Est-ce le fait d’être né et d’avoir grandit dans un bordel qui à fait de moi ce que je suis aujourd’hui ? Est-ce le fait d’avoir toujours cru que le sexe n’était qu’une chose comme une autre ? D’avoir donné mon corps à n’importe qui comme le simple fait de passer à table, ou d’aller se coucher ? Est-ce le fait d’avoir cru que pour avoir, il fallait donner ? Peut être es-ce que le fait d’être entouré constamment de ce brouillard silencieux ? Je sens son regard…a chaque instant, j’entends son rire dans la brume, j’entends ses pensées dans ma tête comme un long sifflement qui me pousserait encore et encore. Ces souvenirs qui ressurgissent, impitoyablement, cette brume qui se dissipe pour me rappeler que je ne suis pas le maître de mon propre corps, ce brouillard inextinguible qui s’efface de plus en plus rapidement…
Mais j’en ai besoin, tellement besoin, je ne veux plus être ce que j’étais, je ne veux plus devoir supplier qu’on m’agrippe sans pitié, je ne veux plus ployer sous le poids d’un corps, je ne veux plus devoir regarder n’importe qui et me dire que j’ai besoin de lui, là maintenant, comme un besoin vital et impérieux. Je ne veux plus hurler qu’on me frappe encore et encore, qu’on me caresse pour mieux m’obliger à faire ce qu’ils veulent de moi. J’ai besoin de cette brume, et pourtant j’ai l’impression d’oublier, d’oublier des choses, mais je n’oublie pas ce que je voudrais véritablement enterrer à jamais, et plus le temps passe et plus j’ai l’impression qu’ils sont dans ma tête, ces hommes que j’ai côtoyé, ces souvenirs oppressants qui dirigent mon corps.
Chut…Il est là...Je l’entends…Il rode et il me cherche.
Je vois la brume glisser sous la porte de ma chambre, il m’a trouvé, il me veut, encore, il veut que je me plie à ces souvenirs que j’essais désespérément d’effacer.
Je tremble…Je me recroqueville. Je ne veux pas qu’il vienne, mais j’entends déjà ses murmures à mon oreille. Il m’entoure, je sens ma peau se mouiller légèrement sous le brouillard qui emplit la pièce, il susurre, il murmure, il me glisse des idées dont j’ai honte et pourtant mon corps s’arque sous ses demandes impérieuses. Ma main tremble, je ne veux pas et pourtant mes doigts glissent sur mon torse sans que je ne puisse les retenir, j’halète, je me tords, ma bouche s’ouvre et il rit dans mon oreille. Il m’envoi ses souvenirs qui m’électrise et qui font monter la pression. Je le sens, cette brume m’oppresse, il est là, partout, tout autour. Je couine, je n’en ai plus pour longtemps, mais il continu, je ne vois rien, juste ce brouillard dense. J’ai peur, je frisonne, je me cambre et je retombe lourdement, il est encore là, il me frôle, il efface peu à peu mes souvenirs, je sens mon corps revenir, je sens mes doigts s’engourdir, il glapit, il rit, puis doucement il s’efface, il s’évapore et je tremble de froid, je me recroqueville dans ce lit et dans le lointain, dans un creux de ma tête quelque chose disparaît…mon nom peut être, le visage de ma mère…quelque chose s’efface, j’essais de le rattraper mais il est déjà trop tard, j’oublie, j’oublie et lui…Lui, il continu de rire.
Vite, il faut que je vous raconte, il faut que je vous dise tout ce dont je me souviens, car vous êtes ma seule mémoire, car il n’y a qu’à travers vous que je pourrais véritablement garder la raison. S’il vous plaît, je vous en supplie, souvenez-vous pour moi…mais oubliez, oubliez ces odieux passages que je vais vous raconter, ne garder que l’essentiel, ce qui vous semble juste et important. Oubliez, oubliez et souvenez-vous de moi. Juste de moi.
***
Je suis né dans un bordel de Nordheim, à Valhöl plus précisément, enfin je crois. Il y avait des grandes murailles en cercle, des pierres sombres, de la neige, le froid. Ma mère était une putain comme une autre, rien ne la différenciait des autres, elle était juste une femme qui se retrouvait là car au moins, elle avait chaud, et des repas. Peu importe qui était mon père, cela devait sans doute être l’un d’eux, cela n’a pas vraiment d’importance. J’ai grandis là, dans ces planches moisies, à passer de bras en bras quand une catin recevait son client, il y avait toujours quelqu’un pour s’occuper de moi, une poitrine douce pour me bercer, des chants rauque et sans harmonie, mais remplit de tendresse. C’est dans cet univers, fait d’une trop grande réalité, de sexe crue pratiqué sans amour, dans ce monde ou pour recevoir l’on doit donner, c’est ici que j’ai grandis. J’ai dormis caché dans des armoires pendant que des hommes lâchaient des cris rauques de jouissance, j’ai joué sur les planches craquelées du sol qui tremblaient légèrement sous les assauts d’un lit. Beaucoup de mains m’ont frotté la tête, puis les mains sont devenus des caresses, des baisers, c’était normal, je n’ai pas pleuré, pourquoi aurais-je pleuré ? Après tout, tout le monde faisait ça, la vie était ainsi faite. J’aurais pu être dégoûté, j’aurais pu m’enfuir loin et disparaître à jamais. J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fais, parce inexorablement, j’ai aimé ça. Oui c’était sale, remplit de crasse, il n’y avait pas de place pour l’amour, il n’y en a jamais eu d’ailleurs, mais chaque corps contre le mien m’électrisait, je me tordais sous les doigts boudinés, sous les bouches à l’haleine remplit d’alcool, sous la peau remplit de sueur, sous les ongles noirs de charbon, et j’en redemandais. Toujours. J’étais insatiable et nombreux sont ceux qui ont fait la queue pour essayer de me combler. Mais il n’y avait jamais assez de personne, pas assez d’expérience, pas assez de gestes…
Aujourd’hui encore je ne sais pas si c’est le fait d’être né là bas qui m’a rendu ainsi, peut être que si j’étais né ailleurs, dans une noble famille d’Aéria cela aurait été différent. Peut être, ou peut être pas. Je suis peut être né avec cette parcelle de vice au fond de moi, avec cette maladie qui me ronge, avec ces pulsions malsaines qui me pousse dans les bras de n’importe qui. Est-ce le fait d’avoir été jeune, est-ce le fait d’avoir vu ma mère s’adonner à ce genre de pratique ? Lui, il aime me souffler que je suis comme ça, que je suis vicieux, sale et que je ne mérite que ce qui m’arrive. Que je suis une putain, comme ma mère…
A l’aube de mes dix-sept ans, un homme est venu, il s’est glissé comme les autres entre mes cuisses. Mais il était différent. Une cinquantaine d’année je dirais, il avait entendu parler de moi. Le garçon aux cheveux bleus, celui qui en demandait toujours plus. Il s’appelait César Ubieto. Je me souviens de sa longue barbe qui frottait contre ma peau, de sa peau flétrie, de ses longues mains à la peau distendue qui courrait sur mes épaules. César était un savant, un homme qui connaissait beaucoup de chose. Il venait de loin, très loin, car il voulait m’étudier, il voulait en savoir plus sur cette « maladie » qui me caractérisait. Alors, il a donné de l’argent et je l’ai suivit. J’aurais pu refuser, mais au fond de moi, j’avais envie de découvrir d’autres choses. Le voyage n’a pas été facile, je tremblais, j’avais envie de m’accrocher à tous ceux qui passait prés de moi, je ne dormais pas et son corps n’a pas suffit à éteindre ce qui brûlait en moi. Quand nous sommes arrivé à Prima, j’avais perdu beaucoup de poids, et César à dû m’endormir pendant de longs jours pour pouvoir m’installer au sein du Collège des Inventeurs. C’était un grand bâtiment en plein cœur de la capitale Lostreg, les murs étaient colorés, les fenêtres en ogive et j’avais ma propre chambre qui donnait sur le bureau de César. Il a toujours été gentil avec moi, il m’a présenté à ses collègues du Collège, puis nous avons commencé à essayer de comprendre ce qui me caractérisait. Il me posait des millions de questions chaque jour, prenait mon sang, me faisait boire des décoctions pour savoir si cela calmait ce feu en moi, me posait des cataplasmes fait de plantes, me demandait de tremper dans des bains de vapeurs, il m’enfermait pendant des jours dans une pièce pour voir ce qu’il se passait si je ne laissais pas libre cours à mes envies lubriques, et j’hurlais, je frappais les murs, je me touchait jusqu’à avoir les mains en sang, je transpirais, je le suppliais en pleurant, je n’en pouvais plus. Mais il revenait toujours pour m’ouvrir la porte et me libérer.
Puis un jour, alors qu’il marmonnait quelque chose à propos d’équation improbable, je lui ai donné la réponse à ce qu’il cherchait. Ne me demandez pas comment je le savais, c’était juste ainsi. César parlait beaucoup tout seul et étrangement, ma mémoire se souvenais de beaucoup de choses, de beaucoup plus de chose que ce le commun des mortels est capable de retenir. Je peux encore aujourd’hui dire de combien de planches était constitué le plafond de ma chambre à Valhöl, de quelle couleur était les livres posés sur le bureau de César, de chaque mots écrit dans ses rapports, du nombre de rides aux coins de ses yeux, du noms de chacun de ceux qui constituait le collège à cette époque, de la couleur de la robe de ma mère le jour où elle m’a poussé dans cette chambre pour me dire de gagner ma croûte. César m’a apprit à lire en moins de trois jours, à compter en deux heures et puis je suis devenu son assistant plus que son cobaye. Il a continué quelques unes de ses expérimentations sur moi, mais ce n’est plus vraiment devenu la source de ses priorités. Je l’ai aidé à résoudre de nombreux problèmes, comment alléger les poids des dragons nacelles pour optimiser les trajets, comment construire des bâtiments plus haut et plus solide en tenant compte de la gravité, de la rotation, du poids des matériaux. Nous avons inventé un système de dérivation de l’électricité pour répandre celle-ci plus facilement dans tous les territoires. Puis je suis devenu un membre officiel du collège, j’ai eu mon propre bureau, et mes propres recherches…Oh je vous vois venir, et ma « maladie » dans tous ça ? Comment croyez-vous que j’ai acquis autant de savoir en si peu de temps ? J’ai partagé les nuits de nombreux chercheurs, même les journées à vrai dire, on m’a surnommé « la catin savante », mais j’ai tout apprit d’eux, chaque chose que je pouvais leur extorquer, je leur arrachais en les faisait crier. J’ai donné pour recevoir.
Alors que je travaillais sur un moyen de locomotion à pédale et que je m’arrachais les cheveux à essayer de trouver un moyen pour relier le mécanisme de roulement à celui de la force humaine, César est venu me demander d’essayer un nouveau bain de vapeur. Je l’ai envoyé bouler, je n’avais pas le temps, il fallait que j’arrive à résoudre ce problème. Je savais que cette invention pourrait aider à se déplacer plus rapidement pour ceux qui n’avait ni dragon, ni chevaux. Mais César à toujours su comment m’amadouer, alors j’ai accepté. J’ai traversé les longs couleurs du collège, j’ai pénétrer dans la pièce pleine de vapeur à l’odeur un peu médicinale et je suis resté dans l’eau chaude alors que son corps chaud se glissait contre le mien. J’ai renversé ma tête contre le bord du bassin alors que sa bouche dévorait mon cou, et toutes ces brumes épaisses et chaudes nous ont entourés. Et c’est là que j’ai entendu son rire pour la première fois. Ce petit rire tordue et aigüe, j’ai sentit l’air tournoyer légèrement, la vapeur s’est amplifiée en même temps que les mouvements de César et ma tête à soudain été plus légère. Les souvenirs se sont estompés peu à peu, cette sensation de brûlure comme oublié. J’ai ressentit du dégoût pour le corps de César, pour les choses qu’il me faisait, pour sa langue épaisse dans ma bouche. Je l’ai repoussé pour la première fois et ce rire qui continuait de résonner dans mes oreilles, des mots glisser dans mon esprit, des mots impérieux : « oublie », « souvenirs », « aider », « appartenir » , « pour toujours ».
J’ai fuis, le bain, j’avais envie de vomir, je sentais encore ces mains sur mon corps, mes cuisses écartées, et je n’arrivais plus à me souvenir, que s’était-il passé avant d’arriver à Prima ? Quel était mon véritable prénom et non pas celui que m’avait donné César ? Pourquoi me regardait-il tous avec autant de convoitise ? Je suis resté enfermé dans mon bureau pendant presque une semaine, incapable de me souvenir, incapable de comprendre pourquoi j’avais tellement besoin de cette chair. Puis petit à petit tout est revenu lentement, et le cercle infernal à recommencer. J’ai sombré contre leurs corps, j’ai quémandé, tellement de fois. Je n’arrivais plus à me concentrer sur mon invention, je m’arrivais plus à me passer de leurs peaux. C’était encore pire qu’avant.
Alors je suis retourné dans la salle au bassin de vapeur. Et son rire était encore là, il a tout effacé de nouveau. Il s’est écoulé presque deux semaines sans que ces souvenirs aient une emprise sur mon corps. Mon esprit était partout, j’avalais des tonnes de compte rendu, des recherches, je dévorais chaque livre qui me tombait sous la main pour amasser les plus de connaissances possibles. Je ne perdais plus de temps à combattre et à plier les genoux sous la jouissance, j’avais des heures entières pour inventer, créer, pour résoudre et apprendre. Ma bicyclette à été finie et j’ai roulé dans tous le Collège pour la leur montrer. Chaque fois que je me réveillais en sueur, le corps tendu comme un arc, je courrais dans cette pièce, je le rejoignais, j’écoutais ses murmures et cette brume qui emportait tout avec elle, qui me libérait de ce que j’étais. Un jour, il m’a susurré son nom, Fog, il m’a dit qu’il était un dragon, que si je le voulais je pouvais moi aussi avoir un don, celui d’oublier, de me faire oublier. Alors la brume s’est concentrée et il est apparu devant moi. Il était grand, long, son museau s’étirait dans un sourire narquois. Son corps était d’un pelage bleu, ses longues pattes noires aiguisés, terminés par de longs doigts crochus, il était presque translucide puis quand j’ai tendu la main, il s’est évaporé. Il a rit encore et encore….Il m’a parlé de Lindorm, du don, qu’il aimait ce que je t’étais, qu’il aimait me voir me débattre, me voir succomber, me voir m’agripper furieusement à sa brume pour estomper ce qui faisait de moi un monstre. Je voulais son pouvoir, je voulais pouvoir oublier pour toujours, alors j’ai accepté de passer l’alliance avec lui. Mais ce que je ne savais pas, ou bien ce que j’avais voulut ne pas voir, c’était que la brume finit toujours par disparaître.
J’ai coupé mes longs cheveux bleus qui me faisait presque passé pour une femme et j’ai rejoins Lindorm. Puis l’alliance à eu lieu à Nordheim. Cela m’a arrangé, je connaissais le coin. J’ai erré dans le froid, enfermé pendant sept jours dans cette brume qui me protégeait et qui éloignait mes cauchemars. Puis nous avons été attaqués par un Bearwulf, c’est la première fois que j’ai vu Fog dans son intégralité. Son corps se déployait presque sur deux mètres, ses yeux étaient cernés de noirs et que queue fouettait l’air avec force. Ils se sont battus pendant que je fuyais, je suis tombé, j’ai roulé avant de m’évanouir en percutant un rocher. Quand je me suis réveillé, Fog était là, son long corps assit sur son arrière train, sa gueule remplit de sang. Sa langue s’est tendue et il à lécher ma plaie à la tempe. Mes mains se sont agrippés à lui et j’ai pleuré, j’ai hurlé que j’avais besoin de lui, et il à rit, comme il rit toujours.
Mes années à Lindorm ont été au départ des plus plaisantes. Je n’avais aucun mal à suivre les cours, j’étais même très en avance dans les matières théoriques, j’ai appris à me battre, j’étais plutôt souriant et confiant. Chaque semaine Fog m’entourait de sa brume, le temps que je maîtrise la mienne et j’oubliais. Je n’éprouvais plus de désir pour personne. J’avais des amis et je passais beaucoup de temps à la bibliothèque. L’été je retournais à Prima pour rejoindre César et les Inventeurs. Puis alors, vers le milieu de la troisième année, la brume à commencé à s’estomper plus rapidement. Il fallait le faire toutes les semaines, les pulsions me reprenait sauvagement, comme ça en plein cours, je sortais en courant pour aller aux toilettes, je tremblais, j’avais peur. Fog arrivait toujours sous sa forme éthérée, il m’enveloppait et j’oubliais. J’ai appris à maîtriser mon don, et des mois entiers se sont écoulés sans que je ne perçoive rien d’autres que mes propres envies, saines et passionnées. Un jour, Fog à cessé de vouloir m’aider, il m’aimait pas celui que je devenais, cette créature brillante qui s’en sortait dans les études, qui riait et se faisait des amis. Il voulait me voir comme il m’avait connu. Me vautrant dans le stupre, débauché et misérable. Il voulait que je supplie, il voulait m’entourer de sa brume pendant que je forniquais avec le premier venu. J’ai refusé, j’avais mon propre don pour m’aider, mais hélas les mois d’apaisements sont devenu des semaines, puis des jours, certaines choses commençaient à m’échapper, je séchais sur des contrôles qui pourtant était le plus élémentaire, j’oubliais le nom de mes camarades, je pouvais fixer le sol pendant de longues minutes oubliant pourquoi j’étais ici. J’usais de mon don, régulièrement mais le temps se raccourcissait inexorablement.
J’ai été l’amant d’un dénommé Shaem Nazarian, je lui ai toujours caché cette lubie, cette maladie qui m’enivrait parfois. J’avoue avoir quelque fois rejoins son lit sous l’emprise d’un besoin impérieux alors que mes souvenirs refluaient de plus en plus rapidement. Il a dû parfois se demander comment je pouvais être aussi insatiable, mais je le fuyais, je m’excusais, mais la nuit parfois je le suppliais, je voulais qu’il me frappe, qu’il m’humilie, qu’il me prenne, encore et encore. Aujourd’hui encore j’en ai honte. J’espère ne jamais recroiser sa route.
Quand j’ai enfin pu quitter Lindorm, en échappant de justesse au conseil de discipline car mon comportement lubrique n’était pas vraiment passé inaperçu, j’ai rejoins les Escadrons d’élite, les Mirages Aquatiques pour être plus exact. La guerre à été encore plus difficiles à vivre pour moi. J’étais loin, entouré de personnes qui devaient compter sur moi pour survivre, je ne pouvais plus m’isoler, m’enfuir loin pour me fondre dans la brume, j’étais indispensable, car mon don permettait de faire fuir et de déstabiliser l’ennemi. Mes connaissances théoriques du terrain, ma mémoires permettaient de remporté beaucoup de batailles. Mais chaque jour devenait de plus en plus dur.
La nuit je courrais pour trouver un endroit tranquille, mes mains glissaient sur mon corps, j’haletais alors que Fog m’entourait de sa brume, mais il n’effaçait rien, il ne voulait plus. Il voulait que je tombe dans la plus pure déchéance, il m’ordonnait, me glissait des idées malsaines quant à mon lieutenant, quant à ceux qui se trouvait dans ma tente.
Je n’en pouvais plus, je ne dormais plus, mon corps entier n’était qu’une vaste plaie brûlante, et j’avais beau m’enivrer de ma propre brume, cela ne m’apaisait que quelques heures. J’ai pensé à me jeter sur l’épée d’un ennemi. A me faire embrocher pour en finir pour toujours, et alors que cette idée me traversait l’esprit, que je lâchais mon arme pour tendre les bras au premier qui arriverait, alors que j’étais prêt à accueillir la mort, un homme est apparu. Fergus Mac Lochlainn. Capitaine des Comètes de Feu. Il m’a tiré par le bras et m’a ordonné de me bouger. Je tremblais, j’ai pleuré devant lui, je voulais mourir, mes mains griffaient mon corps, j’arrachais mon armure là, au beau milieu du champ de bataille. Puis il a rit dans mon esprit, il m’a poussé à dire et à faire des choses. J’ai grondé impérieux, j’ai supplié Fergus de me prendre, de me baiser comme la dernière des putains, de m’achever comme jamais, de faire de moi ce qu’il voulait. J’ai rampé vers lui dans la crasse et le sang, j’avais envie qu’il me déchire, j’avais besoin qu’il me déchire. C’était vital, comme l’air que je respirais, j’avais besoin de son corps. La retraite à sonné et il m’a emmené, moi haletant, tremblant, la salive de la folie coulant le long de mes lèvres, nous avons retrouvé sa tente et oh mon dieu j’ai hurlé de plaisir comme jamais. Je n’en pouvais plus, des semaines entières sans un corps contre le mien, sans cette brume pour me faire oublier ou alors de trop courtes heures. Alors dés que sa peau à touché la mienne, j’ai jouis dans un râle déchirant. Je me fichais éperdument qu’il soit brûlé, je me fichais éperdument qu’on puisse m’entendre. Je le voulais lui, au plus profond, la brume autour de nous, son rire goguenard dans mes oreilles alors que je m’agrippais au Capitaine désespérément pour qu’il ne me relâche pas. Il a été le seul à savoir, savoir ce que j’étais, à connaître ce marché odieux que faisait Fog, il à été celui qui comblé mes nuits quand il le pouvait. Ce petit manège à durer quatre ans. Je suis devenu lieutenant des Mirages Aquatiques et Fog à accepté de nouveau de m’entourer de sa brume bienfaitrice. Quatre ans je suis resté dans les rangs. Cela à été plus facile quand j’ai eu un peu de pouvoir. Je pouvais m’échapper plus facilement, me rendre dans des bordels ou trouver quelqu’un pour épancher mes soifs. Quelques fois Fergus était là, quelques fois il s’écoulait des mois entier sans que la brume ne cède, emportant avec elle ce qui me rendait fou.
César m’a envoyer une missive, il voulait que je revienne au Collège. Je lui manquais. Alors j’ai quitté la guerre, trop meurtrie par les vies que j’avais ôté, sans même un remord. Je suis resté là-bas, j’ai retrouvé les bras que je connaissais tant de César, j’ai pu me concentrer sur des choses innovantes, Fog riait et s’amusait à me refuser sa brume pour me voir sombrer. Mais moins j’utilisais la mienne et plus elle était efficace. Alors j’ai appris à jongler avec, à prendre celle de Fog et à utiliser la mienne en cas d’extrême urgence. C’était plus facile au collège, tout le monde savait, César était là quand j’en avais besoin. Je suis rentré dans une sorte de routine où je parvenais plus au moins à avoir un comportement « normal ». Nous avons élevé Prima au rang de cité nouvelle, celle la Capitale des Innovations, et deux ans se sont écoulé avant que j’apprenne que Lindorm recherchait un professeur de Stratégie Militaire.
Je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas repenser à ce que j’avais vécu là-bas, je ne voulais pas être entouré de tous ces étrangers, de toutes ces jeunes dragonniers. Mais une fois encore, son rire à résonné dans mon oreille, il m’a ordonné d’accepter, que si je ne le faisais pas, il arrêterait de m’entourer de sa brume, que jamais plus je n’aurais son aide…
Je l’ai supplié, j’ai pleuré, je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas faire des choses que j’allais regretter, mais je n’avais pas le choix.
Alors j’ai plié bagage et j’ai rejoins Lindorm…
Voilà, vous savez tout. Vous savez la pathétique histoire de ma vie. Et vous, êtes vous capable de me dire maintenant pourquoi je suis comme ça ? Est-ce à cause de mon enfance ? De ce qu’on à fait de moi ? Mais pensez-vous vraiment qu’on à fait quelque chose de moi ? Ne croyez vous-pas que se soit moi qui suis ainsi ? Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas…
Je suis là, allongé sur mon lit dans mes appartement, je n’ose pas bouger, ma peau est collante, je tâtonne pour trouver mes lunettes. J’ai peur, il est là, Fog, tout autour de moi, il rit, il rit et je tremble.
Au secours, je vous en prie, je vous en supplie…que quelqu’un me vienne en aide.
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