Novembre 1568
Finalement c'est lui qui m'a retrouvé, il est venu me trouver dans mon appartement des bas quartiers … pas très loin finalement de l’endroit où nous avions eu notre appartement bien des années plus tôt.
Ne croyant pas à mon amnésie, il a cherché à raviver des souvenirs en moi à partir de certains événements, certains mots clés.
D’abord l’armée où il a pu voir mon réveil après la blessure qui avait causé mon amnésie, les entraînements, les combats sur le front … mon banal quotidien.
Ensuite Babka Anya, ma grand-mère … que j’avais complètement oubliée vu qu’il ne me restait aucun souvenir des vingt premières années de ma vie. Je ne rappelais que ce que les officiers m'avaient raconté à mon réveil : j'étais orphelin, mes parents étaient morts lorsque j'étais très jeune et ma grand-mère m'avait élevé jusqu'au début de mon adolescence.
Il a finalement accepté le fait que j’avais bel et bien oublié notre passé commun, alors il m’a rappelé quel avait été le type de relation qui nous avait lié l’un à l’autre : nous avions été amants. Il m’a même remontré l’un de ses souvenirs, le jour où il m’avait pris par surprise en m’avouant ses sentiments.
Un « cadeau » qu’il a souhaité me faire avant d’essayer de disparaître dans la nuit. J’aurais pu le laisser partir, mais ça faisait longtemps que j’essayais de retrouver ces souvenirs qui m’échappait … alors son prénom m’ait revenu en mémoire et je l’ai suivi jusqu’en dehors de Valhöll. J’ai suivi un Wyrm jusqu’à l’extérieur de la ville, dans une petite clairière au creux de la forêt où j’ai refait la connaissance de la créature qui lui sert de dragon. Je ne me rappelais pas vraiment d’elle, mais j’ai tout de même ressenti une haine féroce, plus importante qu’à l’accoutumée, à son égard. Et cette haine était réciproque sans que je fasse encore pourquoi.
Certainement pour m’avoir plus facilement à sa merci, il m’a fait faire mon baptême de l’air, ce qui ne m’a pas aidé à apprécier son dragon. Nous avons rejoint un territoire Wyrm, les plaines de cristal il me semble, jusqu’à ce que l’on se retrouve dans la cabane qui lui servait de pied à terre.
J’avais appris en chemin que son dragon avait perdu une patte par ma faute, mais je n’étais pas encore capable de me remémorer l’évènement qui avait entraîné notre séparation. Il m’avait également commencé à me parler de notre rencontre alors que lui était orphelin et que je vivais encore avec ma grand-mère.
C’est finalement une fois chez lui que j’ai véritablement retrouvé mes souvenirs, ou plutôt à l’aide de son don il m’a « montré » notre passé commun … après que l’on ait couché ensemble. Je ne peux pas nier que j'y ai pris du plaisir et que ça m'a quelque peu retourné, parce qu'il m'a donné physiquement la preuve de "la proximité" que l'on avait pu avoir par le passé. Et alors j’ai pu me rappeler les grandes lignes de mon enfance jusqu’à notre séparation :
La vie pauvre que j’avais mené enfant aux côtés de ma grand-mère, cette vie qui m’avait poussé à avoir des préoccupations comme l’argent, le froid et la faim que mes camarades n’avaient pas. Ce qui m’avait poussé à ne pas me mêler à mes camarades. Zach a été le premier et le seul à m’approcher, à m’accompagner à l’école, à venir me chercher lorsque j’ai commencé à faire quelques petits boulots.
C’est dans la même chambre que lui que j’ai emménagé à l’orphelinat lorsque ma grand-mère est finalement décédée … jusqu’à ce que je quitte l’école et que j’intègre les rangs de l’armée qui allait enfin me fournir un but et une vie relativement confortable.
Puis il y a eu l’évolution de notre relation, lorsque j’ai finalement été jaloux de son dragon et nous sommes devenus amants. Jusqu’à ce qu’on emménage ensemble à notre majorité.
Et il a fini par me montrer la cause de notre séparation : ma trahison ou plutôt le choix que j’avais fait. Il s’était lié hors alliance à son dragon devenant ainsi l’un de ceux que je me dois d’affronter en tant que soldat. Alors je l’avais dénoncé pour qu’il soit séparé de son dragon … certainement parce que j’espérais ainsi garder pour moi tout seul mon amant, celui qui m'aimait et qui me le prouvait régulièrement.
Les dragonniers sont venus pour les séparer, mais je n’étais pas présent, je suis parti pour le front une fois que j’ai su que Zachary était vivant … et peu de temps après j’ai perdu la mémoire. Peut-être que les choses auraient été différentes si je n'avais pas perdu la mémoire.
Il m’a demandé pourquoi j’avais fait ça, pourquoi je l’avais trahi après tant de temps passé ensemble, alors que notre « couple » semblait bien se porter. Je lui ai répondu qu’il s’agissait de mon devoir et ça l’a … énervé.
Ce soir là au fin fond du territoire Wyrm, j’aurais certainement pu mourir sous ses mains si Seihval ne m’avait pas sauvé en le raisonnant. C’est alors que je lui ai avoué ce qui m’avait véritablement poussé à les dénoncer : cette jalousie que j’approuvais à l’égard de leur relation, le fait que Seihval l’avait entraîné dans une direction qui n’était pas la même que la mienne. Ils s’étaient liés et il avait du faire le choix entre lui et l’armée. Il s’agissait finalement de la preuve, bien particulière, de l’amour que j’approuvais à son égard. Parce que je ne pouvais pas nier l’attirance que j’approuvais encore à son égard, je ne me reconnaissais pas entre ses bras … et j’allais avoir du mal à réintégrer mon quotidien comme si de rien n’était.
Alors il a fini par se calmer et il m’a ramené à Valhöll en me tenant la main : si je regrettais le choix que j’avais fait, si je désirais retrouver cette relation qui avait été la nôtre – un peu différente vu que nous avions changé tous les deux – il me fit une proposition : je quittais l’armée pour me joindre à lui. Il me fallait devenir l’un de ceux que j’avais toujours combattu.
J’avais quelques semaines pour me décider.