Une jeune fille courait dans les chemins enneigés menant aux montagnes sacrées. Le soleil au loin se levait, faisant apparaitre des traces de pieds dans le givre aux reflets rose orangés. La demoiselle qui avançait ne ressentait pas le froid mordant, le souffle de mord qui planait sur elle. Sa chevelure brune dansait dans le vent hurlant et ses yeux noir fixait un point a l'horizon. Elle avait des oreilles pointu qui semblaient capter sa proie. L'elfe vanda son arc, et acheva d'un coup le lièvre blanc qui courait dans la plaine.

J'avais choisi ce moment pour sortir de ma cachette, espérant contrer l'ouïe fine de ma poursuivante. Je détaillai le plus rapidement possible, mon cœur battait la chamade. Je sentais la mort à mes trousses et mon seul moyen d'échappatoire était la fuite, le plus vite possible et le plus loin possible du prédateur à oreilles pointues. Une flèche passa a quelques centimètre de moi, et je dis faire un bond de côté pour éviter la deuxième. Soudain un douleur se dit ressentir sur la cheville gauche qui me stoppa net dans un roulé-boulé de poudreuse blanche immaculé de rouge. J'était sévèrement touchée. Ne pouvant plus bouger j'observai la prédatrice approcher à pas de loup. Le vent soufflait, s'engouffrant dans mes poils, mordant, brûlant. Une autre flèche armait qui se figea entre mes deux yeux...

Je me réveillai en sursaut, constatant avec délice que j'étais dans un lit, bien au chaud et en parfaite santé. Je soupirai. Depuis les événements du bal je ne dormais pas bien; me réveillant toujours en pleine nuit à cause de mauvais rêve, de bizarre nocturne. Et là, je commençait à saturer et ceux qui partageaient la chambre aussi. Je sortis de mes draps en faisant le moins de bruit possible. Je sortis de la chambre comme un souris.

Une fois à l'extérieur je m'étirai puis soupirai. Je ne n'avais aucune idée de l'heure avançait de la nuit et je m'en fichais; je voulais simplement arrêter ses cauchemar incessant, régler le problème qui me turlupinait. Mon imagination débordante me forçait sans cesse a fuir un prédateur; animal, végétal, humanoïde... Je fuyais toujours, sans cesse, à la recherche de survie, de liberté mais chaque fois e mourrais ou me retrouvais enfermé entre des cages... Je ne l'expliquais pas...

Je posa mes deux mains du la vitre la plus proche, observant les étoiles scintillaient dans une nuit noir. La neige était tombé depuis deux jours, recouvrant de son fin manteau blanc les paysages, toits et rues de Lindorm et de Laragon. Et pourtant le froid n'était pas celui que j'avais connu, il était doux, léger, poudreux rien a voir avec les morsure des vents polaire et du givre constant de Nordheim. Je posa mon frit chaud sur le froid de la fenêtre, me laissant envahir par cette sensation de bien être.

Le silence régnait dans les couloirs, un silence de mort, un silence pesant troublait seulement par les toussotements de quelques élèves ayant attrapé froid durant leur jeux, bataille et roulade dans la poudreuse. Perdue dans mes pensées qui me faisaient regretter ma vie à l'orphelinat lorsqu'Irmine communiquait encore avec moi et partageait ses pensées, ses voyages, m'éduquait... C'était fini... Je soupirai...

Jillah dormait paisiblement, bien au chaud sous ses couvertures, rêvant de choses simples, souvent sans queue ni tête d'ailleurs. Mais un mouvement dans la chambre lui fit froncer les sourcils, le sommeil s'étant fait plus léger. Clignant des yeux, elle se redressa, l'esprit encore embrumé, et eut tout juste le temps de voir une fine silhouette sortir de la chambre à pas de loup. Elle soupira et se frotta les yeux pour pouvoir les ouvrir tout à fait, tournant la tête pour voir qui était encore couché et qui ne l'était donc pas.

Son regard tomba sur le lit qu'occupait Nailah et la jeune femme soupira à nouveau. Elle ne reviendrait certainement pas à l'académie...son lit était donc parfaitement en ordre. Elle tourna à nouveau la tête et elle aperçut enfin les draps défaits du lit de la jeune Hedwige.

Ce petit bout de femme était souvent en proie à des cauchemars et elle finissait indubitablement par se lever en pleine nuit. Un bref soupir franchit les lèvres de l'élève Terra qui rejeta les draps et enfila une chemise de nuit en soie pour sortir à son tour. Il ne manquerait plus que la petite Hedwige se fasse attraper!

Jillah sortit donc à son tour de la chambre, refermant doucement la porte derrière elle, vérifiant qu'Aliana dormait encore. Un petit sourire étira tout de même ses lèvres. On lui avait confié deux petits bouts de femme, c'est sûr que ça la changeait de sa Nailah. Elle ferma la porte discrètement et frissonna dans le couloir. Le temps s'était fortement rafraîchi et il avait même neigé.

Elle aperçut la silhouette d'Hedwige un peu plus loin et la rejoignit enfin:

-Tu as encore fait un cauchemar?

Ce n'était pas un reproche, plus une manière d'aborder la jeune fille en douceur. Elle s'arrêta à côté d'elle, lui souriant pour l'encourager à se confier. Jillah prenait son rôle d'aînée très au sérieux, comme tout ce qu'elle entreprenait. L'année prochaine, elle ne serait plus là. Cette pensée la terrifiait. Elle n'avait aucune envie de quitter ces lieux qui l'avaient aidé à grandir et qui avaient fait d'elle la jeune femme qu'elle était à présent. Elle aussi était arrivée alors qu'elle n'avait que 16 ans, elle savait que c'était difficile.

Mais si elle y était arrivée, les deux jeunes filles qui partageaient à sa chambre y arriveraient aussi. Hedwige avait un fort caractère, elle avait pu s'en rendre compte, elle s'en sortirait. Il n'y avait pas de place ici pour les cœurs faibles.

Je n'avais pas entendu la porte s'ouvrir, ni la terra s'approcher tellement j'étais plongée dans les questions et dans le lointain de la nuit. Alors quand Jillah me parla je sursautai et mis quelques secondes à réaliser que je connaissais bien la voix puisqu'elle partageait ma chambre et m'avait accueillis et réconforté déjà deux trois fois depuis mon arrivée en Novembre. J'ochai simplement la tête encore dans le vague, je la fixai avant d'inspirer pour lui répondre

- "Malheureusement... Désolée de t'avoir réveillé. Cette fois le prédateur te ressemblait, à deux oreilles pointues prêt."

Je reportai mon attention sur le ciel étoilé, essayant de trouver les différentes constellation servant aux navigateurs de trouver leur chemin en pleine mer. Je reconnu la grande ours ainsi que la petite, la constellation du capricorne et enfin celle du cancer mais les autres se confondait parmi les petits astres lumineux qui mouchetaient le ciel de point blanc opalescent.

-"ce n'est plus dû au stress ou au changement de lieu, je me suis résignée à être ici... Même si Nordheim me manque je me sens mieux à Laragon avec mes amis..."

Oui j'avais, malgré mon malaise au début, pu nouer contact avec quelques personnes, premièrement Jillah puisqu'elle partageait la chambre et m'aidait en bien des domaine, puis Anthea qui par sa simplicité de vivre m'avais montré qu'ouvrir son cœur allégeait l'esprit. Et surtout j'avais, après moult recherche, retrouvé la trace de mon paternel; celui la même pour lequelq j'ai failli mourir, rencontré Irmine et étudié à Lindorm... A bien y repenser c'était depuis le bal que tout empirait, depuis ma rencontre...

-" Depuis que j'ai vu mon père au bal de Noël, les cauchemars ne font qu'empirer... Je ne comprends pas la raison...je devrais pourtant être libérée d'un poids mais c'est comme si, inconsciemment je refusais d'accepter... Je suis perdue Jillah..."

J'étais forte en apparence, avec des problèmes trop inscrit dans ma conscience et malheureusement rien ne s'effacerait comme par magie...
Pourquoi après tant d'années de recherche, après lui avoir pardonné son absence et discuté je n'arrivais pas à accepter sa présence... Peut être fus ce trop rapide? Peut être mon cerveau avait-il besoin de mieux le connaître pour l'accepter??...

Je resterai sûrement dans le flou tant que je n'aurai pas eu mon tête à tête avec Ivar, tant que je n'aurai pas parlé avec Céleste dont j'avais appris son rang par mon aînée en furetant lors du bal. Patience, patience.

Hedwige faisait décidément des rêves étranges. Jillah haussa un sourcil, comment ça le prédateur lui ressemblait? Elle avait pourtant fait de son mieux pour mettre la jeune fille à l'aise à son arrivée...enfin, ce n'était qu'un cauchemar. L'étudiante Glaciès semblait l'apprécier, cela ne voulait donc pas dire qu'elle avait peur d'elle.

La jeune Terra soupira doucement avant de poser une main réconfortante sur son épaule. C'était toujours un peu étrange pour elle, d'être l'aînée et d'être pourtant la plus petite des deux. Oh de quelques centimètres seulement mais...ça lui faisait toujours un drôle d'effet.

-Ce n'est rien. J'étais sur le point de me réveiller de toute manière...

Elle se tut et laissa Hedwige se confier sur ses inquiétudes. Après tout, cela faisait toujours du bien de parler et de vider son sac, lorsqu'on savait d'où venait le problème, bien évidemment. Elle n'aurait pas le toupet de prétendre être fine psychologue. Enfin disons qu'elle faisait de son mieux pour aider les plus jeunes en les écoutant et en leur donnant des conseils qu'elle espérait être avisés.

Elle sourit à sa compagne, heureuse qu'elle se soit adaptée aux lieux. Laragon restait un endroit agréable à vivre, même si Keven et sa famille lui manquait, il y avait de quoi s'occuper ici et le fait d'avoir des amis aidait aussi grandement à s'y sentir bien.

-Je suis heureuse de l'entendre.

L'étudiante Terra retira doucement sa main de l'épaule d'Hedwige et soupira doucement. L'année prochaine, elle serait partie...ça allait être difficile, mais dans quelques années, ses plus jeunes camarades la rejoindrait. Enfin si elle s'en sortait bien car elle devrait très probablement faire ses preuves durant l'année obligatoire, avant d'être acceptée dans l'escadron des Lianes Terrestres.

Enfin pour le moment, ce n'était pas ses soucis qui l'intéressait mais bien ceux de sa camarade. Et apparemment, elle avait déjà repéré depuis quand ses cauchemars empiraient. Alors comme ça, elle avait rencontré son père durant le bal...Jillah fronça brièvement ses fins sourcils. Elle savait qu'elle n'avait jamais connu son père, mais elle connaissait son nom. Seulement, elle ne le lui avait jamais demandé, préférant que cela vienne de sa camarade, car elle ne voulait pas se montrer indiscrète:

-Tu as rencontré ton père durant le bal? Ca a dû te faire un choc...

Etait-ce un bonne ou une mauvaise chose, Jillah n'aurait su le dire. Hedwige avait tout de même seize ans à présent, même si elle n'était pas encore une femme, elle n'était plus une petite fille non plus. Elle avait grandi sans lui...chose que la jeune Terra avait du mal à concevoir, elle qui avait toujours eu son père et sa sœur près d'elle.

Mais voilà, tout le monde n'avait pas cette chance. L'histoire de sa camarade Glaciès en était la preuve.

Devant sa détresse, Jillah ne put s'empêcher d'ouvrir les bras pour qu'elle puisse s'y blottir si elle le désirait. Elle savait que la jeune fille avait sa fierté, mais ici, elles étaient seules, tout le monde dormait, et puis elle avait le droit de craquer.

-C'est normal que cela te perturbe. Tu as vécu seize ans sans lui. Il faut le temps d'accepter ce chamboulement.

Ce n'était pas rien! Seulement, l'étudiante Terra manquait d'informations:

-Mais...comment cela s'est-il passé?

Il faut dire qu'il y avait eu tellement de monde à ce bal qu'elle n'avait pas vu Hedwige et ensuite, les cours avaient repris et elles n'avaient pas vraiment eu le temps d'en discuter.

Un choc... Non pas exactement... Plutôt un stress intense qui m'avait fait pleurer... Un soulagement inattendu qui m'avais fait perdre mes moyens pour un court instant.
Je ne savais que répondre et j'hochai simplement la tête en signe de négation, ne sachant pas exprimer mon ressenti à ce moment exacte. J'eu la plus belle des surprises; Jillah me proposait un câlin réconfortant que j'acceptais volontier. Son contact me fit un bien fou; sa chaleur me rappela que je n'étais vêtu que d'une simple tunique en haillons, certes chaud mais un peu usé. J'avais refusé tout prêt supplémentaire de l'école ou de mes camarades pour me vêtir et pour cause c'était ce qui me restait de ma vie à Nordheim, à l'orphelinat et je me refusais de le jeter; ça signifierai oublier mon enfance et ma mère.

Le sol était gelé mais je n'en souffrais pas plus que cela, mes pieds ayant connu pire que le simple vent froid des courant d'air de Lindorm. Je sentais le cour de la brune battre à l'unisson avec le mieux, cela me fit étrange mais je n'y prêtai pas plus d'attention. Je me remémorais le bal, puisant le moindre détail de ma mémoire.

-"En un sens tu m'as aidé indirectement mais c'est lui qui est venu à la rencontre..."

C'était difficile de trouver les bons mots pour décrire tout ce qui s'était passé mais je devais lui annoncer, après tout elle m'avait aidé et remonté le moral quand il n'était pas au beau fixe... Je la serrai un peu plus pour me donner du courage.

-"Tu le connais, au moins de nom. C'est le capitaine des mirages Aquatiques; Ivar Bjunorlf..."

Je m'en voulais de ne lui avoir révélé plus tôt, Jillah pouvait m'aider mais c'était mon problème et je me refusais à la conforter à quelque chose qui ne la concernait pas...

-"Je le vois bientôt mais ça m'effraie; même si le contact est bien passé j'ai peut pour la suite. J'ai tellement de chose à lui apprendre sur moi et j'en ai tellement à apprendre sur lui que ça me fait peur de tout lui révéler... Et les cauchemars doivent refléter cette angoisse...."

Je soupirai et le détachai de son étreinte pourtant bienveillante. Je dessinai des formes géométrique sans raison sur la buée concentré sur la vitre. La nuit noir de neige mettait bien en avant mon état d'âme actuelle, sombre et froid à l'avenir incertain.... En l'heure tardive je me reposais encore une fois sur les conseils avisés de la terra

Jillah sentait bien que sa jeune compagne était perturbée, elle venait de lui révéler qu'elle avait rencontré son père au bal, père qu'elle n'avait jamais vu de toute son existence et qu'elle avait retrouvé durant cette soirée si spéciale. C'était normal qu'elle soit aussi bouleversée. Même si la jeune étudiante Terra avait vraiment du mal à se rendre compte de ce qu'elle pouvait ressentir car elle-même avait toujours eu sa famille autour d'elle. Sa mère était morte alors qu'elle était très jeune, mais voilà, elle était morte, elle n'avait pas été absente, elle ne l'avait pas abandonné ou n'avait pas ignoré son existence.

Alors, puisqu'elle ne pouvait pas vraiment faire autre chose à cet instant, Jillah invita simplement sa cadette à se réfugier dans ses bras, si elle le désirait. C'était sans doute le seul réconfort qu'elle pourrait véritablement lui offrir. Une fois Hedwige contre elle, elle referma doucement ses bras sur son corps frais et frotta doucement son dos pour tenter de la réchauffer:

-Je t'ai aidé? Moi?

La jeune étudiante Terra sourit malgré elle, heureuse d'avoir pu l'aider même indirectement. Hedwige était une jeune fille touchante, forte et fragile à la fois, elle admirait sincèrement sa détermination et sa force de caractère.

Mais à l'annonce du nom de l'homme en question, Jillah ne put s'empêcher d'ouvrir de grands yeux dans la pénombre. Ivar Björnulf! Ca pour une nouvelle, c'en était une, et de taille! Evidemment, la kevii garderait cela pour elle. Ce n'était pas une chose à prendre à la légère et il y avait ici des personnes moins scrupuleuses qu'elle qui s'empresseraient certainement d'aller le hurler sur tous les toits. Et ce n'était vraiment pas le moment. Elle la laissa s'échapper de ses bras sans la quitter des yeux pour autant. Ce petit bout de femme promettait, mais pour l'heure, il avait surtout besoin de soutien et de chaleur.

-Ca va aller. Si cette première rencontre s'est bien passée, il n'y a pas de raison pour que les choses se passent mal par la suite. Il ne faut pas brusquer les choses...Le capitaine Björnulf est un homme, je pense qu'il prend très bien la mesure de ce qui vous arrive à tous les deux. Enfin, j'imagine.

Elle ne pouvait pas parler pour lui, mais si il n'avait pas fui, c'était plutôt encourageant, non?

-Je ne peux même pas imaginer ce que tu ressens...je le sais. Mais une chose est sûre.

Un sourire étira ses lèvres sensuelles alors qu'elle se rapprochait d'Hedwige pour poser doucement sa main sur son épaule:

-Tu es une jeune fille intelligente et attachante. Je suis sûre qu'il ne pourra que craquer et être fier d'avoir une fille telle que toi.

Elle rit doucement tout en lui tirant gentiment la joue.

-En tout cas, si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider...n'hésite pas.

Elle retira sa main et se tint là, simplement, à ses côtés. Elle ne savait pas si ses paroles avaient quelque peu apaisées sa jeune compagne, mais elle l'espérait en tout cas.

Finalement la mélancolie prenant le dessus sur la joie; même si le réconfort que m'apportait la terra m'apaisait, je savais pertinemment que mon passé resterait passé et encré. J'apercevais encre une lueur d'espoir chaque matin, me disant que tout finirait par passer mais en vain, la vie est baignée d'illusions que nous nous créons, un autre monde où tout paraissait plus simple, où remonter le temps n'était pas impossible, où profiter de la vie sans se soucier de maladie ou de guerre devenais accessible... Mais dans le monde des songes et des rêves je n'avais pas ma place, pas encore... On me refusait la porte de cet eden, de ce paradis...

Mais dans la réalité une autre facette de moi-même se refusait à être heureuse, pourquoi? Mystère et boule de gomme. Quoi qu'il en soit je n'était pas seule à affronter les nouvelles opportunités que la vie s'amusait à placer sur mon chemin et Jillah avait le cœur sur la main et la patience même en pleine nuit alors que la neige tombait encore en flocon à l'extérieur emplissant le couloir dans vent froid hivernal. Tout cela me fit un pincement au cœur, les émotions que je me refusaient à montrer voulaient exploser. Je respirai profondément et souris tristement en guise de réponse.

-"Oui le capitaine disais à peu pres la même chose dans ses lettres je crois qu'avec le recul il a pu réfléchir à pas mal de choses...

Je fixai Jillah, pouvant clairement distinguer sa silhouette du reste du couloir non éclairé. Je fis les yeux rond, étonnée par le compliment ô combien important pour moi et sentis une larme rouler sur ma joue...

-"Il a aussi affirmer que j'étais un cadeau et non un fardeau... Je ne comprends pas encore la raison et je le saurais que samedi. En tout cas je sais que j'ai quitté ma vie miséreuse et la taverne pour une grande demeure et un gros héritage... Mais ça m'effraie aussi"

Je soupirai, réfléchissant à tout ce que cette rencontre entraînait, et finalement tous ce que je tentais d'effacer et qui faisaient mon caractère, ma façon de penser et d'être; je ne voulais plus m'en débarrasser. A cet instant je voulais simplement ne jamais avoir proviqué cette rencontre...

-"Des fois j'aimerai que rien ne se soit passé, avoir une vie simple... Bref tu en fais déjà beaucoup, tu es là tout simplement et ça me fait du bien Jillah, beaucoup de bien. Mais fini de parler de moi, c'est ta dernière année; n'y aurait-il pas des choses que tu voudrais faire avant de partir de Lindorm? As-tu un amoureux?"

Cette fois c'est les yeux pleins de malice qui fixai Jillah, il est vrai que je ne connaissais quasi rien à sa vie à part qu'elle avait une sœur et son père. Et puis parler d'autre chose me détendra...

Jillah sourit à sa jeune camarade, finalement, tout irait bien. Même si son inquiétude était légitime, mais il ne fallait pas qu'elle se mette à paniquer ainsi! Puisque son père lui-même lui avait visiblement affirmé qu'elle était un cadeau et non un fardeau, cela ne pouvait signifier qu'une chose; il l'accepterait et ne la rejetterait pas. Cela devrait pourtant suffire à apaiser la jeune Galciès, mais visiblement, ce n'était pas le cas.

La jeune étudiante Terra lui essuya doucement la joue du pouce et la prit à nouveau contre elle, le temps qu'elle se calme, avant de la laisser s'éloigner à nouveau:

-Tu ne devrais pas te monter la tête de cette manière...tu seras fixée samedi. Mais pour moi, il me parait évident que le capitaine Björnulf tient à assumer son rôle de père. Tu as une famille à présent, et il s'agira d'en prendre soin.

Oui, car pour Jillah, rien n'était plus important que la famille. Enfin, exception faite d'un certain Nahel...Elle sourit à sa cadette qui lui fit un beau compliment à son tour. Ce n'était rien vraiment, elle était tout simplement ravie de pouvoir l'aider, avec ses maigres moyens. Après tout, elle ne pouvait rien faire d'autre que d'être là et la soutenir de son mieux dans ce grand chamboulement. Ce sera ensuite à son père et elle de faire le reste.

Comme si elle lisait dans son esprit, Hedwige retourna la situation et lui posa LA question. Un peu déstabilisée, l'étudiante Terra ne sut trop quoi dire sur le coup, réfléchissant à ce qu'elle pouvait ou non lui révéler. Elle tourna son visage vers la fenêtre pour regarder la neige tomber:

-Il y a eu quelqu'un...malheureusement, il n'est plus là.

Qu'il s'agisse d'Aldo ou de Nahel, aucun des deux n'était plus près d'elle. L'un était mort, l'autre ne lui donnait plus de nouvelle depuis plus d'un an.
Elle offrit un petit sourire à sa camarade, désolée de la décevoir et de ne pouvoir détendre l'atmosphère. Mais son coeur était toujours pris et elle doutait de pouvoir aimer un autre homme tant qu'elle ne saurait ce que devenait son ancien camarade aqua. Elle tremblait chaque jour pour lui, à chaque lettre de son père, elle craignait qu'il lui annonce qu'ils avaient arrêté des déserteurs et que Nahel en fasse partie.

Ses yeux ambrés étaient toujours secs et pourtant, penser à l'un comme à l'autre était comme un coup de poignard dans son cœur à chaque fois, farfouillant dans cette plaie ouverte jusqu'à lui couper le souffle. Même si pour Aldo, elle avait pu faire son deuil, petit à petit. Mais pour Nahel, tout était flou, elle n'avait aucune idée de ce qu'il devenait. Il pouvait très bien être mort, elle ne le saurait sans doute jamais...A cette pensée, son cœur se serra et elle dut faire un gros effort pour se maîtriser et rester maître d'elle-même.

-Et toi alors? Y a-t-il un garçon qui te plait?

Demanda-t-elle en se tournant à nouveau vers sa camarade.

En voyant la tête de ma camarade, je me sentis peiné pour elle... J'avais sûrement été maladroite et je m'en voulais. Certes c'était une question indiscrète mais je voulais simplement la connaître un peu plus... pas la rendre distante... Je me demandais si un jour je pourrais comprendre le cœur des gens à la manière des dragons et enfin savoir leurs parler sans catastrophe. Mais à ma surprise elle répondu, un peu distance, une réponse en suspens, dans le vide et le silence pesant. J'étais gauche parfois mais là, pour ce genre d'instant je savais comment réagir pour l'avoir entendu plus d'une centaine de fois. Je posai ma main sur son dos et frottai amicalement comme pour la réconforter ou la réchauffer.

-"J'en suis désolée... Mais ne perds pas espoir"

Je lui souris, pour accompagner mes paroles et mon geste, puis la laissai dans ses réflexions sans insister. Perdre quelqu'un qu'on aime est dur, très dur à supporter. J'en avait connu les frais il y a longtemps maintenant et même si je n'avais pas encore fait le deuil par trop de responsabilité qui me tombaient sur le coin du nez, je pouvais parfaitement comprendre ses sentiments et états d'âme vis à vis de la personne disparu. Et pour ma part je n'avais pas réussi a combler le vide dans mon cœur et dans mes souvenirs; même si j'eus un soutient mental pour affronter la réalité et les épreuves, Irmine restait Irmine, distante et un peu froide comme la glace qui compose son cœur et son environnement et pourtant...

Sa question l'extirpai de ma courte absence. Il était vrai que beaucoup de garçon charmants à la manière des livre de chevaliers et princesses, étudiants ou enseignaients à Lindorm et pour certains je ne savais qu'en penser mais l'heure n'était pas encore venu pour moi de batifoler dans les jardins: premièrement parce que la présence masculine m'effrayaient encore même si pour les professeurs la tolérance devenait acceptable et deuxièmement ma vie s'accélérait...

-" Non je n'ai personne en vue et pour être honnête dans l'immédiat j'ai assez à stabiliser ma vie avec mon père sans ajouter un garçon à aimer"

J'eus un léger rire, amusement dû à ma phrase sans rapport avec la question de mon aînée. Elle qui endurait plusieurs nuits de cauchemars sans broncher, qui m'aidait pour des milliers de choses; aurait le droit à ma sincérité cette nuit. Je lui pris la main et la regardai, mes yeux s'étant bien habitué à la pénombre.

-"Jillah, merci d'avoir été là et d'être là pour moi, si un jour tu as besoin n'hésite pas"

J'inspirai pour trouver les mots avant de venir faire un câlin à la Terra, première fois que j'avais ce geste envers quelqu'un d'autre que ma mère ou mon demi-frère

"Tu es pour moi bien plus qu'une amie, à vrai dire je te considère comme une grande sœur... Ou du moins l'idée que je me fais d'une sœur"

Je restai ainsi une dizaine de seconde avant de me dégager avec un grand sourire qui fut coupé par un bâillement suivit d'un frisson. La fatigue prenait le dessus après tant de nuit blanche et de micro sieste en cours insuffisantes pour récupérer les nombreuses heures de sommeil manquant.

La main d'Hedwige dans son dos fit sourire Jillah. Elle n'était pas seule. Même si Nailah avait dû partir, il y avait toujours quelqu'un pour veiller sur elle. Même s'il s'agissait d'une cadette. L'attitude de sa jeune amie Glaciès lui réchauffa le cœur malgré la tristesse qu'elle ressentait chaque fois qu'elle pensait à Aldo et Nahel. Enfin, cela devrait rester exceptionnel. Elle mettait un point d'honneur à se montrer solide pour que les plus jeunes puissent s'appuyer sur elle, elle qui faisait à présent partie des anciennes.

-Merci.

Elle ne pouvait se permettre de se laisser aller ainsi, même si le sujet restait sensible. Se reprenant donc, la jeune femme retourna la question à sa camarade, le sourire aux lèvres.

Evidemment, sa réponse était conforme à ce que pensait Jillah. Cependant, on ne savait jamais, elle aurait pu apprécier un de ses camarades. Un petit rire lui échappa et elle ne put s'empêcher de sourire à la jeune fille:

-Je m'en doutais un peu. Tu as bien raison. Et puis tu as bien le temps de penser aux garçons. Tes retrouvailles avec ton père sont bien plus importantes.

L'étudiante Terra croisa les bras sur sa poitrine et regarda la neige tomber, frissonnant doucement. Pourtant, elle n'aurait pas été contre se blottir contre un homme pour se réchauffer, les nuits devenaient de plus en plus froides. Même s'il n'en était pas question à l'académie. Si seulement Nailah était encore là...penser à sa camarade lui faisait toujours mal car elle ne savait pas quand elle aurait à nouveau l'occasion de la voir. Elle aurait eu bien besoin de se glisser contre elle cette nuit...

La voix d'Hedwige la sortie de ses pensées moroses et elle ne put s'empêcher de lui sourire à nouveau, sincèrement touchée par ses paroles et par son geste. Jillah passa délicatement ses bras autour de la taille de son amie et enfouit son visage contre son cou. C'était vraiment pratique d'avoir une amie plus grande. Refusant de se laisser aller totalement, elle se contenta de l'enlacer en soupirant doucement:

-Merci Hedwige...

Elles restèrent ainsi, dans les bras l'une de l'autre, à se soutenir mutuellement, jusqu'à ce que la plus jeune s'éloigne un peu, visiblement peu coutumière avec ce genre d'effusion. Jillah ne pouvait pas lui en vouloir, elle qui avait vécu par ses propres moyens avant d'arriver à l'académie. Elle la regarda bâiller et remit tendrement une mèche claire derrière son oreille:

-Ca me fait plaisir...sincèrement, que tu me considères comme une grande sœur. Lorsque je serai partie...j'espère que tu m'écriras. En attendant, je serai toujours là si tu as des soucis.

Elle qui n'avait qu'une grande sœur, était ravie que l'académie lui offre des petites sœurs et même un ou deux petits frères d'adoption. Même si elle quittait l'académie à la fin de l'année, elle comptait bien continuer à veiller sur eux, même de loin.

Finalement, l'étudiante Terra prit doucement la main de sa camarade et lui sourit tout en riant doucement:

-Allez viens, retournons dormir. Tu as l'air épuisée et il ne reste plus tant d'heures que cela avant le début des cours.

En tout cas, elle espérait qu'après leur discussion, son sommeil serait plus reposant.

Pourquoi baillais-je alors que je n'avais pas vraiment sommeil? question qui restera sans réponse. Tout dans l’attitude de Jillah me plaisait et me rappelait ma mère, les dames de l'orphelinat, Irmine... Des gestes et des mots emplis de tendresse, d'affection et de compréhension. Elle me remit une mèche baladeuse à sa place et je souris; décidément la vie réservait des surprises de taille et souvent heureuse. Je retrouvais un père, je gagnais une sœur et des gens prêt à m'aider, une sorte de seconde famille au sein de l'Académie et encore je n'avais pas encore rencontré les nombreux élèves qui arpentaient les couloirs de cette prestigieuse école.

-"Oui je t'écrirais sans faute. Je ne t'oublierai jamais ça tu peux en être certaine"

La Terra me prit doucement la main et m’entraîna dans la chambre en riant, oui il était tant d'aller essayer de dormir et d'oublier mes peines, apaisé par les paroles de mon aînée. Sa main était chaude, différente de celle de mon père mais chaude et je rias pour accompagner ses paroles. Il ne restait que trois ou peu être quatre heure avant le début de la journée et même si je doutais de trouver le sommeil, m'allonger l'esprit serein me ferait le plus grand bien.

Une fois dans la chambre à s'assurer que tout le monde dormait encore paisiblement, je fis un dernier câlin à Jillah en lui souhaitant 'bonne fin de nuit' et me fondit sur mon lit douillet, sous ma couette bien chaude. Regardant une dernière fois en direction de ma Sempai, je souris et regardai le plafond, contemplant les pâle reflet de lune qui filtrait le rideau de la chambre. D'ici on ne distinguait pas l'ombre d'un flocon à l'extérieur, ni le froid qui régnait sur Lindorm. Bien au chaud dans l'établissement, dans une chambre et sous ma couette, je fermai les yeux repensant au bal, à ma rencontre avec le capitaine -mon père- et surtout aux paroles de ma grande sœur de cœur. Je ne devais plus vivre dans la peur et dans l'ombre; je n'étais pas transparente, des gens tenaient à moi et vis-versa. Une nuit s'achevait sans que ne dormis une fois de plus mais je me sentais mieux mentalement, moins en proie aux cauchemars ou aux doutes...

Tandis que dehors la tempête battait son plein: dans le lointain de Laragon, je m'endormis pour rejoindre les doux rêves de mon alliée pour les dernières heures de cette journée...

[HRP: clos pour moi, merci pour tout Jillah ♥ et désolée pour le retard de réponse >.<]