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Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles]

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Wyrm Isolationniste
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Lucia Bartoli
Lucia Bartoli
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeMer 15 Oct - 23:20

Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] 141015101603723854

    Elle n'avait rien dit tandis qu'ils chevauchaient vers les vents frais d'Aeria, pays de son enfance étrange. Aux côtés de Venecia et Zachary, Lucia se sentait néanmoins en sécurité mais ce n'était pas pour autant qu'elle leur avait parlé de son passé. Tout d'abord parce que la doctrine des Wyrms est de ne pas questionner, et qu'une de ses idées plus personnelles était de ne jamais ennuyer ses proches avec ses états d'âme. Voir les tours célestes de Bianca au loin ravivait des souvenirs, tristes comme joyeux, et les turpitudes de son esprit restèrent enfermées en elle à double-tour, dissimulés sous un sourire de convenance, comme on porterait un joli bijou. Ici, les nuages avaient la saveur cotonneuse mais amère des choses que l'on ne dit pas, que l'on dissimule pour son propre bien. Ici, l'air était plus lourd qu'ailleurs et malgré le fait que les trois comparses avaient fait des pieds et des mains - en ayant demandé les conseils avisés d'un passeur de droits professionnel en la personne de Lucien - pour obtenir un visa pour Aeria, il restait encore tout le travail à faire. Après une longue discussion sur ce qui manquait à la troupe nomade, la plupart des Isolationnistes avaient voté une mission de ravitaillement en équipement; pas d'armes mais des pitons, des cordes de chanvre épaisses, de pièces mécaniques pour Lucien qui visiblement avait une nouvelle machine en tête. Ils manquaient tellement de tout dans l'Inconnu que même un piolet devenait un luxe indécent. Là bas, tout n'était que survie. Sa vie d'avant lui semblait à la fois douce et terrible.

    Elle se souvenait, Lucia. Du parfum du lotos, des belles robes de dentelles fines que lui offrait le maître, des sucreries acides et des fragrances raffinées qu'elle recevait pour ses anniversaires - une date arbitrairement choisie par le maître. De la saveur sucrée du thé au miel, des grands éclats de rires de Nove et des sourires tristes de Cinque. Des enfants dans les dortoirs, des adultes dans les couloirs. Des stupeurs et des tremblements des filles qui comme elle étaient marquées à vie d'un simple numéro en guise de prénom. Des amusements particuliers du maitre Sandoval... quand lui riait, Cinque pleurait. Elle avait eu de la chance qu'elle-même ne soit pas à son goût, elle que le maitre avait choisi pour être une simple coursière qu'il gâtait plus que de raison à chaque message ou colis déposé aux clients. De la drogue, le plus souvent de grands lotus parfumés qu'elle même consommait. Une cage dorée, un paradis terrible. Il n'est pire servitude que celle de l'esclave heureux de sa situation. La servitude abaisse les hommes jusqu'à s'en faire aimer mais l'esclave qui aime sa vie d'esclave a-t-il une vie d'esclave? C'était un cercle vicieux pour elle qui avait aimé être un esclave à la vie bien rangée: elle avait été choyée et encouragée alors que sa meilleure amie avait été abusée et salie. Quattro avait eut les belles robes de poupée et Cinque les fers de l'Esclave de Plaisir. L'une avait été heureuse et l'autre abusée. Et la justice n'était qu'un oiseau sans tête qui semblait dessiné par un schizophrène.

    Une sensation vertigineuse la prit lorsque l'équipée se posa sur les hauteurs du Grand Escalier, constamment battu par les alizés. Bianca la Blanche, à nouveau. Bianca haute dans le ciel, capitale de tout ce que l'Aeria avait de plus riche et décadent. Son ancien chez elle. Et tandis que les gardes contrôlaient leur Visa et les forcèrent à laisser leurs dragons respectifs à l'entrée de la ville, Lucia put sentir distinctement une sorte de peur naitre dans son ventre: on les désarma: un des gardes tenta même de lui faire retirer son "gantelet" avant de comprendre qu'il s'agissait d'une main mécanique accrochée à son moignon; l'idiot. La brune s'était demandé un instant si Venecia était née ici, ou dans le coin. Elle n'osa cependant poser la question car elle pensait que cela ne se faisait pas et alors que le trio s'enfonça dans la ville, les pensées de la plus jeune se firent de plus en plus erratiques.

    Le maître avait tué Cinque d'une balle dans la poitrine; elle était morte sur le coup et cette tragédie hanterait Lucia jusqu'à son dernier souffle. Elle n'avait plus personne pour partager ses lourds secrets mais pensait que cela la rendrait plus forte. Ici, l'air dansait comme nul part ailleurs. Elle rabattit la capuche de son manteau sur sa tête par réflexe et ne dit mot tout en suivant ses deux amis à travers les allées blanches de la ville. Ils tournèrent un peu en rond, cherchant le manoir Delaga et la jeune fille prit finalement timidement la parole, un peu en retrait:

    "Heu...", elle se gratta la tête, un de ses tics quand elle était gênée, "... je... je sais où c'est..."

    C'était eux qu'on avait assigné à cette mission et c'était ainsi mais Lucia ne pouvait s'empêcher de penser que le destin était une ironique sorcière. Errant un moment dans les Hauts Quartiers, la petite troupe arriva finalement à un manoir privé dont le portail semblait être fait en orichalque pur, signe d'un luxe insolent conduisant sur de luxuriants jardins exotiques. L'allée principale était bordée de broméliacées d'un rose tendre, d'arbres étranges aux fruits charnus et étrangement luisants et gras, d'anthuriums démesurés et de bassins recouverts de nénuphars et de fleurs de lotus. Plus loin, entre quelques manguiers, un massif de bougainvilliers recouvrait les côtés des marches de l'entrée principale d'une demeure de caractère sur trois étages à la façade d'un blanc un peu céruléen. Lucia cacha son appréhension en se tournant vers un bel arbuste au bord d'un cours d'eau, aux fleurs flamboyantes ressemblant à des petites ailes, en cueillant un entre ses petites mains pour l'offrir à Zachary en échange de la jolie petite fleur de jasmin qu'il lui avait offert tantôt. Une fleur à la forme très particulière et originale et aux couleurs exubérantes, explosion de couleurs orange vif et de pétales d'un bleu intense.

    "C'est un Oiseau de Paradis, une fleur très rare."

    Son ancien maître était un esthète; il n'y avait aucune raison pour que cela change. Il aimait les fleurs, les parfums, les alcools sucrés et liquoreux, la musique et... les petites filles habillées en poupées. Les strelitzia, Oiseaux de Paradis, étaient les préférées de Sandoval...

    "Monsieur de Delaga l’appelle son... Petit Plaisir Exquis", elle la tourna dans la main de Zachary, regardant un instant Venecia pour lui en cueillir une et la lui offrir avant de reprendre, "cette fleur est à la fois fascinante et quasi animale... elle évoque... euh... l’amour charnel... tantôt symbole du mâle pour sa vaillance et sa fierté presque arrogante, il devient féminin lorsque l’on se penche sur ses formes galbées."

    Elle rosit un peu avant de se reprendre, cherchant à dissiper tout malentendu. La petite brune n'avait voulu que détendre l'atmosphère en parlant un peu d'un sujet qu'elle aimait, le langage des fleurs. Sa nervosité n'était pas apparente, mais elle était un peu plus maladroite que d'habitude. Qu'elle connaisse le maître des lieux n'était pas important;. Cela pouvait arriver et elle n'avait pas à s'en cacher, esclave affranchie depuis deux ans.

    "Rassurez-vous, ça ne veut rien dire pour moi. J'ai fais vœu de chasteté."

    Il y avait quelque chose de durement fatal dans ce que venait de dire une si petite personne, comme un choix définitif, comme une punition. Elle resterait pure et vierge toute sa vie parce que le sexe avait quelque chose de sale et de dégoutant, comme un piège rouillé qui lui arracherait l'intimité en se refermant dessus. Elle préférait la beauté d'un amour platonique comme une fleur qui n'éclorait jamais. C'était à la fois plus romantique et plus rassurant pour elle. Elle resterait chaste, parce qu'elle n'était pas faite pour autre chose. Leur conseillant de cacher leur butin floral, la bande fut introduite à Delaga par quelques serviteurs en livrée coloré: tout ici semblait démesuré et excentrique et les plantes d'intérieur semblaient encore plus immenses et colorées que celles à l'extérieur. Intérieur rococo de porcelaine blanche et d'or fin, orchidées exotiques frôlant presque le plafond... et ce parfum. Partout, un mélange d'odeur de fleurs et de parfum... l'homme assis en face d'eux était un quadragénaire tardif mais plutôt bel homme malgré son teint cireux, ses cheveux blancs et son visage un peu simiesque. Ses yeux bleus reflétaient une intelligence mélancolique. Derrière lui, un dizaine de préadolescentes et d’adolescentes entre dix et quinze ans regardaient les nouveaux venues avec des regards tantôt curieux, tantôt vides, parfois effrayés. Et sur leur bras, leurs joues, leurs fronts ou leurs ventres, des chiffres en signe Numéra... de la même manière qu'un IV trônait sur le front de Lucia... certaines avaient quelque chose de terrible tapis au fond des pupilles. Pas toutes, mais certaines.

    L'homme regarda attentivement la jeune Wyrm sans rien dire, avec un sourire à la fois triste et satisfait avant de lever les yeux vers ses deux comparses.

    "Soyez les bienvenus", dit-il en jouant avec un gros lotus entre ses doigts gantés, "je suis Sandoval Cristo De Delaga, et si je ne m'abuse j'ai de l'équipement à vous échanger, n'est-ce pas?"

    Il eut un vague sourire; l'homme semblait fatigué, languide. Il avait simplement l'air drogué, quand on y regardait de plus près. Ivre de lotos mais lucide, sur la descente, comme ramolli. Sa voix était trainante et son regard approximatif, mais rivé à présent sur la plus jeune du groupe.

    "Quattro...", Lucia baissa la tête, regardant ailleurs, "... relève donc la tête petite chose, que ton ancien maître puisse voir quelle jolie créature tu es devenue..."

    Il rit, plongeant son nez dans la large corolle de la fleur blanche avant de reprendre, ignorant son ancienne esclave:

    "Parlons affaire. De quoi avez-vous besoin et combien m'en proposez-vous?"


    Sandoval n'était pas qu'un noble Aerien. Il était aussi le baron de la contrebande en Bianca, et le premier fournisseur de lotos del rey de tout l'Aeria. C'était un homme riche, influent, puissant mais aussi capable du pire comme du meilleur. Il ignora naturellement Lucia pour se concentrer sur l'homme et la femme plus âgés pour parler de sujets... "de grandes personnes".
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Venecia A. Garcez
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeJeu 16 Oct - 12:49



Ces murs blancs, ces iles célestes à nulles autres pareilles. Impression de vertige. Elle y revenait à présent de son propre gré, étrange ironie. Et son cœur était à son point de rupture. Une douleur infinie, comme un cri de l'âme, et l'impression encore de sentir ces fers sur ses poignets, dans l'enfer de la cale. Elle sentit le museau de sa dragonne la pousser doucement et son regard se posa sur Erzulie, contrainte de l'abandonner pour vaquer à leurs affaires.
Elle aurait voulu pleurer, mais nulle larme ne coulait, elle qui était parfois si pleurnicharde. Un chagrin au delà même de pleurs et la musique si particulières de sa ville natale qu'elle n'avait arpentée qu'une seule fois, pour fuir ces cages dorées aux barreaux tranchants.
Terrifiée de croiser un visage connu autrefois, dans une autre vie et un temps bien différent, elle suivait ses compagnons de route. On l'avait choisi pour sa connaissance de la capitale, tout comme l'on avait choisi Lucia pour la même chose. Machinalement son regard se tourna vers Zachary, blême de peur, là bien caché derrière le sourire tremblant qu'elle lui adressa. Elle était une poupée cassée, retournée de terreur, dont les fils coupés s'animaient à présent qu'elle dépassait les premiers jardins opulents.
Nue sans armes, nue sans sa dragonne, la rose des vents dans le creux de ses reins sembla s'enflammer et la douleur la courba un instant vers l'avant, au milieu de ses murs blanchis, aux mosaïques raffinées, ces jardins porteurs de senteurs familières et ces colonnes de marbre. Elle trébucha, légèrement en retrait et s'appuya à un mur pour ne pas tomber. Miguel. Son petit amour. Son trublion.

Non, elle ne pouvait pas maintenant, elle devait tenir bon. Et, malgré les sursauts terribles de ses souvenirs, elle avança bravement, malgré ses jambes aussi faibles qu'un faon nouveau né. Son regard se posa sur les hauteurs de la ville, là où se dressaient les plus beaux palais de ce monde corrompu. Ils croisèrent peu de monde, il faisait chaud. Quelques élégantes, quelques esclaves - pardon, domestiques - affairés, rien que de la piétailles. Et la présence des gardes, discrète mais indéniable. Une cité aussi riche ne saurait perdurer sans une force armée toujours présente : il y avait trop à voler ici-bas.
Lucia semblait, comme elle, trop bien connaître les rues et l'endroit où ils se rendaient. Et ses propos ne firent que confirmer quelque chose qui la glaça toute entière : Lucia avait vécu dans ces rues mais le chiffre sur son front... Elle comprit cela en un instant, trop habituée à la décadente Bianca pour ne pas se douter de ce qui s'était tramé pour cette fille. Esclave ? Son coeur s'en serra d'autant plus et elle fut incapable d'articuler le moindre mot tant l'émotion menaçait de déborder à chaque instant. Elle les conduisait dans l'un des jardins qui bordait la route pavée avec un soin d'esthète. Et au milieu des strelitzia, des frangipanier, des orangers et toutes sortes de végétation aussi écrasante et parfumée qu'absurde, elle laissa l'enfant leur conter l'oiseau de paradis. Et alors que ses propres doigts se refermaient sur l'insolente fleur poisseuse et sans odeurs, toute débordante de sucs gluants, elle se retint de la jeter au loin, ou de la piétiner sauvagement.

"Je les haïs. Elles sont aussi collantes que résistantes. et tu ne peux en prendre une sans te poisser les doigts." Comme sa main tremblait à cet instant et sa voix, qu'elle n'avait pu retenir, se brisa d'émotion. Elle jeta la fleur au sol avec un dégoût sincère. "Ces fleurs putassières vont trop bien aux habitants de cet endroit. Ne nous attardons pas."
Comme elle était dure, cette voix habituellement douce... Et l'autorité étrangement tremblante de son visage eut un instant le même air que ces nobles contrites, en une moue supérieure et terrible. Deux faces d'une même pièce. L'esclave et la noble. Mais aucunes d'entre elles n'étaient libre.
Car alors qu'ils parcouraient l'insolent jardin, Venecia était blême, comme si les parfums capiteux et trop lourds rendaient sa respiration pénible.
Elle sentait en elle la présence douce d'Erzulie et sa voix était tendre alors que la dragonne lui disait de tenir bon, que s'ils étaient en danger, elle accourrait. Elle n'était pas seule : Erzulie était là. Et c'était bien tout ce qui importait.

Sa tenue de voyage, plus pratique que séduisante, couverte de poussière et ses pièces de cuir défraîchies par le soleil, la rendait peu semblable à celle qu'elle avait été, petit oiseau toujours bien apprêté, aux toilettes délicates faites pour charmer d'un regard. Comme Dyonée lui manquait parfois. Miguel et Dyonée, tous deux enfuis au loin. L'un dans un endroit où elle ne pourrait jamais le retrouver.
"La chasteté est un noble idéal, Lucia." Dit-elle un instant, songeant à sa propre chasteté bafouée sur l'autel par son mari. Il avait été le premier a cueillir sa fleur, puis Miguel avait ravi son cœur. Elle soupira, d'un soupir douloureux, et, un instant, sa main s'égara sur le bras de Z avant de sursauter de son geste, comme si, inconsciemment, elle avait tenté de s'accrocher à quelque chose. Elle s'éloigna de lui, vivement, sans rien dire, trop blessée pour être seulement de bonne compagnie.

Ils entrèrent finalement dans l'antre de celui qui devait leur fournir trop de choses pour qu'ils puissent faire les difficiles. Et l'odeur prit un instant Venecia à la gorge. "Lotos..." Fit-elle saisie. Elle savait bien sûr, reconnaître le parfum de la fleur, qui trônait dans bien des soirées orgiaques de ses propres parents. Elle devait se reprendre. Mais alors qu'ils approchaient du maître des lieux, elle dut se retenir un instant, prise de vertige. Car la ribambelles de jeunes filles pré-pubères ou tout juste nubiles, habillées comme autant de poupées charmantes et graciles, la troubla toute entière. Ho, par l'Unique... Ces chiffres sur leurs fronts pâles faisaient trop échos à celui de Lucia et elle considéra en un instant le terrible sacrifice que les Wyrms avaient involontairement imposés à la jeune fille : le plus terrible de tous : revenir auprès de celui-là même qui vous a marqué comme du bétail.

La rage lui nouait le ventre et elle planta ses ongles dans la main de Z, qu'elle avait saisie elle ne savait trop quand, la lui serrant avec trop de force, mais elle ne s'en rendait pas compte. Ces petites filles aux yeux vides, ces adolescentes en fleur, toutes... Et voilà que le vieil homme élégant, mais au visage fatigué de ceux qui s'abîment dans le Lotos, leur confirmait sa certitude. Mais ils avaient besoin de cet enfoiré et c'était terrible de le dire. Car seuls les porteurs de parole savaient qu'ils venaient certes acheter du matériel mais aussi une autre chose, secrète, ancienne, et que seul cet homme avait le pouvoir de leur donner.
Elle devait l'obtenir, pour eux tous. Et si Lucia fut écartée de la conversation comme l'esclave qu'elle fut, ce fut finalement Venecia qui s'avança, le visage très pâle, mais ses manières avaient soudain changées. Elle fit une révérence à la mode de Bianca, aussi élaborée que celles que les nobles usaient entre eux et se présenta avec la plus parfaite des manières :
"Venecia Esperanza de la famille Garcez les Très Illustres, Première épouse de Carlius Hecubus. Mais je ne représente pas ici les Ancêtres. C'est en temps que Wyrm que je me présente humblement dans votre logis et que je me réclame des trois lois de l'hospitalité seigneuriale, pour ma personne et mes deux compagnons et que les Trois Lois s'étendent sur leur vie car je les réclame de mon sang et de mon rang." La tête haute, malgré sa pâleur, ses yeux bleus brillaient alors qu'elle prononçait le plus illustre honneur qui puisse être fait par un Noble à un étranger et à une esclave. C'était une forme de provocation et elle le savait. Elle savait aussi que son père entendrait parler bien trop vite de sa venue - et donc qu'elle était toujours en vie malgré le naufrage provoqué par sa dragonne - ce qui allait considérablement aider le passé à la rattraper. Elle venait de se déclarer Wyrm et vivante. Son père et son époux auraient ainsi tout pouvoir de la pourchasser. Mais elle savait aussi qu'elle connaissait mieux l'inconnu que tous les mercenaires qu'ils pourraient engager. Cependant, il était temps pour elle de prendre des risques pour la cause qui lui permettait de vivre libre et la tête haute.

"Nous venons débattre pour le matériel que vous nous proposiez dans votre courrier, ainsi que pour votre seconde offre. Votre prix sera débattu et concilié s'il est raisonnable. Je vous invite à m'en faire part, ainsi qu'à mes Frater Nobilis et nous annoncera notre propre prix, ainsi qu'il est de coutume." Elle parlait trop bien. Elle savait aussi qu'elle venait de dévoiler à ses deux compagnons son appartenance à une illustre famille et son nom complet. Lucia seule saurait la force que pourrait avoir son nom et titre complet prononcé.
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Zachary Sigvald
Zachary Sigvald
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 18 Oct - 12:59



Le vent frais soufflait dans ses cheveux blancs. L’air semblait un peu plus lourd, mais moins que dans les territoires de Narthan. Il était d’ailleurs heureux d’enfin quitter ce pays qui l’étouffait, où chaque mouvement lui coutait presque toute son énergie. Aéria, c’est là où ils se rendaient, c’était un endroit méconnu, sur lequel il n’avait jamais posé le pied. Oh pourtant, au vu des rumeurs qui circulaient sur ce pays, il aurait pu facilement s’y faire son trou et faire fructifier son don contre beaucoup d’argent. Mais ce genre de faux-semblants dont semblait se revêtir Aéria ne le mettait pas à l’aise.
Pas plus que les rues pavées, que les immenses palais luxuriants, que cette espèce de propreté dans les rues, sur les gens, sur ces visages tous souriants alors qu’il savait pertinemment ce qui se cachait derrière tout ces sourires de circonstance. Il en avait rencontré des anciens esclaves, abrutit par le loto, ou trop rageur envers ceux qui avait bafoué leurs vie. Il en avait rencontré qui voulait oublier, hurlant dans leur sommeil. Nombre d’entre eux grossissait les rangs des Ailes Ecarlates, vouant une haine sans faille à leurs tortionnaires. Combien d’illusions il se souvenait avoir glissé devant leurs yeux hagards, les montrant armé d’un couteau, entaillant les chairs de leurs anciens maîtres, poignardant sans aucuns scrupules chaque veine, laissant le sang glisser sur ces peaux pâles et ces cheveux blonds. Combien de rire il avait vu devant ce spectacle, combien de soupir de plaisir il avait entendu ?

Secouant la tête, Zachary sentit Seihval au creux de lui, et sa présence lui donna la force de ne pas vomir sur ces murs trop blancs, de ne pas saisir le premier passant qui les frôlait pour lui arracher ses bijoux et courir nourrir les orphelins de Nordheim. Mais ils avaient une mission, leurs frères comptaient sur eux. Alors il se contenta de suivre Lucia et Venezia, leur emboîtant le pas dans ce monde un peu trop merveilleux. Il s’arrêta quand Venezia s’appuya contre un mur et ne dit pas un mot. Il n’avait pas à se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il voyait bien que les deux femmes semblaient bien connaître la ville. Lui se sentait bien misérable, il sentait la colère monter lentement dans sa gorge. Comment pouvait-on vivre ainsi ? Vivre dans ce luxe opulent alors que lui avait passé son enfance à avoir la faim au ventre, il avait dû se battre à l’orphelinat pour un quignon de pain en plus, et ici les gens semblaient jeter la nourriture par les fenêtres. Il ne fréquentait pas les hautes sphères, il détestait ça, il n’était pas dans son élément. Il préférait la misère nue qui ne cache rien à cette douce et rutilante dorure masquant les plaies les plus purulentes. Son visage s’était fermé, aucun sourire, aucune émotion ne se glissait dans ses yeux, et il essaya tant bien que mal de ne pas laisser sa rage explosée au fond de ses pupilles. Il resta dans l’ombre de Venezia, gardant un œil sur Lucia.
Ils étaient désarmés, mais Zachary serait prêt à tout pour défendre ceux à qui il s’était attaché. Il n’avait pas peur de se salir les mains. Oh que non…Remuant ses doigts, comme pour les étirer, il fit craquer chaque ossements et pénétra dans l’immense jardin suspendu, ne sachant pas si il devait admirer ou vouloir arracher chaque arbre qui valait plus que tout l’or du monde.

Son corps se détendit quand Lucia s’approcha de lui et lui glissa une fleur dans la paume. C’était la première fois qu’il en voyait une avec une forme aussi…extravagante. Comme à l’image de ce pays d’ailleurs. Elle semblait se pavaner de ses couleurs et pourtant quand il referma les doigts dessus, il les sentit poisseux. Esquissant un léger sourire à Lucia, il la fixa de ses grands yeux bleus et rangea la fleur dans une des sacoches qu’il portait à la taille. Peu importe ce que cette fleur voulait dire, c’était un cadeau et il le garderait précieusement.
Sa main se posa sur le crâne de la jeune Wyrm quand elle avoua avoir fait vœux de chasteté et il lui frotta un peu les cheveux dans un geste remplit de tendresse.
Il ne dit rien, il n’avait rien à dire, chacun était libre de faire ce qu’il voulait. Lui-même savait qu’il ne pouvait pas faire ce genre de vœux. Il aimait trop la chair pour ça. Il aimait trop Ionnan pour ne pas avoir envie de sentir son corps contre lui, cela faisait partie de sa vie. Reprenant son visage immobile, il retira sa main et jeta un œil à Venezia qui semblait anxieuse, sa voix était plus dure et il haussa légèrement un sourcil avant de sentir la main de la jeune femme qui se referma sur son bras. Penchant la tête, son regard croisa le sien et il la vit s’éloigner en rougissant.
Inspirant l’odeur de mille fleurs, cela lui fit presque tourner la tête et il ferma la marche, laissant les deux femmes pénétrées dans l’immense palais outrancier. Dès qu’ils eurent fait quelques pas sur le marbre, l’odeur du loto lui prit les narines, ses yeux rencontrèrent ceux de Venezia et il acquiesça, lui montrant qu’il avait comprit. Sa longue main se déplia et il se tint droit, immense carrure qu’il espérait capable de rassurer ses partenaires et dissuader quiconque de leur jouer un sale tour.
Levant les yeux sur les décorations riches et opulentes, il lâcha un grognement blasé et se contint de fracasser au sol tout ces beaux vases remplit de cauchemars et de rêves bafoués.

Ils arrivèrent devant le bureau de l’homme et là, sous ses yeux s’étendit des dizaines et des dizaines de jeunes filles, certaines encore des enfants, dans des robes de poupées parés de dentelles, des numéros tatoués sur leurs fronts, dans leurs cou, un symbole qu’il reconnu immédiatement même si ils étaient différaient de celui de Lucia. Ses yeux glissèrent sur ces visages passif, étonnés, surprit parfois même complètement ailleurs. Il inspira sentant la colère gronder au fond de sa gorge, sentant cette rage commencer à s’insinuer dans son cœur. Des idées folles lui venaient à l’esprit, une partie de l’enfance de Lucia lui éclata au visage et quand son regard se posa sur l’homme au centre il ne pu que le fixer avec une haine si féroce que sa main se referma aussi sur les doigts de Venezia. La douleur des ongles dans sa peau lui déconnecta l’esprit suffisamment longtemps pour que la colère retombe un peu. Pourtant, il ne pouvait détacher son regard de ces petites filles innocentes dans cette trop grande maison de poupée. Ce n’était que des enfants, trop jeunes, qu’on avait arraché de quelques part pour les jeter dans ce cirque et les y maintenir de force, ou par une force de persuasion malsaine.
Quand le regard de l’homme glissa sur lui, il le fixa sans ciller. Il n’avait pas peur, il sentait juste son bras qui tremblait de rage. Sa main se posa sur l’épaule de Lucia comme pour la rassurer, lui signifier qu’ils étaient là. Il ne partirait pas d’ici sans elle et même si c’était les pieds devant.

Fixant Venezia, il lui trouva une grâce fantastique avant de voir se glisser des manières qu’il ne lui connaissait pas. Des manières qui l’écœurèrent un peu et il espérait de tout cœur retrouver la Venezia qu’il connaissait en ressortant de cet endroit.
L’écoutant parlé, il fut surprit de découvrir qu’elle avait visiblement appartenu à une grande famille d’Aéria. Zachary n’était pas quelqu’un de très cultivé. Ionnan saurait sûrement, mais lui ce nom ne lui évoqua rien. Il connaissait à peine le nom des grandes familles de Norheim, alors celle d’Aéria. Mais il pu en déduire par la longueur du titre, qu’elle n’était pas n’importe qui. Son regard fixa la jeune femme et il s’attendit presque à la voir se retourner avec un symbole sur la joue. Mais il n’en fut rien. Un léger soupir passa ses lèvres et il ouvrit la bouche pour dire d’un ton glacial quand l’homme le fixa :

« Z »

Voilà, c’était son nom, ce souvenir un peu lointain d’un autre lui-même écumant de rage et de colère. Vendant à ceux qui le pouvaient des illusions perdues, déversant du sang et des larmes, poussant parfois à la mort ceux qui revoyait les proches perdus. Il était Z aujourd’hui, il ne plaisanterait pas, il arracherait ces comparses de l’enfer avec ses ongles si il le fallait….Et il savait que l’enfer, il venait d’en toucher le fond.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 18 Oct - 16:24

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    Lucia baissa les yeux sur la fleur qu'avait furieusement jeté Venecia, se rendant compte qu'elle ne connaissait rien d'elle. Quelle part de souffrance venait-elle innocemment de raviver? Quelle plaie encore fraiche et purulente venait-elle de rouvrir? Empêtrée dans la culpabilité, la jeune fille ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieur en maudissant son insouciance: elle n'avait voulu que faire plaisir et avait fait souffrir celle qu'elle admirait tant. Elle sentit les larmes bruler le bord de ses yeux mais fit avorter la manœuvre avant qu'elle ne naisse, enfant sage et volontaire. Car malgré son âge et son sérieux, Lucia ressemblait encore à une enfant qui ne désire que l'harmonie et le bonheur de ses pairs et qui s'en voulait facilement lorsqu'elle commettait des erreurs. Elle qui avait vécu, grandi ici... elle aimait tant ces fleurs putassières et indécentes, comme les deux paons que lui avait offert son maître à son onzième anniversaire et qu'elle avait appelé Sinistro et Pacifico. Son maître était un homme terrible qui ne se nourrissait que de bonbons et de cognac. Un homme étrange avec des envies étranges; un homme qui dans sa chambre jouait avec des soldats de plombs, avec ses pantins et ses marionnettes. Combien de fois avait-elle accepté de jouer avec lui, coiffant les cheveux de ses poupées, montant ses châteaux de cartes, construisant avec lui ses maquettes de galions Aeriens? Elle le haïssait, lui le pédophile, l'assassin de Cinque, la seul figure paternelle qu'elle eut durant son enfance. Et, confusément, elle se sentait attaché à lui. Il l'avait couvert de cadeaux et ne l'avait jamais touchée ou malmenée. Il lui avait offert un toit, une famille, des responsabilités, une place quelque part et des enfants à élever. Elle avait rencontré Cinque et Nove, elle avait reçu un nom... Quattro. La Quatrième. Ni la première, ni la dernière. Elle détestait ce nom mais il avait une résonance particulière.... c'était ainsi que l’appelait Cinque.

    Parfois, son amie l’appelait Bebe, du diminutif de son véritable prénom et nom de famille qui ne voulaient rien dire pour elle. Tous les enfants du dortoir avait fini par appeler cette grande sœur Bebe, quand ils ne l’appelaient pas Mamá; elle avait du grandir bien trop vite. Il y avait en ces lieux des moments de souffrance lorsqu'elle pensait aux autres. Mais son expérience personnelle n'était remplie que de bonnes choses; elle s'en voulait pour ça. Sa vie avait eut un côté privilégié qu'on ne pouvait soupçonner, même si elle aurait toujours cette souffrance en elle... la souffrance de ne plus pouvoir grandir normalement. La brune émergea de ses réflexions torpides en relevant les yeux vers ses compagnons, troublée plus que de raison par les souvenirs qui l'assaillaient de toutes parts. La chasteté n'était pas un idéal, aurait-elle eut envie de dire à Venecia. Ce n'était même pas un choix: c’était une évidence et une contrainte. Le sexe était une chose sale et effrayante et elle n'avait pas la capacité de le performer, en plus. Elle était un corps adulescent stérile et inerte, sans pulsions, sans désirs. Le sexe n'était pas pour cette jolie petite poupée là qui n'offrirait sa fleur aseptique et sans odeur à personne.

    Ses yeux demandaient pardon, cherchant le regard de Venecia que cette dernière se refusa à lui offrir. La main de Zachary dans ses cheveux lui fit relever la tête, le fixant avec un vague sourire naissant qui montrait toute la force de cette fille minuscule. L'Aerienne devait rester un peu seule, puisqu'elle était secouée et Lucia le comprit très bien, les introduisant dans ce manoir exubérant auprès de son ancien maître. Ce dernier soutint sans faillir le regard de Zachary posé sur lui, blanc de rage, sans esquisser un mouvement. Ni par son corps, ni par sa face: Sandoval était un homme apathique et calme qui ne se vexait jamais de rien et qui buvait la haine que les autres avaient pour lui jusqu'à la lie comme le meilleur des nectars. Elle-même s'écarta de la conversation par habitude mais ne fut guère surprise de l'emphase et du titre de Venecia; elle avait remarqué chez la femme des maniérismes connus, une délicatesse de parole, de gestes. Son visage était très pâle et il lui sembla la voir frémir un long moment, sans que son discours ne perdre ni grâce, ni éclat.

    Lucia l'admira un instant, naïvement: Venecia était ce qu'elle aurait voulu être et elle s'enthousiasma pour sa beauté et son phrasé digne de la haute naissance qu'elle avait. Venecia était belle, grande digne, féminine. Elle avait une beauté souffrante certes, née surement dans le tumulte des évènements qui l'avait séparé de son mari et de sa famille. La plus jeune ignorait ce qui s'était passé mais elle était perspicace: il devait en coûter à son amie de revenir ici, et elle avait du fuir sa famille et son mari.

    "Nous connaissons les Très Illustres Garcez", fit simplement Sandoval avec un sourire. Il tourna la tête vers Lucia et reprit, "et vos Frater Nobilis et vous-même sommes les bienvenus dans ma demeure. Où les secrets entrent mais ne ressortent pas."

    Par ce fait, l'homme affirmait que personne ne saurait que Venecia était encore en vie. S'il avait des travers criminels, Sandoval était un homme paisible et intelligent: il n'était pas là pour chercher querelle à ceux qui demandaient son aide et avait une sorte d’honnêteté dans ses échanges qui faisait qu'on revenait le voir pour affaire: pas vu, pas pris. Le silence est la meilleure des monnaies; la monnaie de singes, c'était mauvais pour les affaires et il le savait. Lucia tourna la tête vers son amie et lui dit d'une toute petite voix:

    "Sur ce sujet, tu peux être assurée..."


    Sur d'autres, Lucia avait plus de doute et tandis que Zachary et Sandoval se toisèrent en silence, elle releva les yeux sur ces filles derrière son ancien maître. Uno, De, Tre qu'elle avait éduqué comme une vraie maman et qui aujourd'hui avaient entre douze et treize ans: toutes étaient plus grandes qu'elle... il y avait une nouvelle Cinque, une fille au regard bravache qui marchait de long en large, de nature nerveuse. Une autre Quattro, en miroir à son propre front; une fille fragile au regard était, les cheveux dans le visage. Les autres filles lui étaient inconnus et elle remarqua que quelqu'un manquait... son regard fut capté par l'homme et il la devança:

    "Nove est partie."

    Lucia devint blanche comme un linge; cela voulait tout dire et rien dire à la fois.

    "Elle est à Lindorm."

    Elle soupira et comprit immédiatement ce qu'il voulait dire par là: Nove avait fuit le manoir et étant à Lindorm, elle était à présent intouchable. Elle qui était si pure et maladroite pouvait à présent commencer un e nouvelle vie. Nove, Adora, sa compagne de vocalises et de duets. Lucia écrasa un soupir soulagé tandis que Zachary posa sa large main sur son épaule pour lui donner courage et soutien. Ils étaient là; c'était si rassurant... Zachary était grand et massif et à son ombre, Lucia se sentait souvent mieux. Il était là pour la protéger, bien que...

    "Ne vous en faites pas, Bebe est une esclave affranchie, je ne vais pas vous la prendre", Sandoval, puis voyant qu’elle s'empourpra qu'il utilise son surnom si intimes donné par son amie défunte, il se reprit, "comment dois-je t'apeller maintenant, petite souris, si ce n'est Bebe ou Quattro?"

    Lucia regarda ailleurs, finissant par lui dire.

    "Lucia."

    "Lucia?", il se mit à réfléchir, "comme Lucia Estacado, ton amie?"

    "MAÎTRE!", s'emporta involontairement Lucia pour le faire taire et l'homme sourit, amusé de tourmenter la jeune fille avec son attachement au nom d'une défunte; un nom qui n'était pas le sien.

    Elle s'en voulu de l'avoir appelé ainsi par la force de l'habitude, le visage rouge et en sueur, le regard absolument trouble et les oings serrés. Comment osait-il lui parler ainsi de Cinque? Comment osait-il lui rappeler les évidences, lui qui l'avait abattue comme on abat un chien qui à la rage, d'une balle en pleine poitrine? Il s'excusa d'un air peiné et reprit la conversation sur une note plus sérieuse.

    "Le prix pour l'équipement est le même que fixé dans nos échanges. Je n'en demanderai pas plus. Par contre pour le reste...."
    , il réfléchit, se levant de sa chaise pour faire le tour de son bureau, contournant quelques jeunes filles qui avaient tiré sa chaise pour l'aider à se lever. Sandoval se mit devant l'équipée et reprit, "mon arrière-grand père était explorateur, peut-être le savez-vous. Cette carte menant au Vallon d'Ombrelune est si inestimable qu'elle ne vaut même pas un prix en orbe.... mais j'accepte de vous la céder à une condition", il tourna son regard vers Lucia, "vous êtes mes invités pour le diner de ce soir. Acceptez mon hospitalité avec entousiasme. Je veux que Bebe porte une de ses anciennes robes. Tu chanteras ma chanson préférée à table. C'est tout ce que je demande. Je veux te voir avec une jolie robe et pas ces horreurs que tu as sur le dos et que tes amis comprennent pourquoi tu étais mon petit rossignol."

    Restant bouche sèche face à la proposition, Lucia n'osa rien dire, réellement surprise de la demande. En apparence, cela ne semblait pas vraiment dur. Porter une robe, diner comme si de rien n'était, chanter "Il dolce suono"... la petite brune leva son regard vers ses compagnons de route et amis, se mâchonnant la lèvre inférieure avec nervosité. Par l’Unique, qu'elle avait hâte d'en finir.

    "La blanche à volants, celle en dentelles de la Sierra avec les nœuds papillons et le col marin"
    , fit Lucia en soupirant sur un ton résolu.

    Avoir cette carte était vital pour eux; Apep lui avait dit qu'il y avait une étonnante fleur cachée au plus profond du Vallon d'Ombrelune. Une fleur qui savait parler au dragon... et s'ils voulaient se prémunir contre les Ailes Écarlates, l'idée était toute trouvée; alors donner un peu de sa personne n'était pas cher donné pour ce qu'il pourrait obtenir. Sa fierté ne valait pas très cher, mais son attitude montrait qu'elle se soumettait entièrement à la volonté de son ancien maître si c'était pour obtenir cette carte. Elle était résolue: son regard ne tremblait plus. Sandoval eut un vague sourire, comme attendri par la force de caractère de la jeune fille et par son choix qui semblait anodin aux yeux des autres, mais qui lui en coûtait beaucoup. Mais peu importait ce qu'elle pensait: il leur fallait cette carte.

    "Le souper sera servi dans une heure, ne soyez pas en retard!", chantonna le vieil homme en quittant la pièce pour regagner sa chambre, seul. Il avait l'air ravit comme un enfant qui retrouvait un jouet dans son coffre.

    Lucia demeura silencieuse à mesure que la pièce se vida de ses anciennes consœurs, poussant un long soupir et prenant un air désolé en fixant Zachary et Venecia. Mais plutôt que de leur offrir des paroles creuses, elle se ragaillardit et prit la direction de la porte avec résolution, le regard sérieux.

    "Je le ferai. Je le ferai pour nous. C'est trois fois rien."

    Sa voix tremblait, mais elle ne faillirait pas, disparaissant dans le couloir pour rejoindre Tre, qui lui fit la fête, petite sœur et grande sœur retrouvées. La Wyrm retint ses larmes avec maturité en quittant ses compagnons pour suivre la fillette jusqu'à une antichambre où elle prit le temps de se changer et de s'apprêter le mieux du monde pendant que d'autres domestiques proposèrent à Venecia et Zachary des chambres séparés ou une commune, à leur goût. On leur fourni des toilettes appropriés dans un large choix, du maquillage pour la jeune femme, tout ce qu'il pourrait demander avec pour seule recommandation de se mettre en valeur pour faire plaisir au maître de maison, tandis que quelques hommes forts allèrent réunir le matériel demandé par les Wyrms dans l'entrée, prêt pour leur départ. Pendant ce temps, Lucia avait disparu, laissant ses amis à leurs tergiversations.

    On dressa la table de rutilants couverts d'argent, de mets délicats et de viandes en sauces. Le festin d'appareil se para d'un paon entier - copieux, original et spectaculaire - plat distingué en Aeria destiné à la noblesse, servi rôti avec ses plumes et sa peau. Ce dernier fut posé sur la table par l'esclave la plus estimée de Sandoval, qui jugeait cela comme un privilège. Autour du rôt splendide, une farandole de potages colorés, de poissons de mer ou d'eau douce. Fromenté, clairet, blanc-manger, taillis de fruits secs, galettes de pois chiches, inspirées des Cicera fracta du Liber de coquina à la sauce verde, sauce cameline et aillée. De l’hypocras dans tous les verres et des odeurs de gingembre, de macis et de sauge râpées. Et pour la desserte, une pâte de pommes aux épices, de la croquine, des calissons colorés au melon confit, des Pierres Bleues de la Sierra - des palets croustillants enrobés de chocolat teint en bleu - et des Malices du Dragon de Bianca, petits tamarins confits. De la nourriture à en nourrir les Isolationnistes pendant trois semaines. De la nourriture à perte de vue, à en vomir. Encore et encore.

    Lucia était nerveuse. Elle avait arrangé ses cheveux sommairement et avait enfilé la robe blanche qu'elle avait demandé à son maître. Ainsi vêtue de dentelles blanches et de nœuds, elle ressemblait réellement à une poupée de porcelaine aux grands yeux d'eau verte, portant un gant blanc pour cacher sa main prothétique. Des collants blancs et des souliers vernis de la même valeur complétaient le tableau tandis qu'elle apparut à ses amis déjà attablé, le visage rouge de gêne, le regard baissé et les mains jointes devant elle. Elle n'osa rien dire à Venecia ou Zachary, même pas les regarder et lorsque le maître des lieux reparut, elle esquiva son regard tandis qu'il rit, un peu cruellement.

    "N'est-elle pas merveilleuse?", il regarda Venecia et Zachary, prenant son verre de vin pour le lever vers eux, "c'est une créature unique, vous verrez."

    Oh, Unique. Elle se sentait mourir sur place tandis que restant calme et polie possible, elle se claquemura dans un mutisme né de la honte la plus absolue.


Dernière édition par Lucia Estacado le Mer 22 Oct - 15:13, édité 1 fois
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeMer 22 Oct - 13:33



Il était tellement étrange de se tenir là, si droite, sous son nom véritable. Il était étrange de se retrouver si proche de son passé et de s'en sentir si étrangère. Les Wyrms étaient sa famille, sa raison de se battre. Et pourtant, à cet instant, c'était une noble qui se tenait droite, trop fière, trop implacable, elle dont le cœur de tourterelle avait autrefois saigné en même temps que son hymen, sa fleur fanée et jetée en pâture aux intrigues familiales. Elle était la dernière fille. Celle que l'on mari pour s'assurer plus de fortune. Elle était la dernière des filles, mais la seule à avoir appris à voler pour quitter cette cage dorée. Elle n'avait manqué de rien, sinon d'amour, un amour trouvé dans les bras de son esclave de l'époque, mais qui était partie il y avait bien longtemps.
Alors, lorsqu'il mentionna, cet ignoble bonhomme au sourire trop sucré, qu'il ne dirait rien, elle en fut un instant désarçonnée mais elle comprit aussitôt l'intention sous le verbe aimable : il ne dirait rien tant que ses volontés seraient faites.

Et alors qu'il précisait ne pas vouloir reprendre Lucia, en prime de son silence, elle sentit l'anguille sous la roche avec ceux qui ne connaissent que trop bien le poison des intrigues de cours. Mais elle s'inclina avec une grâce qui ne collait pas avec ses vêtements de voyages, pratiques et salis par la route : "Nous sommes honorés de votre bonté à notre égard." Son éducation était parfaite. La plus parfaite que l'on attendait d'une illustre famille. Elle haïssait ces manières là. Elle haïssait ce monde là. Mais son visage lisse d'expression était celui du marbre blanc qui composait les opulente villas. Quant à ces enfants, ces filles aux expressions variées, elle ne les regardait pas, car son cœur était brisé de leur simple présence. Douces enfants. Elle ne savait que trop quel destin était le leur, parce qu'il avait été celui de Dyonée. Douce fleur prisonnière. Mais elle faisait comme si elles n'existaient pas : c'était là la seule chose à faire.

Savoir que Lucia n'était pas le vrai prénom de leur compagne n'était guère surprenant : tellement de gens fuyaient chez les Wyrms leur passé ou leur identité. Alors, tendrement, elle lui posa aussitôt une main douce sur l'épaule, à l'instar de Z, dont elle percevait la tension sourde et son combat intérieur. Il luttait toujours contre sa haine et ses démons, aussi lui serra-t-elle de nouveau la main dans la sienne pour détourner son attention. Drôle de trio à cet instant : ils avaient étrangement l'air d'une véritable famille.
"Ma Frater Nobilis est Lucia pour nous et son passé nous importe peu. Tâchez de ne point l'oublier." Fit-elle, grande dame aux yeux clairs amplis d'une autorité immense sous ses airs de grande gourde maladroite qu'elle prenait si habituellement.
"Quant à votre proposition pour la carte, elle me semble honnête, si votre verbe ne cache d'autres intentions à l'encontre de notre compagne. Cependant, c'est Lucia de décider de votre prix." Intérieurement, elle savait, ho elle savait, que le prix ne serait jamais que celui-ci. Mais elle trompait Z, et endormait sa haine. Ils ne pouvaient se permettre de laisser filer une telle chance de mettre la main sur la carte qu'ils cherchaient. Et elle, la magicienne, la saltimbanque, avait plus d'un tour de dissimulation dans son sac. Mais ce n'était pas l'heure d'en faire étalage. Lorsqu'ils sauraient où était la carte; alors seulement...

Et Lucia accepta, comme elle s'en doutait. Elle acceptait l'humiliation avec la docilité de celle qui n'a jamais connu que la servitude avant de se libérer de ses chaînes, bien qu'elles l'entravaient encore, dans les profondeurs de son âme.
Alors, suivant les fillettes, ces pauvres filles si jolies, comme une rangée de poupée dans cette maison trop propre pour être honnête, elle s'inclina une dernière fois devant le maître des lieux et sa voix sonna comme un glas : "Qu'il en soit ainsi."
Le couperet était tombé.

Ils suivirent les fillettes dans le dédale des couloirs, et Venecia interrogea une seconde Z du regard avant de préférer une chambre commune. Ce serait moins risqué, d'un simple point de vue pragmatique et elle se sentait un peu lasse, et la compagnie du Wyrm serait la bienvenue. Une fois la porte refermée sur eux, abandonnant à contre-cœur Lucia à ses affaires et à sa robe, elle se tourna vers son camarade.
"Surtout, quoi qu'il arrive, reste calme. Nous devons mettre la main sur cette carte à tout prix. Mais s'il essaye quoi que ce soit avec Lucia, nous trouverons un autre moyen." Elle soupira, fatiguée de se retrouver dans cet endroit luxueux qui lui rappelait que trop sa condition. "Je sais que c'est terrible et que cet endroit contient de quoi tous nous nourrir pendant des années, mais ne faisons rien que nous puissions regretter, d'accord ?"
Elle regarda autours d'elle, la chambre était d'un confort parfait, qui seyait à une femme de haute noblesse. Cela la déprima un peu plus. Pourtant, au fond d'elle, lorsque l'une des petites poupées du maître des lieux vint la chercher pour qu'elle se prépare, elle se sentit confusément l'estomac un peu noué de pouvoir de nouveau porter les si jolies toilettes d'Aeria.

Les yeux clos dans l'immense pièce de marbre blanc et rosé, elle nageait dans ce qui ressemblait plus à un petit bassin qu'à une baignoire, au milieu d'une mousse si parfumée qu'elle en devenait capiteuse, ses cheveux rosés flottant derrière elle en douces ondulations. Qu'il était étrange d'être ici... Son regard se porta sur la robe qu'on lui avait prêté à sa demande. La mode d'Aeria avait changé depuis toutes ses années et elle était à présent aux voilages et aux couleurs douces, avec des rubans et des perles. L'étoffe fluide comme de l'eau, ouverte sur ses longues jambes fines pinçait sa taille et elle se sentit étrange en tournant légèrement sur elle-même devant le miroir. Le vert d'eau faisait ressortir sa peau d'une pâleur de nacre et ses cheveux clairs, relevés en une coiffures travaillée. Sous la robe, une fine nuisette transparente d'un blanc pur et une culotte de dentelle de de rubans de satins. Elle étouffa un sanglot : elle se préférait étrangement avec ses vieilles frusques pratiques.

On la conduisit de nouveau dans les couloirs, jusqu'à la chambre qu'elle partageait avec Z et se sentit rougir sous son regard, gênée d'être vue ainsi, l'échancrure dévoilant des seins ronds et généreux, une taille fine et de longues jambes délicates mais finement musclées par leurs errances et la monte. "Bon, ne moisissons pas ici." Dit-elle en évitant son regard, s'avançant avec lui jusqu'à la salle à manger, dont l'opulence des mets ne l'étonna guère, trop habituée au faste de sa vie d'autrefois. Le paon la toucha étrangement : il voulait décidément leur être agréable, c'était là une table digne d'illustres invités. Elle se garda de préciser à Z les coutumes du pays, où il était souvent question d'aller se faire vomir en milieu de repas afin d'être capable de manger jusqu'aux desserts. Il n'aurait pas compris.
La table débordait de victuailles et l'odeur des viandes rôties mêlées à celles des sucreries lui donnait la nausée. Cependant, en bonne invitée, elle s'inclina profondément, troublée de voir Lucia si jolie, dans sa robe blanche et noire. Elle était assurément un Oiseau de Paradis et elle préféra détourner les yeux de trop de mignonnerie. Aeria devait avoir quelque chose dans l'eau qui poussait vers le vice et elle salua poliment en allant s'attabler.
"Unique assurément." Dit-elle doucement en s'installant, ses joues rosies par leur accoutrement mutuel. "Mais vous êtes un hôte de choix. Nous ne méritions assurément pas le paon." Dit-elle, en un sobre compliment, ainsi qu'il seyait.

Assise, avec des manières gracieuses qu'on ne lui connaissait pas, ainsi était-elle. Et au fond d'elle, la hâte d'en finir était bien là. Mais le repas ne faisait que commencer.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 25 Oct - 17:52



Tout semblait brillant, recouvert d’une couche de dorure, de marbre, de joyaux. Tout semblait scintiller devant son regard et Zachary ne pouvait que sentir cette colère pulser dans ses poings. Rien que les moulures du plafond devait pouvoir leurs fournir de quoi construire trois ou quatre navires. Mais il ne dit rien, il ne disait jamais rien de toute façon. Il n’était pas là pour ça. Il laissait Venecia et Lucia s’occuper du reste. Il n’était, à vrai dire, même pas vraiment là pour les protéger, il les savait aussi féroce l’une que l’autre. Pourquoi était-il là à fixer ces dizaines de petites poupées de verres, à suivre sans un mot ces compatriotes ? Pour dissuader qu’on essai de les duper ? Il savait Venecia assez clairvoyante pour ne pas tomber dans le premier piège. Pour les protéger ? Non pas vraiment, leurs dons étaient amplement suffisant. Pour les rassurer ? Peut être qu’être juste à leurs côtés suffisait à leur donner de la force ? Il savait que la présence des deux jeunes femmes le calmait, l’apaisait, il savait qu’il pouvait compter sur elles, et rien que pour ça il aurait voulut les prendre dans ses bras et les serrer fort…Juste pour les remercier de lui offrir chaque jour une chance de repartir à zéro.

Le regard dur, il indiqua d’un geste à Venezia qu’il viendrait avec elle dans la chambre. Pour éviter de se séparer, pour au moins qu’il soit proche de l’une des deux.
Quand la porte se referma derrière lui, il poussa un long soupir lasse et se pinça l’arrête du nez. Son corps tremblait légèrement de colère contenue et il n’osa pas regarder le décor de la chambre. Il se contenta de fixer l’épais tapis crème à ses pieds.
Il n’aimait pas savoir Lucia loin d’eux, et ce même si elle connaissait bien les lieux, qu’elle avait déjà vécu dans cette jolie cage dorée. Il se sentait anxieux, ses pensées revenaient toujours vers la jeune fille, se demandant si il n’allait pas payer très cher de l’avoir quitté du regard pendant quelques instants.

Levant les yeux, il croisa ceux de Venezia et lâcha amer :

« Je regrette déjà d’avoir posé les pieds dans cet immonde palais… » Se mordant la lèvre, il serra les poings et rajouta pour montrer à son amie qu’il les avait quand même accompagné de bon cœur. « Ne t’inquiète pas, je resterais calme…Tant qu’il ne vous arrive rien. »

Esquissant un triste sourire, il s’approcha et posa sa main sur l’épaule de Venezia, déposant un baiser sur sa tempe avant de la regarder quitter la chambre, entraîné par une fillette. S’asseyant sur un épais fauteuil, il vit une petite fille d’une dizaine d’année s’avancer vers lui et lui tendre la main en souriant. Lui faisant un sourire il prit sa main avec douceur et se laissa enmporter.

L’eau chaude lui fit du bien, il sentit des jours entiers de crasse se dissoudre dans l’eau parfumée. Il resta dans un coin de l’immense bassin, ayant un peu peur d’aller trop loin et de ne plus avoir pied. Oui, il ne savait pas vraiment nager. Alors il resta accroché au bord, son visage se posa dans ses bras et il poussa un long soupir. Il sentait son esprit s’engourdir et le visage de Ionna glissa derrières ses paupières closes. Un léger sourire étira ses lèvres et il mit la tête sous l’eau pour laver ses cheveux et en enlever toute la poussière.
S’enroulant dans une épaisse serviette, il se sécha rapidement écœuré par les mélanges de parfums dans l’air ambiant. Il était sûr qu’il allait sentir la rose pendant de longs jours et ces effluves lui rappelleraient au combien des hommes pouvaient être bien cruel. Trouvant de quoi se raser, il étale de la mousse sur ses joues et sa mâchoire et retira sa barbe de quelques jours qui lui mangeait la chair.

Reniflant, il fixa la tenue qu’on avait mit à sa disposition et il grimaça. Tout semblait étriqué, une superposition de vêtements qui allait l’engoncer. Il n’aimait pas ça, il voulait retrouver son pantalon et sa tunique large pour être libre de ses mouvements.
Pestant, il enfila le pantalon noir, ainsi que la chemise blanche et le gilet sans manche qu’on lui avait donné. Pour le reste, il le prit sous le bras et retourna dans la chambre, un mal de crâne tapant déjà contre son front.

Là-bas, il enfila la haute paire de botte en cuir qui lui monta sous le genou, puis il fixa d’un air circonspect l’espèce de linge en dentelle blanche, se demandant où il pouvait bien mettre ça. La petite fille qui l’accompagnait pouffa de rire et d’un geste elle lui indiqua de se baisser. Zachary prit appuie sur ses talons et resta en équilibre alors que la fillette nouait le tissus autour de son cou. La remerciant d’un sourire, il se redressa et enfila la veste noire et brodée d'or. Refermant deux-trois boutons mais pas plus pour être libre de ses mouvements, il eu la terrible impression d’être déguisé. Il chercha sa hache à son côté mais ne trouva que du vide.
La porte s’ouvrit et Venezia apparue, le sourire de Zachary décrut petit à petit et il la fixa un moment avant de détourner le visage en rougissant légèrement. Il voulut lui dire qu’elle était belle, mais aucun mot ne sortie de sa gorge. Il fit en sorte que son regard ne s’attarde pas sur la poitrine, ni sur les fines jambes de son amie et il marcha à ses côtés.
Il aurait voulut lui prendre la main, mais il s’abstint. Non vraiment, il n’était pas à l’aise.

Alors que la colère s’était légèrement dissipée, il ne pu retenir un hoquet de rage quand il vit toutes cette nourriture posée sur l’immense table. Tout semblait si délicieux, et pourtant, Zach ne pu s’empêcher de se dire que jamais ils ne pourraient manger tout ça.
Silencieux, il fixa Lucia qui portait une magnifique robe blanche et il retint un sourire. Il n’était pas ici pour être aimable, ni pour montrer combien il était attaché à la jeune fille.
Hermétique à tous ces compliments, il s’assit à table de mauvaise grâce et fixa le nombre improbable de couvert à côtés de son assiette. Il devait y en avoir au moins une bonne dizaine et tous avait une formes différentes.
Droit, il fixa Lucia, puis Venezia et l’odeur de nourriture lui donna envie de vomir. A vrai dire, il n’avait même faim. Il voulait quitter ce palais, prendre ses jambes à son cou et s’enfuir. Il préférait dormir sous le ciel étoilé la faim au ventre qu’être ici. Les mains sur la table, il attendit….Il ne savait pas si il serait capable d’avaler quoi que se soit.
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    La nourriture posée sur la longue table, en couvrant toute la surface, ne lui faisait absolument pas envie. A vrai dire Lucia pensait à tous ses compatriotes Wyrms dans le besoin et l'appétit mais aussi à ses jours sans pain et sans eau quand Sandoval l’eut mise à la porte, pensant qu'elle cherchait à s'échapper. Elle savait aussi que son ancien maître l'avait mise à la porte sur un coup de sang et qu'elle avait quelque chose qu'il ne trouverait plus, sans fausse modestie; ce quelque chose auquel il avait contribué. L'odeur des viandes rôties se mêlaient au parfum douceâtre des confiseries et la jeune fille cru tourner de l’œil mais fort heureusement ses deux amis arrivèrent à temps. Les regardant un long moment depuis sa place, les mains crispées sur les genoux, Lucia ne sut trop quoi dire. Ils étaient élégants, loin des frusques sales et poussiéreux que le désert les forçaient à porter. Les boutons d'or fin rehaussaient l'air sombre de Zachary, le bleu aquatique les yeux et la silhouette longiligne de Venecia. Ils étaient tous les deux très beaux, avec leurs charmes à eux auxquels Lucia ne paru soudain pas insensible, rougissant plus que de raison et détournant la tête lorsque Venecia en fit de même, troublée toutes deux par leurs accoutrements. Peut-être chacun était-il plus déguisé qu'habillé, mais cette soirée n'était qu'une mascarade et tous le savait. Mais Lucia savait combien son ancien maître allait se montrer cruel avec elle; la brune tenterait d'accuser sans broncher, comme elle le faisait toujours car de cela dépendait le succès de leur opération ici.

    Lucia eut l'impression de ressentir soudain une pression incroyable et ses viscères se nouèrent tant qu'elle se sentit complètement incapable d'avaler même de l'eau. On leur servit du vin, auquel elle ne toucha pas puisqu'elle se refusait à boire de l'alcool, se sentant beaucoup trop jeune. Et pourtant, elle avait dix-huit ans; cet endroit l'infantilisait involontairement. C'était atroce. Sandoval en bout de table était calme et souriant, comme à son habitude et il les accueillit le mieux du monde tels des invités de la plus grande marque. Il sourit comme un Diable à Venecia lorsque cette dernière reprit l'adjectif "unique" et Lucia devint très pâle en cet instant, ses mains tremblant contre ses genoux qui semblaient danser la gigue sous la table.

    "Vous méritez tout le bien du monde ce soir"
    , dit simplement Sandoval sans arrêter de sourire, le rictus chantant dans sa voix grave et fatiguée.

    Son regard croisa celui de Zachary qui fixait le nombre de couverts. Lucia esquiva le regard de son ami aux cheveux blancs, trop gênée pour dire ou faire quoi que ce soit. La situation était horrible et il régna un long moment un silence terrifiant pendant que le vieil homme dépliait sa serviette pour la poser sur ses cuisses, buvant son verre de vin. Lorsque ce dernier tourna la tête vers elle, la jeune fille se leva par réflexe, poussant sa chaise en arrière; elle perdait difficilement les réflexes de son ancienne vie, née et ayant grandi esclave de cette maison: elle connaissait Sandoval sur le bout des doigts et le rouge au front elle avait anticipé sa demande.

    "Il y a deux ans c'était l'opéra Oktavia von Seckendorff d'Henrich Von Himmel que vous adoriez..."
    , elle déglutit, "je... je ne serai pas capable de chanter ça..."

    Sandoval eut un large sourire et chassa d'un geste une mouche imaginaire pour lui dire que ce n'était qu'un détail.

    "C'est pour les contralto tragiques Oktavia von Seckendorff, ma petite souris. Toi tu es mezzo-soprano coloratura alors Il dolce suono des Noces d'Orfeo della Laguna me semble parfait. Tout à fait dans tes cordes."

    Elle ne connaissait rien en technique, même si elle connaissait assez bien l'opéra comme son ancien maître l'avait toujours voulu. Honteuse de se sentir ainsi éventée, Lucia se tut, restant debout. Les Noces d'Orfeo della Laguna était un morceau difficile et technique, hautement lyrique, clair et agile. Elle savait bien pourquoi Sandoval lui demandait d’interpréter cette partie mais ne dit rien, se résignant à baissant la tête. Elle ne pourrait pas mentir éternellement à ses compagnons, ses nouveaux amis. Et puisqu'il fallait en passer par là, autant aller de front dans le problème et récupérer cette maudite carte. Alors la jeune fille fit quelques pas en arrière et prit une grande inspiration, le regard terriblement résolu et triste à la fois. Le maître des lieux l'avait à dessein placé en face de ses deux amis comme on place le soliste devant son public et respirant difficilement, elle du calmer son souffle et fermer les yeux un long moment pour ne pas défaillir. Les Noces d'Orfeo della Laguna racontaient l’histoire d'un jeune homme qui épousait la mer, soit qui se suicidait en se noyant de désespoir. C'était beau et triste à la fois, extrêmement demandeur en amplitude respiratoire: il était impossible de l'exécuter correctement sans être un chanteur technicien. Lucia n'avait jamais réellement donné toute son amplitude vocale devant ses comparses Wyrm et elle savait bien pourquoi. Elle leur avait invoqué le fait que son Don utilisait sa voix et qu'elle ne le maitrisait pas mais c'était un mensonge.

    Sa voix s'éleva doucement tandis que Lucia posa ses mains sur son torse pour chercher la note juste, maintenant l'air un long moment en jouant avec les harmoniques en une brillance et une clarté de chanteuse lyrique. Vocalises légères et profondes à la fois, comme l'Oiseau de Paradis qu'elle était, se confondirent dans une douce plainte à l'océan. Fermant les yeux, Lucia se perdit dans le son de sa propre voix pour essayer d'échapper au moment présent comme si elle-même adressait une prière à la lagune pour qu'elle l'emporte loin d'ici... et pourtant... bien sourd aurait été celui qui n'aurait pas reconnu en cette place une voix d'or comme on en entendait peu; maintenant que Lucia poussait sa voix dans ses richesses les plus lyriques, il était clair qu'elle était doté d'un ambitus remarquable: elle reprenait très peu son souffle et était capable de monter au plus haut de la voix humaine tout e n ayant une incroyable amplitude respiratoire. Telle était l'étrangeté: elle avait la capacité respiratoire d'un adulte et... la voix d'un enfant. Car quand le chant se colora d'un timbre plus tragique, le doute ne fut plus permis pour ceux qui avaient l'oreille musicale. Lucia n'était pas mezzo-soprano. Sa voix était certes de tête, haute et aigüe.... mais c'était un chant falsetto. Une voix de fausset. Bien que son ambitus, relativement court, se rapprochait de celui du contralto féminin, c'était une voix... de garçon.

    En entendant la puissance maintenue de certaines notes particulièrement aigües, on aurait presque eut peur pour le cristal du vaisselier Aerien. Sandoval profitait de cette voix qu'il avait façonné mais n'avait plus le luxe de posséder sans l'interrompre, en véritable esthète mais cruel qu'il était il tenta de voir si Venecia se rendait compte du secret de sa petite compagne et tandis que Lucia tenait les dernières notes sans s’essouffler, l'homme eut un sourire mauvais avant d'applaudir quand elle eut terminer, laissant les dernières vocalises mourir dans la superbe tragiques d'Orfeo qui se donnait enfin à la mer... il se leva finalement, saisissant délicatement la main de Lucia pour l’exhiber à Zachary et Venecia comme un objet rare, l'autre main sur sa frêle épaule tandis qu'elle reprenait son souffle mais refusait d'affronter le regard de ses amis, détournant la tête. Sandoval la saisit par la mâchoire en la forçant à les regarder avant de prendre la parole.

    "Je vous présente..."

    Lucia s’était doucement mise à pleurer, les yeux fermés dégorgeant de pleurs qu'elle ne parvenait pas à maitriser.

    "Je vous en pries... non... pitié, maître...", supplia la jeune fille désemparée.

    "... Bartolomeo Bartoli, le dernier castrat Aerien."

    Sandoval se tut, laissant celle qui n'était pas ce qu'elle semblait être remplir le silence de ses pleurs d'humiliation. Ils savaient la vérité, à présent... ils la jugeraient, la verraient autrement dès cet instant maudit. Il savaient qu'elle était un garçon et pas une fille et qu'on lui avait fait subir la castration pour conserver une voix enfantine. Elle était le dernier castrat qui avait encore été toléré en Aeria, avant qu'une loi prohibe l'opération. Elle avait le corps d'un homme mais le cœur d'une femme et pourtant...

    ... en cet instant, maintenue entre les griffes du monstre, elle n'avait jamais eu plus envie de mourir qu'à présent. Fallait-il subir tant humiliation pour cette carte? La réponse était oui.
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Venecia A. Garcez
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 25 Oct - 22:48



Elle ne mangeait qu'à peine : comme si des années d'une éducation aux faux-semblants ressortait à présent. On l'avait habituée à sourire, à bien parler et à manger même du bout des lèvres pour ne pas froisser l'hôte.
On lui avait appris aussi, la musique, la danse et le chant. Maîtriser tout cela était nécessaire pour une fille à marier. Elle savait jouer du clavecin et de la harpe, ainsi que chanter, d'une voix agréable. Elle avait également appris quelques rudiments d'instruments plus exotique avec la troupe des bohémiens. Elle savait broder, coudre, mais aussi quand parler et se taire. Ce dernier point était le plus important de tous.

Alors, pour ne pas penser, elle avait regardé un instant Zachary, avec ce flottement gêné de deux personnes qui se découvrent pour la première fois dans un monde qui n'aurait jamais pu les réunir. Elle savait très peu de choses de Zachary, en vérité, et elle ne lui demanderait rien. Mais ce qu'elle savait, seul un aveugle aurait pu le manquer, car ses manières étaient plus clairement celles d'un homme de basse extraction, et ses mains calleuses celles de quelqu'un qui a travaillé beaucoup et fort jeune. Alors le voir tout paré de précieuses étoffes lui donnait une prestance qu'elle n'imaginait pas. Il était beau, tout simplement et elle se troubla un peu, rougissante de gêne. Cependant, elle dû s'avouer préférer leur Z de tous les jours : il n'avait cet air guindé et retenu. Quant à Lucia, elle souffrait en réalité de la voir malmenée pour conserver les bonnes grâces de leur hôte. Et la reléguer en temps qu'oiseau chanteur lui donnait envie de présenter le maître des lieux comme le paon qu'on leur servait : tout rôti avec son plumage. Mais il fallait faire bonne figure, aussi le fit-elle, mangeant légèrement, mais retrouvant quelques douceurs familières, dont la saveur était celle de son enfance. En temps que femmes et en Aeria, elles étaient toutes deux bien plus à plaindre que beaucoup et leur vie avait été difficile, chacune à sa mesure. La servitude revêt de nombreuses formes et ce n'est pas parce que l'on commande aux esclaves que l'on est le maître.

La chanson demandée troubla légèrement Venecia, trop habituée aux opéras Aeriens pour ne pas noter la subtilité qui la fit un instant blêmir : Les Noces d'Orfeo della Laguna étaient toujours interprétées par des hommes. Non, elle se faisait des idées. Mais lorsque la voix s'éleva, elle dû, elle qui avait été éduquée à la musique de ne pas défaillir. Lucia, pauvre Lucia, qu'est-ce que le monde t'as fait ?
Cessant de manger, blanche comme un linge, fixant leur compagne, Venecia l'écoutait chanter et ses doutes s'envolaient l'un après l'autre. La rage au ventre. Rage au cœur. Elle ne remarqua pas tout de suite que le récital était fini, prise dans un maelström d'émotions qui la déchiraient. Elle avait serré son poing sur son couteau tranchant, ce couvert en argent, pointu à souhait, elle aurait voulu le ficher dans le cou de leur hôte, lui crever les yeux et trancher ces mains répugnantes qu'il déposait à présent sur Lucia. Pauvre oiseau, pauvre oiseau mutilé...

La haine, voilà ce qui la fit se tendre comme un ressort, reculant sa chaise si violemment qu'elle en chût. Elle ne remarqua pas qu'elle avait gardé le couteau en main."Il suffit !" s'écria-t-elle, les épaules tremblantes. "¡ Basta! ¡ No la toque! ¡ No es más su esclavo!*" La langue d'Aeria lui venait naturellement à cet instant, dans sa confusion.
La confirmation de la chose ne la rendait que plus atroce encore. Et la... le ?... voir pleurer lui brisait le cœur. Pauvre oiseau chanteur, doux garçon habillé comme une poupée.
La rage était comme un brasier qui la consumait toute entière. Elle avait franchit la table et se tenant de toute sa hauteur face à Sandoval, son bras s'enroulant autours de Lucia et l'arracha à l'étreinte de son ancien maître, sûrement douloureusement. Elle la garda contre elle, comme pour étouffer dans sa poitrine maternelle les pleurs de cette pauvre enfant.
"No juzgaremos a este niño !² Garçon ou fille, castrat ou homme fait, qu'importe ! Elle est Lucia si elle choisit de l'être alors gardez votre langue venimeuse et vos mains baladeuses. La carte ne vaut pas l'humiliation d'une sœur."

Et elle la serrait, avec une infinie douceur, le couteau dans sa main libre, un bras enroulé autours de la pauvresse. Jamais elle ne pourrait laisser faire cela sans réagir. Lucia était Lucia. Le reste leur importait peu : personne n'avait posé de questions pour elle, elle n'en poserait pas plus.
"Si vous n'y voyez pas d'inconvénients, nous allons nous retirer. Gardez votre stupide carte." Fit-elle, implacable, trop autoritaire alors qu'on la pensait douce. Après avoir jeté le couteau sur la table, le fichant d'un geste sûr dans la chair du paon dans un bruit mat de chair transpercé, comme un avertissement sinistre,traînant Z à leur suite, un peu empêtrée par Lucia qu'elle n'avait pas lâchée. Ô comme ses pleurs lui brisaient le cœur !

Elle traversa les couloirs en trombe, véritable furie en jupons et trouva finalement leur porte, la refermant derrière eux. Elle avait le souffle court et les joues rouges, semblant elle aussi sur le point de pleurer. Lâchant Z, elle serra plus fort Lucia contre elle. "¡ Este hombre monstruoso y estúpido!** Tout iras bien, maintenant, Mi guapa!*** Nous ne le laisserons pas te toucher encore." Elle la berçait, tendrement, avec tout son coeur. Pauvre oiseau, pauvre enfant. Et homme ou femme, cela n'était pas important pour elle : car Lucia était Lucia et elle aurait été une piètre amie, une piètre sœur si elle l'avait jugé sur son sexe.



*ça suffit ! Ne la touchez pas ! Elle n'est plus votre esclave !
²Nous ne jugerons pas cette enfant.
**Cet homme monstrueux et stupide !
***Ma belle !
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Zachary Sigvald
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeMar 28 Oct - 13:29

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Perdu devant l’immensité de cette table, Zachary se sentait mal à l’aise, il peinait à comprendre ce qu’il se passait, il sentait la bile lui monter dans la gorge alors qu’il glissait une cuillère de potage crémeux entre ses lèvres. Comment la nourriture pouvait avoir l’air si appétissante et si dégoutante en même temps. Reposant la cuillère, il se tint droit et se ficha éperdument d’avoir les coudes sur la table. Il détestait cet endroit, il haïssait ce costume grotesque qu’il portait, il détestait voir Lucia toute enrubanné et Venecia parée de milles soieries. Elles n’étaient plus celles qu’il connaissait, il les reconnaissait à peine.
Tremblant de colère, il se contenta de fixer un point dans le mur pour essayer de canaliser cette rage qui grimpait au fond de lui. Il devait respirer, penser à des choses tranquilles, à des choses qu’il aimait. Etrangement, ce fut la pensée de Ionnan qui lui traversa l’esprit. Mais cela ne le calma pas vraiment.
Puis, la douce voix de Lucia résonna dans l’air ambiant, il eu un petit sourire et pourtant son cœur se fendit de tristesse. Lui qui adorait l’écouter chanter, lui qui passait toutes ses matinées en cette si charmante compagnie, il avait l’impression de la voir briser en cette instant. Où était ce caractère fier qui le reprenait quand il n’articulait pas bien un mot, ou qui riait quand il se trompait sur la position des étoiles dans le ciel.
A cet instant, il aurait tout donné pour retourner dans le ciel à leurs côtés. Voler, voler...voler encore et encore, jusqu’à l’aube, jusqu’à tout oublier et tout effacer. Il n’y aurait eu qu’eux trois, et leurs dragons qu’ils chérissaient tant, ils auraient été une famille et ils n’auraient eu à se soucier de personne. Ils auraient oublié leur passé pour se construire un futur ensemble. Mais ils étaient piégés ici, dans ces déguisements de clowns qui appartenait à un passé révolu, ils étaient là à devoir sourire dans une piètre mascarade. Il détestait les hautes sphères et ces faux semblants, il détestait ce milieu de paraître qu’il ne comprenait pas. Comment pouvait-on se voiler la face avec autant de sourire ? Comment pouvait-on manger autant alors que d’autres mourraient dans les rues ? Comment pouvaient t-on trouver important la couleur d’une robe ou d’un vase alors que certains mourraient de froid ? Comment pouvait-il emprisonner autant de petites-filles ici, les priver de leur innocences pour leur faire subir les pires immondices ? Ils étaient en guerre, depuis des années, et pourtant, il avait l’impression qu’ici rien ne changerait jamais…

Zach tremblait de rage, alors quand il apprit la terrible vérité, ses yeux se contentèrent de fixer Lucia comme il l’avait toujours regardé. Avec un mélange d’amour, de respect et de force. Il vit Venecia se mettre en colère et pourtant, au fond de lui, il eu l’impression d’être calme. Il se contenta de fixer Sandoval sans ciller, puis Lucia et Venecia. Alors, il se leva et leur emboîta le pas. Son visage était rigide, froid et étrangement vide de toute émotion. Sa main se referma sur celle de Venecia, et il la tint avec force
La lourde porte de la chambre se referma derrière eux et il regarda la jeune femme enlacée Lucia avec force, la rassurant avec des mots doux. Zachary n’avait jamais été très doué avec les mots, moins il pouvait parler, et mieux il se portait. Alors il se contenta de faire un sourire à Lucia, il s’approcha à son tour et posa sa main sur sa tête. Il lui frotta les cheveux avec douceur, repoussant une mèche de cheveux derrière son oreille. Puis souplement, il se mit à son niveau, ses fesses sur ses talons, il plongea ses grands yeux bleus dans les siens et ses lèvres s’étirèrent tendrement.

« Rien ne va changer Lucia. Nous resterons ta famille, qui que tu sois et peu importe qui tu décides d’être… » Puis fixant Venecia avec douceur, il se tourna vers Lucia et avoua :

« Tu n’as qu’un mot à dire Lucia, et je te débarrasse de cet homme à tout jamais. Peu importe quand, maintenant ou dans dix ans, c’est une promesse que je te fais, si un jour tu veux le voir disparaître, tu n’auras qu’à me le demander. »

Se redressant, il retira avec rage son jabot de dentelle et jeta la veste au sol. Poussant un soupir de plaisir quand il retrouva toute sa mobilité, il s’assouplit un peu. Puis il se tourna vers les deux jeunes femmes et son cœur s’emballa un peu. Elles étaient maintenant ce qu’il avait de plus cher, elles étaient celles qu’il voulait protéger, il aurait tout donné pour les voir rire de nouveau.

Elles étaient sa famille.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 8 Nov - 22:32

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    Tout ceci n'était qu'une farce cruelle de Sandoval et Lucia en était l'Auguste, le clown triste étouffé dans ses dentelles. Espérant que rien ne l'atteigne, elle chanta haut et juste, se perdant dans la mélodie en espérant pouvoir fuir l'humiliation qu'elle ressentait. Car à n’en point douter son plus grand secret allait être éparpillé, froissé comme un chagrin par les grosses mains de son ancien maître. Entre ses dernières, Lucia se sentit comme un objet, comme une poupée de porcelaine ou toute autre babiole précieuse qu'on montre avec arrogance. Et ses grands yeux verts chamarrés d'humidité ne pouvaient cesser de pleurer tandis qu'il la força à regarder Venecia et Zachary en confessant son secret. Elle aurait voulu être plus forte pour pouvoir soutenir la honte sans faillir mais c'était trop lui demander. Après tout Lucia n'était qu'un tout jeune homme auquel on avait tout pris, sa masculinité en premier. Elle avait voyagé dans des eaux troubles, corps Presqu'Il auquel on avait retiré la capacité d'être homme, d'être amant et d'être père pour laisser de lui l'image froufrouteuse d'une jolie petite fille pure en robe de dentelles. Lui qui n'avait jamais connu le luxe d'être en adéquation avec son sexe et son genre, lui qui avait toujours été une fille née dans une rose inodore et stérile.

    Elle pleurait, à présent arrachée du croquemitaine de son enfance pour se retrouver dans les bras de Venecia, se réfugiant tout contre sa sauveuse avec un air éperdu. Oh! Comme en cet instant elle avait besoin d'elle, d'eux! Elle n'était plus l'esclave de Sandoval, et personne ne la jugerait. Cela pouvait-il être vrai? Le vieil homme quant à lui resta bouche sèche mais tout sourire, levant les mains devant lui en signe d'apaisement; il avait surtout peur que cette furie d'Aerienne le poignarde avec ses propres couverts, pour tout dire. Elle avait l'air plutôt sérieuse. Il ne dit rien, reculant d'un pas lorsque Venecia leur dit que la carte ne valait pas cette sordide mascarade. Lucia releva les yeux vers la jeune femme: l'humiliation d'une sœur? Ses yeux liquides se teintèrent d'une profonde reconnaissance alors qu'elle ne parvenait à cesser de pleurer, tremblant comme une feuille. Ils quittèrent la pièce cahin-caha, laissant le vieux fou seul devant son paon transpercé et son somptueux repas délaissé dans un silence qui lui donna envie de rire. Qu'ils étaient fous! Et puisque Lucia avait supporté ainsi l'humiliation cuisante qu'il lui avait imposé, ils allaient refuser ce qui donnait du sens à l'épreuve de Bebe?

    Au travers des couloirs, Lucia n'était parvenue à penser ou à agir, trainée par une Venecia hors d'elle mue par l'énergie infernale de la colère. Les pleurs misérables étaient son seul mode de communication dans son état de choc et tout autour d'elle ne fut qu'un blanc angoissant, fermant un instant les yeux tandis qu'ils rejoignirent leur chambre commune. Le souffle court et les yeux brûlants, la brune tenta de cesser de pleurer mais croiser le regard aux larmes naissantes de Venecia ne fit que plus lui briser le cœur et ses sanglots redoublèrent. Comme elle se sentait faible en cet instant! Comme elle se sentait coupable de voir sa nouvelle amie sur le point de pleurer par sa faute! Pourtant, comme son étreinte était douce et rassurante pour celle d'une femme qui était sur le point de pleurer... Lucia renifla un long moment, se laissant aller à cette chaleur réconfortante, serrant Venecia à la taille en enfouissant son visage dans sa robe.

    "Je... j... désolée, je suis tellement désolée...", elle serra la robe de Venecia entre ses mains, redressant la tête pour la regarder tout en continuant à pleurer nerveusement, "... je ne voulais... mentir à personne... surtout pas à vous deux!"

    Que n'aurait-elle pas donné pour être la tête dans les nuages à jouer avec le ciel en compagnie de Zachary, loin du spectacle pitoyable qu'elle offrait à ses deux nouveaux amis. Et pourtant, bercée au creux de Venecia, Lucia se sentait si bien... elle se serra contre elle, recherchant confusément chaleur et réconfort contre ce grand corps longiligne. Sentant le regard de Zachary sur elles, la jeune fille se tourna vers lui sans lâcher la robe de Venecia. Il lui caressa doucement la tête, s'étant accroupie devant elle tandis que la Lostreg fixait ses yeux bleus emplis de douceur des siens, rougis d'avoir trop pleuré. Ses mots la touchèrent tout autant que ceux de Venecia et elle dut lutter contre un maelstrom d'émotions qui firent revenir les larmes à ses yeux, se jetant sur manquant de le faire tomber à la renverse, nouant ses bras frêles autour de son cou.

    "Je vous aime, je vous aime tellement tous les deux!"

    Il n'y avait surement pas d'autre mot pour désigner le sentiment pur de reconnaissance et de fraternité, d'attachement et de dévotion que Lucia éprouvait en cet instant pour Zachary et Venecia. Et pourtant la promesse de Zachary fit remonter un frisson le long de son échine; elle ne pouvait pas croire ce qu'elle était en train de penser en cet instant: demander à son ami de tuer celui qui avait assassiné celle que son cœur aimait, qui l'avait castré et qui prenait plaisir à l'humilier. Et pourtant le sang dort dans le sang, la violence en réponse à la violence n'engendre que plus de souffrance; elle le savait bien. Aux yeux de ses amis, elle pourrait continuer d'être Lucia. La douce Lucia à laquelle elle avait volé le nom pour la faire vivre pour toujours. Et pourtant... son cœur de tourterelle n'était pas aussi doux qu'on aurait pu le penser. S'écartant soudain de Zachary, Lucia le regarda en recommençant à pleurer. Elle s'en voulait de leur avoir ainsi menti et même s'ils faisaient l'impasse sur cette mésaventure, Lucia se sentait complètement nue.

    "Je...", hésita-elle, la gorge sèche et le cœur devenu dur, "non... non... il ne faut pas. Il ne faut pas Zachary, parce que tu n'es pas un criminel..."

    Baissant la tête, la petite brune essuya ses yeux du regard de sa main, retirant le gant de sa main mécanique pour le jeter par terre en reculant pour mettre de la distance entre elle et ses amis.

    "Je... je ne peux pas être votre piccolina... sono una piccola sconcezza... je suis une petite ordure... je vous ai menti..."

    Sur un coup de sang, elle tira sur le corsage de sa robe de sa main mécanique pour le déchirer, rougissant sa peau sous la tension du tissu, l'arrachant jusqu'au niveau du ventre pour révéler un torse plat et carré, bien qu'imberbe et immaculé, fin et peu masculin. Aucun doute sur ce qu'avait dit Sandoval. Le dégoût lui noua soudain les viscères et elle déchira sa robe pour s'en défaire comme pour se débarrasser de cette image dégoutante de poupée pour pervers, tombant sur le séant en se délivrant de ces vêtements répugnants.

    "Je suis un castrat, un garçon!", elle criait presque, en larmes et en nage, "je ne serais jamais une femme, et je ne deviendrai jamais un homme! Je ne peux pas être votre piccolina!"

    Coincé entre deux âges et entre deux états, Bartolomeo ne grandirait jamais. Il ne deviendrait jamais un homme et ne pourrait jamais prétendre à être réellement une femme et celle qui pansait si bien ses blessures n'était plus là, à présent. Le sang avait assez coulé, bien assez. Il ne voulait plus de sang mais juste trouver un endroit où pouvoir disparaitre. Les doigts de sa main mécanique se plantèrent dans la chair de son torse, le striant de zébrures rosées qui marquaient tout le mépris que Bartolomeo avait pour son corps, posant finalement ses mains sur ses bras pour se serrer lui-même, restant simplement en culotte assis sur son séant.

    "Je suis dégoutant... vous devriez me détester...", s'épancha t-il en état de choc, le corps pris de spasmes de fatigue tandis qu'il se perdait dans ses sanglots.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeJeu 13 Nov - 12:10



Le dégoût violent la prenait à la gorge et lui tournait les sens. Elle avait une force en elle, une grandeur toute Aérienne et avait toujours haït l'injustice de ce monde tout en étant l'actrice d'une sombre mascarade avant que Miguel l'en délivre, lui qui était né nain et difforme mais qui était pour elle le plus beau des hommes : sa vivacité d'esprit l'avait rendu plus beau que ne seraient jamais les prince en papier de ce château en carton.
A présent que Lucia pleurait dans ses jupons, toute blottie dans les froufrous de cette robe trop élégante et à la mode pour elle, Venecia sentait son cœur se briser et une colère toute animale couvait dans son sein. Une colère de louve face au chasseur tourmentant sa meute. Elle ne pouvait faire d'esclandre ou simplement assassiner le triste sire, aucun d'entre eux ne le pouvait, malgré les propos de Z : ils étaient des criminels recherchés et leur incursion ne ferait que raviver les flammes de la guerre s'ils n'étaient pas prudents.

Lucia, douce Lucia, prise par sa propre horreur, face à ses propres démons, arrachait sa robe, blessait son corps pâle et blanc de jeune garçon qu'elle dévoilait à présent, restant simplement en culotte, pleurant sur l'effondrement de son monde. Et elle ne pouvait que le regarder avec une sincère compassion, le cœur brisé de voir leur sœur ainsi. Sœur ou frère qu'importe, au fond, ne pouvait-elle pas être, au sein des Wyrms, tout comme eux tous, celle qu'elle voulait être ? Garçon ou fille, Castrat ou homme fait. Quelle force justifiait une telle mascarade. Qu'elle aurait voulu égorger ce porc avec sa vaisselle d'or et d'argent et le fourrer comme ce pauvre paon, d'une pomme dans le fondement et d'un couteau dans la gorge... Il aurait grillé comme un cochon et cette idée réveillait en elle une vieille haine de ce monde qui l'avait enchaînée encore toute couverte du sang de son amant et de ses amis, assassinés alors qu'ils n'avaient rien fait que l'aider à quitter le palais... Eux qu'on avait massacré. La douleur de la perte de Miguel était si vive à cette heure, dans les parfums honnis et empoisonnés de cette capitale du vice... Parfois, elle espérait que ses neveux et nièces se soit sauvés aussi de cet enfer.

"Chut, mon enfant." Dit-elle doucement, en s'agenouillant près de Lucia, le cœur meurtrit. Elle la prit doucement dans ses bras comme l'on recueille un oiseau blessé. Sa peau froide et ses tremblement lui firent mal au cœur. Garçon ou fille, était-ce seulement important ?
La tête fragile contre le doux décolleté de sa poitrine, elle le berça, doucement, patiemment, ses yeux d'eau claire posés avec tendresse sur cette petite chose brisée.
"Pleure, si cela apaise un peu ta douleur. Nous veillons sur toi. Ca n'est pas important qui tu as été. Ce qui importe c'est qui tu es à présent. Et si tu veux être Lucia, alors tu seras Lucia, pour nous tous."
Elle fit signe à Z de lui donner l'une des couvertures du grand lit moelleux, outrancièrement confortable, et la déposa doucement sur leur compagne - ou leur compagnon, peu importe - tout en le calant confortablement entre ses cuisses et le berçant délicatement.

Venecia aurait voulu n'être jamais venus ici. Ne jamais avoir à revivre ces moments difficiles et ne jamais infliger une telle humiliation à leur compagne. Elle se sentait elle-même perdue et désespérée mais s'efforçait de se montrer forte, malgré les larmes qui chamarraient ses grands yeux aux cils clairs. Elle leva un instant un regard troublé vers Z, comme pour chercher un peu de réconfort auprès de lui. Elle devait se montrer solide et forte mais elle tremblait aussi, alors que l'adrénaline retombait. Elle avait peur. Ils devaient partir d'ici. Ils ne pouvaient s'attarder : Sandoval pouvait prévenir la garde, sa famille ou qui que ce soit et venir les cueillir directement. Heureusement, ils pouvaient fuir par la voie des airs en cas de besoin. Erzulie était assez puissante pour les emporter tous les trois et une telle virtuose du vol en haute altitude qu'elle n'aurait aucun mal à échapper aux archers. Elle avait confiance en sa dragonne. Mais c'était pour celle qu'elle berçait qu'elle avait peur : peur que cette confrontation laisse des traces plus indélébiles encore. La main mécanique attira un instant son attention et elle comprit soudain. Une main. Pour la fuite. C'était cet être abject qui, non content de prendre la masculinité de cet oiseau, lui avait coupé la main. Mutilée et mise en cage, quelle genre de vie était-ce là ?

"Tout ira bien, mon enfant. Nous allons retourner chez nous." Dit-elle d'une voix douce, la tenant toujours serrée contre elle. "Nous n'aurions jamais dû venir. Au diable les cartes. Nous trouverons bien ce vallon nous-même. Rien ne devrait valoir un tel prix. Je suis désolée, nous aurions dû le savoir avant... C'est aussi de notre faute si tu as été obligée de revivre une telle chose." Elle parlais bas, d'une voix douce, caressant ses cheveux et elle se pencha pour embrasser son front, remettant doucement la couverture pour mieux la protéger. "Tu es qui tu veux être pour nous, et rien au monde ne pourra changer cela." Termina-t-elle, doucement.
Elle l'embrassa de nouveau, sur la joue, la tenant serrée contre son corsage aux senteurs sucrées et fruitées. Regardant Z, elle dit finalement : "Tant pis pour nos armes, ramasse nos affaires, et appelons nos dragons. Il faut que nous partions avant que le pire n'arrive."

Et elle-même se concentra et au delà des nuages, la grande dragonne céleste poussa un rugissement avant de piquer droit vers la terre, crevant les cieux dont les milles étoiles se reflétaient sur sa peau miroitante sous une lune qui faisait comme un sourire ironique au ciel...
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Zachary Sigvald
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Que pouvait-il bien se passer dans la tête d’un tel homme? Sandoval ! A quel moment sa vie avait pu ainsi dérapée pour se reclure dans son palais entouré d’enfant à peine nubile ? Que c’était-il passé ? Pour Zachary s’était inconcevable, tout simplement impensable. L’on ne pouvait décemment pas s’en prendre ouvertement à des enfants, leur infliger milles supplices et continuer de vivre en toute impunité. Que faisait le gouvernement d’Aéria ? Que faisait le gouverneur ? Que faisait Limlug ? Pourquoi est-ce que cela était aussi difficile de bafouer un tel homme ? Il n’était qu’un homme, et des hommes, Zachary en avait fait disparaître beaucoup.
Alors, peiné, il serra fort Lucia contre lui, pressant ses puissants bras contre son corps si frêle. Comment pouvait-on arracher à un enfant sa pureté, le mutiler et le blesser à jamais. Comment avait-il pu faire ça à Lucia ? Serrant les dents d’une rage contenue, il embrassa sa tempe, avant de la voir reculer pour le fixer de ses grands yeux tristes. Son cœur se déchira et sa mâchoire se crispa, malgré ça, il lui fit un léger sourire et frotta sa tête avec douceur.

« Prends le temps de réfléchir. Tu n’es pas obligé de répondre maintenant.»

Puis se redressant, il dut subir avec toute son impuissance le triste spectacle de la folie que Sandoval avait infligé à Lucia. Une folie partit d’une simple geste, d’une blessure qui s’était refermée mais qui laissait des séquelles bien plus puissantes que des cicatrices physiques.
Fixant Venezia qui tentait de la calmer, il attrapa la couverture sur le lit et la posa sur les épaules de Lucia. Il l’enroula dedans et baisa son front avec une colère contenue.
Puis alors que Venezia parlait de rentrer, il se braqua. Ses yeux se rétrécirent et il lança rageur :

« Hors de question de rentrer maintenant ! La carte et les vivres sont à quelques mètres de nous. Nous ne pouvons pas repartir les mains vides… » Fixant Venezia en se redressant, il lâcha amer : « Je sais que c’est dur, et j’ai tout envie que toi de rentrer pour que Lucia puisse se reposer, mais trop de gens compte sur nous pour que nous rentrions sans rien. Nous avons besoin de cette carte ! »

Faisant les cents pas dans la chambre, il se massa le menton, cherchant par tous les moyens comment ils pouvaient récupérer cette carte sans se faire trop remarquer. Puis son regard se posa sur Lucia et il poussa un long soupir avant de nouveau s’agenouiller devant elle :

« Lucia ! Mon cœur, nous allons avoir besoin de ton aide. Juste un peu, après promis nous fuirons cet endroit et plus jamais nous ne reviendrons…Mais tu dois réfléchir, tu dois nous dire où Sandoval est susceptible de cacher cette carte. Tu connais la demeure, tu peux nous aider. »

Lui souriant doucement, il tourna la tête vers Venezia.

« Dans combien de temps Erzulie peut être ici ? »

La fixant dans les yeux, il détourna la tête et fouilla la pièce du regard, pour prendre un coupe papier en argent posé sur le bureau et il attrapa doucement Venezia par le bras pour lui déchirer sa robe au niveau des jambes et la libérer de tous ces voiles. Retirant sa chemise, il enveloppa Lucia dedans et dévoila un corps musclé criblé de multiples cicatrices. Pestant un peu sur les boutons de la chemise qu’il nouait à Lucia, il donna le coup papier à Venezia et referma son poing sur sa main avec fermeté.

« Il va peut être falloir se battre tu en auras peut être besoin… » Puis d’un geste doux, il glissa une de ses mèches de cheveux rosées derrières son oreille. « Souviens-toi, nous sommes les rois du passe-passe, on peut y arriver, sans perdre personne. Il faudra juste être habile, discret et les enfermer dans la douce illusion que rien ne se passe. » Lui souriant, il recula et ses lèvres se pincèrent légèrement avant de fixer les deux femmes avec force et conviction.

« Vous êtes avec moi ? Nous sommes des Wyrms, nous pouvons y arriver. Rien ne peut nous arrêter. »


Zachary sentit son cœur battre à tout rompre, mais il était persuadé qu’ils pouvaient y arriver. Ils étaient une famille, ils pourraient compter sur les un et les autres. Il savait Venezia et Lucia suffisamment intelligentes pour ne pas faire de faux pas et il ferait tout pour que rien ne leur arrive.
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    Ce n'était pas qu'elle détestait son corps, car il avait depuis toujours été son compagnon et elle avait appris à vivre en sa compagnie. Il n'était pas comme ceux des autres filles de son âge qui avaient peuplé les couloirs silencieux de la demeure, et pas comme celui des hommes qui gardaient ces dernières. Lucia ne serait jamais une femme, mais elle ne deviendrait jamais pleinement un homme non plus; enfant, ce constat ne la faisait pas souffrir. Elle avait simplement été une petite fille qui aimait les jolies robes, les figurines de bois et les compliments; elle avait été une petite fille comme les autres, dans cet environnement étrange. Ce n'était que depuis son affranchissement que la brune se sentait mal à l'aise, confrontée à la réalité du monde extérieur. A présent, les démons du passé prenaient réellement corps et elle perdait pied, en pleurs, tremblant de colère et de crainte mêlées. A présent, elle comprenait enfin pourquoi son enfance n'avait rien de normale.

    Auprès d'elle, ses amis étaient une chaude présence réconfortante dans laquelle elle se perdit sans parvenir à lutter, sans force. Venecia la prit doucement contre elle et Lucia se sentit complètement perdue en cet instant, abandonnant toute forme de résistance pour se réfugier dans ce giron presque maternel, enroulant ses bras autour de la taille de son amie et cachant son visage contre sa poitrine. La Wyrm l'écouta parler, releva le museau pour la regarder, encore en larmes. Sa voix douce l'apaisait déjà, réduisant ses tremblements nerveux; elle renifla et détourna un peu le regard. Pouvait-elle être simplement Lucia à leurs yeux? Lucia Estacado? Ils ne savaient cependant pas qui était cette fille morte qui avait porté ce nom. Elle n'était que Batolomeo, le castrat voleur de nom. Il serait Lucia aussi, le fantôme d'un amour passé. Le porteur de flambeau. La large main de Zachary caressant ses cheveux la fit frissonner et Lucia se rendit compte de la chance qu'elle avait: au comble de sa douleur, elle se sentait pourtant comblée d'amour, tant consolée et choyée que son cœur cogna fort dans sa poitrine au point que tout contre elle, Venecia pourrait surement le sentir. Un tout petit cœur de tourterelle qui battait la chamade, battait la mesure d'une mélodie plus vieille encore que le monde.

    Son regard croisa celui de Zachary quand ce dernier posa une couverture sur elle, agrippant maladroitement le vêtement de Venecia par réflexe. La brune le remercia d'un sourire un peu penaud, tremblant. Non, elle n'avait pas besoin de répondre hâtivement. Il était si gentil avec elle, tout comme Venecia... elle sentit les bras puissants de son ami se refermer sur elle pour la serrer avec force et elle se laissa faire, de plus en plus désarmée par leur gentillesse, leurs contacts... ils embrassèrent son front peiné, ses joues humides, cherchant à la rassurer et le protéger. Alors, comme un prêté pour un rendu, Lucia se pencha vers Zachary avant qu'il ne se redresse et lui embrassa gentiment la joue avant de tourner la tête et faire de même sur la joue de Venecia. Avec eux, elle serait en sécurité. Elle avait chaud; ses tremblements disparurent finalement tandis qu'elle s'apaisa de leurs attentions, toujours dans les bras de Venecia.

    "Ce n'est pas votre faute", dit-elle d'une voix un peu malhabile, "ça ira, ne vous en faites pas."

    Brave petite, mature et courageuse. Elle ne dit rien lorsque Zachary contredit l'avis de Venecia, mais n'en pensa pas moins: après ce qu'ils avaient tous enduré, il aurait été dommage de repartir bredouille. Autrement leurs efforts auraient été inutiles. Elle regarda l'homme s'agenouiller près d'elle et lui offrit un nouveau sourire, hochant du chef en signe de compréhension. Serrée contre Venecia, la jeune fille profita encore un instant de la chaleur parfumé de son aînée en se reposant contre elle, yeux fermés, appréciant le contact tout en disant à Zachary:

    "Je pense savoir où Sandoval peut avoir caché la carte... dans le temps, il me faisait confiance, j'avais la clef de son cabinet..."
    , elle soupira en se serrant encore un peu contre Venecia, "juste une minute... on est tellement bien ici..."

    Se laissant finalement docilement envelopper dans la chemise que Zachary lui donne, le laissant fermer les boutons tout en étudiant avec curiosité son corps criblé de cicatrices, si différent du sien. Son torse était si large, ses bras si puissants! Alors que Lucia savait bien qu'elle avait un corps masculin, elle n'arrivait pas à voir la ressemblance avec ce grand corps viril aux muscles saillants. Lui était un homme, elle un garçon. C'était perturbant. Le corps de Zachary était perclus des traces de sa vie, celui de Lucia sans la moindre marque, la moindre imperfection. Quand elle vit son ami déchirer la robe de Venecia, le constat fut presque le même: Venecia était une femme accomplie et elle-même... même pas une fille. La trentenaire avait des courbes absentes de chez Lucia et elle regarda ses deux compagnons en ne parvenant à s'identifier à aucun des deux, le rouge au front de gêne, le regard baissé. Elle sortit de sa rêverie torpide aux encouragements de Z qui savait parler pour les galvaniser; en guise de réponse, la jeune fille se contenta de sourire, séchant définitivement ses larmes en serrant le col de sa chemise trop grande, remontant ses manches pour plus de confort.

    "Je vais vous montrer, en espérant ne pas me tromper. Suivez-moi!", fit alors Lucia, en glissant derrière la porte avec précaution pour se rendre dans le couloir désert.

    Il n'y avait pas grand monde à cette heure-ci mais elle resta prudente, ses pieds nus ne faisant que peu de bruits sur le marbre froid du couloir. Ces couloirs si souvent arpentés avec Cinque... quand elle se mettait des œillères sur ce que faisait Sandoval avec son amie, son aimée... son tendre amour perdu... une douleur familière la prit au cœur mais elle la fit taire tant bien que mal, devinant une silhouette au loin.

    "Tre!", soufflât-elle, "Tre! ¡ Es mamá! ¡ Ven verme para!"

    La petite fille à l'air blasé et désabusé tourna la tête dans leur direction, ses longs cheveux lui retombant sur le visage. Docilement, elle souffla sur sa bougie et posa l'assiette où elle se trouvait pour rejoindre la petite troupe, comme si elle les cherchait; c'était visiblement surement le cas.

    "¿ Mamá? Quiero venir con usted. Quiero irme de aquí."

    "Elle dit qu'elle veut partir d'ici", fit Lucia en se tournant vers ses compagnons, la traduction plus à l'adresse de Zachary, "Tesoro, mi querida..."

    Elles échangèrent quelques brefs mots dans une langue que les compagnons de Lucia ne connaissaient pas et la fillette hocha la tête avant de partir devant, toquant à une porte.

    "Tre va vérifier s'il y a quelqu'un dans le cabinet de Sandoval et nous avertir... elle a la clef."


    Comme elle jadis. Aujourd'hui c'était visiblement Tre qui s'occupait des affaires du maître de maison concernant le lotos. Pauvre enfant... Lucia avait envie de la prendre avec elle mais elle savait que c'était dangereux... questionnant ses amis du regard sur la suite des évènements, elle se demandait s'il concentrait à prendre la petite avec eux pour la substituer à cet enfer mais... pourquoi juste elle. Lucia se sentit soudain horriblement coupable mais n'eut guère le temps d'y penser comme Tre leur fit signe de la suivre et que la voie était libre. Intimant à Zachary et Venecia de suivre la fillette, la troupe entra dans le cabinet privé du maître de maison. Un curieux bureau...

    La longue pièce entièrement blanche était encombrée d'un étrange rectangle d'herbes où reposait un jeu de croquet. Les murs étaient décorés d'armes de parades, de trophées de chasse, de diplôme mais le tout ressemblait à une sorte de chambre d'enfant, avec un petit théâtre de marionnettes dans le fond de la salle, à côté d’une collection de poupées au regard fixe et vide.

    "Là", fit Lucia en désignant une horloge immense avec un soldat et une ballerine, décrochant ce dernier en douceur, "dans son jouet préféré."

    Tre avait hoché positivement de la tête et Lucia tendit le soldat de bois à ses amis pour qu'il lui dévisse la tête car elle ne s'en sentait pas la force, encore un peu sonnée par sa précédente prestation, espérant ne pas s'être trompée dans ses déductions. Sandoval avait toujours aimé ce conte. Il manquait une jambe au jouet.

    "Le Petit Soldat de Plomb... c'était l'histoire préférée de Cinque aussi...", fit-elle, l'air un peu triste, "alors, la carte est dedans?", demanda Lucia en se reprenant, tenant la main de Tre sans la lâcher.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 20 Déc - 13:41



Le dégoût de ce monde qu'elle avait fuit la crucifiait sur ce dallage blanc. Etait-ce égoïste de vouloir fuir les mains vides ? Elle avait peur, avec ses grands airs. Une terreur sourde venue du fond des tripes, totalement vicérale. On l'avait enchaînée à fond de cale, encore toute couverte du sang de Miguel. Pourquoi le monde était-il fou ? Les bouffons du roi finissaient la tête tranchée et les princesses n'avaient que leurs yeux pour pleurer.
Mais Z ne la laissa pas s'apitoyer sur son sort. Ils ne pouvaient partir sans rien : et pourtant Venecia l'aurait voulu, tant la peur la tourmentait. Et si l'un de ses compagnons était blessé ou pire, tué ? Comment pourrait-elle le supporter ? Mais elle se releva, bravement, enfermant ses terreurs dans la boîte de Pandore de son cœur, ragaillardie par le baiser de leur petite tourterelle sur la joue. Douce petite. Brave petit oiseau.
Elle la serra un instant, comme pour lui donner du courage, mais c'était plus sûrement l'inverse. Et à la question de Zach, elle ne répondit que "Deux minutes treize." La réponse d'Erzulie, qui s'était rapprochée en piqué, avant d'ajuster son vol, remontant en chandelle vers les nuages bas, pour s'y cacher plus facilement, elle qui n'était presque plus visible dans le ciel nocturne. Juste le bruit du vent trahissait son vol et elle décrivait des cercles de rapace au dessus de la demeure de Sandoval, aussi petite qu'un jouet vue du ciel. Ajustant son vol aux nouveaux plans des trois complices, la dragonne se préparait au signal de sa compagne.

Un peu sonnée, Venecia avait les jambes en coton, bien qu'elle s'efforça de ne pas paniquer. Lorsque Z déchira sa jupe, elle poussa un léger cri, prise par surprise, vacillant un peu mais la large main de son compagnon la remit droite alors qu'il lui donnait un coupe-papier. Elle hocha la tête. Elle saurait quoi en faire malgré sa répulsion pour le meurtre et la bataille. Il faudrait peut-être se défendre. La raison pour laquelle Sandoval n'était toujours pas venu les cueillir dans la chambre avec sa garde après les éclats du banquet la laissait perplexe mais elle choisit d'ignorer pour l'heure toute conséquence ou représailles. Avec ses longues jambes nues, l'on voyait à présent ses dessous à chacun de ses pas, mais qu'importe. Il y avait des choses plus importantes que la pudeur. Drôle d'équipée que la leur : la chemise donnait à Lucia un charme d'enfant et elle-même était à présent plus dénudée qu'habillée. Elle se raccrocha cependant à Zach, à ses paroles encourageantes. Ils devaient y arriver et elle hocha la tête, avec une détermination vacillante. "Tu as raison, nous allons y arriver."
"On te suit, mon cœur." Dit-elle tendrement à Lucia, lui emboîtant le pas.

Rejoignant le couloir, les trois compères ne tardèrent pas à tomber sur une toute petite fille à l'air effarouché. Une si petite enfant ? Dans ce nid de serpent ? Quelle pitié qu'ils ne puissent tuer ce porc et sauver ces petites sans déclencher une guerre ! Le cœur brisé, elle regarda Lucia s'occuper de l'enfant qui voulait les aider. Si au moins pouvaient-ils sauver cette gamine ?
"Allons-y." Fit-elle avec un signe de tête entendu à Zachary. Sur le qui-vive, elle suivit les deux plus jeunes, rejoignant bientôt un bureau dans le dédale des couloirs. Les regards éteints des poupées semblait une armée de spectre hostiles, petites filles de porcelaine aux yeux morts, comme ceux des chimères de ce palais de vices nauséabonds.
Elle frissonna et laissa Lucia et la petite Tre chercher. Le conte ? "Emportons tout ça. Filons d'ici avec la petite avant que..."
Elle fut interrompue par du bruit dans le couloir et, se tournant vers la porte son visage perdit ses couleurs. Une dizaine de soldats en armes arrivaient sur eux, pénétrant dans la pièce, épées au clair. "Lâchez cette enfant, vermines !" C'était le comble ! Que leur avait raconté Sandoval ?
Ivre de colère, Venecia s'interposa aussitôt entre Lucia et un soldat, prête à frapper avec son coupe papier, faisant un rempart de son corps pour protéger Tre et leur compagne.
"Z, Lucia, courrez !" Cria-t-elle juste avant qu'un éclair aveuglant ne jaillisse de sa poitrine, créant une vaste zone de flash aveuglant, qui fit crier les soldats de douleur. Elle en bouscula un, saisissant Tre dans ses bras avant de courir en direction de la porte, pendant que les soudards se tenaient les yeux, aveuglés pour quelques précieuses secondes.

Elle fonçait, malgré ses talons, courageusement, en longues foulées athlétiques. Déjà, les soudards se pressaient à leurs trousses. "Erzulie !" Cria-t-elle et la dragonne amorça sa descente, crevant les nuages. Elle ne tarderait pas et, toujours courant, Venecia enfonça une porte entrouverte. "Par là ! Il y a un balcon !" En effet il y en avait bien un, et ils se pressèrent tous les trois sur le balcon en arc de cercle, Erzulie déjà en vue... Mais un dragon sortit de nulle part et percuta la dragonne lancée en piquée.
Un instant de flottement, Venecia eut le souffle coupé en écho avec sa compagne de toujours, accusant le choc dans sa poitrine comme si elle l'avait elle-même reçu mais elle accrocha plus fortement la petite contre elle. Un concert de rugissements. Un dragonnier de l'armée ? Non pourquoi ! Erzulie échappa de peu à des lames d'air, ses manœuvres aériennes étaient sans pareilles face à un simple dragon d'air mais c'était un adversaire non négligeable. Et déjà, les soldats se précipitaient vers eux, armes brandies... Pris entre deux feus et bloqués sur ce stupide balcon!
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeSam 3 Jan - 20:05

Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] 864396post

Le monde était impitoyable et Zachary avait décidé de l’être tout autant. Il serait aussi rude que la vie, aussi agressif que les colères des inconnus, aussi âpre que l’absence d’amour. Il n’en revenait toujours pas, de cet endroit, de ce qu’il se passait ici, de ces enfants qui vivaient là, dans un des continents les plus puissants de tous, à peine caché mais voilé par les paupières fermées d’une autorité incompétente. Ils ne partiraient pas sans leur dû, il ne partirait pas sans avoir fait payer à cet homme ne serait-ce qu’un peu de sa colère. La rage au ventre, le visage crispé il se sentait au bord de l’explosion. Les poings serrés, il emboîta le pas à Lucia, la couvant d’un regard qu’il ne se connaissait pas, ayant la furieuse envie de finalement tout abandonner pour la préserver. Mais comme à chaque fois, la colère fut plus forte et balaya toutes ses tentatives de raisonnements. Il fixa, la mâchoire crispée, la petite Tre, minuscule petite fille au regard déjà si perdu. Dire que sa tête tenait à peine dans sa grande main.
Déglutissant, il inspira, jetant un œil à Venezia, la priant intérieurement de tout faire pour ne pas le laisser succomber à ce qu’il sentait enfler au plus profond. Ses yeux fouillèrent la pièce et le triste spectacle des poupées immobiles lui souleva le cœur. Un frisson de dégoût et de peur lui fit fermer les yeux un court instant, avant de les rouvrir et de réceptionner avec soin la statuette du soldat de plomb. Dévissant la tête avec rapidité, il en tira un rouleau de papier et le déroula pour le montrer à Venezia. Acquiesçant en silence, il jeta le reste, et glissa la carte dans la poche de son pantalon. Des bruits de pas lui firent relever la tête, et instinctivement, il chercha une arme. Sa main se referma sur une canne en bois de croquet et il gronda comme un animal quand les soldats arrivèrent devant eux.

Il vit Venezia s’avancer et presque comme si il la connaissait par cœur, il ferma les paupières pour ne pas subir de plein fouet le flash de lumière qui crépita. Sa main se referma sur celle de Lucia, il l’entraîna rapidement, bousculant les soldats pantelants, aveuglés par la lumière. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, il vit Venezia sur ses talons, Tre dans les bras. Poussant Lucia en avant, il ralentit l’allure et attendit que la jeune femme le dépasse, préférant se trouver entre elle et les soldats qui reprenaient peu à peu leur esprit.
Passant la porte ouverte, ils grimpèrent sur le balcon et le vide sous leurs pieds lui paru interminable. Les jointures des doigts blanchit par la force avec laquelle il serrait son arme, il eu tout juste le temps de tendre les bras pour essayer de réceptionner Venezia quand Erzulie fut percuter de plein fouet. Heureusement, elle ne fit que vaciller.
Son regard fit des allers et retours entre la porte de la chambre ouverte et les soldats qui n’allaient pas tarder.
Ils devaient gagner du temps, quelques secondes, quelques précieuses secondes. Fixant ses paumes, il lâcha Lucia et courut vers la porte. Ses mains se posèrent sur l’embrasure de la porte et de la glace commença à s’étendre, remplissant l’espace vide d’une fiche couche gelée. Se concentrant, il posa sa paume sur la glace, imaginant la pièce vide, imaginant le balcon désert. Alors doucement, une image apparue sur la glace, l’image du balcon, sans personne.
Mettant son doigts sur ses lèvres, il intima aux autres de se taire, alors que les soldats se tassaient devant la porte sans les voir, masquer par l’illusion que venait de créer Zach.
Gardant la main apposée sur la glace, il se concentra, essayant de voir ou se trouvait Seihval. Il était bien moins rapide qu’Erzulie, mais si celui-ci était aux prises avec un dragon d’air, il pourrait toujours être utile. Grimaçant en voyant un homme s’avancer et percuter violement la couche de glace, il se mit dans l’ombre et relâcha doucement l’illusion. La glace s’effrita, et son maillet s’écrasa violement dans le visage du soldat. Désorienté, il fondit sur lui avec rapidité et attrapa son épée, avant de reculer et de lui enfoncer entre les plaques d’armures avant de le pousser du pied sur les autres gardes. Grondant, le visage déformé la colère, il poussa un souffle rauque, se fichant éperdument du sang qui coulait le long de son épée. Il allait les tuer, tous les tuer. Il en avait déjà fait périr tellement. Il suffisait juste de penser au visage de Ionnan, il était là, derrière chaque masque, derrière chaque casque. La colère enflait, il essayait de gagner du temps, son épée s’abattit sur chaque soldat qui passait la porte, avantagé par le fait qu’il ne pouvait passer que un par un, il les attendit tous, les embrochant sans honte, les muscles bandés, grondant comme une bête féroce. Une lame glissa contre ses côtes et il poussa un hurlement de rage, ses mains s’enfonçant dans le casque, pressant ses pouces contre les yeux du soldat.
Il allait les tuer, tous, peu importe si il devait y rester…tant qu’eux s’en sortait. Dans un mouvement de douleur, il se recroquevilla, avant de lancer son poing en avant faisant reculer les soldats qui hésitaient à avancer.

« Combien de temps Vénézia ? » Hurla t-il alors qu’il entendait Erzulie gronder dans le ciel, luttant avec acharnement contre ce dragon. L’épée à la main, il commença reculer, continuant de garder les soldats des yeux, ses bottes enjambaient les corps au sol, et il poussa un nouveau hurlement pour dissuader les soldats d’avancer. Il les voyait, il les tenait en joue, il avait mal, il était blessé. Plus que quelques secondes, quelques instants et ils seraient sur eux…
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Lucia Bartoli
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeMer 7 Jan - 11:21

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    Erzulie arriverait rapidement, Lucia le savait. Heureuse de voir Venecia ragaillardie par ses attention, elle hocha la tête avec un sourire pour tenter de lui donner encore un peu de courage., tournant les talons en tenant le col de la chemise trop grande que Zachary lui avait donné pour se couvrir. A ses côtés, la petite Tre semblait une enfant sérieuse au regard sévère, celui que ne devraient pas avoir les enfants qui n'ont pas encore dix ans. La Lostreg avait suivit la fillette sans se retourner, ne constatant pas le regard que posait son ami sur elle et qui se voulait farouchement protecteur. Elle tourna un peu la tête pour constater que l'on pouvait aisément voir les dessus de Venecia tandis qu'elle marchait, mais le lui faire remarqué serait aussi inutile que déplacé. Le visage de Lucia vira simplement au pivoine tandis qu'elle se recentra sur Tre et que l'équipée entra dans l'étrange salle de jeu d'un vieil homme dément où poupées côtoyaient tête de sanglier en trophée mural, armes d'expositions avec théâtre de marionnettes. Lucia passa le soldat à Zachary, lui qui avait assez de force pour en dévisser la tête; la carte s'y trouvait comme Tre et elle l'aurait pensé : Sandoval était un homme affreusement prévisible. Elle regarda le corps du grand jouet jeté à terre en silence, avec un air indéchiffrable. Les filles d'ici, Cinque, étaient un peu comme ce soldat sans tête délaissé sur le parquet. Elle était un peu comme lui, au final.

    Mais un bruit la tira de sa réflexion torpide et rapidement ils furent entourés de gardes, mis au pied du mur et accusés d'enlèvement. Les soldats n'étaient pas forcément dans le faux mais ce n'était pas pour autant qu'ils se rendraient. Venecia se posta devant Lucia et cette dernière tourna son regard vers Tre; la petite fille ne semblait jamais impressionnée par rien, c'était presque inquiétant. Mais Lucia l'avait élevée, elle savait comment cette dernière réagissait; de manière neutre pour ne pas les angoisser. La grande mains de Zachary se referma sur sa main métallique et emportée par l'élan de son ami, elle ne put que crier à l'adresse de la fillette:

    "Tre, fattoria gli occhi!"

    Elle connaissait le pouvoir de Venecia et mieux valait fermer les yeux lorsque les spectres chromatiques de la Wyrm entraient en scène. La brune se contenta alors de courir, sachant que son amie arriverait surement bientôt avec Tre. Elle lui faisait confiance; elle lui avait toujours fait confiance car avec Zachary, ils étaient devenus ceux en qui elle avait le plus foi. Trébuchant un peu lorsque Zachary la poussa en avant, elle vit Venecia avec la petite fille dans les bras et lâcha un soupir de soulagement qui fut pourtant de courte durée car lorsqu'Erzulie apparut, un autre dragon la percuta de plein fouet en mettant à mal leur retraite. Ils se retrouvèrent bloqués sur le balcon, les soldats se pressant contre la porte en face. Quelle déveine! Lucia eut un instant de pure panique avant de chercher à retrouver son calme: les autres dragons arriveraient bientôt pour prêter mains forte à Erzulie, à n'en point douter. Elle sentit finalement la main de Zachary lâcher la sienne et dans un élan qu'elle ne se connaissait pas, la brune tenta de le retenir en vain.

    "Zachary! Non!!"

    L'homme se jeta témérairement à l'assaut des gardes armé de ses illusions et la jeune fille se sentit soudain horriblement inutile. Lui se démenait comme un beau diable, se battant de toutes ses forces et Venecia protégeait Tre en appelant sa dragonne. Elle... elle était là, à craindre le pire pour ses amis, paralysée par la peur de les perdre ou de les voir se faire blesser. Le combat dans les airs était aussi féroce que celui que menait Zachary devant elles et Lucia eut les larmes aux yeux en le voyant se faire blesser, criant son nom. Sa voix fut si forte en cet instant que l'air trembla légèrement, lui rappelant qu'elle aussi avait de quoi défendre les autres... Une vocalise puissante et inhumaine déchira le ciel pour venir prêter main forte à la dragonne stellaire, traversant le dragon d'air pour le faire vaciller en vol: Apep virevolta, piquant sur l'adversaire d'Erzulie dans un rire d'enfant humain, entonnant une litanie familière aux accents saturés qui perturbèrent les sens de l'autre créature, la faisant s'estourbir dans le mur de la résidence. Le dragon tourna le mufle vers son aînée en riant, comme s'il s'agissait d'un jeu.

    "Apep est là!", chatonna-t-il en faisant une vrille dans le ciel, "Apep va chanter!"

    Les chants des dragons soniques étaient mortels et cruels et dans son innocence, Apep en produit un qui perturba la garde en contrebas, dans la cour. Les hommes se retournèrent les uns contre les autres, le cerveau parasités par les vocalises du dragon, et se mirent à s'entretuer. Lucia quant à elle avait cessé de réfléchir: voir Zachary se faire blessé avait faire manquer plusieurs battements à son cœur et elle s'était élancée vers lui, faisant rempart de son maigre corps contre les soldats, bras en croix. Et elle se mit à chanter; mais pas comme elle le faisait d'habitude. Sa voix de démultiplia de façon inhumaine, ne devenant qu'un tas inintelligible de mots répétés sans jamais prendre son souffle, comme aucun humain n'aurait jamais pu le faire; une litanie presque métallique dans l'air, de plus en plus rapide, absolument inaudible pour ceux qui se trouvait en face de la jeune fille qui donna tout ce qu'elle avait dans les poumons, les yeux grands ouverts tandis que les gardes plus plus proches commencèrent à ressentir une forte douleur dans le crâne, se tenant la tête à deux mains. Jamais Lucia n'avait utilisé son don en face de Zachary et Venecia, et elle savait bien pourquoi; il pouvait, lorsqu'elle donnait tout, être particulièrement infamant et elle ne le contrôlait que très sommairement. Incapable de dire à son ami de fuir, elle le regarda les larmes aux yeux, emportée par son Don.

    La jeune fille intensifia sa logorrhée en voyant un gardes téméraire s'approcher malgré la douleur: sa tête explosa comme un fruit trop mûr en éclaboussant le visage horrifié de la brune qui ne put cesser de chanter tant qu'elle n'aurait pas sortit tout le monde de là; tremblante de peur, elle ne pouvait plus arrêter sa faconde verbale, tétanisée aussi bien par la situation qu'emportée par son Don. Sa voix devint douloureuse par delà sa capacité pulmonaire, par delà son don et le sang qui sortait des oreilles de ceux qui tombaient au sol acheva de la terroriser. Mais elle ne devait pas arrêter, pas avant de savoir Zachary et les autres en sécurité. Apep se planta sur le balcon aux côtés d'Erzulie pour réceptionner l'équipée après un regard sur le massacre qu'il avait encouragé dans la cour; il sourit, de son mufle de dragon, comme amusé. Quant à Lucia, son corps soudain prit par la fièvre lâcha d'un coup, tombant sur les genoux, du sang coulant abondement de son nez, pour faillir face contre le sol, inconsciente d'avoir complètement repoussé toutes ses limites, physiques comme psychologiques, pour défendre ses amis.
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeDim 18 Jan - 19:50



Elle encaissait chaque choc subi par sa dragonne comme les siens, souffle coupé, un instant vulnérable. Elle vit bientôt les hommes prêts à fondre sur eux, un instant retenu par l'illusion de Zachary. Affolée, désarmée, la jeune femme aux cheveux roses craignit qu'ils n'y passent tous. L'illusion ne tiendrait pas très longtemps et elle supplia du regard Z d'être prudent, serrant contre elle le petit corps de la gamine. Elle la serrait dans ses bras comme si leur vie en dépendait, comme pour la protéger contre tout. Une seule enfant, face à toutes celles de ce sinistre sérail... Elle avait envie de pleurer et elle tressaillit en sentant Erzulie perdre un peu de terrain face au gros dragon qui l'attaquait, lui mordant la patte antérieure. La dragonne stellaire rua furieusement, dans un rugissement assourdissant, alors qu'à ce même instant, Z chargeait les soldats.

La confusion régnait et elle se sentait impuissante dans cette mêlée, les mains prises par la petite, son don inutile et elle vit comme dans un cauchemar Lucia s'interposer entre Z, blessé, et les soldats. Elle cria quelque chose, prise de la terreur terrible de les perdre tous les deux, prête à courir les rejoindre mais, pour la première fois, Lucia usa de son Don, en un cri terrible et assourdissant, la faisant vaciller alors qu'Apep arrivait en renfort pour secourir Erzulie, qui se dégagea bientôt, gagnant le balcon en quelques coups d'aile, se posant sur la balustrade fragile, ses griffes creusant de puissants sillons dans le gré.

"VITE !" S'écria la Wyrm à Zachary, blême de voir Lucia s'effondrer. Ce n'était guère étonnant, elle n'était pas Wyrm depuis longtemps et venait de faire une démonstration de sa puissance, cela épuiserait n'importe qui. Elle grimpa d'une seule main sur sa dragonne, la chevauchant avec adresse, la petite Tre bien serrée contre elle, tout contre sa poitrine, pour lui cacher l'horrible spectacle. Les soldats confus se détournaient d'eux et elle lança un : "Bien joué, Apep." Pour ravir le petit dragon multicolore. Aidant son compagnon à grimper en croupe, hissant Lucia inconsciente entre eux, aussitôt, la dragonne stellaire prit de la hauteur en quelques battements d'aile puissants.

Rapidement, la ville ne fut plus que de petits bâtiments ridicule, alors qu'ils rejoignaient les nuages. "Pas trop haut, nous allons geler." Fit Venecia à sa dragonne. Ses jambes nues étaient engourdies du froid de l'altitude et elle craignait pour les deux plus jeunes, en particulier pour Tre, qui grelottait un peu dans ses bras. Erzulie filait vite, prenant aisément le large, suivant les courants d'air ascendants pour se diriger avec une grande aisance pendant qu'Apep voltigeait non loin, peinant un peu à suivre la dragonne profilée pour la vitesse.
Et loin dans cet azur, porté par la dragonne des cieux, ils purent enfin respirer. Et savourer la joie simple d'en être sortis vivants. Et d'avoir sauvé rien qu'une enfant de ce palais de vices...


[Clos pour moi, merci les filles ♥♥]
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Message Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] I_icon_minitimeMar 27 Jan - 22:33

Credens Justitiam, believing in Justice. [Warning: sujets difficiles] 864396post

Cela avait mal commencé, cela ne pouvait pas se terminer le sourire aux lèvres. Définitivement non, ce monde, ce lieu, cet endroit était le plus infâme de tous et de là, si quelques parcelles de lumière pouvait en jaillir, les ténèbres engloutissaient tout le reste. Zach était près à s’y enfoncer pour sauver celles à qui il tenait. Il n’y avait qu’elles, seulement elles en cet instant.
Il sentit la lame effilochée ses côtes, ouvrant sa peau pour en faire couler le sang. Il entendit le cri de Lucia et se retourna pour la protéger, mais déjà il tombait à genoux meurtri par l’attaque. Un son venu d'Apep lui vrilla les oreilles et les gardes se mirent à se regarder entre eux, avant de plonger leurs épées au plus profond de leur chair.
Essoufflé, le bras entourant son flanc, Zach fixait Lucia debout devant lui. Elle ne pouvait pas faire ça, elle, enfin il était trop précieux. Il n’était qu’un enfant à qui l’ont avait arraché tant de chose. Grondant il voulut se relever pour le faire glisser contre lui et faire un rempart de son corps, mais au final il n’entendit que la voix aux accents difformes de Lucia vibrer dans l’air. Tout explosa autour d’eux, toutes traces d’humanités tomba en morceaux, les chairs se décomposèrent explosant sous les aiguës et les os se brisant sous les graves, Zach n’en revenait pas.

Il fixa Lucia, comment pouvait-il...?

Son crâne lui fit un peu mal, mais quand finalement il ne resta debout à peine quelques gardes à l’esprit chamboulé, il vit Lucia tomber. Tendant les bras, il le rattrapa, peu importe la douleur, peu importe tout le reste. Sa tête tomba contre son torse et les yeux bleus de Zach se posèrent sur ce corps androgyne, sur ce visage un peu poupon. Inquiet, il prit le temps de vérifier son pouls et quand la voix de Venecia le tira de sa rêverie, il se releva en courant.

Souplement, il grimpa derrière Venecia, enfourchant Erzulie, son précieux colis entre les bras. Le vent claqua contre son visage, sur son torse nu. Instinctivement il serra Lucia plus fort contre lui, frictionnant ses jambes, le repliant un peu pour le coller contre sa peau.

Comme si son esprit avait exploser avec le crâne des gardes, Zachary resta de longues minutes, voire des heures presque amorphe, les lèvres tremblant de froid. Épuisé, il sentit sa tête se faire lourde, il posa son front contre le dos de Venecia, sa main attrapa la sienne et il la serra. Il ne dit pas un mot, il n’avait rien à dire.

Il ne restait dans son coeur qu’une immense colère, et une inquiétude si profonde pour celles qu’il aimait qu’il finit par faire quelque chose qu’il ne faisait jamais. Il pria, de tout son cœur, il pria pour que Lucia ouvre doucement les yeux et lui sourit comme à son habitude...

Il pria.

[ Clos pour moi !!! Merci pour ce super topic :61: :61: ]
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