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J'ai su, j'ai vu, et pourtant je n'ai pas voulu.

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AnonymousInvité
J'ai su, j'ai vu, et pourtant je n'ai pas voulu. Empty
Message J'ai su, j'ai vu, et pourtant je n'ai pas voulu. I_icon_minitimeDim 10 Mar - 12:26

Elle était là, accoudée au bar, buvant pour arrêter de penser, mais plus elle engloutissait la boisson, plus ses souvenirs lui revenait, tous plus douloureux les uns des autres. Elle en avait vu mourir, beaucoup. Des amis, des ennemis. Elle en avait vu mourir. Et jamais, jamais, elle n'aurait pu imaginer que lui aussi, puisse abandonner ce monde qui n'avait plus de sens. Lui. Lui aussi, il était mort. Loin d'elle, alors qu'elle n'avait pu le sauver comme il l'avait fait pour elle. Aldo Ortega était... Il était... Il l'était. Cette pensée insupportable lui faisait tourner la tête. Des larmes s'échappaient de ses yeux sans qu'elle ne puisse rien faire. Un sanglot passa sa gorge avant qu'elle ne puisse le réprimer. Sa main lâcha violemment son verre qui s'éclata sur le comptoir, se répandent en mille morceaux. Elle se mit à tousser, l'alcool lui brûlant les poumons. Sa main s'accrocha au bar, ses ongles s'enfonçant dans le bois avec une telle force que ses jointures devinrent blanches. Sa vue se troubler. Elle avait mal à la tête. Le feu à l'intérieur de son corps la brûlait. Soudain, ses genoux ne supportèrent plus son poids. Elle entendit le hurlement de Legitimens dans son esprit et s'effondra la tête la première vers les débris de verre qui parcouraient le sol.

La jeune femme se réveilla en sursaut, se redressant d'un seul coup sur l'herbe fraîche où elle s'était assoupie, son front se heurtant au flanc pâle du vieux dragon qui l'accompagnait. Son coeur battait vite. Ses poumons cherchaient de l'air. Des larmes coulaient le long de ses joues. Et son crâne lui faisait un mal d'enfer.

" Tu as encore trop bu petite humaine, tu devrais faire plus attention. "

Elle soupira. Quel cauchemar.

" Désolée Legitimens. "
" Je te pardonne. "

Elle se leva, chancelant doucement sur ses jambes engourdies. Par réflexe elle tata ses hanches et sursauta lorsqu'elle n'y trouva pas sa dague.

" Merde ! "
" Ulum ! N'y retourne pas ! "

Un grondement sortit du poitrail puissant du dragon mais la jeune femme était déjà partie en courant.

" J'en ai besoin ! Je ne peux pas la laisser là-bas ! "

Ses jambes n'avait jamais couru plus vite, ses pieds glissaient sur les dalles humides des rues avant de prendre des appuis puissants dessus. Son hyper-vitesse la propulsa immédiatement devant la porte de la taverne. Elle ignorait à quel moment elle s'était endormie là, ni à quel moment, ni comment Legitimens était venu la cherchern et surtout elle ignorait où était sa dague. Elle ouvrit la porte si fort que celle-ci claqua et lui revint dans la figure. Heureusement, Ulum était une guerrière avisée et avait malgré son mal de crâne encore assez de réflexes pour assurer sa survie. Elle se glissa entre la porte et l'embrasure juste avant que celle-ci ne claque avec fracas. Toutes les têtes se tournèrent vers elle alors qu'elle s'avançait vers le comptoir.

Ses cheveux étaient emmêlés, d'ailleurs elle ignorait la dernière fois qu'elle les avaient brosser. Elle était sale, mal habillée. C'était une chance qu'ici personne ne sache qu'elle faisait partie de l'armée. Elle ressemblait plus à une sans-abris, ce qu'elle était, qu'à une guerrière.

Elle poussa un soupir de soulagement en récupérant sa dague sur le comptoir et se laissa choir sur un tabouret avec une grâce innée et non contrôlée. Elle dégageait une bestialité étrange et repoussante à cet instant qui poussa les plus près à se reculer. Elle jeta deux sous sur le comptoir.

- Comme d'habitude. Déclara-t-elle au barman sur un ton plat.

Il se saisit des pièces et les conversations reprirent en chuchotements et ragots.
Legitimens gronda dans son esprit.
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AnonymousInvité
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Message J'ai su, j'ai vu, et pourtant je n'ai pas voulu. I_icon_minitimeDim 10 Mar - 19:26

    Sale temps pour les dragonniers des territoires, l’attaque sur le port avait repoussé les wyrms, mais à quel prix ? Plusieurs dizaines de soldats morts, des dragonniers et leurs alliés décédés, dont Aldo Ortega. Cette guerre faisait trop de mort. Avant de retourner à l’académie, Ivan avait du faire un détour par le pays natal du jeune Aldo où il avait assisté à ses funérailles, en compagnie de plusieurs autres membres de son escadron d’élite. Des gens qu’Ivan ne connaissait pas, peu, et certains qu’il avait croisé à l’occasion.

    Puis, il fut temps de rentrer à Laragon et de reprendre les cours de combat. Si cette guerre ne se terminait pas, combien de ceux qu’il avait formés rentrerait un jour chez eux autrement que dans une boite de bois… Ayant visiblement un sacré cafard, il sortie ce jour-là en ville et s’arrêta dans un bar, le Dyonisos. Il n’était pas le seul à avoir le cafard. Il y avait une jeune femme qui buvait de manière effrontée. Il ne reconnut pas sur le coup la jeune femme qui était aux funérailles d’Aldo, trop de monde ce jour-là et il ne les avait pas vraiment regardé.

    Toujours est-il qu’à un moment, elle qu’elle se mit à pleurer avant de lâcher son verre, se mettre à tousser et s’effondrer sur le comptoir. Visiblement, elle ne tenait pas l’alcool et avait eu besoin de boire. Comme il était à côté, il la prit dans ses bras, histoire de l’emmener ailleurs, genre la première auberge venu où il lâcherait sur un lit pour qu’elle décuve en paix. Il fut intercepté dehors par un dragon blanc qui semblait vouloir récupérer la jeune femme. Ivan lui remit l’alcoolique anonyme avant de rentrer chez lui.

    Il revint le lendemain au bar, il ne savait pas très bien où aller de toute façon. Il s’installa au comptoir, il était nettoyé des dégâts de la veille mais une jolie dague trainait dessus. Qu’elle ne fut pas sa surprise de revoir débarquer la jeune femme de la veille, laquelle était arrivée comme une furie avant de foncer vers le comptoir reprendre sa dague. Ivan avait cru qu’elle en resterait là mais elle lançait déjà deux pièces sur le comptoir. Il se dégageait d’elle quelque chose qui semblait faire fuir les gens ordinaires mais vu qu’elle avait un dragon avec elle, elle était dragonnière et donc, il n’y avait rien d’étonnant qu’elle dégage cette aura de violence même si là, elle ressemblait plutôt à une zonarde alcoolisée. N’ayant pas envie de la repêcher à nouveau, il s’approcha d’elle avant de s’assoir à côté d’elle et de parler de sa voix calme.

    Si vous cherchez à noyer vos chagrins dans l’alcool, mauvais plan, ils savent bien nager.

    Sans compter qu’il n’y aurait pas toujours quelqu’un d’aussi droit qu’Ivan pour la rattraper une fois effondrée et la prochaine fois, ce serait peut-être un pervers mal intentionné…
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