✘ Nom : O'Neill
✘ Prénom : Keenan
✘ Surnom : Kee', Gamin, Petit
✘ Âge : 18 ans
✘ Groupe : Ventus
✘ Nation d'origine : Keven
✘ Métier : Etudiant
✘ Arme : Aucune

Pas très jouasse, le gamin, vous diront certains. À première vue, l'on ne peut pas dire qu'il soit très sociable ou très souriant. Personne ne peut prétendre le voir de bonne humeur souvent. À dire vrai, c'est même une rareté assez significative pour venir à l'esprit des gens qui le croisent pour la première fois... et bien des fois suivantes, hélas. Si l'on peut dire une chose à son propos, c'est bien que Keenan ne se montre pas très communicatif vis à vis de ce qu'il pense, ou ressent. La plupart du temps, il ne sera pas rare de lui découvrir quelques airs détachés. Pas facile de savoir ce qu'il pense réellement, à moins qu'il n'ouvre la bouche pour vous le faire savoir. Gardez-vous de vous trouver dans les parages s'il vient à ne pas vous apprécier : ce serait mauvais pour votre patience et pour votre orgueil.

Ceux qui auront eu affaire à lui, vous diront sans détour que l'insolence fait intégralement partie de ses principales caractéristiques, doublée d'une faculté toute particulière à faire usage des sarcasmes les plus venimeux. Keenan est jeune. Keenan a du mal à se faire des amis. Keenan néglige le respect envers les plus âgés, ou toute autre personne ne faisant pas partie de son entourage proche. Keenan est un jeune homme encore perdu entre la crise d'adolescence et l'âge adulte qu'il côtoie depuis peu. Si cela fait de lui quelqu'un d'insouciant ? Non, ce serait bien mal le juger que de le penser... même s'il amène les gens à le penser pour de bon, au vu de son attitude de garçon désagréable. Keenan, c'est un peu le petit salaud qui se comporte mal, qui broie du noir, voit généralement le côté négatif avant le positif, qui abuse de l'ironie et des sourires qui vont avec... et qui gâche bien de ses capacités en agissant comme tel.

Le jeune homme voit bien ce qu'il se passe autour de lui. Il n'est pas aveugle et l'on ne peut pas dire qu'il ne comprenne rien : il ne veut juste pas comprendre, dans sa tête de pioche, ce qui ne l'intéresse pas. Si ça ne lui plaît pas, vous pourrez tout tenter pour l'y intéresser, quand il a décidé que "non", hé bien, ce sera "non". Autant vous dire qu'il faudra bien du courage à qui souhaitera s'accrocher pour lui prouver le contraire. Têtu oui, ça, il l'est. Toujours à se borner et d'autant plus lorsqu'il est persuadé d'avoir raison. S'il tient tête longtemps ? Ah, il le peut oui, mais quelqu'un criant plus fort que lui pourra sans peine parvenir à ses fins. Le tout est de ne pas se laisser intimider par cette paire d'yeux qui vous fixent avec une intensité déconcertante. C'est qu'il ne recule devant rien, le sale gosse !

Les règlements ? Peuh ! Et quoi encore ? Il n'apprécie pas les enfreindre. Non, le problème ne vient pas d'une phase de rébellion ou que sait-on de ce genre. Le vrai problème, c'est que dès qu'il a décidé de quelque-chose, tout règlement qui se mettra en travers de sa route se révèlera inutile : non pas parce qu'il souhaite à tout prix se montrer contradictoire, mais parce qu'il s'en fiche royalement. Parfaitement oui. "Ce chemin est interdit d'accès ? On s'en fiche, il n'y a personne, j'ai décidé que j'irais par là". Les conséquences de cette attitude peuvent s'avérer parfois désastreuses et le conduire dans des situations difficiles. Cela le saoule, profondément même. Pourquoi ne veut-on pas le lâcher avec ça ? Il ne fait rien de mal, à la base ! Quand on ne le lâche pas, il préfère de loin se renfermer sur lui-même et se contente de détourner le regard en faisant comme s'il n'écoutait plus. Les ordres ne sont pas sa tasse de thé, la liberté de ses mouvements lui est bien moins amère.

L'on ne peut guère le qualifier de calme, ou encore de posé. S'il arbore le plus souvent des airs détachés, il n'est pas rare de le surprendre à faire montre d'un coup de sang dès qu'un évènement devient trop agaçant pour lui. Il hausse la voix, il gronde, il fait part de son mécontentement. De reste, c'est un garçon dynamique et frondeur, difficilement apeuré et sachant agir lorsqu'il faut s'y coller et acceptant bien mal sa défaite si cette dernière survient. De plus, il n'est pas spécialement influençable : Keenan sait accorder sa confiance, tout comme il sait la retirer si l'on vient à se moquer de lui.

Malgré les gros points noirs de son comportement, Keenan n'est pas un garçon foncièrement méchant. Direct, sec, vif et paumé, mais pas méchant. Ce n'est pas le genre à agresser les gens, ce n'est pas le genre à commettre de mauvaises actions par pur plaisir de le faire. Ce n'est pas un modèle de perfection, bien loin de là, mais il ne pourri pas la vie des gens. Tout ce qu'il attend des gens, en vérité, c'est qu'on ne lui pourrisse pas sa propre vie. De son point de vue, d'ailleurs, sa vie est déjà bien assez pourrie comme ça. Non content de cela, l'on ne peut pas dire qu'il ait une bonne vision de lui-même, faisant preuve d'auto-dérision et se sous-estimant plus que les autres ne veulent bien le croire. Keenan est un jeune homme perdu dans les méandres d'une vie compliquée, qu'il a du mal à discerner. L'avenir est quelque-chose d'impossible à atteindre dans sa tête, tout simplement parce qu'il ne le visionne pas. Il ne sait pas ce qu'il veut faire, ni si ce qu'il sait faire est suffisant pour pouvoir se forger un futur solide.

Ses proches vous affirmeront que son comportement est difficile à cerner, voire à supporter... mais aussi qu'il s'agit d'un garçon brillant. L'intelligence est bien loin de lui faire défaut et il sait se montrer ingénieux, lorsqu'il s'en donne la peine. Si seulement il désirait se servir de cela pour avancer dans sa petite vie, ce serait sans doute très bien pour lui. Néanmoins voilà, il ne montre ce visage que lorsqu'il le souhaite et seulement à ce moment-là. Oh, il a bien conscience de sa situation et ne demande qu'à la changer, tout en se tirant régulièrement une balle dans le pied sans vraiment le vouloir. Sans doute a-t-il besoin de trouver le bon chemin pour y parvenir et de cesser de se laisser abattre à chaque échec frappant à sa porte.

Sa grande passion dans la vie ? Dessiner. Il n'en fait pas part à tout le monde, mais il n'est pas rare de le trouver dans un lieu isolé, à dessiner les choses qui l'entourent. Cela va des paysages, aux personnes déambulant dans les rues, en passant par des inventions sorties tout droit de son imagination. Keenan est un créatif, bien qu'il ne prenne cela que comme un passe-temps et non comme un don particulier. Cette manie de dessiner lui permet de penser à autre chose que ses soucis et de se laisser aller à rêvasser. Malgré ses petits airs blasés, il n'est pas rare qu'un élément nouveau le fascine et le pousse à s'y intéresser vraiment. C'est un petit curieux qui ne refuse jamais d'apprendre et de découvrir, lorsqu'il prend la peine de regarder ce qu'on lui montre.

Physiquement, Keenan n'est pas spécialement un grand bonhomme, avoisinant tout juste un mètre soixante seize. Il ne se plaint guère de cette corpulence plutôt mince et présente tout de même une musculature sèche, courant sous une peau blanche. Il n'est pas cadavérique pour autant, étant donné qu'il passe bien plus de temps dehors qu'à trainer chez-lui.

On ne lui prête guère de maladresse dans ses mouvements, c'est un jeune homme plutôt adroit et habile, même s'il lui arrive parfois de faire montre d'un léger manque d'équilibre lorsqu'il est perturbé par quelque-chose. Il arbore le plus souvent une attitude détachée, voire blasée, les mains dans les poches, comme s'il se fichait éperdument de ce qu'il se passe autour de lui. Il ne porte d'ailleurs pas de couleurs de vêtements particulières, si ce n'est qu'elles sont relativement sobres et qu'il s'y plaît du moment qu'il s'y trouve à l'aise.

On ne peut pas dire qu'il ait un visage très viril et porte encore des traces juvéniles, mais il s'en accommode bien. Pour dire vrai, il ne se préoccupe que guère de son physique. Il porte les cheveux courts et ne s'est pas privé de s'en donner à coeur joie du côté des mèches argentées qui ornent son front, ces dernières allant se perdre dans ses cheveux bruns. Nous parlions de ses yeux un peu plus haut : vous savez, ces yeux qui ne manquent pas de vous fixer si vous vous opposez à lui ? Attendez-vous à vous heurter à deux prunelles d'un gris perçant. Il ne s'est pas non-plus privé au niveau des piercings qui ornent sa lèvre inférieure, son arcade sourcilière gauche et son oreille droite. La marque d'un caractère rebelle ? Non, il avait juste envie de le faire... Allez savoir pourquoi. Il lui arrive même de les enlever quand ils l'agacent. Ses petites fantaisies personnelles apparaissent au gré de son ressenti du jour, ni plus, ni moins.

L'épopée de Keenan O'Neill ne ressemble en rien à un voyage extraordinaire. C'est principalement l'histoire d'un jeune garçon, né à Orëa, au coeur de la Nation de la Terre. De cet endroit, il ne devrait pas bouger durant les premières années de sa vie, jusqu'à ce que cette dernière ne basculât soudainement. L'existence réserve pourtant bien des surprises et une rencontre peut parfois tout faire basculer, du jour au lendemain. Oh, mais où ai-je la tête ! Tout récit mérite que l'on y jette un petit coup d'oeil. Tant de détails peuvent amener à s'attacher aux protagonistes d'une histoire et la transformer en véritable odyssée ! Attardons-nous d'abord sur le début, avant d'aborder ce qui s'avèrera être une fabuleuse aventure. Qu'en dites-vous ?

Keenan O'Neill est donc né à Orëa, la splendide cité arbre de cette région du monde. Bien des rumeurs circulaient sur l'étrange coïncidence qui lia jadis un riche marchand venu d'Aeria à une simple tenancière d'auberge. Certains prétendaient que les deux amants étaient fiancés et qu'elle s'apprêtait à plier bagage pour laisser l'établissement de son défunt père. D'autres insinuaient que le bougre abusât simplement de cette pauvre jeune femme, avant de l'abandonner et de s'en retourner sur sa terre natale. Morrighan O'Neill ne raconta jamais son histoire, bien malgré les difficultés qui l'attendaient. Outre les regards insistants de ceux qui parlaient sans savoir, elle ne fit jamais part de ce qu'il s'était réellement passé... ni des promesses que le filou lui avaient faites, avant de lui laisser un enfant sur les bras.

Le gamin ne connut jamais son père et celui-ci ne revint jamais à la maison pour le réclamer. À vrai dire il s'en passa durant les premières années de son enfance, trop occupé à découvrir le monde extérieur et les merveilles que les enseignements de l'école lui apprenaient. Les enfants ne sont pas innocents. Ou du moins, ils ne le restent guère longtemps lors de ces années. Les jeux sont très vite remplacés par des questions qui amènent à avoir de sombres pensées. Pourquoi aucune figure paternelle ne se présentait au tableau de la famille ? Pourquoi sa mère était-elle seule pour s'occuper de tout, pour lui ?

Pour Morrighan, passer aux explications n'était pas aisé. Comment dire à son fils que son père n'était autre qu'un mécréant, un menteur ? Elle ne put se résoudre à lui dire la vérité. Très vite, ce fut le récit épique d'un père militaire qui emplit la conscience du petit. Un père militaire qui s'en était allé dans des contrées lointaines : un héros, une légende qui ne manquerait pas de revenir un jour. L'on traita Keenan de menteur, ça oui. Les autres ne cessaient de lui répéter que son père n'était pas ce qu'il pensait, mais il n'abandonna pas cette idée... jusqu'à être en âge de comprendre.

Vient un âge où les plus rêveurs des enfants se posent de plus en plus de questions. Vient un âge où ils ont besoin d'entendre la vérité. Morrighan n'avait pas l'intention de la lui dévoiler, mais l'adolescent ne pouvait plus supporter cette attente. Il devait retrouver son père ! Pour cela, il se devrait de commettre une bêtise. À quatorze ans, l'on n'est pas assez vaillant pour traverser une forêt entière, seul. Ce fut pourtant avec un brin de courage que le petit chercha à partir. La forêt de Druhan était épaisse et n'offrait que guère de sentiers faciles à franchir. Il fut inévitable pour le garçon de s'y perdre.

La douce lueur des Luminoles ne suffit pas à apaiser l'angoisse des trois nuits qu'il passa dans ce milieu inconnu. Les merveilles qu'il y rencontra furent nombreuses, mais le voyage tournait au cauchemar, au fur et à mesure que son instinct le menait dans des endroits d'où il ne trouvait pas de sortie. La végétation ne semblait plus en finir. Il avait passé le plus clair de son temps en ville, comment pouvait-il connaître le coin sans risquer de s'y perdre pour toujours ? Lui qui avait pensé que seul l'esprit aventurier suffirait à retrouver son père... Il fut pris de panique à l'instant où le chant mélodieux des Tiaraes ne lui parut plus si rassurant.

Ce fut au bout du quatrième jour que des habitués de la modeste auberge finirent par le retrouver, en compagnie de sa mère, folle d'inquiétude. Le mensonge, s'il partait d'une bonne intention, était allé bien trop loin. De simples rations de survie n'aurait jamais réussi à tenir en vie ce gamin bien longtemps. Morrighan se devait d'avouer toute la vérité à son fils, même si les conséquences seraient peut-être désastreuses. L'on peut dire qu'elles le furent plus ou moins.

Keenan, qui s'était imaginé quelle vie serait la sienne, une fois son père revenu, entendit la triste réalité des choses. Son père les avait abandonnés, lui et sa mère. Le héros devint un salaud à ses yeux et tout le mépris dont le jeune homme était capable, alla à son encontre sans tarder. S'il en voulut à sa mère de lui avoir caché tout cela ? Sans doute ne le lui pardonna-t-il pas, mais pour une raison évidente : il s'était déjà imaginé suivre les traces de son géniteur et l'accompagner... le connaître un jour.

La vie reprit son cours normal pour la petite famille, à Orëa. Morrighan avait néanmoins de plus en plus de mal à s'occuper de son établissement toute seule. La ville ne manquait pas d'endroits où se restaurer et les habitués ne constituaient plus qu'une poignée de personnes, toujours fidèles au poste. La mère n'eut bientôt plus de quoi payer les deux serveuses qui l'accompagnaient et ces dernières trouvèrent refuge ailleurs.

Un problème n'arrivant jamais seul, Keenan n'était plus enclin à se rendre à l'école... ni même à faire quoi que ce soit, d'ailleurs. Une seule chose l'obsédait : comprendre pourquoi son géniteur avait décidé de s'en aller comme ça, laissant sa compagne derrière lui sans s'en soucier. Hélas, comment espérer partir à sa recherche en étant coincé dans cette ville ? Plus il rumina et moins il décida d'agir, se murant derrière sa colère et cette incompréhension... sans prendre garde à ce que son indifférence pour le reste allait engendrer.

Keenan avait seize ans lorsque sa mère dut se résoudre à céder l'auberge familiale. Ce fut à cet instant précis qu'il se rendit compte que son attitude n'avait pas aidé à améliorer leur situation. Très vite, l'idée qu'il n'était pas si différent de son père pour cela, lui vint à l'esprit. Morrighan parvint à trouver du travail chez un commerçant et dut subvenir à leurs besoins comme elle le put. De son côté, son fils s'enferma davantage sur lui-même, se tenant à l'écart des gens, s'isolant pour s'aérer l'esprit, mais ne trouvant jamais quelle voie emprunter pour bien faire.

Certes, il devait aider sa mère et se bouger, mais rien de ce qu'il entreprit ne fonctionna vraiment. Ce ne fut pas faute de chercher du travail, ni même de tenter de reprendre l'école. Peine perdue. Le caractère de Keenan était devenu beaucoup trop difficile et personne ne voulut le garder vraiment. Alors, il se retrouva à trainer, devenant aussi distant avec sa seule famille qu'avec les autres. Une simple obsession quant à ses origines l'avait amené à aborder un chemin qui lui paraissait sans issue.

L'histoire bête et banale d'un adolescent en pleine crise, n'est-ce pas ? Attendez un peu de connaître la suite de tout ceci, car c'est ainsi que j'entre en jeu. Keenan avait pris l'habitude de s'isoler dans la forêt, dans des endroits connus de lui seul, du moins le pensait-il. Âgé de dix-sept ans, il n'avait plus aucun mal à s'y retrouver dans les fourrés et ne s'éloignait cette fois plus vraiment de la ville. Il lui fallait de l'espace pour respirer. L'air d'Orëa devenait étouffant : sa situation devenait étouffante. Peut-être cherchait-il inconsciemment le miracle qui l'entrainerait dans une aventure bien plus palpitante que la sienne ? L'avantage des bois est que leur calme permet de réfléchir.

En s'aventurant près de cette cascade, sans doute ne s'attendait-il pas à découvrir la présence d'un dragon, caché dans les environs. Il n'était pas le seul à désirer se faire oublier quelques temps. Le dragon n'était pas enclin à se voir approcher par un humain à nouveau. Natif de la Nation de l'Air, le saurien ailé prit un malin plaisir à tenter d'effrayer ce jeune homme, dès lors qu'il posa le pied dans cette clairière. La grotte, sous la cascade, ne devait pas être découverte, surtout si son résident actuel désirait vivre en paix. Bien malheureusement, ou heureusement, pour lui, il n'eut guère l'opportunité d'être exaucé. Cet enfant était loin d'être le moins curieux du monde !

Anshar, de son nom, s'était retiré de tout contact avec ses pairs, mais aussi avec les humains, pour la bonne et simple raison que lui aussi avait été trahi. Grincheux à souhait, quelle ne fut pas sa surprise que de voir le bipède revenir sur son lieu de repos... Par les dieux, le dragon avait pourtant failli l'écraser de sa patte, quelques jours avant ! Quel entêté ! Pourquoi s'en revenait-il le voir après cela ? N'avait-il donc aucun instinct de survie ? N'avait-il pas compris qu'il était dangereux de s'aventurer ainsi face à une terrible créature des cieux ?

Si, Keenan l'avait bien compris. Cela ne lui suffit pas pour laisser tomber l'idée saugrenue de communiquer avec le reptile géant. Les avertissements n'y faisant rien et se rendant bien compte que les intentions de l'enfant ne fussent pas hostiles, le dragon accepta de le voir approcher de sa tanière de fortune. Lui qui avait eu tant de mal à dénicher un endroit sûr, où il pourrait dormir à loisir... Dormir et oublier que le monde tournait encore.

Ce furent deux âmes perdues qui se rencontrèrent ce jour-là. Deux âmes qui vivaient avec l'impression d'avoir été trop naïves. Anshar s'était retiré du monde après des années d'amitié avec un humain. Tous deux avaient vécu bien des aventures et bien des déboires. Ils étaient jadis attachés l'un à l'autre, voyageant dans les cieux, tels deux amis que rien ne pouvaient séparer. C'était vrai : rien n'avait pu les séparer durant de longues années. L'humain avait profité de la ballade comme personne, allant jusqu'à oublier son devoir vis à vis des siens et des conflits qui faisaient rage avec les Wyrms.

Le dragon ne manqua pas de raconter, avec le coeur lourd, la raison pour laquelle il avait décidé de ne suivre l'évolution du monde que de loin. Son ami avait décidé de s'allier avec les Wyrms et de faire la guerre. Anshar s'y refusait, ne désirant faire couler le sang d'aucun des siens, ni celui des Hommes. Trop de sang n'avait-il pas déjà coulé dans leurs premiers affrontements ? L'Académie Lindorm s'était muée en école militaire, les Wyrms entraient en guerre contre eux... Il n'était pas concevable pour le reptile de se joindre à pareille folie. 'Shar désirait la paix et n'était pas prêt à sacrifier plus de personnes. Sa force ne servirait plus à cela : plus jamais. Aveuglé par sa rage, son ami l'avait alors abandonné et avait conclu une alliance avec un autre dragon... ce n'était pourtant pas faute de l'avoir raisonné.

Keenan ne put jamais nier avoir été touché par l'histoire du dragon. Tous deux avaient connu des situations et des états d'esprit qui les avaient poussés à fuir. Les conditions étaient différentes, mais chacun se comprenait au moins un peu. Ce fut d'ailleurs suite à cette rencontre que le jeune humain décida de s'intéresser un peu plus à Lindorm et à ses qualités militaires. Plus que la volonté de faire la guerre, ce fut l'opportunité de venir en aide à sa mère qui traversa l'esprit du gamin. Anshar eut tout d'abord du mal à le croire, mais ce petit était bien différent de cet ami désormais si loin de lui. Toute la réticence du monde n'aurait pas suffi à faire taire l'esprit du dragon. Ce petit faisait mal en voulant bien faire. C'était particulier. Aucune animosité, ni aucun souhait de guerroyer ne transparaissait dans ses yeux. Lindorm était-elle une solution envisageable pour lui ?

Anshar avait vu les choses changer. Il avait su que, dès l'instant où l'école était devenue militaire, il n'y remettrait plus les pattes. De tout temps, le saurien ailé avait prôné la paix. Il était profondément attaché aux anciennes valeurs des siens : à savoir protéger les humains et vivre en paix à leurs côtés. Il ne se considérait pas comme une machine de guerre. De son point de vue, tout lien partagé entre un bipède et un dragon s'avérait être précieux et d'une force inébranlable.

Au gré de leurs rencontres, Anshar décida de venir en aide à ce petit humain perdu. Lui imposer Lindorm était un moyen honnête de le voir triompher face à ses doutes et ainsi aider sa mère à demeurer à l'abri du besoin. Le jeune homme n'était pas encore prêt à y parvenir et pour cela, il se devrait d'apprendre. Cette alternative ne pouvait pas lui faire de mal. Ainsi lui proposa-t-il de partir à la découverte de cet endroit. Keenan eut bien du mal à se séparer de sa mère, mais ce choix était le bon, il en était presque certain. Il ne l'aidait pas en restant dans ses pattes ainsi et avait peut-être une chance de se racheter. Peut-être serait-elle un jour fière de lui...

Dès lors qu'Anshar décida de l'accompagner dans cette aventure inédite, Keenan découvrit pour la première fois toute la majesté de ce monde. Comment ne pas s'émerveiller face aux sensations qui s'éprirent de lui, lorsqu'il vécut son tout premier vol à dos de dragon ? Si son comparse ne fut pas brutal, le jeune homme profita pleinement de cette sensation de liberté nouvelle. Un sentiment qu'il n'avait jamais connu s'insinua en lui et lui offrit l'opportunité de mesurer toute l'ampleur de ce lien d'amitié encore si récent. Cela n'avait rien à voir avec le fait d'être sur terre, à parcourir des sentiers jusqu'à épuisement. Le vent, la vitesse de vol, l'énergie qui découlait de tout cela, la terre qui défilait sous ses yeux... Bien des années plus tard, lorsqu'il décrirait un jour ses émotions durant ces instants, jamais il ne trouverait de mots assez forts : il dirait seulement que son seul souhait avait été de ne plus jamais redescendre.

L'épreuve d'Alliance imposée le déconcerta, d'autant qu'il ne savait toujours pas si le dragon accepterait pareil accord. Les deux compères étaient devenus bons amis au fil du temps, mais Anshar était-il prêt à intégrer les rangs ainsi, tout en sachant ce qui les attendait peut-être ? Keenan n'était pas prêt à tuer non-plus de son côté. Comment imaginer ôter la vie à quelqu'un avec autant de facilité ? C'était inconcevable. Il ne l'avait jamais fait et n'escomptait pas le faire s'il pouvait l'éviter. Douce illusion... Le dragon accepta pourtant de l'accompagner dans cette aventure sans rechigner. Il ne pouvait décemment pas se résoudre à abandonner ce petit ainsi... pas après l'avoir guidé jusqu'à une telle décision.

Comble de l'ironie, ce fut au coeur de Thanos, dans la Nation de l'Air, que l'académie décida de les envoyer. Imaginez un peu la colère que ressentit Keenan en l'apprenant et en se trouvant là-bas ? C'était bien la pire des épreuves que l'on lui confiait. Anshar ne put guère contenir le comportement insupportable de son compagnon de mésaventure, ce dernier se mettant constamment dans des situations impossibles. La pire d'entre elles fut de se mettre à dos un marchand d'esclaves en ayant l'idée d'essayer de libérer sa marchandise.

Si le dragon n'approuvait pas pareille pratique chez les Hommes, il dut bien reconnaître que le jeune homme avait fait très fort. S'il s'était fait prendre sur le fait ? Oui, et pas qu'un peu, puisqu'il manqua finir en tant que marchandise lui aussi. Dépité par la situation, ce fut le saurien qui dut s'en mêler pour leur éviter pareil sort et ce, malgré le carcan que le gamin avait fait passer à ses geôliers. Il ne fut pas si étonnant d'entendre ceux-ci déclarer que, de toute façon, aucune famille noble n'aurait voulu d'un tel sauvage...

Ce ne fut pas le seul ennui qui survint à l'horizon. Comment ne pas s'attendre à ce que le garçon n'exigeât de partir à la recherche de son géniteur ? Après tout, n'étaient-ils pas proches d'un tel but ? Cette volonté de s'écarter de leur but premier, faillit fragiliser le lien qui s'était créé entre eux. Anshar n'était pas ici pour soutenir une quelconque vengeance et Keenan avait déjà un objectif à atteindre, avant toute autre chose. Le dragon affirma sans détour que l'humain ferait cavalier seul, s'il décidait de s'éloigner de leur chemin.

L'épreuve aurait bien pu échouer, si le jeune homme n'avait pris la peine de réfléchir, chassant enfin sa colère et choisissant d'y renoncer... pour un temps. Ils ne devaient pas échouer. Telle était la condition qu'ils s'étaient fixés. Avec ce voyage, Keenan avait été amené à affronter une terre qu'il n'espérait pas atteindre. La tentation de s'écarter de sa volonté de bien faire, aurait pu l'amener à trahir la confiance que l'on avait posée en son choix. Encore une fois, choisir de s'en aller, de fuir sur un autre sentier, l'aurait conduit à renoncer à ce qui importait véritablement dans son esprit. S'il n'avait pas écouté la voix du dragon, sans doute aurait-il perdu la chance qui lui était offerte de se racheter auprès de sa mère.

Après lui avoir laissé le temps de réfléchir quant à ses actes, Anshar le convainquit de lier leur sang d'une façon bien moins sauvage que par la violence d'un combat. Afin de sceller cette promesse, le duo décida d'agir sans plus attendre que le moindre doute subsistât. L'un et l'autre firent ce serment sous les étoiles, que le dragon chérissait tant, promettant en leurs noms de faire route ensemble.

✘ Pseudo Internet : Keenan sera très bien.
✘ Comment avez-vous connu Lindorm ? Grâce à Eloane !
✘ Le Code : Validé.

✘ Nom : Anshar
✘ Surnom : 'Shar
✘ Âge : 511 ans
✘ Type : Stellaire
✘ Don qu'il vous a légué : Distorsion : Depuis son Alliance avec Anshar, Keenan est capable de tordre l'espace-temps pour se frayer un chemin entre deux portails qu'il parvient soigneusement à ouvrir. Cela lui permet d'obtenir un mode de déplacement assez soudain, le menant d'un point à l'autre comme le ferait, par exemple, un trou de ver dans l'espace. Il est très loin de maîtriser ce don et ne parvient pas à ouvrir un portail dans un lieu qu'il n'a pas, au préalable, visualisé. De reste, le simple fait d'ouvrir son point d'entrée et son point de chute est encore une tâche épuisante pour lui et il n'est pas certain de pouvoir emmener qui que ce soit en sa compagnie.
✘ Nation d'origine : Aeria

Anshar n'est pas un dragon très grand, du moins comparé à certaines monstruosités qui peuplent les membres de sa race entière. Il ne mesure en effet que six mètres au garrot et prétend que cela lui suffit amplement. Côté déplacement, il n'est pas particulièrement lent, mais se plaît à adopter une attitude flegmatique parfois comique. Pourquoi se presser après tout, n'est-ce pas ?

Il n'est pas dragon à s'embêter pour des broutilles et préfère de loin se mouvoir avec une tranquillité déconcertante... amusant lorsque l'on connaît ses prouesses en matière de vol. S'il est bien un endroit où 'Shar se trouve à l'aise, c'est bien le ciel, que la hauteur soit haute ou basse, rien ne lui fait peur. Il est d'ailleurs tant et si bien à l'aise dans sa façon d'être que l'on y verrait presque un humain déguisé en dragon.

Ses expressions sont facilement lisibles sur un visage pourtant parfaitement reptilien, allant du sérieux à la mine la plus amusée qui soit, le tout agrémenté par une paire d'yeux d'un bleu vif. Tout, jusque dans ses plus petits gestes pourrait aisément laisser entendre qu'un bipède se cache là-dessous. Anshar parle avec les mains... enfin, les serres. Anshar a tant et si bien côtoyé les Hommes qu'il possède leurs mimiques et ne fait plus attention au fait que, sur un dragon, cela peut parfois paraître étrange. Ce n'est pas de sa faute : dites-vous qu'au moins, il marche bel et bien sur ses quatre pattes !

Il en faudrait beaucoup pour provoquer la honte chez ce dragon vieux de plus de cinq cents ans. À son âge, on ne la lui fait plus ! C'est fièrement qu'il parcourt les chemins et vole dans les cieux, exposant son armure d'écailles d'un beige chaleureux avec élégance, ainsi que les cornes élancées qui ornent sa tête. Ses ailes ne sont pas en reste, étant dotées d'une robustesse non négligeable et étant maniées avec une habileté remarquable.

Son caractère ? Avez-vous vraiment besoin de savoir qu'il a très souvent raison, ou qu'il l'avait bien dit ? Anshar est tout ce que la sagesse et l'intelligence des dragons pourrait offrir : à savoir un vieux schnock qui comprend tout et très vite. Plus vite que vous en somme. C'est énervant. Bon sang ce que c'est énervant de contredire quelqu'un dont on sait pertinemment qu'il portera un jugement bien plus éclairé que le vôtre sur une situation. C'est exagéré, bien entendu. 'Shar n'est pas du genre à s'en vanter. Comment lui en vouloir d'avoir cette expérience et cette sagesse ? Il s'en sert de façon juste, sans arrières pensées, toujours dans le but de rendre les choses plus limpides.

C'est un être doux, qui ne demande qu'à voir les dragons et les humains réunis dans une parfaite entente. Les guerres lui sont insupportables et il se positionne sans honte du côté de ceux qui prônent la cessation de toute hostilité. De son point de vue, verser le sang n'amène qu'à verser le sang, sans espoir de retour. De son point de vue, si la violence commence, il en faudra toujours plus, jusqu'à atteindre un point désespéré. Dans un sens, cette volonté de respecter les engagements ancestraux quant à protéger les Hommes, est louable. Les traditions de ses ancêtres comptent énormément pour lui. Quant à savoir s'il serait prêt à se ranger d'un côté ou d'un autre ? Hé bien, il est devenu mon compagnon pour entrer à Lindorm, je suppose donc qu'il serait prêt à le faire... peut-être pour accomplir ce qu'il croit juste de faire.

Hormis ces petits côtés attachants, ce qui vous frappera le plus chez-lui, ce sera sa sociabilité. Cette dernière aurait pu s'effondrer après que son meilleur ami l'eût autrefois abandonné. Il n'en fut pourtant rien : chassez le naturel et il revient au galop, même si la blessure se trouve toujours ouverte dans son coeur. Anshar n'est pas en reste lorsqu'il s'agit de plaisanter et discuter en compagnie de dragons, comme d'humains. À l'image d'un vieux conteur ayant passé sa vie à voyager, il ne tarit jamais de bonnes histoires à raconter à ceux qui lui prêtent une oreille attentive. Autant dire qu'il peut, à l'occasion -pour ne pas dire souvent-, se montrer très distrait par ce qu'il se passe autour de lui. Que voulez-vous, c'est cela d'avoir un esprit constamment occupé par la curiosité et les rêveries.

Oh, il a bien entendu son petit caractère également, n'hésitant pas à faire usage des sarcasmes lorsqu'une situation ne lui plaît pas. C'est précisément son coéquipier qui en fait le plus les frais. D'après lui, ce gamin aurait bien besoin d'avoir quelques cases en plus. En revanche, il s'avère être de très mauvaise foi lorsque, pour une fois, il s'avère avoir tort. Il sait bien que la sagesse ne le sauve pas dans ces cas-là, mais il serait bien mal aisé de le lui faire reconnaître. Ne soyez pas surpris de le voir bouder dans ces moments d'intense solitude. Il n'est pas rancunier pour un sous et vous revient très vite.

Enfin, mieux vaut ne pas plaisanter avec lui lorsqu'il se montre sérieux. Anshar est sympathique, mais sait avoir toute l'autorité nécessaire pour faire part de son mécontentement. Dans les instants où sa voix habituellement tranquille adopte des intonations plus sévères et plus fortes, mieux vaut ne pas être la cible de la contrariété. Malgré tout, il reste imposant dans sa façon de s'exprimer et ne se laisse écraser par personne.