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[clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?

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AnonymousInvité
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeDim 30 Déc - 23:55


Ce jour-là était un jour comme les autres. Un samedi. En décembre. Fin d'année. Vers une nouvelle ère. J'étais d'astreinte pour surveiller les étudiants en retenue à Lindorm. Les professeurs ne lésinaient pas ces derniers temps. C'était comme si les élèves s'en donnaient à coeur joie au fil des mois, enfreignant le règlement, comme si c'était leur seul plaisir. Je n'étais pas non plus totalement étranger à cette histoire. Leurs petites têtes blondes bien peignées m'insupportent. Et il m'arrive de coller un élève ou deux, juste parce que leur tête ne me revient pas, ou parce que je ne suis pas d'humeur. Avec une légère décharge en prime, en général, ils ne rajoutent pas un mot et obéissent sans se plaindre. Il faut dire que ces journées de retenues ne sont pas non plus inutiles pour les étudiants. Ils ont des cours à réviser ou des lignes à copier, selon leur âge et leur niveau... ou le professeur. Pour ma part, je leur fait réviser leur dernier cours. Je m'en fou en fait, pour peu qu'ils se la ferment et que j'ai la paix. Alors, je prends un bouquin et je lis, ou alors, j'observe les dragons dans les refuges, par la fenêtre. Parfois, il arrive qu'un élève finisse par se tordre de douleur au fond de la classe. En général c'est qu'il a ouvert la bouche sans y avoir été invité... et que je n'était pas d'humeur.

Depuis que je suis rentré du front, je ne suis jamais d'humeur en réalité. J'ai beau sourire et rire, montrer mon visage le plus avenant, ce n'était pas suffisant, je le sais, et surtout, ce n'est pas sincère. Je n'en ai plus l'envie. Tullio et Aulo essayent, ils espèrent, je le sais, je le vois dans leurs regards. Mais j'en suis incapable. Je ne suis plus le même. On ne revient pas indemne d'une guerre.

Je glisse une main dans la poche droite de mon pantalon et j'en ressors un papier froissé, lu maintes et maintes fois. Je l'ai reçu il y a quelques jours. Une écriture fine qui me dit quelque chose mais que j'arrive pas à reconnaître. Les mots employés sont familiers et pourtant, je ne sais pas de qui ils viennent. J'ai répondu favorablement à la demande couchée sur le papier sachant pertinemment qu'il s'agit peut-être d'un piège de la part des Wyrms. Qu'est-ce que j'ai à perdre de toute façon ? Ma vie ne vaut plus grand chose. Je replie la lettre et la remets dans ma poche, reportant mon regard vers le ciel. J'y vois Aulo qui tournoie haut au-dessus de l'académie et m'arrache un soupire las. Quelques chuchotements me font me retourner. le silence retombe aussitôt. Je regarde ma montre et constate qu'il est 17h passée. La cloche sonne la fin de la journée. Les étudiants rangent leurs affaires mais restent assis et attendent, en silence. Pour la plupart, ils ont retenu la leçon. Après une minute de silence le plus totale, je désigne la porte du menton.


-Fichez moi le camp. Sont les seules paroles que je prononce et je les regarde sortir, jusqu'à ce que la classe soit totalement vide. Mettant de nouveau ma main dans ma poche, je caresse le papier froissé de mon pouce et me demande encore si j'ai bien fait. Aulo n'est pas d'accord, mais il sait qu'il ne pourra pas m'en empêcher. Je range mon livre dans ma serviette en cuir et sort de la classe, dont je ferme la porte à clef.

Une demie-heure plus tard, après une douche et m'être changé, je me dirige à pied vers le centre-ville, là où j'ai donné rendez-vous à mon mystérieux interlocuteur. Je pensais arriver en retard, mais une calèche arrive à ma hauteur.


-On vous emmène, Mr Costa ?


C'est le père d'un des étudiants de l'académie venu chercher son fils et qui retourne en ville pour le weekend. Je ne suis pas vraiment d'humeur, mais après tout pourquoi pas. Et puis j'en ai marre d'être debout. Après avoir remercié l'homme, je monte sur la banquette à l'avant à côté de lui et il redémarre. Arrivé à destination, je lui lance quelques pièces pour le remercier. Ça peut toujorus servir, un bon moyen de transport. Ne soyons pas radin.

Après une dernière seconde d'hésitation, il est trop tard pour reculer maintenant, je pousse la porte du Dyonisos, l'un des seuls bars de l'île. L'odeur de tabac et d'alcool mélangées m'agresse les narines. J'avais oublié à quel point les hommes peuvent manquer de raffinement. Enfin, avec notre directeur soul du matin au soir et du soir au matin, je devrais être habitué. Et puis je fume moi-même. D'ailleurs, à peine les pieds dans le bar, je m'en grille une, avisant la foule présente un samedi en fin d'après-midi. Apparemment, rien de menaçant. Mais ne sait-on jamais. Restons au aguets. J'ouvre l'oeil et le bon, en allant m'asseoir à une table libre, dans un coin sombre du bar. Pour le moment, je ne reconnais personne. Une serveuse vient prendre ma commande, je lui prends un bière et elle disparait dans la marée de clients. Alors que je cherche un cendrier, mon regard est soudain attiré par une tignasse rousse que je reconnaitrais entre 1000 ! Impossible ! Elle est morte il y a plusieurs mois de cela. Ça ne peut pas être elle. Je me frotte les yeux, regarde ailleurs, me pince, histoire de voir si ce n'est pas un rêve... et apparemment non ! Sergia Gorgo est bien là vivante, dans le bar de Dyonisos à Laragon... Que vient-elle faire ici ?

Instinctivement, mon regard se pose sur la poche de mon pantalon où j'ai remis la lettre froissée de cette mystérieuse "Tangerine"... Les yeux écarquillés, je fais le rapprochement, enfin, je ne suis toujours pas sûr. Tangerine... chevelure rousse... ça ne peut pas être une coïncidence... Mais je suis pétrifié, alors que les souvenirs de ce jour-là me reviennent en mémoire. La douleur refait surface dans mes cicatrices sur le front. Je m'empêche d'aller les frotter, mais je ne peux m'empêcher de grimacer, un court instant. Et je suis paralysé, incapable du moindre mouvement, du moindre mot, alors que la serveur revient avec ma commande.

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Lucem
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Estefania Quinto
Estefania Quinto
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeLun 31 Déc - 0:20

    Elle était un peu plus prudente depuis la tentative ratée sur Jillah le Derrien, la semaine dernière. Alecto avait son pied à terre habituel à Laragon, le bar de Dionysos où le patron n'avait accepté de faire relai postal pour elle, après qu'elle lui ait rendu maints services. Bien entendu, la rousse n'avait aucune confiance en un tavernier qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, et elle savait prendre ses précautions. Pourtant en cette fin d'après-midi d'hiver, avec cet étrange ciel gris annonciateur de neige, elle se trouvait à visage découvert à une petite table, perdue dans la foule bruyante et bigarrée du bar. Ces gueux sans raffinement, sans éducation; ils étaient sa meilleure défense.

    La jeune femme buvait sans soif, du bout des lèvres, une breuvage dont elle avait oublié le nom et la composition; les quelques gouttes de belladone qu'elle déposait quotidiennement sur le bout de sa langue, pour s'y immuniser, lui couvrait le gout de l'alcool. Elle jeta un regard blasé alentours, tirant un peu sur le nœud de sa cravate blanche, un peu trop serrée à son gout, puis sortit sa montre à gousset de sa moche en tirant sur la chaine pour vérifier l'heure. Viendrait-il? Alecto n'en savait rien; mais elle attendait, sans s'impatienter, que Rick Costa apparaisse. Ils n'avaient pas été très proche; mais ils étaient des compagnons de guerre et plus encore, les deux seuls survivants d'une bataille qui leur avait pourtant semblé perdue d'avance, et avait couté la vie à leur lieutenant.

    Elle le reconnu au premier regard, le voyant entrer dans le bar et prendre une place dans le fond de la pièce, dans la pénombre réconfortante. Pourtant la jeune femme en costume brun ne bougea pas, dans un premier temps; elle reprit une gorgée d'alcool et le fixa sans rien dire, sa cape encore posée sur ses cuisses, une main précautionneusement posée dessus. Ses yeux très clairs, en amandes, étaient rivés sur Rick qui finalement fut attiré par son insistance; Alecto ne bougea toujours pas; elle ne dit rien, constatant la surprise de l'homme, son vif malaise et remarquant finalement les étranges cicatrices ornant son front comme une couronne de souffrance. Alors seulement, le visage complétement neutre, elle se releva, enfilant sa cape noire et la rabattant son ses épaules frêles.

    Alecto prit sa boisson et gagna la table de son ancien compagnon de campagne militaire, posant son verre sur la table et prenant place en face de lui, rabattant sa cape sur son corps. Ses yeux bleus le détaillèrent un instant avec gravité, comme si elle regardait un fantôme. C'était cela: un fantôme du passé. Ressentait-il la même chose, en cet instant?

    "Cela ne fait une trois ans, et pourtant ça me semble une éternité. Je te pensais mort", commençât-elle très sincèrement d'une voix grave mais comme murmurante, "on s’en est tiré, visiblement... A quel prix, pour toi?", lui demanda-t-elle en regardant ses cicatrices.

    Alecto ne sourit pas mais leva son verre à son ancien compagnon, avant de boire un peu et de reposer sa boisson, ses mains et bras disparaissant sous sa cape pour ne laisser que sa tête de visible.

    "Rick Costa", elle sourit, poliment mais comme soulagée, d'un sourire pudique et un peu timide, "nous n'étions pas amis, mais nous avons en commun maintenant."

    La rousse le regarda à nouveau sans ciller; elle n'avait pas tant à dire alors s'abstint de le prouver par des paroles vides de sens.
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeLun 31 Déc - 0:48


Un mouvement et le charme est rompu. Enfin, pas tout à fait. Elle est là, bien là. Elle se lève, prend son verre et me rejoint à ma table. Je ne la quitte pas du regard, toujours muet. Je ne sais trop ce que je ressens à ce moment-là. Admiration ou crainte. Sergia Gorgo est en vie. Sa voix est toujours la même, mais quelque chose en elle a changé. C'est vrai, je n'ai pas vu les corps, les mutilations, les blessés. Je n'ai pas vu mes collègues et amis tomber et mourir. Je n'étais déjà plus là quand c'est arrivé. Les wyrms m'avaient enlevé dès le début des combats ou presque. Et pendant de longues semaines, ils se sont amusés à me torturer, à me faire endurer mille souffrances que je revis chaque nuit dans mes cauchemars. Parfois, j'ai l'impression que tout n'était qu'une mascarade, qu'un mauvais rêve qui repasse encore et encore dans mon cerveau meurtri par jeu ne sais quel stratagème. Ferretti, notre lieutenant, est mort. Sergia le devrait aussi. Ainsi que tous les autres. Tullio m'a dit que j'étais le seul survivant de ce jour horrible. C'était un mensonge. Ou plus vraisemblablement une erreur. Sergia devait être partie avec Ephialtès avant l'arrivée de l'armée territoriale. Combien de temps s'était écoulé entre la fin du combat et le moment où ils m'ont retrouvé ? Je n'ai jamais eu de réponse claire à ma question.

Et pourtant, tout ce que je croyais s'effrite et s'écroule alors que la rousse se tient devant moi, son regard clair et son expression neutre posés sur moi, comme si... comme si pour elle aussi, j'étais mort. Nous nous regardions, comme deux fantômes du passé.

Son regard se pose sur mes cicatrices que j'arbore fièrement depuis mon retour de la guerre. Ces marques me rappellent, que ce que j'ai vécu et ce que je vois dans mes cauchemars, est bien réel. Machinalement, je me passe une main dans mes cheveux noirs pour les remettre en arrière, en un geste machinal. Comme si je voulais attirer volontairement les regards sur la couronne d'épine qui avait été posée sur ma tête. Je n'étais pas un héros, et je ne voulais pas qu'on me traite comme tel. J'avais seulement vécu des horreurs et je voulais que les gens sachent ce que la guerre pouvait faire. Ces crétins d'étudiants oubliaient un peu trop souvent pourquoi ils étaient à l'académie... la seule vue de mes cicatrices, tellement évidentes étaient là pour le leur rappeler. Mais à quel prix...

Sergia se tait après quelques paroles banales, de réconfort, de constat, je sais pas trop à quoi elle joue, ni ce qu'elle veut. Je ne suis pas sûr de devoir l'appeler par son prénom. Dois-je l'appeler Tangerine ? Je suis toujours incapable de desserrer les dents, alors pour m'aider un peu, je prends quelques gorgées de la bière que la serveuse m'a apporté, à laquelle je n'avais toujours pas touché. Ma cigarette s'est consumée jusqu'au filtre sans que j'ai pu en tirer une seule taffe depuis mon arrivée. Je l'écrase dans le cendrier après avoir reposé mon verre et me rallume une clope. C'est presque devenu machinal aussi comme geste. Il n'y a que dans les couloirs de Lindorm que je ne fume pas. Après avoir tiré une grande bouffée, je recrache la fumée lentement, tandis que je réfléchi à quoi dire.


-Tu es bien réelle ? Tu es bien là ?

Des paroles creuses, qui ne demandent pas vraiment de réponse. Mais c'est tout ce que je peux faire pour le moment. Je l'ai cru morte pendant tout ce temps. j'ai cru que je n'aurai plus jamais à affronter ce jour-là. Mais en la voyant là, maintenant, devant moi, qui me sourit poliment, tout me revient en pleine gueule et c'est comme si je ne pouvais plus respirer. Je sens ma gorge se nouer, je sens mes yeux me brûler. Je sers les dents. Combien de fantômes y aura-t-il jusqu'à la fin de mes jours ? Combien de vies perdues, reviendront me hanter pour les fautes que j'ai commises ?

-J'ai... j'ai connu l'enfer, là-bas, Sergia...

Son prénom est sortit de ma bouche, un murmure à peine audible, comme si je ne parvenais pas à le prononcer, de ma voix cassée par l'émotion. Des émotions que je m'étais juré de ne plus ressentir, de ne plus laisser sortir. Je suis mort lors de cette bataille, dans cette vallée. Je ne serai plus jamais le même.
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Lucem
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Estefania Quinto
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeLun 31 Déc - 12:51

    Pour Alecto, tout deux étaient morts il y avait de cela bien longtemps; pas forcément sur le champ de bataille. La rousse baissa cependant la tête, le regard un peu de biais, sans oser rien dire. Car elle aurait peut-être voulu l'instant moins émouvant pour elle, même si elle s'en gardait bien car si Rick n'avait jamais été son ami, elle eut de la sympathie immédiate pour l'autre survivant de la bataille de Meliadus. Réflexe naturel et humain, mais qui l'irrita; elle tenta de remiser cette impression a plus profond d'elle-même d'un lourd soupir.

    Peut-être étaient-ils des fantômes du passé mais ce moment de retrouvailles presque un peu surréaliste appartenait au présent, tout comme leurs vies. La jeune femme plissa ses yeux déjà extrêmement en amandes jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des fentes, le regard attiré par le geste de Rick qui découvrait son front avec naturel. Ils se regardèrent un instant en chiens de faïence dans un silence évocateur, et finalement Rick prit la parole; Alecto haussa vaguement des épaules, l'air faussement maussade.

    "Je ne suis pas ailleurs, en tout cas."

    Ce n'était ni une moquerie, ni une boutade; juste le signe que la rousse était une pragmatique. Elle avait de la peine, mais essayait de le cacher. De la peine pour Rick, pour ces blessures. De la peine pour le lieutenant Ferretti. De la peine pour toutes ces années de guerre. Mais elle referma soudain son cœur, comme elle le faisait toujours. Elle referma son cœur à double-tour, pour que plus rien ne s'en échappe.

    Le prénom que prononça son ancien compagnon lui sembla comme étranger à elle-même; comme affecté. Cela faisait des années que plus personnes ne l'avait appelé comme cela; pas depuis l'adolescence: à Lindorm, elle avait été Demetra. Pour ses employeurs, elle était Tangerine, pour la vie de tout les jours, Alecto. Parfois Cereza. Rares étaient ceux, qu'ils soient issus des souvenirs fuyants de son enfance ou de ceux rageurs de son passage sur le champ de bataille, qui l’appelaient Sergia. Rares et précieux.

    La rousse faisait passer le bout de son index sur son verre, le faisant tourner doucement le long du bord épais. Elle le fit chanter par résonance, avec douceur, le regard presque apaisé posé dessus. La voix de Rick semblait cassée par l'émotion et Alecto elle-même dirigea son émoi sur ce bord de verre, pour cacher son trop plein, et ne rien montrer. Fermer son cœur; ne rien laisser filtrer. Jamais.

    "Tu peux me raconter?"
    , lui demanda-t-elle simplement, pas sûre qu'il puisse le faire.

    Alecto connaissait le Rick du passé; Rick la Sergia de jadis. Ils étaient de nouvelles créatures, marquées par la guerre, mais aussi la vie. Ils n’étaient pas des héros, ne l'avaient jamais été et il y avait fort à parier que si on leur offrait une telle place, aucun n'en voudrait. Ils étaient différents, tout deux. Mais le passé leur était commun. Ils n'étaient pas des héros: juste un homme et une femme qui tentent de continuer leur chemin comme ils le pouvaient.

    Ils n'avaient peut-être pas fait les bons choix: mais ils avaient pris les décisions comme ils l'avaient pu, pour s'en sortir.
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeLun 31 Déc - 13:28


La jeune femme se ferme un peu plus, ses expressions deviennent neutres, elle se transforme en un bloc de granit. Elle n'a pas tellement changé finalement... je l'ai toujours connu ainsi, le peu que je l'ai connu. Mais elle était un peu plus souriante, un peu moins froide. La guerre, ça vous change un homme et personne n'en revient indemne, quand bien même vous êtes en vie. En vie ! Qu'est-ce que cela veut dire, réellement ? La vie, est-ce seulement un coeur qui bat, des membres qui bougent, un cerveau qui gamberge ? Je n'ai pas demandé à revenir en vie de cette guerre... Je n'ai pas l'impression de l'être. Tullio aurait dû me laisser crever la-bas. Qu'importe. Aujourd'hui je suis là, et je ne peux rien y changer. Il faut bien avancer, faire quelque chose. Sergia répond à ma question. J'hésite entre rire ou me mettre en colère. Est-ce qu'elle tente un trait d'humour ? Est-ce qu'elle se fout de moi ? Pas son genre. Elle a l'air toujours aussi sérieuse. J'avais oublié à quel point elle pouvait être pragmatique. Pas une mauvaise chose non plus. Mais ça me rassure en même temps. Ce n'est pas un rêve, ni une hallucination. Petit à petit, je commence à accepter ce qui se passe et que tout ceci est bien réel. Mais c'est aussi plus douloureux.

Elle joue un moment avec le bord de son verre, le faisant chanter du bout d'un doigt. Ce son cristallin, parfait, sans défaut vient résonner jusqu' à mes oreilles et me plonge dans une espèce de transe, pendant quelques secondes. Je réalise alors que ce simple geste combiné à ce son m'a détendu légèrement. Pendant une seconde, j'ai oublié où j'étais et la douleur que je ressentais. Mais retour à la réalité, tout me revient, et c'est presque plus douloureux encore. Surtout quand la jeune femme insiste et demande à savoir ce qui s'est passé pour moi. Je l'observe un moment en silence, tirant quelques bouffées sur ma cigarette, sirotant ma bière. Mon regard ne quitte pas le sien. Mon air reste grave. Toute émotion a disparu. Mon coeur aussi s'est refermé. Je ne peux pas laisser sortir tout ça.


-Non. Répondis-je tout simplement, sans animosité. Juste non. Non, c'est impossible. Pas maintenant, jamais si possible ! Je ne veux plus jamais y repenser, jamais en reparler. Ça fait trop mal. C'est trop tôt...

Et n même temps, je lui dois bien ça. Je le vois dans son regard. Ce n'est pas de la curiosité malsaine, juste un désir d'en savoir plus. Savoir comment j'ai survécu et ce que j'ai enduré. Parce qu'elle aussi à souffert, même si c'est différent. c'est peut-être même pire pour elle ? Non, je persiste, c'est différent. Alors, je penche en avant sur la table, et j'observe les alentours pour voir si on nous écoute. Apparemment pas. Je n'ai pas envie que des oreilles indiscrètes entendent ce que je vais dire. Cette conversation n'appartient qu'à nous, deux âmes meurtries, endolories par le passé... le présent... et même l'avenir. Je la regarde de nouveau, mon regard doré dans le sien, bleuté, et à vois basse, je lui donne ce qu'elle attend, du moins, le stricte minimum.


-Ils nous sont tombés dessus dès le début de la bataille. Je n'ai rien vu venir, ni Aulo. Il ont retourné notre don contre nous... Pendant plusieurs semaines, ils nous ont torturés. Surtout moi. Apparemment, ils ne voulaient pas toucher au dragon.

D'un doigt, je pointe les cicatrices sur mon front.

-Une couronne d'épines pour couronner un roi des airs...

Je me redresse. Finalement, je ne lui ai pas dit grand chose. Je ne veux pas rentrer dans les détails. Lui dire que tout ça c'était pour m'arracher des informations, ça n'aurait servi à rien. Je m'adosse à ma chaise et termina ma bière, continue à cloper. Je sens encore la couronne sur ma tête, les épines qui s'enfoncent dans ma chair, jusqu'à l'os. Je les sens forcer contre mon crâne pour s'y enfoncer plus sûrement... Comment ai-je seulement survécu à tout cela ? C'est encore un mystère... Selon les médecins, j'aurai dû mourir de ces blessures.
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Lucem
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeMer 2 Jan - 12:16

    Alecto ne disait rien; elle restait fière et droite, posant les questions sans chercher à éveiller l'envie d'en poser aussi à Rick. Elle n'était pas spécialement venue pour savoir, mais revoir cet ancien compagnon, tout comme la disposition étrange de ces blessures sur son front, heurta simplement sa curiosité. La rousse resta simplement sans rien dire à attendre et lorsque Rick marqua son refus sans animosité, elle hocha du chef dans un consentement muet: elle comprenait, et ne chercherait pas plus loin; elle n'était pas d'une nature très curieuse.

    Un instant flotta comme un ange qui passe, sans que la rousse ne quitte l'homme des yeux; ils semblaient vérifier qu’ils n'étaient pas écouté, la discrétion du lieu. Alecto se contenta de froncer un sourcil, circonspecte; l'instant d'avant Rick refusait, et maintenant il prenait les devants. Elle se souvenait d'un jeune homme lunatique, assez séducteur -ce qui l'avait toujours prodigieusement agacé- et bon enfant; elle ignorait qui elle avait en face d'elle, ce que la guerre, les Wyrms, le temps même avait fait à Rick Costa, et elle n'était pas sûre que savoir l'intéressait. Pourtant la jeune femme écouta, puisqu'elle avait elle-même demandé.

    Elle ne le lâchât pas du regard, lorsqu'il la fixa: pas un instant. Elle ne cilla même pas. Sa mâchoire se crispa cependant et un gout de sang entacha sa bouche. Rick avait souffert, avait été enfermé, torturé et humilié durant des semaines. Elle ne dit rien, n'exprima rien. Les Wyrms l'avaient capturé en début de guerre. Mais... sa torture avait-elle servi leurs intérêts? Alecto soupira.

    "Les chiens...", sous sa cape, ses poings étaient serrés à s'en faire blanchir les phalanges, mais extérieurement rien ne se vit. Elle regarda les cicatrices que lui montra encore une fois Rick avant de reprendre, "les Wyrms ne sont que des chiens, rien ne les retient. Leurs idéaux sont des excuses."

    La rousse était calme, mais au fond d'elle bouillait quelque chose de terrible. Rick et elle ne se connaissaient pas très bien: ils n'avaient jamais été amis, même jamais proches. Ils ne s'étaient jamais attirés, jamais cherché. Ils n'avaient été que deux soldats du même escadron et Alecto ne ressentait pas de peine pour lui car les choses du passé sont les choses du passé: elle fonctionnait comme cela pour oublier les années au sérail. C'était la meilleure technique qu'elle avait trouvé. Terminant son verre qu'elle reposa sur le bord de la table, la rousse demeura songeuse un instant, le regard de biais tourné vers le sol; puis elle releva le regard, ses yeux bleus encore une fois extrêmement plissés attestant un étrange métissage.

    "Écoute", commença Alecto, "je ne sais pas ce que tu as prévu de faire, mais je dois entrer à Lindorm sans être vue. J'ai appris que tu étais surveillant. Demande-moi ce que tu veux en échange de ce service."

    Elle ne lui parla pas d'elle, de ses années d’errance et de mercenariat. De ses exploits, de ses déceptions. De son histoire. Car le passé restait bien le passé, que ce soit à la guerre ou au sérail. Alecto ne ressenti pas de pitié pour Rick; elle trouvait cela dégradant.

    "Cela ne nuira pas à ton emploi et si tu acceptes, personne ne saura que j'y suis entrée; sur le sujet de la discrétion, tu connais la musique."

    Alecto avait été l'éclaireur principal de l'escouade; son dragon était un des plus rapides dragons de Foudre et elle-même, capable de se téléporter mais également bonne furtive, savait se camoufler et se faire patte de velours. Elle se releva, quittant son siège pour fixer Rick, debout devant la table.

    "Demande-moi ce que tu veux; sauf de renoncer."

    Alecto fixa Rick intensément, comme elle le disait toujours, histoire de lui faire comprendre qu'elle entrerait dans l’académie, avec ou sans son aide et qu'elle n’était pas disposée à repartir Gros Jean comme devant.
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeMer 2 Jan - 14:04

Les idéaux des wyrms ! J'ai envie de rire. Quels idéaux ? Soi-disant vouloir changer les lois et pouvoir vivre avec leurs dragons en paix... en paix. En paix avec le monde et tout ceux qu'ils ont massacrés ? Des massacres perpétués au nom de la paix ? Et de l'amour ? Mon cul, ouais ! Leurs idéaux, c'est de la neige qui fond au soleil. Leurs idéaux, c'est la carotte pour faire avancer l'âne... ou plutôt les ânes qui sont assez bêtes pour se laisser berner par les belles paroles des recruteurs. Des chiens. Sans doute. Des raclures. Je tuerais chaque wyrms que je croiserais, si je le pouvais...

Sergia reste neutre, ne montrant rien de ce qu'elle ressent. Peut-être ne ressent-elle rien. Mais elle m'a demandé, je lui ai répondu. De toute façon, je ne m'attends pas à de la compassion, de la pitié, ou ce genre de connerie. Je n’exhibe pas mes cicatrices dans ce but et ceux qui croient le contraire sont des imbéciles. Mais elle, elle n'est pas idiote, loin de là. Elle fini son verre. J'en profite pour continuer à apprécier ma bière. Elle repose son verre sur le bord de la table, aussitôt ramassé par la serveuse qui passait par là. Et le regard de Sergia dévie vers le sol, comme si elle était plongée dans une réflexion ou des souvenirs. Je ne veux pas vraiment savoir, en fait. Les souvenirs sont un frein et vous empêchent d'avancer. Je ne peux pas changer le passé, alors autant aller de l'avant. Son regard retrouve le mien, et ses yeux bridés se plissent un peu plus. Je l'écoute, mais je ne vois pas très bien où elle veut en venir. La faire entrer à Lindorm ne sera pas difficile, ce n'est pas le problème, en plus, je sais à quel point elle peut se montrer... discrète. Risquer ma place ? Ma place, j'en ai rien à foutre. Je veux retourner sur le terrain, combattre encore et botter le cul des rebelles. Mais on me le refuse, alors Lindorm, c'est tout ce que j'ai pour le moment.

Je lève la tête vers elle, qui s'est mise debout et lui réponds.


-Je t'aiderai à rentrer à Lindorm, ce sera facile. En échange... je veux savoir pourquoi. Qu'est-ce que tu prévois de faire ? Qu'est-ce que tu fais depuis ton retour ?
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Lucem
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Estefania Quinto
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Message [clos]Gigi, c'est toi là-bas, dans le noir ?  I_icon_minitimeVen 18 Jan - 19:29

    Alecto regarda Rick apprécier sa bière, sans rien dire. Elle réfléchit posément un instant, composant lentement son plan en prenant en compte l'acceptation de l'aide -ou non, de l'homme. Entrer dans Lindorm serait un jeu d'enfant pour elle si elle avait l'appui d'un membre du personnel; avec le vol de son dragon, sa capacité de téléportation et sa furtivité, elle pourrait peut-être mener son but à bien. Car elle devait réussir: celui qui l'avait engagé n’était pas du genre à placer de l'argent sur le mauvais assassin.

    Rick li sembla bien curieux, mais la rousse lui devait bien cela. Elle fronça cependant désagréablement les sourcils lorsqu'il lui demanda ce qu'elle faisait depuis son retour. Son retour d'où, en fait? La question lui sembla étrange, mais elle ne dit rien, ne répondit pas tout de suite. Elle se content de se lever sans bruit, drapant son corps dans sa lourde cape noire, rabattant son capuchon sur ses boucles.

    "Quelqu'un m'a demandé de nettoyer quelque chose, je pense que tu as compris ce que je veux dire"
    , elle fixa Rick, puis reprit, "nous sommes dans un lieu public."

    Car des oreilles indiscrètes pourraient trainer et capter leur conversation aisément; et elle, elle était du genre méfiante, toujours sur la brèche, professionnelle. Paranoïaque aussi. Alecto n'eut qu'un simple hochement de tête envers son ancien compagnon et quitta la table pour se diriger vers la sortie du bar.

    "Je repasserai ici samedi prochain, pour notre affaire. Revoyons-nous vers dix-huit heures, après les cours"
    , elle ajouta, dans un vague sourire, "après ça, laisse-moi t'offrir quelque chose de mieux que la surveillance de cette académie de petits novices qui ne connaissent rien de la guerre."

    Puis Alecto s'en alla sans demander son reste, se glissant et louvoyant entre les clients du bar avant de disparaitre purement et simplement, corps et âme.

    [Clos pour moi, merci Rick! ♥]
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