J'avais bien réfléchie avant d'envoyer cette lettre à Douglas, j'avais soigneusement remonté mon niveau de guerrière Roroa. Les premiers jours furent difficile. Courbature, fatigue, faim, soif, réflexe... J'avais perdu beaucoup en restant près de 4 ans à servir les êtres du territoire. Mais au fil des jours, ma force revint avec mon entraînement. Sauvage. Je me sentais de nouveau moi-même et ne faisais plus qu'un avec cet environnement qui m'avait vu naître. J'étais née dans le sang et mon destin était de finir de la même façon en me battant de toutes mes forces et de toute mon énergie pour une cause que je jugeais juste. Mon peuple avait pendant des siècles foulait ce sable et affronté ce vent chaud. Il méritait que je leur fasse honneur en redevenant la Fille du Feu que j'étais lorsque je les ai quitté. Pendant sept jours je m'exilais donc dans le désert, à mi-chemin entre les ruines de l'ancienne cité, Hemi-Tipene et ma nouvelle cité, Bethleas. Là était ma place à ce moment précis. Sept jours à manger du sable et à suer. Sept jours à fouetter le vent chaud, frapper la pierre et me battre contre les bêtes qui errent dans le désert et chasse à la tombé de la nuit. Sept jours à méditer sur le sable brûlant, à maîtriser ma douleur, à retrouver mon instinct Roroa. Après ce séjour, j'étais prête, fière et au meilleurs de ma forme. Mon corps avait reprit le rythme et mon savoir que j'avais imaginé oublié, avait refait surface. C'était bon. Bon de sentir cette énergie vigoureuse parcourir mes veines. Riddick était fier, il ne m'avait pas ménagé pendant les entraînements.

Chaque nuit et chaque aube, je battais le tambour, priant Tammuz, priant mes frères tombés au combat. Chaque nuit et chaque aube, j’éprouvais se terrible besoin de retrouver mes racines. Je souhaitais devenir meilleure, plus forte, plus rapide, plus courageuse que ce que j'étais déjà. Le sixième jour, j'ôtais du manche de mon arme, les deux plumes qui pendaient à des lanières de cuirs et me les accrochaient autour du cou. Deux plumes. Je n'avais pu en gagner plus parmi les miens. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je n'éprouvais ni peine ni rage. Je savais que les miens s'était fièrement battus pour leurs idéaux. Tammuz avait probablement souhaité que je ne me mêle pas à cette affaire pour que je puisse accomplir un plus grand destin. Au fond de moi, je le savais, sinon pourquoi aurait il mit Riddick sur ma route ? Mon sang mêlé au sien ne pouvait être qu'un choix du demi-homme demi-dragon. J'étais persuadée qu'une fois que je ferais partie de la faction de Douglas, ma vie allait prendre en grand tournant et que j'allais devenir meilleure. Il ne me restais plus qu'à passer cet entretient...

A l'aube du huitième jour, jour où je devais rencontrer Douglas, je fis un tour à l'oasis pour me laver, chasser et manger des fruits et une fois que je fus propre, lavée de tout ce qui avait pu jusqu'ici alourdir mon âme, je retournais dans mon désert. A la frontière de ces deux cités, attendant sagement mon heure. Les pieds plantés dans le sol, à genoux dans le sable brûlant, mon poids reposant sur mes oreilles recourbés, les poings fermés posés sur mes cuisses, le dos droit et les yeux rivés sur Bethleas, j'attendais. Comme à son habitude, le vent chaud du désert Tutanakai faisait voleter à sa guise mes cheveux de feu, pendant que Riddick, de son imposante masse marchait en cercle autour de moi en me répétant mes choix et pourquoi je les avaient fais. Pour ça, il avait une très bonne mémoire. Par là suite, il me conta les différentes rencontre qu'il avait eu avec le peuple Roroa et mentionna un instant la folie d'Ashkali. Ce grand combattant avait été un guerrier redoutable qui avait pour coutume de dévorer le cœur des hommes qu'ils avaient fait tomber pour gagner leurs forces. Il les mangeait cru et encore chaud. Lorsque Riddick me demanda si j'allais faire de même, je lui répondis que non. Non pas parce que maintenant cette pratique n'était plus permise, mais plutôt parce que je souhaitais tirer ma force de ma propre expérience et non pas exploiter celle de celui à qui j'avais ôté la vie. La réponse sembla le satisfaire et il reprit ses histoires jusqu'à ce qu'au loin se dessine une silhouette noire.

Mes yeux en amande d'une couleur noisette ne quittaient pas cette masse noire et mobile et après une profonde inspiration, j'annonçais :

"Je suis prête !"

Sans m'aider de mes mains, gardant mon dos droit, je me relevais de tout mon long pour faire face à l'arrivant, un sourire étirait mes lèvres navels. Ma chance de reprendre ma vie en main était là.

Une simple lettre dans la pile de son courrier quotidien, avait retenu son attention. Habituellement, il ne traitait pas personnellement ce genre de requête, parce qu'il était très sollicité, parce qu'il ne pouvait ni répondre à tous, ni voir tout le monde et il était loin le temps où il passait du temps avec ses hommes. Désormais, il voyait souvent ses suppléants, et réglait quelques cas litigieux en personne, mais le plus souvent il était seul et si d'ordinaire cela l'arrangeait, il lui arrivait de vouloir de nouveau se retrouver noyé dans la masse de ses frères et soeurs d'arme, un simple quidam sachant manipuler le feu à sa guise, et filer dans le vent sur le dos de sa dragonne, incognito, laissant libre court à sa rage intérieure.

Mais il avait d'autres problèmes. D'une part, Molly devenait psychologiquement instable à cause du terme de la grossesse qui approchait, et l'inquiétude allait de pair avec les petits tracas et la douleur. Douglas détestait la voir mal en point ou souffrance, sans pouvoir rien faire. La délivrance l'angoissait, mais il n'avait pas encore eu l'occasion d'en parler, et surtout, il ne voulait pas inquiéter Molly plus que cela. Alors, comme d'habitude, il gardait tout pour lui. Il avait donc reçu la la demande et l'invitation de Naisha comme une échappatoire à ses soucis quotidiens, et avait prévenu ses hommes qu'il ne serait pas là de la journée.

Il avait sauté sur le dos de Magma, un sourire fendant son visage brûlé, et la dragonne s'était envolée d'un battement d'aile dans le ciel de Bethleas, en direction du désert. Il était presque midi quand les yeux de la dragonne perçu deux silhouette dans le sable et Douglas lui demanda d'aller les rejoindre.

Magma se posa à quelques mètres de la jeune femme et de son imposant dragon et resta en retrait, se délectant de la chaleur du soleil, pendant que Douglas s'avançait vers Naisha et Riddick. Il portait une simple chemise large claire et un pantalon de lin plus foncé tenu par une ceinture de cuir à laquelle pendant son arme, des bottes hautes et ses cheveux longs volaient au vent de Tajeddine.

-Bonjour Naisha. Riddick. Alors comme ça, vous souhaitez rejoindre l'armée. Pourquoi, et quelles sont vos aptitudes, à l'un et l'autre ?

En effet, pour Douglas, il n'était plus suffisant d'avoir été rejeté, ou d'avoir fuit les territoires pour faire de vous un soldat wyrm. Il fallait des motivations, et que les raisons personnelles rejoignent les raisons du groupes entier. Il y avait eu trop de problèmes par le passé pour laisser le hasard faire son oeuvre. On n'était jamais trop prudent.

Douglas mesurait plus d'une tête de plus que moi. Levant les yeux vers cette armoire à glace, je me rassurais en me disant que dans mon enfance, j'avais vu des hommes tout aussi grands et musclés sur mon passage. Plus grand on est, plus dur est la chute. Remplissant mes poumons d'air chaud, je portais mon poing droit sur mon cœur et sans quitter ses yeux rouges je lui dévoilais nos intentions.

«  J'ai grandi dans une tribu Roroa, aujourd'hui disparu. Je sais me battre et j'ai besoin de me battre pour une cause juste. J'ai vu comment ceux du territoire vivent et comme les wyrms sont traités. Nous souhaitons changer les choses. Donner et montrer ce que sont véritablement les Wyrms. Non pas des parias dont le lien dragonique est vue d'un mauvais œil, mais des êtres ayant une vraie connexion et connaissant le véritable sens des mots « nation » et « union ». »

Pendant que je parlais, Riddick avait fait un cercle d'alcool autour de nous. Le cercle était assez grand pour faire une arène improviser qui me rappeler les combats nocturnes de mon ancienne tribu. Je vivais avec mes traditions et elles me rendaient plus forte et plus courageuse pour affronter les événements. Une fois que le dragon de feu fut à quelques mètres du cercle, je reculais également pour me mettre en son centre et les bras le long du corps, la voix plus forte, je lançais ma première démonstration.

«  Laissez moi vous montrer de quoi je suis capable. Mon esquive, ma vitesse et ma ruse sont assez élevés pour affronter un dragon de taille adulte. Si vous le voulez bien et pour vous montrer qu'il n'y a aucune duperie, permettez que votre dragon entre dans ce cercle et placer lui un morceau de tissu où vous le souhaitez. J'irai le chercher une fois le cercle enflammé. Je ne donnerai aucun coup et votre dragon n'aura aucune retenue à avoir. »

Pour cette démonstration j'étais sûre de moi à 80%. Avec Riddick, nous avions déjà pratiqué cet chasse au foulard. Ses pattes, ses crocs, sa queue avaient été des ennemis redoutables. Mais plus le dragon était gros, plus lentes étaient ses attaques et j'étais sûre que je n'allais pas avoir trop de mal à récupérer le tissu sur le dragon de Douglas. Bien qu'elle serait probablement bien plus rapide que Riddick, j'étais sûre que ses coups seraient moins puissant puisqu'elle n'était pas aussi massive que lui. Mes premières tentatives seraient probablement maladroites au début mais me permettraient de me mettre à son niveau par la suite.

«  Si toute fois vous ne désirez pas que votre dragon entre dans l'arène, Riddick prendra sa place. Une fois que vous serez à l'intérieur du cercle, l'affrontement aura lieu. Il se terminera qu'une fois le tissu saisie ou l'expulsion de l'un des deux hors du cercle. »

Pour ce premier round, Douglas aurait une véritable place d'observateur, mais je gardais le meilleure pour la suite. Une fois le général hors du cercle, Riddick enflamma celui-ci et je me mis en position face à mon adversaire. Les jambes fléchies, le dos courbé, les mains sur le côté, prête à bondir et à grimper comme un petit animal, mes yeux ne quittaient pas ses yeux reptiliens. Au fond de mon cœur, les chants d'avant les grandes chasses raisonnaient et laissaient une onde ensorcelante se mêler à mon sang. Mes pieds étaient déjà prêts à danser sur le sable brûlant du désert Tutanakai. Un pas après l'autre, se croisant, marchant à la manière des crabes, cette danse lente allait très bientôt devenir des plus endiablées. Attentive, tous mes sens étaient sur le qui-vive. L'odeur de l'alcool brûlant était enivrante. Le bruit du vent était comme un doux murmure. Les flammes offraient une chaleur si brûlante que j'avais l'impression qu'elles me léchaient déjà les doigts. Mes yeux scrutaient le moindre des mouvements de la bête, attendant le moindre signe devant mon approche silencieuse et lente. Dans ma bouche, j'avais encore le goût de la viande saignante que j'avais dégusté suite à ma chasse. Ce goût de sang avait pour terrible effet d'exister encore plus mon envie de réussir. Ma concentration était à son maximum, je n'avais plus qu'une chose en tête, le bout de tissu flottant dans l'air chaud de Narth.

Douglas écouta les explications et raisons de Naisha, leur désir et motivations, à elle et son dragon, de rejoindre l'armée en tant que soldat et non plus en tant que simple partisan. Et d'après son discours, Douglas se rendit compte que parmi les civils, il y avait aussi des combattants. Attendaient-ils comme Naisha de se sentir prêts pour le combat, ou souhaitaient-ils restaient en retrait de tout ça ? Toujours est-il que la jeune femme devant lui en voulait, et elle affirmer pouvoir affronter un dragon. Pour le moment, c'était un test sur ses aptitudes physiques. Pourquoi pas. C'était un fait important à prendre en compte sur un champ de bataille. Mais Douglas était curieux aussi de connaître son don. En tout cas, ses motivations rejoignaient les siennes et ceux de l'armée progressistes, Douglas n'avait donc aucune raison de la refuser.

Il acquiesça et esquissa même un sourire à la proposition de la jeune femme, et fit signe à Magma d'approcher alors qu'il s'écartait du cercle traçait pas le dragon un peu plus tôt.

-Viens là. Je vais t'accrocher ce morceau de tissu autour de la patte avant droite. Naisha va tenter d'aller le récupérer.
-J'ai entendu.
-Bien. Alors écoute-moi attentivement. Ne fais pas appel à tes capacités, d'accord ? Je ne veux pas que tu la blesses. Mais si à un moment tu sens qu'elle a l'avantage, envole-toi. Ne lui fais pas de cadeau. Elle doit comprendre que le champ de bataille n'est pas un jeu et que la réalité du combat est souvent injuste.
-Je sais. J'ai été au combat moi aussi, tu te rappelles ?

Douglas échangea un regard sérieux avec sa dragonne et finit par lui sourire. Il savait qu'il ne serait plus là aujourd'hui si elle ne l'avait pas ramené sur son dos il y a quelques mois. Il serait mort, et qui sait ce qu'il serait advenu de ses frères d'armes et de Molly à ce moment-là. Le morceau de tissu attaché, Douglas s'acarta de la dragonne qui alla rejoindre Naisha dans le cercle. Elle secoua la tête et poussa un rugissement sonore, comme revigorée par la chaleur qui lui léchait les écailles autour d'elle. Elle affrontait du regard la petite humaine qui la toisait et plantait ses yeux dans les siens. Elle ouvrit la bouche et passa sa langue sur le bout de ses crocs, sentant son estomac grondait, excitée par le combat qui approchait, affamée de peur et d'excitation mêlée. Elle esquiva une première fois quand l'humaine attaqua et sentit que l'affrontement ne serait pas si facile qu'elle l'avait pensé. Naisha était une guerrière née, élevée par les roroas, le sang du dragon coulait dans ses veines. Elle était une petite soeur qui jouait au dragon. Elle était une humaine qui affrontait les dragons. Magma se sentit honorée de l'avoir pour adversaire, alors, elle donna tout ce qu'elle avait.

Elle avait replié ses ailes contre ses flancs pour résister à la tentation de s'envoler, pour donner une chance à Naisha d'attraper le bout de tissu, mais sa proximité la mettait en danger et Magma sautait d'un côté et de l'autre, s'aidant de ses deux ailes pour se projeter dans les airs. A un moment elle cru que Naisha y était presque parvenue, alors elle déploya majestueusement ses ailes noires et décolla de quelques mètres, hors de portée de l'humaine, tout en gardant un oeil sur son dragon. Après tout, sur le champ de bataille, ils affrontaient des dragonniers et leurs dragons. Il fallait avoir les yeux partout...

A plusieurs mètres de là, Douglas avait les bras croisés sur le torse et son attention totalement portée sur les adversaires devant lui. A tout moment, il était prêt à faire appel à son don, en cas de besoin en renfort pour sa dragonne. Il y avait plusieurs mois qu'il n'avait pas combattu d'ennemis, mais les réflexes étaient toujours là.

Dans le souffle chaud du désert, je bondissais comme un rusé petit animal de gauche à droite, frêle, rapide, j'esquivais la bête noire tout en contre attaquant. Mon but ? Annoncer une fausse attaque pour la faire riposter et ainsi lui chiper le tissu une fois qu'elle était proche de moi. Je commençais à prendre le plie, mes jambes tremblaient d'impatiences si bien que je me devais d'être encore plus rapide, poussant mes efforts de plus en plus pour l'étonner. J'en étais capable, je le sentais, je le désirais, j'avais cette impression au fond de moi qui me poussait à vouloir me dépasser, encore et encore si bien qu'au bout de quelques pas de danse dans ce cercle de feu, je sentis le tissu frôler la pointe de mes doigts. Hélas, mon saut était trop court, trop juste, si juste que je terminais mon enchaînement dans la poussière. Couchée à plat ventre sur le sable brûlant, je soufflais les grains qui étaient aux portes de mes lèvres et entre mes cheveux ébouriffés, je vis la dragonne battre des ailes. L’envol ! Non ! J'avais espéré prendre le tissu avant qu'elle n'ait eu l'envie de rejoindre les cieux. N'ayant pas un moment à perdre, je me redressais comme s'y ma vie en dépendait et je me précipitais vers la bête.

De mes mains je cherchais à ma taille la corde que d'ordinaire je noyais à ma taille, manque de chance, mon outil principal fort utile au rodéo draconique n'était pas là. D'un pas rapide, je me tournais vers Riddick qui était à quelques mètres de là. Nos regards se croisèrent à peine et pourtant, il avait déjà saisit que j'avais oublié cette fichue corde ! D'un battement d'aile, il prit donc son envole, la fameuse corde entre ses lourdes pattes et lâcha celle ci sur la dragonne de Douglas. Celle-ci glissa le long de son corps noir avant de me retomber dessus. Riddick tel un gros oiseau vorace faisait des ronds au dessus de la dragonne. Il n'avait rien de menaçant et semblait simplement redélimiter le cercle tracé plus bas. Je bénissais cette corde, ou bien encore tout autre objet qui me permettait de grimper comme un petit singe pour gagner les hauteurs. S'il y avait bien une chose dans laquelle j’excédais, c'était bien le fait de grimper à la corde. M'en servant dans un premier temps comme d'un lasso, je l'attrapais à la patte gauche avant de m'empresser de grimper à celle-ci comme un petit singe. Je ne comptais même plus le nombre de fois où j'avais fait ça avec Riddick. Vu la taille de celui-ci, je ne pouvais pas me permettre de lui grimper simplement sur le dos et de m'asseoir, il était bien trop gros pour ça. Je pratiquais, ce que les gens appellent l'art des acrobaties aériennes. Riddick, pour se moquer, préférait appeler ça, les singeries.

Enfin bref, je pris bien vite d'asseau la dragonne en me moquant bien de son agitation, fermant accroché à la corde, je me hâtais à lui prendre cette fois ci le tissu avant de sauter littéralement dans le vide. Certes, elle m'avait donné du fils à retordre en s'envolant, mais je n'avais pas dit mon dernier mot ! Dans ma chute, je n'entendais plus aucun bruit autour de moi, même le vent semblait s'être tue. J'adorais cette sensation de plongeon dans le vide, car c'était l'un des rares moment où face au danger, je me sentais naître et exister au plus profond de mon être. A peine avais-je commencé ma chute que je savais que non loin de moi, Riddick était déjà entrain de piquer pour me rattraper. Le choc, fût comme d'ordinaire un peu violent, un peu seulement, car j'en avais l'habitude bien entendu. Me faire bousculer, sentir mes membres soudainement bloqués entre des griffes n'étaient pas agréable et me laisseraient des blues.

Une fois au raz du sol, Riddick me lâcha comme un vieux paquet. Je ne cherchais même pas à réduire la vitesse de ma chute bien au contraire, un bon roulé sur le sable, me fût profitable pour courir, saisir mon zulfikar et sauter dans les flammes pour retourner dans le cercle de feu. Le premier round venait de s’achever. Le tissu enroulé à mon poignet gauche, ma main droite serrant au dessus de ma tête mon arme. Dans une posture de combat, je faisais signe à ce qui allait probablement être mon futur chef, d'avancer à son tour dans le cercle. Je n'avais pas clairement battu un dragon puisque sa dragonne était encore bien présence, mais j'avais le tissu. Deux fois s'offrait donc au maître, venir récupérer l'objet convoité ou cesser là et poursuivre l'entretient à sa guise. Pendant que je l'attendais dans le cercle, ou tout simplement un geste de sa part qui mettrait fin ou non à la démonstration, je tentais de reprendre mon souffle sans me soucier de sa dragonne. Si l'envie lui prenait de me venir dessus, je savais que je pouvais compter sur Riddick pour m'alerter ou bien encore me défendre, car il n'était jamais loin. Il était un support très fiable, mais je refusais de me reposer sur lui. Il était mon compagnon de voyage, de bataille, de vie, mon gardien et non pas ma nourrice ou bien encore mon captif. Dans cette guerre entre wyrms et habitants du territoire, c'était les humains qui se battaient entre eux et si un jour Riddick refusait de se battre contre eux, je ne pouvais pas l'en empêcher car après tout, cette guerre n'était pas la sienne. Il était un allié puissant que je me refusais d'abuser. Les rares fois où nous avions combattu véritablement ensemble, cela avait toujours été contre l'armée et lorsque celle-ci possédait également des dragons.

Dans tous ses enchaînements, je ne réalisais pas encore que mes côtes me faisaient mal à cause du rattrapage de Riddick, que mon flan avait été rougi par la corde, que la fine poussière du sable recouvrait ma peau et que la sueur causée par tant de chaleur et d'agitation perlaient sur mon corps. A vrai dire, je n'en avais que faire à ce moment précis, je n'avais qu'une envie, montrer ce que j'avais dans le ventre en temps que petite recrue. Choisir Douglas comme adversaire n'était pas à prendre pour une prétention de ma part, je souhaitais qu'il connaisse mes intentions et mes capacités afin de me mettre dans la section qui me conviendrait le mieux. Il était pour moi un honneur de combattre le chef de ma nouvelle tribu. Je ne souhaitais pas le mettre à mort ou le battre, simplement échanger des coups et ainsi connaître non pas le chef, mais l'homme et le guerrier qui représentait ce clan. J'avais été éduqué ainsi, pour moi il était important d'exercer des petits duels au sein même de la tribu pour savoir où se placer, partager des moments mais aussi la souffrance de l'un comme de l'autre, apprendre les points faibles et forts non pas pour s'en servir contre lui, mais pour l'aider à se grandir et à grandir mon âme guerrière. Haletante, mes yeux noisettes fixaient le derrière des flammes, l'armoire à glace allait elle bouger ?