Le jour se levait.

Sortant avec difficulté des limbes dans lesquelles elle était tombée, Eleanor ouvrit les yeux et les riva au plafond. A peine furent-ils accoutumés à la lumière que des larmes en coulèrent.

Qu'avait-elle fait? Non, la question était plutôt: pourquoi avait-elle aimé ça.
Stressée des conséquences de cet acte, Eleanor se mit à réfléchir à tout ce que cela impliquait. A partir de maintenant. Elle ne pouvait pas rester ainsi, elle devait assurer ses arrières, faire comme si de rien n'était en restant vigilante. Elle allait devoir être en permanence sur ses gardes, ne rien trahir. Etre fausse? Oh ça non, elle ne le voulait pas.

Elle s'essuya rageusement les yeux et tourna la tête pour voir si Medea était réveillée ou non. Par chance, elle ne l'était pas encore. Elle put donc se reprendre et calmer légèrement son coeur. Elle avait mal à la poitrine à force de le sentir tambouriner.
Elle se mit en position assise dans son lit et une enveloppe blanche à la porte attira son regard. Ele se leva, titubant un peu et s'approcha, tremblante de la missive. Son nom était inscrit dessus.

Elle tomba en tachycardie, ses mains tremblaient, bougeaient d'elles-mêmes, sa vue se brouilla. Elle sentit les picotements de l'angoisse fourmiller sur son visage. Elle en était à ce point tel qu'elle ne pouvait même pas triturer ses cheveux pour se calmer. Elle était dans un état qu'elle n'avait encore jamais expérimenté. Et cela n'alla pas en s'arrangeant en lisant ce qui était écrit "Je sais ce que tu as fait". Il n'y avait aucun expéditeur. Ses jambes flagolèrent et elle tomba à terre. Comment cela étai-il posible?

Angoissée, stressée, bien plus que tout ce qu'elle avait enduré pendant ces années, elle ferma les yeux. Il fallait qu'elle se reprenne. Qu'allait-elle bien pouvoir faire pour se sortir de cette situation?

Entendant un mouvement de draps, elle s'empara de la lettre et la glissa dans son top. Personne ne devait tomber dessus.

Elle se releva tant bien que mal et se passa la main sur le visage.

Eleanor se dirigea dans la petite salle de bains. Son visage était méconnaissable, ses yeux étaient bouffis et semblaient être de véritables rubis. Ses mains tremblaient, encore. Elle se passa de l'eau fraîche mais cela ne la calma pas, ni ne lui fit du bien. Elle devait se ressaisir et réfléchir. Sa vie, elle en était sûre, en dépendait.

Elle sortit et retourna dans la chambre. Son regard fut de nouveau attiré par, non pas une, mais trois enveloppes. Qui donc la tourmentait ainsi? Elle décacheta les missives, taches blanches sur le sol. Si l'effet désiré était de la stresser, cela marchait du tonnerre. Ce fut la dernière lettre qui la sortit de sa transe appeurée. " Ils sont sur tes traces".

Une alarme et un état d'urgence s'enclencha dans son esprit, balayant d'un coup d'un seul tout le stress et tout l'angoisse. Ses tremblements cessèrent, ne restèrent que ses sens à l'affut. Silencieusement, elle prit un sac à dos, celui qu'elle affectionnait tant, le rempli d'affaires nécessaires à une fuite. Elle en avait l'habitude à vrai dire.

Elle réfléchit, en règle générale, les traqueurs s'attendent à voir leur proie retourner sur les lieux de son crime mais elle était sûre que rien ne pouvait les laisser attendre là-bas, il n'y avait rien qu'elle devait récupérer, alors peut-être était-ce l'endroit.
Elle se remémora que l'Académie avait enregistré son don. Elle n'était donc pas en sécurité ici. Qu'elle s'en aille ou qu'elle reste, ils trouveraient qui c'est. Se cacher ici et peut-être mettre la vie des autres en danger ne lui plaisait pas. Elle devait partir. Elle savait que des tunnels existaient dans l'enceinte de l'école militaire. Mais comment faire pour les trouver. Avec un peu de chance, il y aurait un grand panneau. Et ce serait sûrement l'endroit que les traqueurs iraient voir.

Son cerveau tourbillonnait d'idées et de plans. Elle se dit que la personne auteure de ces missives n'était peut-être pas loin, elle ouvrit alors la porte. Il n'y avait personne dans le couloir. Qui donc pouvait être au courant? Cette personne cherchait-elle à la nuire ou à la protéger car sachant ce qu'elle avait fait, elle avait plutôt l'air de la prévenir plutôt que de la dénoncer.

Ne voulant aps tergiverser plus avant, Eleanor jeta un dernier regard en arrière. Les tunnels étaient son option. Cependant, elle ne voulait pas laisser Datgar mais aprtir avec elle et aller la voir les condamnait toutes deux. Elle prit donc le choix de la télépathie qu'elle partageait et lui expliqua son plan. Ceci fait, elle partit dans les couloirs.