le sommeil la berça bientôt, pauvre corps épuisé, amas de chair brisé, à l'esprit vacillant. Elle sombra dans un sommeil profond, à peine Morwen fut-elle sur le lit, ses ronces se retirant dans son corps.
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 18 Jan - 13:35

Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. 7582498410

HRP:

Bon sang de bonsoir ! C’était sur lui qu’il avait fallut que ça tombe, parce qu’il ne dormait que très peu, parce qu’il avait toujours l’oreille qui fouinait et qu’en cette nuit claire, à travers les vitraux de la bibliothèque, il les avait vu. Il avait suivit du regard ce petit groupe d’élève debout à une heure qui n’était pas autorisée, traverser en courant le terrain d’entraînement, avant de grimper le haut mur de Lindorm pour disparaître dans Laragon. Oh, il allait les attendre les petits vermisseaux, il allait les attendre et ce de pieds fermes. Il allait leur tomber dessus comme un rapace sur sa proie et il réduirait à néant leurs envies de continuer à faire le mur. Il allait ôter des points à chacun d’entre eux, puis il leur donnerait des devoirs à rendre, beaucoup de devoirs, il allait leur faire passer l’envie de ne pas respecter les règles.
Riant derrière le vitrail à toutes les joyeuses punitions qu’il allait leur donner, il tourna les talons. Rangeant les livres qu’il était en train de lire dans les rayonnages, il prit sa lanterne et enfila ses chaussures en sortant de l’immense bibliothèque. Droit comme un i, une main dans le dos, il traversa les longs couloirs de Lindorm. Le silence l’apaisa un peu et seul le bruit léger de ses talons résonnait doucement.
S’arrêtant un instant, il ferma les yeux et appela Fog. Il lui demanda d’une voix douce de suivre les fuyards, promettant qu’en échange, il irait bientôt voir Ivar. Le dragon grogna dans un recoin de sa tête, mais obtempéra finalement. Le lien se fit plus fin, presque impalpable, mais Caeruleus avait l’habitude. Quand Fog était sous forme de brume, leur lien changeait légèrement, c’était comme si le fil qui les reliait n’était plus qu’éphémère. L’entendant ricaner sur la possibilité de foutre la peur de leur vie aux élèves, le dragon s’éclipsa sans un mot.

S’arrêtant devant une fenêtre, il vit une immense brume se répandre dans les jardins et un sourire satisfait apparu sur son visage. Il se sentait étrangement bien, presque serein depuis qu’Ivar était ici. Il avait eu beaucoup de mal à y croire, mais la réalité le rattrapait tout les jours. Il était là tous les matins à la cantine, parfois même dans sa chambre, ils se croisaient dans les couloirs, leurs bureaux et leurs appartements étaient tout proche. Sa vie devenait plus facile. Les pressions sur son corps s’amoindrissait et ses trous de mémoires semblait être un lointain souvenir.

Poursuivant sa route, il grimpa l’escalier central et pénétra dans les appartements du personnel. Il dépassa la porte de son chez lui, ainsi que celle d’Ivar. Porte devant laquelle, il fut bien tenter de s’arrêter, de la pousser discrètement pour se glisser entre les draps sûrement chauds de son compagnon, de se coller à lui pour quémander des baisers et abuser de son corps. Oui, il le ferrait, mais après, juste après. Il devait prévenir la Directrice, c’était la consigne. Dés que des élèves faisaient le mur, il fallait l’en informer, immédiatement.
Enfonçant ses lunettes sur son nez, il se posta devant la porte de l’appartement de mademoiselle O’Cuinn et toqua légèrement. Il n’y eu aucune réponse.
Au vu de l’heure avancée, elle devait sans doute dormir. Tournant la tête à droite et à gauche, cherchant un moyen de s’assurer que Brynn se trouvait dans sa chambre, il finit par poser la main sur la poignée de la porte.

Cela ne se faisait pas, mais aux grands maux, les grands remèdes. Il poussa légèrement la porte, la pièce était légèrement éclairée, et il plissa des yeux pour mieux y voir.
Passant juste la tête par l’entrebâillement, il sonda les environnements et aperçu la silhouette de la directrice couché dans son lit. Bon, elle était là, il n’avait plus qu’à refermer la porte et toquer plus fort, mais quelque chose attira son regard. Une silhouette recroquevillée dans un peignoir roulé en boule prés de la directrice. Une silhouette qui lui rappelait vaguement quelque chose, une couleur de cheveux qu’il connaissait, un corps qu’il connaissait, un visage qui s’imprima dans sa rétine.

Sa gorge devint subitement sèche, ses mains se mirent à trembler légèrement et son corps entier le démangea. Ses reins s’embrassèrent et il poussa un léger couinement. Non, il devait rêver, elle ne pouvait pas être là, cela ne pouvait pas être elle, elle était recherchée, elle devait être arrêtée, elle était une criminelle. Oh, il le savait, il savait tout cela, tout ce qu’elle avait fait, tout ce dont on l’accusait. Après tout, elle avait été une des seules personnes à savoir qui il était réellement, à savoir ce besoin irrépressible qui lui vrillait le ventre, à en profiter outrageusement, à tester sur lui une partie de sa folie. Il avait été son cobaye, elle avait été celle qui lui avait apprit à jouir avec une femme. Une femme qui l’avait torturé des nuits entières, bafouant son corps d’idées aussi répugnantes que délicieuses.

Tout lui revenait en mémoire. Tout ce qu’elle avait fait. Tout ce qu’il lui avait apprit, à lire, à parler normalement, intelligiblement, à se comporter correctement. Oh il s’était parfois venger de ce qu’elle lui avait subir. Il l’avait forcé à lire des livres en entiers, lui mettant des coups derrière la tête pour la punir, lui claquant les doigts quand elle tenait sa plume à l’envers. Mais elle avait toujours finit par avoir le dessus sur lui. Car elle savait, quelle putain il était…

Un long frisson remonta le long de sa colonne et il voulut refermer la porte aussi discrètement que possible, s’enfuir et oublier tout ce qu’il venait de voir. Retrouver Ivar, se coller à lui en gémissant. Oublier ces souvenirs douloureux. Oublier jusqu’à son existence.

Il referma la porte doucement et dans l’entrebâillement il vit ses yeux qui le fixaient….
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 18 Jan - 21:24

Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. 150115071141399129

    Dormir à même le sol était coutumier à Morwen, mais perdre pied dans l'odeur que portait le peignoir de Bryne lui était complètement nouveau, étranger et plaisant. Serrant le tissus entre ses doigts, elle n'aurait voulu être nul part d'autre que dans ce vêtement délaissé, sur le plancher. Sa Némésis dormirait ce soir, parce qu'elle la laisserait en paix le temps qu'elle se refasse; se donner le temps de lécher ses blessures pour repartir l'une contre l'autre à l'assaut sitôt qu'elles seraient remises. C'était leur rituel, rien qu'à elles. Ce qui les liait aussi étroitement entre elles qu'un jour - cette nuit-là - elles ne retrouvaient plus la couture qui les avait jadis jointes à la faveur de la haine et de la douleur. Elle sentit pourtant distinctement les ronces honnies glisser vers elle et son épiderme se couvrit d'une fine couche d'écorce, par instinct, presque par habitude. La rousse avait le Don qu'il fallait pour pouvoir faire face à Bryne, dont le prix de l'amour était si cruellement élevée. Mais jamais Morwen n'avait eut peur face aux coups, au fer et aux épines de sa pire ennemie; au contraire, chacune fichait ses membres dans les blessures de l'autre et ainsi, Morwen se sentait vivre. Réellement vivre. Alors ces ronces étaient de vieilles connaissances à présent, comme des tantes ou de terribles belles-mères qui lui donneraient des coups de balais en gage d'amour. Elle, Enfant de l'Amour, était plutôt le rejeton de la souffrance et de la haine: jamais le fer et les épines de cette fleur qu'elle convoitait depuis si longtemps ne l'avait effrayé. Au contraire: elle les aimait du plus fort qu'elle le pouvait. Ils étaient Bryne. Ils étaient tout pour elle.

    Idiote, très certainement. Mais laquelle des deux était la plus idiotes? Morwen ne se posait pas ce genre de questions. Elle n'aimait que les choses qui se terminent par un oui ou un non. Du simple et du binaire; elle n'aimait pas poser des questions, se fichait en réalité des réponses. Le lit était si grand, la literie si molle. Un vrai cercueil. Pourtant Bryne y reposait, alors il devint le meilleur endroit du monde aux yeux de l'assassin qui attendit un instant, assise nue sur l'édredon. Le feu crépitant dans l'âtre réchauffait les murs tristes de cette chambre impersonnelle d'ombres gigantesques et dansantes, donnant au sourire de la rousse l'air d'une cicatrice imparfaite tandis qu'elle regarda la jeune femme endormie. Impossible aujourd'hui de lui rompre le cou; impossible à présent de mettre fin à sa vie. Les ronces disparues, l'écorce quitta la peau de Morwen qui tira un peu sur la couette pour s’enfoncer dans les profondeurs du lit quand un bruit attira son attention, l’ouïe et la vigilance fine. Après tout était-elle un assassin émérite.

    Leste, la jeune femme glissa au bas du lit plutôt que de bondir en avant, pour ne pas éveiller Bryne; une tête familière, bleue, se distingua par l’entrebâillement de la porte et aussi nue que le jour de sa naissance, elle sentit quelques chose embraser ses reins. L'odeur de la peur, presque palpable dans l'air. Une réaction électrique et irrésistible, insensée, folle et épidermique. Leurs yeux se rencontrèrent: deux yeux bleus plein de peur,d eux yeux rouges pleins de perversion et tandis que Morwen reconnut sans effort une de ses anciennes victimes préférées, elle récupéra sans un bruit le stylet de Bryne sur sa table de chevet, gagnant la porte avec rapidité et saisissant Caeruleus par les cheveux pour le faire tomber dans la chambre, fermant la porte du pied avant de se jeter pour lui, saisissant les manche de sa veste pour croiser ses main au dessus de sa tête et épingler le tissu au sol de la lame de l'arme puissamment enfoncée dans le parquet.

    Ses yeux fous le fixaient comme s'il n'était qu'une délicieuse pièce de viande, un tas de chair gigotante qu'elle dédirait à ses propres plaisirs, faisant sauter les boutons de sa chemise pour dénuder son torse sans vergogne. Elle ne lui laisserait pas le temps d'agir, le sourire tordu, se moquant de la présence de Bryne en ouvrant déjà la ceinture du pauvre homme avec une brutalité absolument volontaire: plus il aurait mal et plus elle serait satisfaite. Car elle le connaissait Caeruleus. C'était une petite putain qui l'aurait bien cherché, dans le fond. Il était malade comme elle, mais Morwen l'utiliserait comme un simple objet.

    "A table...", murmura-t-elle à Caeruleus comme une monstrueuse promesse, "jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien..."

Spoiler:
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 18 Jan - 22:04


La fatigue rendait son sommeil lourd, presqu'un évanouissement. Elle oublia un temps aléatoire tout ce qui la tracassait tant, la présence de Morwen et l'école.
Glissée dans son lit, elle profitait de se répit, respirant doucement, inconsciente que celui-ci serait de trop courte durée. Quelques poignées de minutes, peut-être. Mais elle dormait, la pauvre, vaincue par son état de santé déclinant et la douleur apaisée de sa chair meurtrie.

La porte cliqueta mais elle ne l'entendit pas. Elle était bien trop endormie. Inconsciente du drame qui se préparait, qui se jouait comme une mauvaise farce, elle s'agita un instant dans un grondement d'animal fatigué alors que Morwen se glissait furtivement à bas du lit pour fondre sur Caeruleus. Avertie par un étrange sixième sens, celui de la guerrière qu'elle était, la belle aux cheveux verts ouvrit des paupières fatiguées, les pupilles agrandies dans la pénombre où dansait les lueurs du feu.
Elle avait l'impression de n'avoir dormi qu'un instant, mais c'était la réalité. Il lui fallut une seconde de plus pour réagir, se redressant au milieu du lit, avant que son regard épuisé ne tombe sur...

La scène avait un aspect irréel. Comme si ce n'était qu'un tour de son esprit. Mais, dans ces instants flottants, elle comprit brutalement, comme une gifle en plein visage que c'était réel.... Que c'était bien ce qu'elle pensait. Que Morwen était en train d'essayer d'abuser de l'un de ses professeurs sur son propre parquet, dans sa propre chambre.

La haine enfla en elle et éclata comme une bulle. D'un geste incroyablement vif, elle se vêtit du peignoir, protégeant sa pudeur, le peu de dignité qu'elle avait encore. Comment pouvait-elle faire ça ? Elle couru plus qu'elle ne marcha, fonçant droit sur Morwen et Caeruleus comme un oiseau de proie, se jetant littéralement dans la mêlée comme un fauve, percutant Morwen de tout son élan pour l'envoyer rouler sur le côté, sifflant et mordant tout ce qui passait à sa portée, la frappant et lui tirant les cheveux en une mêlée confuse, l'éloignant le plus possible du professeur.

Elle allait la tuer... La tuer ! Prise d'une rage aveugle, la directrice avait glissé ses doigts autours du cou de la rousse, comme pour l'étrangler, accusant les coups et les ruades, et lui cognant la tête contre le parquet, ses doigts crochus comme des serres serrant son cou de plus belle.
A califourchon sur le ventre de Morwen, elle tenta d'attraper ses mains pour les maintenir, lâchant son cou, mais l'assassin était aussi vive et glissante qu'une anguille.
Les yeux cernés de noir, la directrice rugit plus qu'elle ne cria : "Tu es à moi ! Traînée ! Tu OSES le toucher ?" La haine, viscérale, bouillait en son sein, ne l'aidant pas à reprendre ses esprits. Elle mordit cruellement les lèvres de Morwen, comme pour la punir, sans plus réfléchir ni penser. Elle n'était plus qu'une entité animale, à la logique primaire. "A moi..." Grondait-elle, avant de se faire désarçonner d'un coup bien placé, roulant sur elle-même, le souffle coupé, se ramassant un instant comme une bête, son peignoir glissant pour dévoiler ses épaules fines et blessée de marques et de bleus qu'elle cachait habilement la journée.

Ses yeux verts roulant comme ceux d'un cheval fou, elle fixa Caeruleus, qui se relevait péniblement, la chemise déchirée dévoilant son torse d'homme et elle n'eut pour lui qu'un regard de profond dégoût. Un instant, Bryne sembla être sur le point de se jeter sur lui aussi et de lui faire payer chèrement. Mais dans son esprit épuisé, s'insinuait la panique et elle se tint un instant les tempes, comme une enfant effrayée. Il l'avait vue. Il l'avait vue... Avec elle. Il connaissait son secret ! Le plus inavouable de tous. Le plus terrible de tous.
Elle poussa un couinement, se balançant un instant sur elle-même, ivre de terreur, cherchant du regard une sortie, un moyen de fuir. Bryne ne réfléchissait plus, elle n'était plus qu'un amas de chair parcouru d'impulsions électriques, une bête sauvage face à un danger mortel, à une peur sans nom.
"Morwen !" Cria-t-elle sans s'en rendre vraiment compte, les mains sur les tempes, tremblant de tous ses membres. Sa voix avait un curieux accent d'appel au secours. Un timbre de supplique inexplicable.

Un instant, elle se leva, titubant, son corps refusant un mouvement de plus, mais elle se poussa encore au delà de ses limites, gagnant la porte, qu'elle verrouilla fébrilement, complètement paniquée, faisant rempart de son corps entre Caeruleus et la sortie, sa poitrine se soulevant en un rythme effréné, poitrine presque dévoilée par l'échancrure de son seul vêtement.
La migraine, comme un fer chauffé à blanc, transperçait son crâne et elle couina de nouveau, manquant de tomber.
"Morwen..." Couinait-elle, les jambes tremblantes, adossée à la porte, l'appelant, complètement tétanisée. Que faisait-elle ? Qu'allait-elle faire ? Que pouvait-elle faire ? Devrait-elle le tuer..? Oh par l'Unique ce n'était qu'un cauchemar... Un affreux cauchemar... Elle allait se réveiller et rien de tout ceci ne serait arrivé... C'était un professeur ! Il ne pouvait pas savoir... Pas savoir ça ! Non... C'était impossible ! Totalement impossible...

Blanche comme un spectre, Bryne fixa sur son ennemie des yeux fous et perdus, l'appelant de nouveau. Etrange appel. Elle avait besoin qu'elle vienne. Besoin de la sentir contre elle. Pour s'assurer que c'était réel... Pour s'assurer que tout allait s'arranger. Que Caeruleus n'était pas entré, n'avait pas découvert son secret... Le plus inavouable des secrets...
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 18 Jan - 23:11

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Un cauchemar, c’était un simple cauchemar. Il allait fermer les yeux, se pincer très fort et tout allait rentrer dans l’ordre. Cela ne pouvait pas être réel, cela ne pouvait pas être vrai. Ses yeux bleus s’accrochèrent à ceux rougeoyants de Morwen. Il les ferma un instant et quand il les rouvrit, elle avait disparu. Oui c’était un rêve, un affreux cauchemar. Pourtant, pourquoi sa peau était hérissée, pourquoi son bras était-il parcouru de tremblement, pourquoi ses reins s’embrasaient-ils de cette façon. Ça ne pouvait pas être vrai.

Non !

Poussant un râle de douleur quand une main s’abattit dans ses cheveux, il percuta durement le sol. C’était pire qu’un cauchemar, c’était la cruelle réalité.
Ses pupilles se révulsèrent quand il sentit le corps nu de Morwen le chevaucher. Il regarda son visage, il regarda ce corps qu’il connaissait, ses mains aux doigts agiles qui couraient et griffaient son corps. Il reconnu tout en elle, et ce même juste à la lueur de la cheminée. Un frisson le secoua alors qu’elle l’empêchait de bouger, il sentait déjà la peur lui serrer la gorge et le plaisir s’insinuer doucement entre ses cuisses, elle pouvait le sentir, c’était certain.

« Mor..morwen.. » Haleta t-il alors qu’il se débattait, essayant désespérément d’échapper à cette emprise qui ne pourrait le faire courir qu’à sa perte. Il y avait Yvar maintenant, il n’avait plus besoin de ça, il n'en n' avait plus besoin. Mais Morwen ne comprendrait jamais, elle n’était pas du genre compréhensive, elle en était même l’antithèse. Il la voyait déjà rire à gorge déployée sous ses excuses pathétiques, sous ses lamentations et suppliques. Elle s’abattrait sur lui et n’en fairait qu’une bouchée.
Caeruleus gronda légèrement sous les mains sur son torse, il se tordit pour s’enfuir, mais déjà ses hanches se soulevaient pour laisser partir sa ceinture. Il n’était qu’une sale putain et le destin lui recrachait sa condition en pleine face. Oh Ivar !

Il allait souffrir, peu importe que Brynn soit là, il allait souffrir et il allait aimer ça. Pourquoi ? Parce que c’était elle qui l’avait dressé de cette façon. Qui avait fait de son plaisir un mélange de souffrance et de désir, parce qu’il n’avait jamais autant jouit que quand elle le frappait, quand elle le martelait de coup pour le frôler ensuite aussi doucement qu’une plume.
Lindorm renfermait beaucoup de mystères et le monstrueux secret de Morwen et Caeruleus était celui-là. D’avoir été sa poupée pendant de longues années, d’avoir ployé ouvertement le dos sous ses assauts. Oui il avait besoin de ça pour vivre, depuis toujours, mais ses furieuses envies lubriques avaient atteint un autre niveau à cause d’elle. Il avait beau endormir ce besoin pour oublier, il ne faisait que se berçer d’illusion.

Fixant le sourire qui s’étendait sur le visage de Morwen, il la regarda, comme un chien en attente d’un ordre, il était prêt à tout à cet instant. Alors qu’il s’attendait à ce qu’elle plonge sur lui, il vit la directrice se jeter sur Morwen pour la plaquer au sol dans un déferlement de haine et de colère. Caeruleus resta prostré au sol, déchirant à la hâte ses vêtements pour reculer et percuter le lit. Il se releva comme il put, les yeux complètement perdus.

Il essayait tant bien que mal d’analyser ce qu’il se passait, mais tout allait trop vite. Morwen connaissait Brynn, Brynn connaissait Morwen. Elle lui appartenait ?

Qui devait-il aider ? Devait-il seulement aider quelqu’un ? Haletant, il s’essuya la bouche d’où coulait de la salive et il resta sur le qui-vive, clignant des yeux, fixant la directrice qui se balançait comme une folle d’avant en arrière, qui rugissait comme un animal en cage. Que venait-il faire ici ? Pourquoi était-il là ? Il devait fuir, fuir à tout prit, fuir et oublier. Il voulut se diriger vers la porte mais trop tard, Brynn était déjà là, l’emprisonnant dans leurs folies.
Il la fixa, essayant de reprendre contenance, il fixa son corps meurtri, débraillé, ses yeux comme fous. Il aurait pu dire quelque chose, il aurait dû dire quelque chose, mais il eut beau se repasser en mémoire tous les mots qu’il connaissait, il ne put dire un son.

Tout ce qu’il comprenait, c’était que Brynn, la nouvelle directrice de Lindorm hébergeait dans sa chambre une des femmes les plus recherchés de tous les continents. Une femme qui pouvait faire de lui la moindre chose.

Son regard se tourna vers Morwen et étrangement, il lui parla :

« Morwen… » Se redressant, il tendit la main vers elle comme pour amadouer un animal. « Morwen, je ne dirais pas que tu es là…Je.. » Tournant son regard vers Brynn, il déglutit et se mit à trembler légèrement en rajoutant : « Je ne dirais rien… » . Echevelé, il enfonça ses lunettes sur son nez et ramassa sa ceinture sur le sol et il l’enroula autour de sa main. S’il devait lutter pour sa vie, il ne se laisserait pas faire.
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 25 Jan - 14:06

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    Déjà, il haletait son nom, lui offrait un doux parfum de victoire facile; ça avait toujours été facile avec Caruleus puisqu'il s'agissait d'abuser de sa faiblesse. C'est toujours facile d'utiliser les gens dociles, après tout. Morwen aimait confusément s'en prendre aux autres quand ils n'avaient aucun moment de s'en défendre: la résistance était certes motivante mais pas autant que l'intense désarroi d'une personne face à ses propres pulsions. Elle-même cédait toujours à ses vieux démons, quelque soit le moment où l'endroit. Elle-même ne maitrisait aucune de ses pulsions et voir ainsi apparaitre cet homme dont elle avait abusé de toutes les manières possibles - sauf la plus logique entre un homme et une femme- l'invitait avec force à se laisser aller. Déjà la rousse pouvait sentir ses reins s'embraser en sentant le corps du jeune homme s'offrir sous le sien, avec ce regard de chien battu qui attend les ordres de sa mairesse: il n'y avait rien de meilleur, vraiment rien de meilleur que d'éparpiller la conscience de ces créatures-là.

    Pourtant le festin d’animal de Morwen fut de bien courte durée lorsqu’elle sentit ses longs cheveux être saisis, percuté par Bryne qui se jeta sur elle comme un fauve. Prise par surprise -elle occultait tout ce qui se passait autour d’elle quand elle était dans cet état de prédation-là - Morwen eut un jappement interdit mais sentant la vive douleur que lui offrait son ennemie, il termina dans un grand fou rire; l'autre femme la griffa au sang, mordant ses lèvres jusqu'à les faire saigner de même, dans une mêlée confuse qui leur ressemblait bien et qui n'avait aucune élégance ni logique. Morwen ne se défendit pas, appréciant bien curieusement ma correction que lui infligea Bryne en ne pouvant contenir cette hilarité masochiste qui la prit comme un coup de folie. Écrasée sous son ennemie qui essayait de la maitriser, l'assassin était comme une anguille qui se tordait à la fois de rire et pour la forme, échappant à Bryne plus par jeu que par envie. Elle la désarçonna d'un coup de reins bien placé, toujours hilare à en pleurer.

    Pourtant, être traitée de putain par Bryne lui convenait. Plus l'autre femme l'insultait et plus Morwen se sentait attachée à elle; c'était visible dans l'air de reconnaissance qu'elle lui offrit, tout humide, lorsque cette dernier hurla qu'elle lui appartenait et qu'elle ne voulait pas qu'elle touche quelqu’un d'autre. La regardant enfermer Caruleus dans le piège de leur propre folie à toutes deux, Morwen toujours dans le plus simple appareil fixa la jeune femme. Elle n'avait plus d'yeux que pour celle qui la faisait autant souffrir qu'elle ne le faisait, qui la frappait, qui la séquestrait en quelque sorte, avec son consentement. Caeruleus, objet de son désir immédiat, fut complètement relégué en arrière et Morwen n'eut plus d'yeux que pour cette femme qu'elle brisait de bout en bout, volant à ses côtés quand cette dernière glissa au sol, contre la porte. Bryne l'appelait, Morwen venait; elle lui appartenait à présent de tout son être, comme jamais un chien n'aurait aimé son maître. Elle glissa derrière elle pour refermer son peignoir et la serrer contre elle avec un large sourire comme une cicatrice imparfaite.

    "Bien sûr que je suis à toi...", elle regarda Caeruleus comme pour faire une cruelle analogie, "je suis ta petite putain et tu peux faire de moi ce que tu veux... punis-moi pour ce que je viens de faire, fais-moi mal..."

    Elle l’incitait dans son vice comme la pire des pires et c'était ce qu'elle aimait; Bryne la faisait souffrir comme personne et elle pouvait s'abandonner à cette douleur pour se sentir vivante comme jamais. C’était plus qu'elle n'en aurait jamais espéré, rêvé: que Bryne lé voit à elle, avec toute cette étrange possessivité. Plus rien d'autre ne comptait même si elle ne perdait pas de vue l'essentiel, relevant la tête vers l'intrus dans leur intimité malsaine.

    "Bryne ne veut pas que ça se sache, alors tu ne diras rien. Sinon tout le monde saura que tu es malade... et je te chercherai... je te trouverai et je te violerai jusqu'à ce que tu en crèves. Que tu en crèves réellement..."


    Et l’Unique savait que ce regard ne trahissait aucune médiocrité dans ses promesses, jumeau d'un sourire atroce qui ne connaissait aucune limite. Et pourtant Morwen restait là, à tenir Bryne dans ses bras comme pour la protéger dans une attitude bien contraire à tous ses principes, protectrice, presque douce malgré sa lèvre enflée et son corps maigre couvert de bleus et de bosses. Les deux femmes avaient l'air de s'être rudement battues, et pourtant... Morwen serra son ennemie plus fortement contre elle:

    "Personne n'en saura rien, personne ne te fera du mal à part moi... personne ne touchera ta réputation... je suis à toi, toute à toi...", encore une fois, elle fixa Caeruleus avec sa ceinture enroulée autour de la main, "des coups de ceinture? Tu penses m'arrêter avec ça? Franchement, pour moi c'est plus une récompense..."

    La rousse lui sourit affreusement: la ceinture était la chose la plus douce que lui avait fait subir son grand-père, quand elle était enfant: cela ne lui faisait pas peur, très loin de là...
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeDim 25 Jan - 20:30


Ses bras autours d'elle. Elle la sentit la serrer, l'entourer, ses seins appuyant contre son dos. Sa présence, la plongea un instant dans la confusion. Pourquoi ? Pourquoi devait-elle se perdre en elle ? Comme les deux faces d'une seule pièce. L'une noire et l'autre blanche. Ses murmures appelaient quelque chose en elle, appelait une force qu'elle ne se connaissait pas, une envie féroce, insatiable et primitive.
Morwen la précipitait dans un puits de fange et de vices, dans l'antre même de la folie. Elle jetait à bas tout ce qui faisait d'elle une fleur rationnelle et distante, une froide fleur en hiver. Elle éveillait une part d'elle-même, terrifiante, qu'elle ne pensait pas posséder.

Blottie contre sa pire ennemie, elle tressaillit doucement alors que Caeruleus se relevait, ceinture au poing, comme si elle avait pu avoir peur. Mais c'était le tressautement du fauve avant l'attaque. Heureusement, la poigne de Morwen était ferme et elle se réfugia contre sa chaleur, se tournant à demi pour cacher son visage dans le cou de la fugitive.
"Je veux qu'il meure..." Chouina-t-elle... Mais c'était un caprice d'un instant, un hoquet d'illogisme. "Je veux que tu meure... Mourrez tous !" Pleurnichait-elle, affolée par cette situation qui lui échappait complètement, entourant les épaules de Morwen de ses bras fins, cachant de plus belle ses sanglots dans son cou. Forte et faible, la rose de Lindorm aux terribles épines laissa Morwen menacer le professeur, se sentant étrangement rassurée par la violence des propos de sa captive - qui était captive de qui, d'ailleurs ? Et cette terrible promesse lui gonfla le cœur d'un sentiment de soulagement profond. Morwen était là. Elle connaissait Ubieto ? Elle était trop embrouillée pour supporter l'idée de ce que cela impliquait. Ils avaient tous été des élèves très différents et Bryne ne s'était guère occupée que de ses études à cette période - loin de savoir que l'obsession de Morwen pour sa personne remontait aussi loin.

Blottie dans les bras maigres, le torse se soulevant vivement, elle considéra un instant la ceinture, redressant la tête comme un chien de garde aux propos de la rousse concernant une récompense à coup de trique. Elle-même n'avait pas été battue, plutôt ignorée. Deux fleurs privées d'amour, les deux roses épineuses se serrèrent un peu plus fort, devant la porte du salut du jeune professeur.

Les yeux verts de Bryne étaient noirs, comme une menace sourde. "Vous ne la toucherez pas. Elle est à moi. C'est ma proie." Grinça-t-elle, ses bras l'entourant de plus belle, serrée contre cet autre corps qui lui ressemblait étrangement. "Je vous laisse partir..." Elle laissa un instant planer sa phrase, se relevant avec toute la dignité dont elle était encore capable, pieds nus et en peignoir, les cheveux défaits et emmêlés. Et l'Unique seul savait combien la belle aux ronces en avait de la dignité. "Mais je veux vous voir demain matin en première heure dans mon bureau." Son ton était plus ferme : elle parvenait enfin à rationaliser. A se sortir des brumes de la folie dans laquelle la précipitait sa Némésis. Morwen paierait pour cela, oui. Au centuple. Elle lui rendrait chaque geste esquissé vers cet homme contre autant de tourments. Elle n'aurait pas la faiblesse de la laisser de nouveau dormir sur le lit. Ce n'était pas la place de vermines incapables de contrôler leurs pulsions...

D'un geste un peu grandiloquent, elle ouvrit la porte, le regard noble, le menton levé, retrouvant sa superbe, sa rigidité princière, malgré ses yeux cernés, ses dents serrées et son dégoût évident pour la vue de ce torse d'homme.
"Ne vous avisez pas de ne pas venir..." Dit-elle d'un ton glacial en refermant la porte au nez du professeur, cachant son cœur battant avec affolement, la claquant légèrement en un bruit sinistre.

Son regard tournant vers Morwen, objet de tous ses tourments, elle la fixa comme un chat sur la défensive, marchant un peu dans la pièce pour retrouver un peu de sa contenance désespérément mise à mal. Elle devait absolument se calmer... Penser rationnellement... Mais croiser le regard humide de sa Némésis lui fit venir un goût de bile aux lèvres et elle s'avança subitement, la giflant violemment pour la seconde fois de la soirée. Deux gifles cinglantes sur les joues. "Ne t'avises plus jamais de toucher ce déchet. Ou je te tue."

La voix se Bryne se brisa sur ce dernier mot. Oui, elle la tuerait, mille et mille fois pour tout ce qu'elle lui avait fait. Elle la récupérerait dans les enfers et se punirait elle-même autant pour avoir de tels penchants. Pourquoi l'Unique avait-il donc abandonné sa fervente servante ? Pourquoi devait-elle subir une telle infamie et un tel déshonneur ?
Délaissant Morwen, elle fit un instant les cents pas devant la fenêtre, comme une lionne en cage, incapable de dormir alors que tout son corps réclamait le sommeil mais trop épuisée pour parvenir à se rallonger comme si de rien n'était.

Finalement, au bout d'un moment à tourner en rond, elle se laissa tomber sur le rebord de pierre de la fenêtre, appuyant son front contre la vitre froide, regardant le parc enneigé, si paisible. Si calme... Elle avait fermé les yeux - quelques secondes seulement ? Mais le sommeil l'avait bel et bien happée, pauvre ère épuisée, dans cette position précaire, tout contre les carreaux froids, sombrant de nouveau pour s'évader loin de tout et loin de ses démons...
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeVen 30 Jan - 17:41

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Le monde était devenu fou. Lindorm était devenu un asile qui hébergeait les pires créatures que la terre puissent porter. Qui aurait-cru que la directrice même de l’établissement ferait partit de ceux là ? Caeruleus les fixait, comprenait à demi tout ce que cela impliquait, ses neurones captant chaque mots, chaque geste attentionné ou violent, tout ce qui était sous-jacent dans cette pièce. Amour, haine, violence et désir. Voilà quatre mot qui résumait bien tout ce qu'était Morwen et Brynn en cet instant, Morwen qui semait la discorde partout où elle passait. Plus que de la directrice c’était d’elle dont il se tenait à l’écart, dont il essayait de se protéger en enroulant sa ceinture autour de sa main. Oh, il ne lui ferait pas grand mal, il espérait juste lui rappeler que quelques fois, en de rare instants, il avait eu une autorité sur elle. Il l’avait frapper à coup de règles lors de dictée, il lui avait frapper la tête quand elle ne faisait pas d’effort pour écrire correctement, il lui avait cracher au visage quand elle se trompait de mot dans une phrase, et il l’avait payer cher. Morwen ne pardonnait pas, elle n’était qu’un corps incapable de maîtriser la moindre de ses pulsions et de ses désirs. Désirs au combien grandiloquent et torturé.

Il les fixa, presque incrédule de les voir s’enlacer alors que leurs corps étaient marquées de coups et de blessures. Ses yeux clignèrent quand la directrice cria qu’elle voulait qu’il meurt. Qui était cette femme ? Comment pouvait-elle prétendre être à la tête de la plus grande académie militaire de tous les continents et sombrer ainsi dans la folie ?

Coincé comme un rat dans un piège, Caeruleus cherchait des yeux un moyen désespéré pour s’enfuir. Il ne voulait pas rester là, chaque fois que les yeux de Morwen se posait sur lui, un frisson lui secouait l’échine, un frisson qu’il aurait préféré oublier à tout jamais. Au milieu de tout ça il eut presque envie de rire, comme si l’air malsain était devenu contagieux. Il n’avait pas envie de la toucher, il n’avait pas envie qu’elle lui appartienne. Pour rien au monde. Il lui avait appartenu, pendant quelques années, mais ce temps était révolu.

Puis comme dans un éclair de lucidité, Brynn accepta qu’il quitte la pièce. Il resta loin d’elle, se dirigeant vers la porte, subissant les menaces de Morwen. Il courba légèrement le dos, essayant de se faire tout petit. Il savait que Morwen ne plaisantait jamais avec ça. Il savait que si il disait un mot à propos de tout cela, il allait le payer très cher, que les années à Lindorm ressemblerait à de doux rêves lointain à côté de ce qu’elle était capable de lui faire subir maintenant. Elle avait grandit, elle avait vieillit et la folie qui la guettait avait continué de la hanter.

Fixant la directrice qui se redressa, prenant une posture fière et digne, il esquissa un léger sourire moqueur. Elle essayait de racheter sa dignité, mais à trop aimer Morwen c’était immanquablement sa fierté qu’on enfermait à double tour. Il passa devant elle, la fixant dans les yeux, évitant la rousse du regard.

« Soit. » Dit-il d’un ton neutre alors que sa respiration se calmait un peu. Il atteignit le couloir et quand il se retourna pour voir la porte se fermer, il ne pu que s’accrocher au regard de Morwen. Son corps entier trembla violemment et sans qu’il puisse y résister il fit un pas en avant pour la rejoindre mais la porte se referma durement rompant le contact, préservant ainsi sa vie.

Son coeur battait à tout rompre, ses mains tressautaient, son corps était dur comme de la pierre et trop de chose qu’il avait voulut oublier lui revenait en mémoire. Glissant contre le mur du couloir, il se prit la tête entre les mains et tenta de désamorcer tous ses souvenirs qui lui giflaient le visage. De la brume glissa vers lui et l'enveloppa doucement. Sa respiration se fit plus rapide, ses yeux devinrent d’un blanc laiteux et peu à peu toutes traces de Morwen à Lindorm s'effaça, il oublia tout, volontairement, pour quelques heures, quelques jours, jusqu’à ce que ses souvenirs resurgissent comme de vieux rêves ou de fantasmes inavoués.
Il se releva en tremblant, son pantalon le serrait. Il s’aida du mur pour avancer, sa main serrant sa chemise sur son coeur. Dans les couloirs obscurs il avança doucement, les minutes lui parurent des heures, les mètres des kilomètres et quand il arriva enfin devant la porte, il la poussa sans ménagement, il connaissait la pièce, il retira sa cravate dans un geste brusque, sa veste, sa chemise, il lâcha enfin la ceinture qui avait douloureusement serrée sa main. Son pantalon et son sous vêtement rejoignirent le sol dans un désorbe dont il se ficha et ses tibias tapèrent contre le bord du lit.

Son corps tremblant, il fixa la silhouette endormie sous ses yeux, il retira ses lunettes et se glissa contre lui, pressant son corps contre le sien, dévorant sa peau d’une envie que seul Ivar pouvait pour le moment combler.

Sa mémoire avait peut être oublié, mais son corps lui, se souvenait parfaitement de Morwen O'Shanahan, et elle le hanterait, à jamais.


[ Clos pour moi. Merci bande de psychopathes XD ]
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Message Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. I_icon_minitimeSam 31 Jan - 13:50

Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse. 150115071141399129


    Qu'on lui coupe la tête, avait pleuré la Dame de cœur, tremblante entre ses bras comme un organe à vif. Qu'il meurt, qu'elle meurt, que tout le monde meurt! Quelle idée merveilleuse... Morwen eut un sourire nerveux, tout contre Bryne. Le monde entier était leur ennemi et tout le monde devait mourir. Sa pire ennemie réfugiée tout contre elle, la rousse commençait à perdre à nouveau la tête, ne sachant la garder froide. L'idée de retourner se rouler dans le crime et l'ordure à cet instant même échauffa ses esprits et imaginer la crainte intense qu'elle inspirait à Caeruleus n'arrangeait rien à l'affaire. La Dame de Cœur, sa Dame de Cœur, avait parlé. Qu'il meurt, alors! Qu'on lui coupe la tête! Qui se soucie de votre avis, à vous autres? Vous n'êtes qu'un jeu de cartes! Quand la Dame de Cœur est en colère, on tranche des têtes. Quand elle est triste, on ouvre des gens en deux, on les écartèle, on les fait rôtir tout vif, bouillir tout entier. D'où qu'on regarde, cette terrible reine excitait les passions les plus criminelles chez Morwen. Peu importe ce que ressentent les gens; ils n'était qu'un vulgaire jeu de cartes pour l'assassin: Bryne les dressaient un un grand château et elle s'amusait à le détruire en y flanquant un coup de pied. C'était le jeu à elle, depuis des années. Leur jeu rien qu'à elles et les autres n'étaient que de pauvres cartes.

    Sa proie. Oui elle l'était, complètement. La proie de Bryne O'Cuinn comme cette dernière était la sienne, s'alimentant l'une l'autre dans un cercle vicieux, malsain, dément que rien ne saurait jamais stopper. Morwen ne répondit rien, se contentant de sourire à Caeruleus. Elles s'appartenaient l'une à l'autre, chacune la victime et le bourreau de l'autre. Personne n'y pouvait rien et les frissons de l'homme coururent le long de l'échine de Morwen en une vague d'excitation enfantine qui hérissa sa peau nue de chair de poule. Le faire souffrir, abuser de lui... qu'on lui coupe la tête, avait demandé la reine de Cœur et pourtant l'instant d'après la voilà debout pleine de morgue et de dignité à laisser filer la petite proie ramassée sur elle-même se sentir le regard prédateur de la rousse sur lui. Une autre fois, alors. Bientôt. Elle savait qu'il ne serait pas assez stupide pour revenir et se releva lentement, poussant un soupir un peu lourd. La porte fut refermée en un claquement sinistre mais debout devant cette dernière, le regard pleins de promesses de Morwen put capter celui de cet homme qui avait fait un pas vers elle, malgré tout. Un pas vers elle, qui était un monstre. Il pensait l'avoir corrigée, l'avoir fait souffrir mais pour Morwen, ces coups de règles n'étaient rien de plus que des caresses. Elle lui avait fait payé chaque humiliations au centuple et à présent, il n'était rien de plus qu'une victime consentante qui allait vers elle quand elle lui promettait milles tourments.

    Les gens sont stupides et pervers. Ils ne servent qu'à s'amuser d'eux, les tourmenter et passer au suivant. Et ce dont elle ne voulait plus, elle le brisait pour être sûre que plus personne ne l'ait après elle. Alors fuis, fuis pour la vie Caeruleus. Mais la dame de cœur veut que je te coupe la tête. Si tu as le malheur de te retourner ne serait-ce qu'un instant, je t'avalerai tout entier.

    Bryne tourna en rond dans sa chambre comme un animal en cage et Morwen la suivit du regard sans rien dire, un sourire rogue et satisfait flottant sur ses lèvres. Pourtant son cœur se souleva lorsque sa Némésis vint subitement vers elle pour la gratifier de deux gifles cinglantes qui laissèrent ses joues rouges et douloureuses, la faisait se retenir au mur pour ne pas tomber sur le séant tant Bryne fut brutale dans son mouvement. Une des claques fut si violente et si proche d'un des yeux rouges de la rousse qu'elle en pleura, touchée au nerf et voyant temporairement un peu flou. Et ces mots, ces mots! Elle était vraiment la reine de cœur, la reine de son cœur. Secrètement transportée par les gifles et les menaces de son ennemie, Morwen n'eut qu'un sourire tordu et un regard absolument énamouré. Un œil sec et l'autre humide, la sclère rouge du choc, la pupille un peu vitreuse. Un œil sec et l'autre humide et le cœur gonflé de tous les sentiments dont un être humaine st capable dans sa plus paradoxale complexité. Amour et haine, désir, dégoût. Souffrance et plaisir. Adoration et perversion, appétit, colère et envie. Tout et rien à la fois et pourtant des sentiments qui ne souffraient d'aucune médiocrité depuis toutes ces années, n'allant que plus croissants.

    Alors quand Bryne se fit tromper par le sommeil, la saisissant en traitre sur le bord de sa fenêtre, Morwen vint la cueillir comme un fruit trop mûr, au parfum un peu rance pour la glisser sous l'édredon moelleux de son grand lit, la rejoignant sans faire un bruit pour une nuit bien différente pour chacune. Une nuit sans rêve pour Bryne, une autre berçée de douces promesses criminelles pour Morwen...


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Capriccio a sotto voce, un caprice à voix basse.

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